Malgré la forte pluviosité, l'eau est un problème à Campagne-lès-Boulonnais. La Vilaine qui passe à Happe est un petit ruisseau, canalisé le long de la route, au débit plutôt faible et intermittent.
L'essentiel de l'eau provient de la nappe phréatique. On a donc eu recours dans le passé aux puits communaux (il en restait 8 en 1949 ; en 2015, un puits existe encore rue de l'Aublet dans le quartier des Angles).
Dans le passé, l'eau était aussi stockée dans des mares (appeléesflos). Ces mares n'existent plus mais on peut encore découvrir leur présence (par exemple : place du Coq Rouge).
Réseau hydrographique de Campagne-lès-Boulonnais[Note 2].
Les « paysages des hauts plateaux artésiens », qui concernent77 communes duPas-de-Calais, se situent à l'extrémité ouest descollines de l'Artois qui traversent le Pas-de-Calais d'Arras auBoulonnais. L'altitude de ces paysages dépassent les180 mètres. Ces dimensions sont modestes, d'une quinzaine de kilomètres du sud-est au nord-ouest et d'une vingtaine de kilomètres dans sa dimension la plus grande[22].
Les « paysages des hauts plateaux artésiens », appelés aussi « Haut Artois », se caractérisent par trois ensemblesécopaysagers :
l'ensemblemésophile ouvert du plateau artésien calcaire ;
l'ensemblealluvial des fonds de vallée de la Lys et de l'Aa ;
l'ensemblecalcicole des versants calcaires des vallées[22].
Le « Haut Artois » dispose d'une importante densité decorridors biologiques bien interconnectés[22].
Dans le « Haut Artois », pas de villes, c'est une des rares terres rurales de la région, les communes les plus importantes sont, du nord au sud,Lumbres,Fauquembergues etFruges. Le « Haut Artois », drainé par l'Aa et laLys, constitue le sommet de l'anticlinalartésien, paysage ventée, froid et aux précipitations importantes qui en font le château d'eau régional[22].
Leș cultures représentent 59,66 % des sols, les prairies 29,96 %, les forêts et milieux semi-naturels de 6,81 %, les espaces artificialisés 6,09 % avec les communes principales de Lumbres, Fruges et Fauquembergues, les espaces industriels 0.41 % et les cours d'eau et plans d'eau 0.08 %[22].
Au, Campagne-lès-Boulonnais est catégorisée commune rurale à habitat dispersé, selon la nouvelle grille communale de densité à sept niveaux définie par l'Insee en 2022[24].Elle est située hors unité urbaine[25] et hors attraction des villes[26],[27].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de labase de donnéeseuropéenne d’occupationbiophysique des solsCorine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (94,3 % en 2018), une proportion sensiblement équivalente à celle de 1990 (94,5 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante :terres arables (70,3 %), prairies (24 %), zones urbanisées (5,6 %), forêts (0,1 %)[28]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : lacarte de Cassini (XVIIIe siècle), lacarte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
Carte des infrastructures et de l'occupation des sols de la commune en 2018 (CLC).
Le nom de la localité est attesté sous les formes :Campaniae (811),Campania (867),Campaignes (1273),Campangnes (1287),Campagne lez Boulonnois (1793),Campagne etCampagne-lès-Boulonnais depuis 1801[32],[7].
Campagne vient du motlatincampus, « plaine, plaine cultivée, champs » ;lès-Boulonnais, car ces plaines sont situées près duBoulonnais (lès signifiant « près de »). Longtemps Campagne-lès-Boulonnais (enArtois) fut le village-frontière avec le Boulonnais.
Le hameau de Happe est attesté sous les formes :Ape (1117),Appe (1665),Haspe (1739),Happe depuis 1793[33].
Enpicard, la commune porte le nom deCampagne-lès-Boulonné.
À l'époquemérovingienne on observe une germanisation des noms des communes voisines, commeFauquembergues,Bourthes. La région est évangélisée.Saint Omer (629 - 670apr. J.-C.) est le premierévêque de Thérouanne. Il est probable que la paroisse de Campagne-lès-Boulonnais, dédiée à saint Omer, existait avant l'an 1000. La première mention de Campagne-lès-Boulonnais date de 811.
