Pour les articles homonymes, voirCampagne de Prusse et de Pologne etCampagne de Pologne.
Ne pas confondre avecCampagne de Prusse et de Pologne (1812-1813).
| Date | 1806-1807 |
|---|---|
| Lieu | Prusse,ancienne Pologne,Russie |
| Issue | Victoire française Traité de Tilsit |
| Changements territoriaux | Prusse etPologne |
| Napoléon Ier Louis Nicolas Davout | Frédéric-Guillaume III Frédéric de Hohenlohe Gebhard von Blücher Alexandre Ier Levin von Bennigsen |
| 160 000 Français | 150 000 Prussiens 91 000[1] Russes |
| Pour la campagne de Prusse : 145 000 morts blessés ou prisonniers[2] |
Batailles
Lacampagne de Prusse et de Pologne se déroule pendant les guerres de laQuatrième Coalition de1806 à1807. Elle oppose laGrande Armée deNapoléon à l'armée prussienne, écrasée à labataille d'Iéna, puis à l'armée impériale russe. Cette campagne, livrée en partie dans des conditions hivernales difficiles, se termine par une victoire française et oblige laRussie et laPrusse à signer lestraités de Tilsit.
En, le roiFrédéric-Guillaume III est sur le point de se joindre à laTroisième Coalition mais il est pris de court par la victoire de Napoléon à labataille d'Austerlitz. Celui-ci impose à l'Autriche letraité de Presbourg qui met pratiquement fin auSaint Empire et agrandit les alliés de la France, l'électorat de Bavière etcelui de Wurtemberg, érigés en royaumes. Laconfédération du Rhin, créée en sous la présidence de Napoléon, regroupe les États du centre et du sud de l'Allemagne.
La Prusse n'accepte pas que la suprématie française s’étende jusqu’à ses portes et, le9 août, alors que l’armée russe, mal remise de ses pertes d'Austerlitz, n'est pas encore en mesure d'intervenir, Frédéric-Guillaume, poussé par le Royaume-Uni, décrète la mobilisation afin de faire la guerre à la France.

En septembre, Napoléon concentre son armée sur leRhin. Le25 septembre, il quitteSaint-Cloud puis avance vers la Prusse avec environ 160 000 hommes (effectif de départ, augmentant au cours de la campagne). Le premier choc a lieu lors de labataille de Saalfeld où le princeLouis-Ferdinand de Prusse est tué.
L’avance rapide de l’armée française est telle qu’elle permet d’annihiler en une journée l’armée prussienne, comptant 250 000 hommes. En effet, Napoléon et le maréchalDavout la mettent en déroute lors des batailles d’Iéna et d’Auerstadt le.
Le, Napoléon entre àPotsdam et visite le tombeau deFrédéric le Grand, et devant sesmaréchaux qu’il fait se découvrir, prononce ces mots :« S’il était encore vivant, nous ne serions pas là aujourd’hui. » Le, il fait son entrée àBerlin à la tête de laGrande Armée[3]. Au total, Napoléon n'a mis que 19 jours du lancement de son attaque sur la Prusse jusqu'à son entrée dans Berlin. En comparaison, la Prusse a lutté pendant trois ans durant la guerre de laPremière Coalition.
Napoléon séjourne près d'un mois àBerlin. Le il y signe ledécret de Berlin qui instaure leblocus continental contre leRoyaume-Uni.
Tandis queBlücher parvient à s'échapper avec 10 000 hommes[4], leprince de Hohenlohe commandant en chef de l'armée prussienne, est obligé de se rendre le àPrenzlau, avec les lambeaux de son armée.

