Pour la commune, voirSchirmeck.
| Camp de sûreté de Vorbruck-Schirmeck | |
L’entrée du camp deSchirmeck, donnant sur le camp des hommes en 1943. Quand l’avant-camp fut construit, la nouvelle entrée porta l’inscriptionArbeit macht frei. | |
| Présentation | |
|---|---|
| Nom local | Sicherungslager Vorbruck-Schirmeck |
| Type | Camp de sûreté : Sicherungslager |
| Gestion | |
| Date de création | 1940 |
| Dirigé par | |
| Date de fermeture | 1944 |
| Victimes | |
| Nombre de détenus | 10 000 ? |
| Morts | 78 |
| Géographie | |
| Pays | |
| Région | Alsace |
| Commune de France | Schirmeck |
| Coordonnées | 48° 28′ 45″ nord, 7° 12′ 34″ est |
Le camp de sûreté de Vorbruck-Schirmeck, en allemandSicherungslager Vorbruck-Schirmeck[1], est un camp de redressement nazi situé dans la commune deSchirmeck,Bas-Rhin, enAlsace annexée, pendant laSeconde Guerre mondiale, qui fonctionna de 1940 à 1944.
Il était destiné auxAlsaciens etMosellans réfractaires au régimenazi, hommes et femmes, ainsi qu'à leurs familles en représailles. Mais il reçut en fait des prisonniers d'un peu partout, au hasard des sorts individuels, de l'évolution des lois répressives nazies.Il reçut notamment plus d'une centaine de résistants appartenant auréseau Alliance dont 108 furent assassinés dans la nuit du 1er au 2 septembre 1944, transportés pour l'exécution aucamp du Struthof en même temps que 360 autres détenus.
Pendant ladrôle de guerre, l'Armée française fait construire dans cet endroit protégé de la vallée de laBruche un petit camp de six baraques destinées à accueillir des réfugiés de la ligne defront.
Aprèsla défaite, sur l'initiative duGauleiterRobert Wagner, chef duGau de Bade-Alsace, et duDrGustav Scheel, commandant duSicherheitsdienst (SD) du sud-ouest, les Allemands l'agrandissent et le transforment en camp de rééducation,Erziehungslager ouUmschulungslager, puis en camp de sûreté,Sicherungslager. L'initiative en revient au SD, service de sécurité de laSS.

Le commandement est confié auSS-HauptsturmführerKarl Buck qui le garde jusqu'à la fin. La violence et la terreur caractérisent cet homme à la jambe de bois, dont les détenus évoquent l'insoutenable regard.
Schirmeck est un camp de travail pénible et avilissant. Interrogatoires, endoctrinement, harcèlement, brimades, coups, tortures physiques et morales, privations, parfois meurtres[2] sont utilisés par lesnazis. Tout déplacement s'effectue en courant.
UnVorhof, ou avant-camp, comprend un commissariat (Kommandantur) et des petites cellules utilisées comme salles d'interrogatoire par laGestapo, jouxtant la résidence de Karl Buck. Au fond se situe le camp des femmes, dont la gardienne en chef fut une Alsacienne.
Leskommandos de travail issus du camp, notamment ceux des carrières de pierres d’Hersbach et de la base aérienne d'Entzheim, sont pour les nazis une source de revenus rapportant jusqu'à 150 000reichsmark par mois[3].
Le camp de Schirmeck se situe à 6 km ducamp du Struthof, que des détenus de Schirmeck ont construit, à l’écart dans lamontagne, et qui est un camp de travailNacht und Nebel.
On dénombre ainsi78 exécutions[réf. nécessaire][4] à Schirmeck même, et plusieurs centaines de détenus envoyés au Struthof pour être assassinés.
Parmi les internés exécutés à Schirmeck, on peut citer :
-Antoine Becker, emprisonné le. Ancien commissaire desRenseignements généraux de Strasbourg, commissaire divisionnaire de police à Marseille, il est arrêté pour avoir participé à la répression du réseauKarl Roos. Il est assassiné sur le chemin de Struthof.
-Joseph Schmidlin, prêtre catholique réfractaire au nazisme qui y est mort le
-Ceslav Sieradzki, résistant alsacien d'origine polonaise et membre dela Main Noire qui y est assassiné le
-Pierre Seel, alsacien qui y a été interné pour homosexualité, a témoigné dans son livre de l'assassinat de son amant sur la place d'appel devant tous les détenus.
En, le camp compte 1 400 détenus. On estime à25 000[réf. nécessaire] le nombre total de personnes ayant été détenues au camp.
Les prisonniers portent un bout de tissu distinctif cousu : rouge pour les prisonniers politiques, vert pour les clandestins, jaune pour les juifs, polonais et russes, bleu pour les ecclésiastiques, prostituées et homosexuels, à carreaux pour les asociaux et les droits communs, violet pour les témoins de Jéhovah.
Cela concerne des détenus emprisonnés et - a priori - libérés au bout de leur peine. C'est le cas par exemple des 106 jeunes gens deHochfelden arrêtés pour avoir célébré publiquement le14 juillet1941, ou les familles desfusillés de Ballersdorf en 1943. Citons aussiPierre Seel, emprisonné jusqu'en pour sonhomosexualité, victime de tortures répétées, puis libéré,incorporé car alsacien dans l'Armée allemande et muté sur lefront de l'Est.
Environ10 000[réf. nécessaire]Alsaciens etMosellans sont passés par le camp avec des durées de détention variant de quelques jours à plusieurs mois.
Le seul nom de Schirmeck terrorisait les Alsaciens et, sous le manteau, circulait cette prière[5] :
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On disait aussi que SOS signifiait : « Schweige oder Schirmeck », c'est-à-dire « Tais-toi, sinon c'est Schirmeck »[6]
Pour d'autres, c’est un camp de transit, un centre d'interrogatoire où sont détenus desrésistants locaux etnationaux, desjuifs, desmineurspolonais, desAllemands opposés aunazisme réfugiés en France, etc., avant d’être dirigés vers lescamps de concentration oud'extermination.

