Classé MH(1951, immeuble de la chambre à gaz) Classé MH(2011, ensemble du périmètre de l'ancien KL (hôtel du Struthof et annexe, double enceinte intérieure et extérieure, Kartoffelkeller,Villa Ehret, Ravin de la Mort, blocks, sablière, chemin des Déportés), carrière (vestiges des constructions, galeries creusées), tous les chemins terrassés, château d'eau, transformateur électrique)
LeKonzentrationslager (KL) Natzweiler, plus connu en France sous le nom de camp du Struthof oucamp de concentration de Natzweiler-Struthof, est uncamp de concentration nazi implanté en 1941 sur le territoire de l'Alsace annexée de fait par l'Allemagne nazie[note 1].
En, les nazis découvrent, sur le mont Louise, à proximité du village deNatzwiller, germanisé en Natzweiler, un filon de granit rose. En,Himmler ordonne d'implanter sur le site un camp de concentration pour exploiter la roche au profit duReich.
Entre 1941 et 1945, environ 50 000 prisonniers[1] sont enregistrés au camp principal et/ou dans son réseau decamps annexes[2]. Trente-deux nationalités y sont représentées[3]. Pour le camp principal, les détenus sont majoritairement des opposants politiques ou des résistants. Pour les camps annexes, ce sont essentiellement des travailleurs forcés raflés dans les pays de l'Est de l'Europe, dont 17 % sont juifs.
LeKL Natzweiler est le seul camp de concentration établi par les nazis sur le territoire français. Des expériences médicales y sont réalisées sur des détenus du camp principal. En 1942, il devient un lieu d'exécution pour les condamnations à mort prononcées par les tribunaux nazis d'Alsace-Moselle et duBade-Wurtemberg. À la fin de l'année, il commence à développer un réseau de camps annexes. En 1943,Natzweiler est désigné comme camp de regroupement de tous les détenus masculins, victimes du décretNuit et brouillard, détenus dits « NN » (enallemand :Nacht und Nebel).
Fait unique dans l'histoire concentrationnaire,Natzweiler est le seul KL qui continue à fonctionner, via ses camps annexes, après l'évacuation du camp principal. On estime à 17 000 le nombre de morts dans le camp et dans son réseau de camps annexes[4],[5]. C'est le premier camp de concentration découvert par les Américains le (sur l'autre front, à l'est,Majdanek fut le premier camp de la mort découvert par les Soviétiques le).
C'est au cours d'un voyage d'observation qu'Albert Speer, architecte et ministre du Reich, note la présence dans la région de granite rose[6]. La décision fut alors prise d'y installer un camp visant à son extraction par les déportés. C'est le géologue SS-Obersturmbannführer (lieutenant-colonel) Karl Blumberg qui trouve le meilleur site pour l'extraction du granite et qui détermine l'emplacement du futur camp[7]. Il se trouve au lieu-ditLe Struthof, un écart de la commune de Natzwiller.
Le camp est officiellement ouvert le[8]. Il est classé « Camp deniveauII » (LagerstufeII)[9],[10]. Les et, deux convois de150 détenus chacun, en provenance du KLSachsenhausen, arrivent sur site. Logés dans les dépendances de l'hôtel du Struthof, ils vont travailler à la construction du camp et des routes d'accès[11].
À la fin de l’année,539 détenus sont immatriculés àNatzweiler, venus de Sachsenhausen,Dachau etBuchenwald. Dans leur majorité, il s'agit d'Allemands (ou assimilés) déportés dedroit commun, politiques etasociaux.Natzweiler n'est encore qu'un « camp fermé » (geschlossenes Lager) et ne peut recevoir d’autres détenus que ceux déjà internés dans un autre camp.
Le,Natzweiler devient un « camp d'affectation » (Einweisungslager)[12]: les détenus peuvent lui être directement affectés par les services de police nazis. Les effectifs commencent à croître et un premiercamp annexe ouvre àObernai le.
En 1943, les immatriculations quadruplent (4 089) et la construction du camp est achevée en octobre. Toute l’Europe y est présente. Polonais et Soviétiques forment désormais 35 % de l’ensemble des détenus. La part des Allemands et assimilés régresse (22 %) tandis que la part des détenus d’Europe occidentale augmente : Français, Norvégiens, Néerlandais. Lesdétenus politiques sont devenus largement majoritaires.
L'année 1944 connaît une forte envolée du nombre d'immatriculations : du au, 23 199 arrivées sont enregistrées, et le KL reçoit désormais des convois de femmes dans ses camps annexes.
L'Opération Wüste(de) (Opération désert) entraîne la création de sept camps extérieurs et de dix sites de production installés le long de la ligne de chemin de fer Tübingen-Rottweil, parmi lesquelsErzingen(de),Schömberg etSchörzingen(de), consacrés notamment à l'extraction de schiste bitumineux[13]. Natzweiler devient avant tout un sas de passage et de tri avant une affectation dans un de ses camps annexes. De fait, la grande majorité des détenus alors immatriculés par le sigle administratif « KL-Na » ne connaissent pas le camp-souche. Au, sur les 23 199 immatriculations enregistrées depuis le mois de janvier de la même année,18 151 juifs — dont 2 398 femmes — sont détenus dans un camp extérieur et on peut estimer à 35 000[14] ceux qui ne sont jamais passés par le camp principal[15].