Cette capitulation provoque le découragement des troupes prussiennes résistant dans les places fortes du royaume : cette crise de moral pousse ces garnisons à se rendre les unes après les autres. Le29, avec seulement 500 cavaliers, le généralLasalle obtient la reddition des 6 000 hommes et de leurs généraux de la garnison deStettin. Il y prend également 160 canons et des magasins considérables[5].
Davout fait cerner et prendCustrin avec 4 000 hommes et 90 canons. ÀAnklanMurat fait encore 4 000 prisonniers. ÀStrelitz, le généralSavary fait prisonnier un général qui n’est autre que le beau-frère du roi de Prusse[6]. Le maréchalNey fait lesiège deMagdebourg.
Le, les corps deSoult,Bernadotte etMurat arrivent simultanément devantLübeck où s’est réfugié le reste de l’armée deBlücher, grossi des colonnes duduc de Brunswick et duduc de Saxe-Weimar qui a abandonné le commandement à un de ses subalternes pour rentrer chez lui[7]. Aussitôt les Français passent à l’attaque et viennent rapidement à bout des défenses de la ville. À l’aube du7,Blücher et ses généraux demandent à capituler. 16 000 fantassins, 5 000 cavaliers et 80 canons sont capturés[8].
Le,Magdebourg capitule,Ney fait 22 000 prisonniers dont 20 généraux et 800 officiers, et prend 800 canons et de nombreux magasins[8].
Après ces revers, la Prusse accepte les propositions d'armistice de Napoléon. Le16 novembre, les plénipotentiaires des deux camps signent la suspension d'armes àCharlottenbourg[9] qui prévoit unepaix séparée entre la Prusse et la France.
La convention prévoit que les négociations doivent se poursuivre àCharlottenbourg et que l'échange des ratifications doit avoir lieu àGraudenz dans les cinq jours au plus tard.
Pendant ce temps, les troupes françaises arrivent sur laVistule, le traité n'a plus d'objet. Le20 novembreLestocq reçoit la capitulation deHameln et fait prisonniers 9 000 fantassins, 300 cavaliers et 6 généraux.
Le généralDuroc est envoyé àOsterode pour rencontrer le roiFrédéric-Guillaume III de Prusse ; celui-ci l'informe qu'une partie de ses États est occupée par les Russes, l'empêchant de ratifier la suspension d'armes, étant dans l'incapacité de la faire appliquer[10].

Après avoir nommé le généralClarke, gouverneur général deBerlin, Napoléon quitte donc la ville dans la nuit du25 au. Il est àPoznań le27.
Dix ans après le dernierpartage de la Pologne, dans toutes les villes, dans toutes les campagnes, les soldats de Napoléon sont accueillis en libérateurs[11], d'autant que parmi eux se trouvent les anciens deslégions polonaises de l'armée d'Italie deDombrowski. L'insurrection des provinces polonaises contre l'occupant prussien ou russe fournit à Napoléon 30 000 hommes.