Mis en service le, il fonctionna jusqu'à la libération du camp le. Une partie des prisonniers est évacuée progressivement à partir du25 août 1944 et jusqu'en novembre 1944 (fermeture définitive de Schirmeck) vers une annexe de l'autre côté du Rhin : le camp de sécurité de Rotenfels (près deGaggenau) dirigé par Robert Wunsch où 1600 détenus sont loués à la Gestapo par l'usineDaimler-Benz. Mais à l'automne 1944, la zone subit deux bombardements aériens qui détruisent une partie de la ville, du camp et de l'usine. Le directeur Robert Wunsch établit des bulletins de sortie officiels qui libèrent les détenus.
Une partie de la production d'armement est déplacée. 700 détenus sont transférés àHaslach où il est prévu d'aménager les mines désaffectés Vulcan pour y accueillir une usine. Les galeries de la mine servent à la fois de camp et d'usine. Les conditions de vie sont tellement inimaginables que le tribunal de Rastatt décide d'effectuer une visite des lieux lors du procès du camp de Schirmeck à la fin des années 1940[7].
Ils ne furent libérés qu'en mars 1945.
Le directeur de Rotenfels Robert Wunsch établit des bulletins de sortie officiels qui libèrent les détenus restant puis se livre aux alliés. Il est condamné à mort par le tribunal militaire de Strasbourg puis transféré au tribunal général de Rastatt qui le condamne à un an de prison grâce à des témoignages en sa faveur.
Le directeur de Schirmeck Karl Buck fut condamné à mort par le tribunal militaire britannique deWuppertal en mai 1946[8], par le tribunal militaire de Rastatt en février- et par le tribunal militaire deMetz en (jugement cassé), il fut condamné aux travaux forcés à perpétuité par le tribunal militaire deParis en[9]. Il fut néanmoins élargi le après presque 10 ans d'emprisonnement[10].

Il ne reste quasiment plus rien de ce camp, intégralement démonté entre 1954 et 1960. Seule existe la rue du Souvenir (avec une plaque sur le bâtiment de laKommandantur)[11].
Une stèle mémorielle a été mise en place en 2019[12].
Pour perpétuer cette mémoire, leMémorial de l'Alsace-Moselle, a ouvert le 18 juin 2005 à proximité du camp de Schirmeck et ducamp de concentration de Natzweiler-Struthof, l'histoire du camp y est abordée dans la partie « Ralliements, résistance et répression »[13].
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