| Date | - |
|---|---|
| Lieu | Malaisie britannique, frontièrethaïlandaise |
| Issue | Victoire japonaise décisive,retraite alliée sur Singapour |
| Changements territoriaux | Occupation japonaise de la Malaisie |
| 70 000 hommes | 140 000 hommes |
| 1 793 morts 3 378 blessés | 5 500 morts 5 000 blessés 40 000 prisonniers |
Théâtre d'Asie du Sud-Est de laGuerre du Pacifique
Batailles
Japon :
Campagnes d'Afrique, du Moyen-Orient et de Méditerranée
Lacampagne de Malaisie est une phase duthéâtre extrême-oriental de laSeconde Guerre mondiale, qui s'est déroulée de au sur le territoire de laMalaisie, alors colonie de l'Empire britannique. Elle a opposé les forcesAlliées (Royaume-Uni et troupes desIndes britanniques etMalaisiennes,Australie,Nouvelle-Zélande,Pays-Bas) à celle de l'Axe, représentées par l'empire du Japon et leroyaume de Thaïlande.
En dehors de plusieurs escarmouches mineures au début de la campagne entre le Commonwealth britannique et lesforces armées royales thaïlandaises, la campagne de Malaisie fut dominée par des batailles terrestres entre les unités de l'armée duCommonwealth et de l'armée impériale japonaise. Les Japonais prirent rapidement l'avantage face à des forces alliées pourtant plus nombreuses, mais insuffisamment préparées et équipées, et s'emparèrent des possessionsmalaises de l'Empire britannique dès les premiers jours[1]. Pour les forces britanniques, indiennes, australiennes et malaises défendant la colonie, la campagne fut un désastre total.
Durant l'entre-deux-guerres, les possessions duRoyaume-Uni enAsie du Sud-Est ne firent pas l'objet d'une attention soutenue, ne bénéficiant que de troupes insuffisantes en cas d'invasion ennemie. Les Britanniques comptaient principalement dans le cadre de lastratégie de Singapour sur l'installation d'une flotte de navires de guerre dans la base navale deSingapour, mais la flotte promise n'était toujours pas arrivée en1939, lors du déclenchement de la guerre en Europe. La situation auMoyen-Orient, puis enUnion soviétique, mobilisa toute l'attention de l'état-major britannique, l'Asie étant comparativement négligée.
En, l'Armée impériale japonaise envahit etoccupa le sud de l'Indochine. Par la suite, des sanctions économiques à l'encontre de l'empire du Japon furent appliquées par les Britanniques, les États-Unis et les Pays-Bas. Le Japon subit un embargo sur la distribution depétrole, d'étain et decaoutchouc, ce qui rendait précaire à moyen terme sonplan de colonisation de la Chine et sesvisées expansionnistes en Extrême-Orient. La marine et l'armée japonaises furent mobilisées, la situation en Asie prenant l'allure d'un conflit latent.
Les relations avec le Japon étant de plus en plus tendues, les renforts duCommonwealth finirent par affluer vers laMalaisie.
L'empire du Japon menait depuis plusieurs mois des pourparlers avec leroyaume de Thaïlande pour obtenir le droit de passage nécessaire à l'opération mais décida, finalement, de ne plus attendre, et de passer en force endébarquant sur le territoire thaïlandais le, une heure avant l'attaque surprise surPearl Harbor (la différence de date est causée par laligne de changement de date).
Arthur Ernest Percival fut nommé en commandant des troupes britanniques en Malaisie. Il commença dès son arrivée la formation de troupes mal équipées et souvent inexpérimentées, en provenance d'un peu partout de l'Empire. Il n'a pas detanks, jugés inadaptés au terrain et au climat local, mais dispose d'une artillerie importante.
LaRAF dispose de bases, mais ses avions sont en nombre qui s'avérera insuffisant, largement démodés (il y a encore desbiplans), et dans un état d'entretien inadéquat. De plus, les aérodromes avaient été installés par la RAF, sans consultation de l'Armée, dans des endroits indéfendables[2][source insuffisante].