Le Moyen Âge connaît une période de croissance agricole s'accompagnant d'un recul de la forêt. Au début duXIIIe siècle, lesTempliers s'installent à lacommanderie de Combremont (maintenant la ferme de Combremont se situe dans la commune voisine d'Ergny ; les chartes en latin mentionnent le nom deGombermont). Leur commandeur est Jehan d'Epaigny (1279). Campagne-lès-Boulonnais est intégrée à la seigneurie de Renty dans la châtellenie deSaint-Omer des seigneurs de Fauquembergues, dépendants ducomte de Flandre. La châtellenie est rattachée à la France sousPhilippe II Auguste puis, en 1237, cédée à l'Artois queSaint Louis lègue à son frèreRobert. En 1384, l'héritage passe auxValois-Bourgogne.
Après laprise de Calais en 1347, le village subit laguerre de Cent Ans, les raids anglais et la crise. À la suite du conflit entre lesducs de Bourgogne et la France, le Boulonnais est rattaché à la France, l'Artois et Campagne-lès-Boulonnais sont rattachés au domaine desHabsbourg. Campagne-lès-Boulonnais devient alors un village–frontière de l'Artois, quasiment enclavé dans le Boulonnais, autraité de Senlis de 1493.
Armes de la famille d'Artois, seigneur de Campagne auXVIIIe siècle.
L'hiver de 1709 est très froid et provoque la famine. Lors de la sinistre année, Campagne-lès-Boulonnais perd plus de 40 % de sa population. En 1737, François-Alexandre-Jean-Baptiste d'Artois[Note 5] mène une politique de regroupement seigneurial en achetant la seigneurie de Frescotte. Ce regroupement se termine en 1784 et Charles-François-Alexandre-Hubert d'Artois devient seigneur de Campagne-lès-Boulonnais en 1784[34].
En 1789, la population est de 800 habitants environ. Cette population adhère aux idées nouvelles, mais tout change en 1791 avec la constitution civile du clergé. Les biens des émigrés et ceux provenant des établissements religieux sont vendus en 1795 : plus de 70 % des biens sont acquis par les Campagnards les plus riches mais une grande partie de la population (40 % en 1820) vit dans la pauvreté.
Sous laRestauration (de 1815 à 1830), la commune est administrée par un émigré, René de Fisset, nommé par le préfet. En 1831 le maire est désigné par élection ausuffrage censitaire. Larévolution de 1848 amène un renouvellement des magistrats municipaux. C'est la période du catholicisme triomphant. L'église est restaurée. La chapelle Notre-Dame du Mont-Carmel est construite en 1859.
Latroisième République s'installe progressivement. La pratique religieuse reste forte. Mais Campagne-lès-Boulonnais connaît l'exode rural et le déclin démographique du village.
Lors de laPremière Guerre mondiale (1914-1918), le village perd sa population masculine (20 Campagnards sont tués sur les fronts) et accueille de nombreux réfugiés.
L'entre-deux-guerres se caractérise par une incertitude politique, une modernisation de l'agriculture, la modernisation des services (routes, téléphone), le progrès de l'instruction mais aussi le déclin continu de la population. Le chemin de fer ne passe pas à Campagne-lès-Boulonnais. Il faut se rendre à Ergny pour pouvoir emprunter laLigne Aire-sur-la-Lys - Berck-Plage (ligne en service entre 1893 et 1955).
Le, Campagne-lès-Boulonnais est envahie par la8e division blindée allemande (Panzerdivision). C'est l'occupation. La présence allemande est lourde. Dans la nuit du 2 au, dans une embuscade sur la chaussée Brunehaut dans le bois de Thiembronne, un résistant campagnard, Raoul Ducrocq, est tué. Le, le village est libéré.
En 1948, Luce Vigneau, 20 ans, est institutrice dans l'école du village, située non loin de l'église, et y passe une année scolaire. Elle écrit sa découverte, son passage et ses souvenirs une quarantaine d'années plus tard. Ce livre, publié en 2013, est un véritable témoignage de la vie scolaire et de la vie du Campagne-lès-Boulonnais (« Noirbergues » dans le roman) des années 1950.
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers lesrecensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations de référence des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[39]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2008[40].
En 2022, la commune comptait 675 habitants[Note 6], en évolution de +10,11 % par rapport à 2016 (Pas-de-Calais : −0,72 %,France horsMayotte : +2,11 %).
La population de la commune est relativement jeune.En 2018, le taux de personnes d'un âge inférieur à30 ans s'élève à 44,0 %, soit au-dessus de la moyenne départementale (36,7 %). À l'inverse, le taux de personnes d'âge supérieur à60 ans est de 21,9 % la même année, alors qu'il est de 24,9 % au niveau départemental.