Alors qu'il était initialement prévu pour recevoir un total de 3 000 prisonniers[16], le camp-souche du KL en compte environ 6 000 en 1944[17]. Natzwiller se trouve alors au centre d'un complexe comprenant environ 30 kommandos[18], auxquels s'ajoutent20 autres camps annexes après[19], répartis en Alsace, en Moselle, et surtout en Allemagne.
Fin, devant l'avancée des forces alliées, l'Office central SS pour l'économie et l'administration (WVHA) décide d'évacuer le camp principal. Le, le commandant du camp,Friedrich Hartjenstein rédige l'ordre d'évacuation. Elle débute le et s'achève le. Dans le même temps, les camps annexes de la rive gauche du Rhin sont également évacués. La majorité des détenus est transférée à Dachau[20].
L'administration SS s'installe àGuttenbach, Binau et Neunkirchen[21]. Les kommandos de Natzweiler situés à l'est du Rhin continuent de fonctionner, toujours sous la dénomination de KL Natzweiler et à recevoir de nombreux déportés jusqu'à l'évacuation des derniers camps annexes[7].
Une partie de l'ancienne carrière en 2020.Intérieur de l'un des trois tunnels de la carrière.
La carrière se situe à environ800 mètres du camp. Elle est exploitée par laDeutsche Erd- und Steinwerke GmbH (DEST). L'extraction dugranite débute véritablement avec l'arrivée, le 14 mars 1942, de 401 détenus en provenance du KLBuchenwald[23]. Jusqu'à 1 400 déportés vont travailler à l'extraction du granite. Le travail est particulièrement dur et souvent meurtrier. Hans Stein, déporté à Natzweiler le 23 mai 1941, témoigne[24] :
« C'était un travail particulièrement pénible car nous devions détacher le granite à l'aide d'outils manipulés à la main. Nous devions travailler sans interruption, quelles que soient les intempéries sous la surveillance de SS et dekapos. Afin de nous interdire tout repos, il y avait des W.C. ambulants montés sur des roues en fer, qui se trouvaient toujours à proximité des travailleurs. J'ai pu constater, notamment en été, que les internés tombaient, frappés à mort par suite d'insolation. On devait travailler de6 heures du matin à7 heures du soir avec une pause de 3/4 d'heure à midi pour que nous puissions déjeuner. La nourriture nous était apportée sur place. [...] Les heures de travail étaient les mêmes durant l'hiver, la carrière étant éclairée par des projecteurs. »
En 1942, la dégradation de la situation militaire de l'Allemagne va amener un profond changement dans la mission des KL. Le 30 avril, le chef duWVHA, Oswald Pohl rédige une note à Himmler dans laquelle il précise[25] :
« La guerre a apporté des changements structuraux visibles dans les camps de concentration, et a radicalement modifié leurs tâches, en ce qui concerne l'utilisation des détenus. La détention pour les seuls motifs de sécurité, éducatifs ou préventifs, ne se trouve plus au premier plan. Le centre de gravité s'est déplacé vers le côté économique. »
Natzweiler, comme les autres KL, est directement affecté par ce changement de cap. En 1943, l'exploitation du granite ralentit. Un ensemble de quatorze baraques est construit sur le site de la carrière. À l'intérieur les déportés travaillent au démontage de moteurs d'avions abattus ou tombés en panne, au profit de l'avionneurJunkers dont une succursale est installée à Strasbourg. À partir de 1944, des déportés creusent trois tunnels dans la carrière. Ils doivent, à terme, se réunir pour former une galerie capable d'accueillir des ateliers mécaniques à l'abri des bombardements. L‘évacuation du camp en septembre empêche l'aboutissement du projet[26].
De nombreux camps de travail annexes dépendaient du KL-Natzweiler-Struthof[27]. Ils étaient situés tant en Alsace et Moselle annexées qu'en Allemagne[28]. À noter parmi ces camps annexes, celui deThil enMeurthe-et-Moselle, qui a la particularité d'avoir été le seul camp de tout le système concentrationnaire nazi à avoir été installé en territoire français non annexé. Il était également le seul camp annexe doté d'un four crématoire, récupéré par les nazis dans une usine d'équarrissage.
En août 1944, il y avait près de 7 000 prisonniers au camp-souche et plus de 20 000 dans ces camps annexes[29]. Les effectifs de certains de ces camps annexes dépassaient parfois ceux du camp-souche.
Les camps situés sur la rive gauche du Rhin sont évacués entre septembre et, en même temps que le camp souche. Ceux de la rive droite le sont en mars-avril 1945[30].
Le camp deVaihingen, libéré par l'Armée française le, est le seul de ces camps à avoir été libéré avant qu'il ne soit totalement évacué[31].
Les détenus sont arrêtés pour des motifs divers. Les premiers déportés du camp sont essentiellement allemands, détenus de droit commun, « asociaux »,Tsiganes ou politiques. À partir de 1942, parmi les déportés on trouve desSoviétiques, parfois prisonniers de guerre, des Polonais et quelques déportés originaires des territoires annexés par leIIIe Reich :Tchèques,Alsaciens,Lorrains[32]. En 1943, arrivent en grand nombre des luxembourgeois, puis des Résistants de différentes nationalités, venant de divers camps de concentration ou prisons en Europe : Belges, Néerlandais, Norvégiens et Français. Parmi ces derniers, de nombreux militaires, notamment membres de l'Armée secrète et de l'Organisation de résistance de l'armée, sont aussi déportés au camp de Natzweiler. Lesrésistants alsaciens et mosellans, tels ceux deLa Main Noire deMarcel Weinum, sont eux, principalement internés aucamp de sûreté de Vorbruck-Schirmeck. En juin 1943, le premier convoi de détenusNacht und Nebel arrive au camp.