LaRoyal Navy est puissamment présente depuis le, jour de l'arrivée à Singapour ducuirasséHMS Prince of Wales et ducroiseur de batailleHMS Repulse, escortés par quatredestroyers. Pour la première fois de l'histoire, une flotte de guerre était basée en cet endroit du globe. CetteForce Z aurait dû compter leporte-avionsHMS Indomitable et ses 48 avions modernes, mais une avarie enJamaïque ne lui permettra pas d'arriver à temps. Le lendemain, l'amiralSpooner (en) organisa un dîner auquel assistèrent Arthur Percival et le commandant en chef de la flotte en Extrême-Orient, l'amiralThomasTom Phillips[3]. Les troupes alliées ne disposaient cependant toujours pas de forces suffisantes pour assurer une défense efficace de la Malaisie britannique.
Les ordres deWinston Churchill sont sans équivoque, il n'envisage pas la perte de la Malaisie, et encore moins de Singapour.
Du côté japonais, le lieutenant-généralTomoyuki Yamashita commande la25e armée japonaise, et se prépare depuis de nombreux mois. Son plan est de débarquer sur la côte est au nord de la Malaisie, à l'endroit où la péninsule est étroite, puis de longer la côte ouest vers Singapour, à près de 800 km. Les difficultés logistiques de ravitaillement lui imposent d'avancer le plus vite possible, et de ne disposer que d'une force limitée (deux fois moindre que les forces britanniques). Ses troupes sont bien entrainées, fanatisées et aguerries, une partie venant de combattre dans laseconde guerre sino-japonaise. Un contingent estdoté de bicyclettes pour une progression rapide avec une charge lourde, car le fantassin transportera lui-même son eau et sa nourriture.
Il dispose d'une aviation moderne, supérieure qualitativement et quantitativement, capable de lui apporter unappui aérien rapproché.
Il dispose également de tanks, qui auraient été jugés obsolètes sur un front européen, mais sans opposition car les Britanniques n'en ont pas, et n'ont pas non plus d'entrainement ni d'équipement anti-char.
Les deux camps ont, pour des raisons différentes, une piètre idée du soldat ennemi et sonta priori confiants.
La première unité japonaise qui arriva en Malaisie durant la nuit du avait pour but de faire diversion près deKota Bharu sur la côte est.
Le débarquement à proprement parler eut lieu plus tard, àSingora etPattani au sud-est de laThaïlande. Des heurts se produisirent le 8 entre les troupes thaïlandaises et japonaises, suivies d'un cessez-le-feu au bout de quelques heures, et d'un accord entre les deux pays (un traité d'alliance formel fut conclu le). Le même jour, une force britannique, lacolonne « Krohcol », comptant plusieurs régiments indiens, passa la frontière thaïlandaise afin de couper la route aux Japonais, mais se heurta les jours suivants à la résistance de la Police Royale thaïlandaise, notamment dans la ville deBetong. L'opération de contournement fut un échec stratégique pour les troupes alliées qui, attaquées également par l'armée japonaise, durent se retirer de Thaïlande le 11.
Le 8 également, avant l'aurore, dix-septMitsubishi G3M du Mihoro KaigunKōkūtai de l'aéronavale japonaise en provenance de Cochinchine (sur 70 prévus, les autres étant forcés par la mauvaise météo à faire demi-tour) bombardent Singapour où la force Z est au mouillage. Cette dernière appareille dans l'après-midi pour tenter d'intercepter les convois japonais d'invasion.
Le9 décembre, l'aérodrome d'Alor Star, clé de voûte de la défense aérienne de la péninsule est évacué par la RAF, sans avoir été totalement mis hors d'usage[4]. L'aviation japonaise dispose désormais d'une base, et s'emploie méthodiquement à détruire l'aviation alliée[5], au sol comme dans les airs. Mal équipés et mal préparés, les éléments locaux de laRoyal Air Force et de laRoyal Australian Air Force n'étaient pas de taille face à l'aviation nippone[6]. Les pilotes britanniques et australiens étaient mal coordonnés entre eux, et ne purent définir d'action commune efficace. L'escadronNo. 488 de laRoyal New Zealand Air Force et l'Aviation militaire de l'armée royale des Indes néerlandaises prêtèrent également main-forte aux troupes britanniques, les Néerlandais se repliant à la fin de la bataille versJava.