DevantVarsovie, les Russes se dérobent et refusent de livrer bataille.Murat s'empare dePraga faubourg de la capitale, et les poursuit sur leBoug. Les Russes détruisent les ponts derrière eux. Bien que plus petit que laVistule, le Boug est à cet endroit aussi fort que laSeine àParis, la reconstruction des ponts sera un travail considérable.
Le au soir,Murat entre à Varsovie. Il est rejoint par Davout le 29. Le, plus au nord,Ney passe laVistule dont le cours est encombré de glace et entre àThorn. Le généralDulauloy est nommé gouverneur de la ville.
Deuxtraités signés à Poznań, le premier le avecFrédéric-Auguste III de Saxe, devenu le précédent, par la volonté de Napoléon,roi de Saxe, sous le nom deFrédéric-AugusteIer de Saxe, et le second signé le avec les cinq duchés saxons fournissent 8 800 hommes[12].
L'armée du princeJérôme, composée de divisionsbavaroises etwurtembourgeoises, est devantGłogów, capitale de laBasse-Silésie. La ville est entourée de bonnes fortifications.Jérôme fait construire des batteries autour de la place et laisse le généralVandamme continuer le siège pour se porter surBreslau (aujourd'hui Wrocław), à la rencontre des Russes. La ville se rend le, dès le début du bombardement. 2 500 hommes, 200 canons et de nombreux magasins sont le résultat de cette conquête.
Parti le dePoznań, Napoléon arrive le[13] àVarsovie. Ce jour Davout passe leBoug.Augereau passe laVistule àUtrata (pl).Soult traverse àWyszogród. Face à eux se trouve l'armée russe, commandée parKamenski, âgé de 70 ans et presque infirme.
Obligé d'hiverner en Pologne, Napoléon passe ainsi tout le mois de janvier àVarsovie où il donne des soirées, bals et réceptions et rencontre la comtesseWalewska. C'est que l'armée française a également bien besoin de repos. Ses pertes lui interdisent de poursuivre l'armée russe. Elle se replie alors sur laVistule pour se reformer et recevoir les renforts de France. Heureusement, de mémoire de Polonais, jamais la météo n'a été aussi clémente. Pour les Français, la température est plus douce qu'à Paris en cette saison[14].
Pendant ce temps, laPerse et laPorte déclarent la guerre à laRussie.
Le, à labataille de Golymin l'armée russe deGalitzine échappe àMurat, tandis que le même jour, à labataille de Pułtusk, celle deBennigsen échappe àLannes. Les deux armées russes se retirent surOstrołęka, laissant dans ces deux batailles 12 000 morts, blessés ou prisonniers et 80 canons, les Français pour leur part ne déplorent que 800 morts et 2 000 blessés[15]. La résistance du généralGalitzine, combinée à l'échec deSoult à contourner le flanc droit russe, fait perdre à Napoléon une chance de rattraper les lignes russes et de les emprisonner devant le fleuveNarew.

La Grande Armée se dirige alors vers le nord pour prendre la nouvelle capitale du roi de Prusse,Königsberg.Victor se met en marche le8 janvier pour faire le siège deColberg et deDantzig.
Les Russes se dérobent à plusieurs reprises pour livrer, les7 et, la sanglantebataille d'Eylau où ils sont vaincus et abandonnent le champ de bataille. Après cette victoire, l'armée française reprend ses quartiers d'hiver. L'empereur passe les mois de mars, avril et mai àOstróda puis àFinckenstein[16], où il reçoit les ambassadeurs de Turquie et de Perse, jusque-là alliés de l'Angleterre. Le4 mai, il signe letraité de Finkenstein avec la Perse.
Au printemps, les Russes prennent l'initiative avec une offensive devant surprendre les Français et faire lever lesiège de Dantzig, mais le19 mai, la ville se rend après deux mois de siège, au généralLefevbre, fait duc de Dantzig en récompense de sa victoire.
L'armée française contre-attaque. Le10 juin, à labataille d'Heilsberg, au prix de lourdes pertes, une charge impressionnante de la cavalerie deMurat contraint l'armée deBennigsen à se replier. Les Français les poursuivent et le14 juin, remportent une victoire décisive à labataille de Friedland.

Vaincu,Alexandre Ier souhaite gagner du temps dans la guerre contre les Français. De son côté, Napoléon, au sommet de sa gloire, espère en finir avec la résistance duRoyaume-Uni en associant la Russie aublocus continental destiné à ruiner l'économie britannique.
Le, les deux souverains se rencontrent pour la première fois, sur un bateau au milieu duNiémen. Deux jours plus tard, l'Empereur et leTsar reçoivent le roi de Prusse.
Letraité de Tilsit est signé les7 et. Napoléon est de retour àParis le27 juillet. C'est la fin de laQuatrième Coalition.
Fort des nouveaux territoires pris à la Prusse, Napoléon fait renaître laPologne en créant leduché de Varsovie. Petit-fils d'Auguste III de Pologne,Frédéric-AugusteIer de Saxe devientduc de Varsovie. Leroyaume de Westphalie est également créé en faveur deJérôme Bonaparte qui au mois d'août épouseCatherine de Wurtemberg et six jours plus tard, devient roi de Westphalie.