Sur les 52 000 déportés enregistrés au camp, environ 25 000 sont de nationalité polonaise ou soviétique, soit près de 50 % du total des effectifs[33].
Plus de 7 000 Français ont été déportés au KL Natzweiler[34].
Les juifs (déportés pour raisons raciales ou faits de résistance) représentent 11 % du nombre total des détenus de Natzweiler[35]. La plupart d'entre eux, originaires de Hongrie et de Pologne, arrivent à partir de 1944 au camp et sont affectés dans des camps annexes[32].
Les conditions inhumaines de travail et de détention, la malnutrition, les sévices des kapos et des SS, ainsi que les nombreuses exécutions par balle ou pendaison[36], ont provoqué la mort de milliers de détenus. L'évacuation des derniers kommandos du KL-Natzweiler, lors desmarches de la mort, a coûté la vie à environ 5 000 déportés.
La date d'arrivée des premiers détenusNacht und Nebel à Natzweiler n'est pas connue. Cependant, les archives indiquent qu'il y avait déjà des NN dans le camp en. Le 29, Kramer admoneste le responsable du service postal pour ne pas avoir respecté les règles de secret à appliquer au courrier adressé aux détenus visés par le décret Keitel[37].
En juillet, les premiers NN français arrivent à Natzweiler en trois convois, les 9, 12 et[40],[41],[42]. Ces arrivées, contraire à l'ordre du, restent assez mystérieuses. Bombardements sur Cologne (prison et tribunal atteints) où les NN français sont jugés, initiative duSipo-SD... La question reste ouverte. Après ces convois de juillet, la déportation des NN français à Natzweiler ne reprend que le.
Les Français sont accueillis au camp avec une violence inouïe. Avant leur arrivée,Joseph Kramer, commandant du camp, chauffe sa chiourme, présentant les Français comme des membres de la pègre marseillaise. Georges Maradène, déporté du convoi du 9 juillet, témoigne :
« Samedi 10 juillet 1943. […]. Le commandant du camp est là maniant un nerf de bœuf. Un camarade nous traduit ses paroles « que nous sommes les premiers français à entrer dans le camp, qu’il n’y a aucun espoir de s’évader, que les chiens nous retrouverons et que nous serions pendus, que seul le travail existe ici, que nous sommes destinés à mourir, à passer par la cheminée du crématoire, que nous sommes de sales français et qu’il va nous faire voir comment il nous dresse ». […] Ensuite on nous explique ce que nous devons faire : descendre jusqu’au mirador où se trouve de grosses pierres qu’il nous faudra remonter pour aller les déposer à l’intérieur du camp entre les blocs 3 et 5, à la hauteur du mirador. Des SS descendent avec leurs chiens, ceux restés sur la route, dont le commandant, ramassent de grosses pierres et les lancent sur nous. Nous perdons nos mauvaises chaussures sans lacets. […]. Les chiens sont lâchés et se jettent sur nous, mordant jambes et fesses, nos pantalons sont déchirés, la confusion est totale, nous nous bousculons pour éviter les coups et les morsures. Nous tombons, glissons, les pierres roulent sur les derniers. […]. Les plus âgées restent les derniers et sont la proie facile des SS parmi lesquels nous reconnaissons nos matraqueurs d’hier soir. Les Kapos frappent à leur tour avec des manches de pioches, courant dans tous les sens en hurlant. […]. En passant devant Kramer, celui-ci saisi une chaussure et la jette avec force, ouvrant profondément le front d’un camarade dont la figure se couvrit de sang. Des manches de pioches se cassent sur nos échines qu’importe, ils sont remplacés par d’autres matraques, des planches, des bâtons de jalonnage ferrés, rien de semble résister dans les mains des fauves. […]. L’allure se ralentit, les Kapos semblent effrayés par le massacre, les coups sont moins nombreux, ils nous disent à voix basse et en français (où l’ont-ils appris ?) Tombez – tombez – et notre chef de block nous chuchote « tombez sinon ils n’arrêteront pas ». […]. »
Les Français sont soumis aux travaux les plus durs, moins nourris encore que les autres déportés et privés de soins. Sur les 169 Français arrivés en juillet, 59 meurent au camp et seuls 78 d'entre eux survivent à leur déportation.
Les premiers NN néerlandais, conformément à l'ordre du WVHA, arrivent à Natzweiler le.
Les premiers NN belges arrivent le.
Le et le,Himmler renouvelle son ordre (pas toujours respecté) aux commandants des KL de transférer à Natzweiler tous les déportés NN germaniques qu'ils détiennent[43]. Sa volonté ne sera jamais complètement exécutée, la procédureNuit et brouillard étant abrogée. Elle est remplacée, le, par le décret "Terreur et sabotage". Le ministère de la justice nazi reçoit l'ordre de remettre tous les NN, encore en prison et en attente de jugement, à laGestapo[44].