Le10 décembre, Percival fit cette déclaration :
« En ce jour d'épreuve, le commandant général appelle les commandements malais de tout rang à engager un effort soutenu et déterminé afin de sauver la Malaisie et les territoires britanniques adjacents. Les yeux de l'Empire sont posés sur nous. L'ensemble de notre position en Extrême-Orient est en jeu. La lutte peut être longue et sinistre mais nous devons faire face à ce qui peut arriver et prouver que nous sommes dignes de la grande confiance que l'on nous a accordée[7]. »
Le10 décembre, l'attaque de l'aviation japonaise, venue de Cochinchine, aboutit à couler leHMS Prince of Wales et leHMS Repulse, laissant la côte est de la Malaisie dégarnie face à de possibles nouveaux débarquements des troupes impériales.
À cette date, les Japonais avaient réussi à détruire la majorité des avions alliés, se garantissant la maîtrise quasi totale des airs et des mers. Les Japonais ont atteint leurs premiers objectifs, et peuvent se lancer plus avant.
À ce stade des opérations, Percival dispose encore de forces terrestres puissantes, et tente toujours de conserver la Malaisie, tandis que Yamashita, contraint par sa logistique, tente de progresser le plus vite possible. Cette progression sera émaillée de nombreuses escarmouches et véritables batailles.
Le11 décembre, l'armée japonaise attaque lestroupes indiennes du Royaume-Uni à Jitra. Mieux armées, face à des troupes alliées qui ne disposaient pas detanks, les troupes japonaises pratiquaient aussi bien l'avance de blindés que l'utilisation de troupes rapides et légères, capables de se déplacer rapidement dans la jungle. De nombreux soldats indiens n'avaient alors jamais vu de tanks. Le 13, la défaite britannique est consommée, et de nombreuses pertes s'ensuivront pendant la déroute.
Le17 décembre, face aux bombardements intenses et incessants depuis le 8, les Alliés abandonnèrent l'île dePenang, évacuant une partie des civils européens.

À partir du30 décembre, à la bataille de Kampar (ouPerak), la11e division d'infanterie indienne, soutenue par une puissante artillerie, retient l'armée japonaise quelques jours, mais se fait déborder par un débarquement japonais dans son dos et doit se replier le vers laSlim River.
Cette même division sera pratiquement anéantie le7 janvier, à la bataille de laSlim River, lorsque, de nuit et sous la pluie, un fer de lance de chars perce les positions britanniques et s'empare de ponts importants. Cette tactique laisse l'artillerie britannique incapable de se transformer efficacement en force anti-char, notamment faute d'entrainement.
Dès lors, Percival ordonne l'abandon de la Malaisie centrale, y comprisKuala Lumpur dont les Japonais s'emparent sans coup férir le. Les Japonais auront donc parcouru plus de 450 km en à peine plus d'un mois.
Le, labataille de Muar constitue une nouvelle défaite pour les Alliés, ponctuée toutefois par le succès d'une embuscade organisée par les Australiens où la division de la garde japonaise laisse plus de 700 morts, ne parvenant cependant pas à stopper l'avance japonaise.
Le, Percival ordonna le repli de toutes les troupes sur l'île de Singapour, achevé le avec la destruction du pont reliant l'île à la province de Johor.
Mais les Japonais ne se reposent pas, et préparent déjà labataille de Singapour qui s'engagera à partir du, jusqu'à la capitulation le.
Churchill considéra la défaite des troupes britanniques enMalaisie britannique comme « le pire désastre et la capitulation la plus importante de l'histoire britannique ».