En 2018, la commune comptait354 hommes pour301 femmes, soit un taux de 54,05 % d'hommes, largement supérieur au taux départemental (48,5 %).
Les pyramides des âges de la commune et du département s'établissent comme suit.
Pyramide des âges de la commune en 2018 en pourcentage[42]
Hommes
Classe d’âge
Femmes
1,1
90 ou +
1,7
4,5
75-89 ans
6,6
15,0
60-74 ans
15,0
13,6
45-59 ans
16,9
19,5
30-44 ans
18,6
20,9
15-29 ans
18,3
25,4
0-14 ans
22,9
Pyramide des âges du département duPas-de-Calais en 2021 en pourcentage[43]
Le cimetière de l'église. En plus du monument aux morts, se trouve leCampagne-les-Boulonnais Churchyard, tombe d'un soldat britannique de laGrande Guerre[44].
Alexandre Jean Baptiste d'Artois, seigneur du Valvalon et de Campagne-lès-Boulonnais, reçoit le une sentence denoblesse. Il demeure en son château de Valvalon et est membre de la noblesse desÉtats d'Artois[46].
Coupé d'or et d'azur, à un coq hardi de gueules brochant sur le tout[47].
Détails
Le coq du blason tire son origine de la place du Coq Rouge où un petit monument, érigé en 1996 par la municipalité, rappelle l'existence de ce lieu-dit, connu plus anciennement sous le nompicard de « co'rouge », venant de « quarouge », qui est une déformation dulatinquadrivium : « carrefour (de quatre chemins) ». Les couleurs or et azur sont empruntées aux armes de la famille deDixmude, anciens seigneurs du village auxXVIe et XVIIe siècles. Adopté.
Luce Vigneau,En 1948, j'étais institutrice dans un village…, Éditions du Mont-de-Jeux,(ISBN978-2-953919-639). (Luce Vigneau est le pseudonyme de Lucette Rickly).
Jean-Michel Magniez et René Lesage,Les soldats de Campagne-lès-Boulonnais dans la Grande Guerre, Comité d'Histoire du Haut-Pays,coll. « Parcours de Combattants »,.
Jean-Michel Magniez,Campagne-lès-Boulonnais depuis 1569 : Éléments d'histoire et généalogie de familles anciennes, Comité d'Histoire du Haut-Pays,coll. « Les essentiels »,.
↑La DREAL distingue, dans la régionNord-Pas-de-Calais, quatre grandes familles de paysages : ceux du Haut Pays, Bas Pays, Littoraux et d'interface. Ces grandes familles de paysages comprennent21 grands paysages régionaux.
↑Population municipale de référence en vigueur au 1er janvier 2025, millésimée 2022, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2024, date de référence statistique : 1er janvier 2022.
↑Ce dossier de l’Insee reprend, pour la commune, le Code Officiel Géographique, le découpage territorial, l'intercommunalité, les zonages d’études, le dossier complet de la commune, un comparateur de territoires, les données statistiques et les définitions des termes géographiques (zonages administratifs, d’étude, etc.).
↑"Remonter le temps" est un outil de comparaison de l’évolution de l’occupation des sols dans le temps sous forme de cartes ou photos aériennes :carte de Cassini (XVIIIe siècle),carte d'état-major (1820-1866) et période actuelle (1950 à aujourd'hui). Pour comparer deux autres cartes, sélectionner les cartes en haut de la page.
↑a etbDaniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale »,Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography,no 501,(DOI10.4000/cybergeo.23155).
↑D'Artois, barons de Conestin, vicomtes d'Artois et de Frescotte ; seigneurs de Donlieu, de Roissin, du Valvalon, des Hauts-Fossés, de Leuzel, d'Avondance, de Campagne-lez-Boulonnais, de Nortquerque, etc., Paris, Impr. Chaix,, 12 p.,lire en ligne surGallica.
↑Source : panneau affiché à la mairie de Campagne-lès-Boulonnais.
↑Philippe Senlecque, « À Campagne-lès-Boulonnais, Bernard Hibon retrouve son fauteuil pour un troisième mandat de maire : Samedi, les quinze élus de l'élection de mars se sont retrouvés à la salle des fêtes du village pour installer le conseil municipal. »,La Voix du Nord,(lire en ligne, consulté le).