« J'arrivai au camp du Struthof le avec un groupe de sept intellectuels. À notre entrée nous fûmes tout de suite impressionnés par nos frères de misère. Leurs démarches d'automates, la fixité de leurs regards, leur aspect squelettique indescriptible et inégalé ailleurs. J'ai connu beaucoup de camps (Buchenwald, Natzwiller,Wesseling,Dachau,Auschwitz), nulle part je n'ai ressenti de pitié plus douloureuse qu'au Struthof. Ce qui nous intrigua dès l'abord, ce furent d'immenses lettres : N N barbouillées en rouge sur les vêtements… »
« ... C'étaient des hommes complètement retranchés du monde civilisé. Ils ne recevaient ni courrier, ni colis, ni nouvelles extérieures. C'était l'abrutissement complet, le travail forcené, la furieuse brutalité deskapos et des chefs de blocks. Les détenus ne bénéficiaient pas des cinq heures effectives de sommeil ; la vermine se chargeait de les troubler. Le repos dominical de l'après-midi était supprimé. Mais, en revanche, la schlague toute la journée — les chiens constamment sur les talons — la hantise de la moindre défaillance, la pitance diminuée, l'absence totale, au début, de soins médicaux, les redoutables expériences, dites scientifiques, les greffes humaines et leschambres à gaz[49]. »
Inversement, de l'intérieur du camp, l'Autrichien Franz Kozlik (matricule 980), décrit ainsi l'étonnement des déportés lorsqu’arrive au camp, le, le premier transport deNN Franzosen (FrançaisNacht und Nebel), déportés politiques, porteurs du triangle rouge :
« Ces FrançaisNacht und Nebel, c'étaient des prêtres portant la soutane, des officiers supérieurs, c'étaient, comme on le sut plus tard, des médecins, des ouvriers, des paysans. Presque sans exception des Français de laRésistance. Généralement chargés de bagages de bonne apparence. »
Puis, après avoir quelque temps observé ces prisonniers d'un nouveau genre, Kozlik ajoute :
« Il est presque incroyable [de constater] de quelles réserves de forces l'être humain dispose. [...] Car la tenue de ces Français, la manière dont ils serraient les dents, le courage avec lequel ils se chargeaient de travaux impossibles à exécuter, la discipline avec laquelle ils sortaient par le portail, tous en rang, le corps redressé, le visage décomposé, d'une pâleur mortelle, enflé et ensanglanté, mais tenant droit la tête dans un effort farouche, émurent même le plus endurci des internés, qui ne pouvait cacher son admiration[50]. »
le lieutenantGaëtan Vidiani, résistant français membre de l'Armée secrète, mort le ;
Isidore Thivrier, député SFIO de l'Allier, membre du réseau Marco-Polo, interné le, mort le ;
Jacques Degrandcourt, résistant français fondateur du groupe Melpomène, mort d'épuisement le dans le camp annexe deVaihingen ;
Denis Paret, responsable départemental pour la Loire du mouvement de résistanceCombat, y meurt le 29 avril 1944 ;
René Renard, résistant français membre desFTP, mort le ;
Trygve Bratteli, résistant norvégien, libéré du camp annexe de Vahingen le par les troupes alliées, par la suite Premier Ministre de laNorvège de 1971 à 1972, puis de 1973 à 1976 ;
Asbjørn Halvorsen, joueur de football norvégien, libéré également du camp annexe de Vaihingen en 1945 ;
Auguste Bonal, industriel, membre de laFrance libre, déporté à Natzweiler le, transféré ensuite au camp-annexe deSchömberg, abattu avec trois autres camarades par des nazis en retraite le ;
Léon Boutbien, futur député SFIO de l'Indre, transféré ensuite au camp de Dachau ;
Joël Le Tac, futur député de laSeine puis deParis, transféré également au camp de Dachau, compagnon de la Libération[52] ;
Max Heilbronn, créateur des magasinsMonoprix et résistant français de confession juive, interné en 1944 avant d'être transféré àAllach, camp annexe de Dachau ;
Henri Gayot, résistant français du réseauHonneur et Patrie, interné le puis transféré au camp de Dachau en, dessinateur de formation, auteur de gravures réalisés après guerre relatant le quotidien des déportés au camp-souche[53] ;
Jacques Songy, résistant français du groupe Melpomène, transféré à Dachau en ;
Roger Linet, syndicaliste membre desFTP, transféré au camp de Dachau d'où il est libéré par les troupes alliées le ;
Gilbert May, résistant français du mouvementLibération-Sud, transféré àAugsbourg (dans un kommando de Dachau), un des rares juifs alsaciens à avoir été déporté au Natzweiler ;
François Faure, résistant français membre de laConfrérie Notre-Dame, transféré à Dachau d'où il est rapatrié le, fondateur en 1950 de l'Amicale des déportés de Natzweiler-Struthof, compagnon de la Libération[54] ;
Albert Guérisse, résistant belge, déporté de Mauthausen à Natzweiler sous son nom de code Pat O'Leary, transféré à Dachau d'où il est libéré par les troupes alliées le ;
Boris Pahor, écrivain slovène, transféré par la suite à Dachau ;
Tadeusz Borowski, écrivain polonais, transféré par la suite au camp de Dachau
Brian Stonehouse, peintre et agent secret britannique, transféré au camp de Dachau ;
Henri Chas, chef de l'Armée secrète de Haute-Loire puis des Corps francs de la Libération de la région R5, transféré au camp de Dachau, compagnon de la Libération[55] ;
Charles Serre, chef national duMouvement Résistance, déporté le au camp de Dachau, transféré le à Neckargerach, camp annexe de Natzweiler, compagnon de la Libération[56] ;
Gaston Quitaud, responsable départemental pour la Loire du mouvement de résistanceFranc-Tireur, transféré au camp deDachau où il meurt le 16 mai 1945 ;
Paul Teitgen, juriste et haut fonctionnaire, déporté à Natzweiler le ;
André Verchuren, artiste français, déporté le au camp de Dachau, transféré le à Neckarelz, camp annexe de Natzweiler ;
Pierre Ségelle, homme politique, maire d'Orléans, député duLoiret, ministre de laQuatrième République, déporté le à Dachau, transféré le à Neckarelz puis Kochem, camps annexes de Natzweiler ;
Robert Olleris, général français, déporté à Natzweiler le ;
Jean Medina alias josé Martinez, républicain espagnol, membre des FFI, transféré au camp de Dachau d'où il est rapatrié en[57] ;
Jean Villeret, résistant membre des FTP, transféré au camp de Dachau d'où il est libéré le.
La villa du Struthof et sa piscine, siège de laKommandantur du KL Natzweiler de 1941 à 1944.
Les premiers SS arrivent sur le site courant avril 1941. Ils prennent leurs quartiers dans l'auberge du Struthof et dans la villa située à moins de100 mètres du futur camp. Ils y installent laKommandantur. Le 28 avril, Hans Hüttig, le premier commandant, rédige leKommandantur-Befehl (ordonnance)No 1. Il y annonce l'ouverture officielle du camp le1er mai[58]. Une partie des SS qui escortent les convois des 21 et 23 mai va constituer la compagnie de garde[59]. La garnison va s'établir progressivement à80 hommes pour laKommandantur et à150 hommes pour la compagnie de garde (1/SS-Totenkopfsturmbann)[60]. Avec le développement des camps annexes, de nouvelles compagnies de garde sont créées. En septembre 1944, Natzweiler en compte 11[61]. Alors que le camp principal est en train de disparaître, l'état des effectifs, du 14 octobre 1944, mentionne 1 676 personnels dont21 femmes (gardiennes ou auxiliaires radio)[62]. Ce ne sont pas tous des membres de la SS. À partir de l'été 1944, de nombreux soldats de laWehrmacht (Heer etLuftwaffe), pour beaucoup inaptes au combat, sont affectés à Natzweiler[63]. Entre 1941 et 1945, au moins 2 200 hommes et femmes ont servi à Natzweiler et dans ses annexes. Plus de 800 provenaient de laWehrmacht[64].
Cinq commandants se succèdent à la tête du KL Natzweiler :Hans Hüttig (1941-1942),Joseph Kramer (interim),Egon Zill (1942), Joseph Kramer (1942-1944),Fritz Hartjenstein (1944-1945) etHeinrich Schwarz (1945). Ce dernier ne dirigera que les camps annexes de la rive droite du Rhin.
Le four crématoire du camp, 1944.Plaque à la mémoire des membres du réseau Alliance, assassinés dans la nuit du1er au 2 septembre 1944 au KL Natzweiler.Plaque à la mémoire des résistants du GMA-Vosges, assassinés dans la nuit du1er au au KL Natzweiler.Plaque d'identité du sergent Frederick Habgood, découverte dans la fosse aux cendres du KL Natzweiler en.
À partir de 1942, le camp a servi de lieu d'exécution pour de nombreux résistants et prisonniers de guerre issus de la majeure partie des pays occupés par l'Allemagne nazie et condamnés par les juridictions nazies. Le déporté Aimé Spitz témoigne :
« Hors du camp, à quelque100 mètres, se trouvait une sablière. C'est là qu'environ cinq cents camarades furent fusillés, soit à coups de mitraillette, soit à coups de revolver dans la nuque. Un soir de printemps 1944, après 18 heures, onze Luxembourgeois appartenant à la Résistance furent fusillés dans cette sablière. Ce genre d'exécution, ordonnée par le ministère de la Sûreté d'État de Berlin, avait lieu le soir après l'appel. Chaque fois que nous apercevions le soir des arrivants devant laSchreibstube (secrétariat du camp), nous savions qu'il s'agissait d'uneSonderbehandlung (traitement spécial). Ce genre de détenus ne figurait pas, la plupart du temps, dans le fichier du camp. Ils étaient amenés par la Gestapo pour être exécutés. Leurs corps étaient ensuite transportés au crématoire, de sorte qu'il n'y avait de trace nulle part[65]. »
Les exécutions de ce type ne sont en effet la majeure partie du temps pas répertoriées dans les registres du camp, ce qui rend difficile, voire impossible, le comptage rigoureux et l'identification des victimes[66].
Peuvent néanmoins être mentionnés les faits suivants :
les 17 et, quatorze jeunes gens originaires deBallersdorf dans le Haut-Rhin sont fusillés à la carrière pour avoir refusé leurincorporation de force dans la Wehrmacht et tenté de quitter la zone annexée[67] ;
deux officiers de laRAF ayant pris part àla Grande Évasion duStalag Luft III, Dennis H. Cochran et Tony Hayter sont exécutés à proximité du Struthof respectivement les et ; leurs corps sont ensuite immédiatement incinérés dans le four crématoire du camp[réf. nécessaire].
Dans la nuit du 28 au, un avion anglaisLancaster s'écrase au pied dumont Sainte-Odile. Le sergent Frederick Harold Habgood (21 ans) a sauté en parachute de l'avion avant qu'il ne s'écrase et atterrit auLangen Weg, àOttrott. Il est alors pris en charge par la population pour être remis à la Résistance. Dénoncé à la Gestapo, il est interné, le aucamp de sûreté de Vorbruck-Schirmeck. Le lendemain, il est transféré à Natzweiler où il est pendu. Son corps n'a jamais été retrouvé[68] ; la découverte en 2018 de sa plaque d'identité dans la fosse aux cendres du camp confirme que celui-ci a été incinéré rapidement après son décès[69],[70]. Le, la plaque est remise aux descendants de F. Habgood qui l'ont confiée le, àSt Clement Danes, l'église de la RAF[71].
Antoine Becker, ancien commissaire desRenseignements généraux de Strasbourg, puis commissaire central de police à Marseille sous l'Occupation, est abattu d'une balle dans la nuque lors de son transfert à Natzweiler courant août 1944. Il avait été arrêté le par laGestapo en raison de ses activités contre les autonomistes et les agents allemands entre les deux guerres en Alsace. Antoine Becker avait notamment participé à la répression du réseauKarl Roos. Immédiatement après son assassinat, son corps est incinéré dans le four crématoire du camp[72].
Face à l'avancée des troupes alliées, les SS commencent à massacrer systématiquement certains détenus, particulièrement les résistants français, qui arrivent en grand nombre au camp du au. Ainsi, dans la nuit du1er au[73],[74], 106 résistants duréseau Alliance, dont15 femmes, sont transférés depuis lecamp de Schirmeck à Natzweiler, afin d'y être exécutés d'une balle dans la nuque, puis immédiatement incinérés dans le four crématoire[75]. Parmi les membres du réseau Alliance exécutés durant cette nuit, peuvent être cités : le généralPaul Labat (également membre du réseauGallia),Jacques Stosskopf,Léonce Vieljeux et son neveuFranck Delmas, le lieutenant-colonelMarcel Pourchier (également membre de l'organisation de résistance de l'Armée, l'abbéBernard Ferrand. Au cours de la même nuit,35 membres desgroupes mobiles d'Alsace-Vosges (GMA-V), capturés par les Allemands à la suite de l'échec de l'opération Loyton, sont également exécutés[76]. En trois jours,392 prisonniers (92 femmes et300 hommes)[77] auraient été assassinés au Struthof[78].
Dès le, Hirt commence ses expériences pour étudier l'efficacité d'un traitement contre les effets dugaz moutarde (ypérite)[82]. Les archives de Hirt ayant été détruites par sa secrétaire, il y a peu d'information sur ces expérimentations. Cependant, deux détenus qui travaillaient à la stationAhnenerbe, Ferdinand Holl et Hendryk Nales ont pu témoigner après guerre. Le, F. Holl est auditionné par la justice militaire française. Il raconte[83] :
« 30 hommes tous Allemands, condamnés de droit commun, ont été conduits à la station Ahnenerbe. Pendant plusieurs jours, ils ont reçu la même nourriture que les SS et ont absorbé 30 gouttes de Vigan (vitamines). Lorsqu'il eurent repris des forces, on commença les expériences [...]. Sur la face interne des deux poignets, l'officier plaçait une goutte de gaz liquide. Ce gaz avait une terrible action corrosive [...]. Après 10 ou 12 heures, l'épiderme devenait rouge. Des cloques se formaient, semblables à celles occasionnées par une brûlure. Tous les jours, les malades étaient photographiés pour permettre au professeur Hirt de suivre l'évolution de cette expérience. Après trois à quatre jours, on compta quatre morts. Quelques-uns étaient aveugles. »
F. Holl évoque quatre séries d'expériences avant décembre 1943. Elles auraient fait au moins cinq victimes.
À l'automne 1942, une chambre à gaz est aménagée dans une dépendance de l'auberge du Struthof. Les travaux sont achevés le.
En juin et juillet, elle est utilisée parOtto Bickenbach pour tester un traitement (Urotropin) contre les effets du gaz de combatphosgène, sur 23 détenus de droit commun et des Tsiganes. Aucun décès n'est enregistré, mais certaines victimes sont atteintes de troubles pulmonaires. En juillet et, une nouvelle série de tests est menée sur 16 Tsiganes, avec des doses beaucoup plus importantes de gaz. Quatre d'entre eux meurent[84].
La chambre à gaz est également utilisée dans le cadredes recherches anatomiques de Hirt. En, 86 Juifs (59 hommes et27 femmes) sont transférés d'Auschwitz à Natzweiler où ils arrivent le. Entre le 11 et le, en quatre groupes, hommes et femmes séparés, ils sont assassinés à l'aide desels cyanhydriques[85]. C'est le commandant du camp en personne,Josef Kramer, qui se charge des opérations de gazage. Le, alors qu'il est emprisonné àCelle, dans le cadre du procès des gardiens du camp deBergen-Belsen, il est interrogé par le juge d'instruction militaire français Jadin[86]. Il lui déclare :
« Je me suis rendu à l'institut d'anatomie de Strasbourg où se trouvait Hirt. Ce dernier me déclara qu'il avait eu connaissance d'un convoi d'internés d'Auschwitz pour le Struthof. Il me précisa que ces personnes devaient être exécutées dans la chambre à gaz du Struthof et leurs cadavres devaient être remis à l'institut d'anatomie pour être mis à sa disposition. À la suite de cette conversation, il me remit un flacon de la contenance d'un quart de litre que je crois être des sels cyanhydriques. »
Puis il décrit le premier gazage :
« J'introduisis, après avoir fermé la porte, une certaine quantité de sels dans un entonnoir placé en dessous et à droite du regard. En même temps, je versais une certaine quantité d'eau qui, ainsi que les sels, tombèrent dans l'excavation située à l'intérieur de la chambre à gaz au bas du regard. »
« Il existe dans les cuves de l'institut d'anatomie (hôpital civil) 86 corps ou quartiers de cadavres provenant de déportés politiques originaires du sud-est de l'Europe, qui ont été assassinés en sur l'ordre du Professeur Hirth, directeur de l'Institut anatomique de Strasbourg au temps de l'occupation. Ces déportés ont été exécutés dans la chambre à gaz du Struthof. Ces corps, après l'exécution, ont été amenés à l´Institut et conservés dans un bain d'alcool. Sur les 86 suppliciés, il y avait 30 femmes. »
Afin de mener ses expériences pour tester un nouveau vaccin contre letyphus exanthématique, Eugen Haagen se fait remettre 100 Tsiganes « commandés » àAuschwitz et arrivés à Natzweiler le. Haagen estime que l'état de santé de ces hommes est trop déplorable pour mener à bien ses recherches. 28 d'entre eux décèdent d'épuisement avant leur renvoi à Auschwitz le. À la suite des protestations de Haagen, de nouveaux « cobayes » lui sont envoyés. Entre le 8 et le, 89 Tsiganes, toujours en provenance d'Auschwitz, lui sont livrés. Le, ils sont divisés en deux groupes : le premier groupe reçoit le vaccin contre le typhus par scarification ou injection intramusculaire, le second sert de groupe témoin. Il n'y a pas de victimes directes de cette expérimentation[88]. Certains de ces hommes seront également victimes des expériences de Bickenbach.
Après cette série d'expérimentations, une épidémie de typhus se propage dans le camp. Suivant les sources, elle serait due aux expériences de Haagen, selon d'autres à l'arrivée d'un convoi en provenance de Lublin dont les déportés auraient été porteurs de la bactérie. D'autres séries d'expériences sur le typhus auraient été menées à Natzweiler dans le courant de l'année 1944, mais elles ne sont pas suffisamment documentées.
Entre le mois de juin 1954 et le mois de mai 1955 se déroule devant les tribunaux militaires deMetz puis deParis le procès du Struthof, durant lequel sont jugés les principaux responsables SS et des responsables de la hiérarchie interne du camp (Kapo).Plusieurs autres procès ont lieu après la guerre pour juger d'autres dirigeants du KL Natzweiler et de seskommandos[92].
Sont notamment jugés :
Josef Kramer, commandant SS du camp d' à. Fait prisonnier par les Britanniques au camp deBergen-Belsen dont il assurait le commandement après avoir quitté Auschwitz. Il est condamné à mort à l'issue du procès des gardiens deBelsen àLunebourg. Pendu à la prison deHamelin le 13 décembre 1945[92], il ne sera jamais jugé pour les crimes commis à Natzweiler et à Auschwitz.
Friedrich Hartjenstein, qui avait pris la direction du KL-Natzweiler après le départ deJosef Kramer ; condamné à mort, il décède d'un cancer à l'hôpital Saint-Jean de Dieu à Paris, le, avant son jugement en appel[93].
Heinrich Schwarz, dernier commandant du KL Natzweiler (qu'il dirigea de février à) ; condamné à mort lors du procès de Rastatt, il est fusillé le dans la forêt de Baden-Oos.
Hans Hüttig, tout premier commandant du camp (d'avril 1941 à mars 1942). Condamné à la prison à perpétuité àMetz le, il est amnistié en 1956.
Egon Zill, commandant du camp de mai à. Condamné à la réclusion criminelle à perpétuité par le tribunal deMunich, sa peine a été réduite en appel à15 ans en 1955.
Wolfgang Seuss, responsable du camp de détention (Schutzhaftlagerführer). Condamné à mort en France à deux reprises (procès de Metz et Paris), sa peine est commuée en 1959 en travaux forcés à perpétuité. Finalement libéré, il est arrêté dès son retour en Allemagne. Il est jugé et condamné à la prison à perpétuité pour le meurtre, à Dachau, de Kurt Riesenfeld. Libéré en 1970, il meurt en 1979.
Au terme duprocès de Rastatt sont condamnés à mort, le, dix-neuf dirigeants SS et Kapos des kommandos du KL Natzweiler[92].
Le 1952 s'ouvre devant le Tribunal militaire français deMetz le procès des médecins SSOtto Bickenbach etEugen Haagen. Le jugement les condamne aux travaux forcés à perpétuité. En 1954, le jugement est cassé. Rejugés par le Tribunal militaire de Lyon, ils sont condamnés à la peine de20 ans de travaux forcés. Ils sont tous deux libérés en 1955 et retournent en Allemagne. Le professeurAugust Hirt y est condamné à mort par contumace le (considéré comme en fuite depuis la fin de la guerre, il s'est en fait suicidé le)[94].
Lors du procès deWuppertal (mai-) sont jugés les SS et un Kapo impliqués dans l'assassinat en à Natzweiler des quatre femmes membres duSOE et du sergent Frederick Habgood. À l'issue du procès seront condamnés à mort puis exécutés :
Le Mémorial national aux héros et martyrs de la déportation.
Journée nationale du souvenir de la déportation le.
Journée nationale du souvenir de la déportation en présence de jeunes sapeurs-pompiers le.
<centerPanorama du camp de concentration en 2007
En 1945, le site devient un centre pénitentiaire du Ministère de la justice, accueillant des détenus suspects de collaboration et des droits communs[95].
En, le centre pénitentiaire est dissous. En juillet, le gardiennage du camp est confié à l'administration des internés et déportés politiques des camps de Schirmeck et Struthof, dépendant du ministère des anciens combattants et Victimes de guerre.
Le, un déporté inconnu est exhumé de la nécropole du Struthof. Sa dépouille, transférée sur l’Île de la Cité à Paris, devient celle du déporté inconnu dumémorial des martyrs de la déportation, inauguré par le général de Gaulle, le.
Dans la nuit du 12 au, destruction totale du musée par un incendie criminel perpétré par le groupeindépendantiste alsacienLoups Noirs ; une croix de Lorraine est peinte sur un mur, ainsi qu’une inscription : « 27 janvier 1945 ». Les incendiaires voulaient sans doute rappeler que dans ce camp que les 1 100 Alsaciens soupçonnés de collaboration avec l'occupant nazi avaient été enfermés à cette date, donc pendant lalibération de l'Alsace[96] mais surtout, que la mémoire des résistantsAlsaciens etLorrains enfermés aucamp de sûreté de Vorbruck-Schirmeck,a contrario, n'est pas perpétuée[97]. Le musée est reconstruit à l'identique. Une nouvelle exposition y est inaugurée, le parValéry Giscard d'Estaing, alors président de la République.
Depuis 2014, d'importants travaux de restauration ont été entrepris sur le site du Struthof. Les travaux de restauration des baraques cellulaire et du bunker, du mémorial, de la nécropole sont achevés. Ceux des miradors, de la guérite d'entrée et de la chambre à gaz sont en cours. La restauration de la baraque cuisine est programmée pour 2022[99].
Depuis 2018, des fouilles archéologiques sont menées autour de l'ancien camp et à la carrière[100],[101].
En 2022, après 18 mois de travaux de restauration et l'installation d'une muséographie, le bâtiment abritant la chambre à gaz est rouvert au public. Une cérémonie est organisée pour marquer l'évènement le jour du78e anniversaire de la découverte du camp[102],[103].
L'histoire, les protections juridiques des sites et la reconnaissance nationale de ces lieux de mémoire
: Diverses protections (inscription ou classement) au titre des monuments historiques sont proposées[104]. Le sol de l'ancien camp (partie située à l'intérieur des clôtures actuelles) est classé au titre desmonuments historiques[105].
: Le bâtiment de la chambre à gaz est classé monument historique[105].
Site d'Urbès (68) connu sous le nom de KL Natzweiler - Block W - Baustelle U, un des 70 camps dépendant de Natzweiller Struthof (67).C'est, à l'origine, un tunnel de 4,5 kilomètres destiné à relier la vallée de St Amarin à Saint Maurice. Il a servi de camp de travail pour la fabrication de pièces de moteurs d'avions pour le compte de Daimler-Benz.
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Marcel Le Roy,Le prix de la liberté, récit de déportation au camp d'extermination du Struthof.L’oribus, 2000
Kristian Ottosen,Nuit et brouillard, éditions le Cri,(ISBN9782871061045), 256 pages
Étiennette Gallon, Stéphanie Sédillot,La plume, le crayon et le bronze, sources de mémoire :Henri Gayot (mat. 11784), un résistant rochelais déporté au Struthof, La Rochelle, ONAC & UDCUR, 2002, 103 pages + 16 planches (épuisé)
Jean-Laurent Vonau,Profession bourreau - Struthof et Schirmeck : les gardiens de camp et les "médecins de la mort" face à leurs juges, éditions La Nuée bleue, 2013, 250 p.(ISBN978-2-7165-0812-4)
Stéphane Zehr,Frédérique Neau-Dufour, Jean-Paul Kremer,Le salut ne vient pas d'Hitler, un mennonite déporté à Natzweiler et Buchenwald, Calvin Editions, 2020
Jean Thomas,...jusqu'au doux petit ruisseau, Onebook, 2015, 256 p.(ISBN978-2-7546-0090-3). Ouvrage consacré à Vaihingen
Charles Béné, Du Struthof à la France Libre, Fetzer S.A, 1968, 231 pages
Collectif, Le camp de concentration du Struthof, Konzentrationslager Natzweiler, ESSOR, 1998, 352 pages
Roger Boulanger, Un fétu de paille dans les bourrasques de l'histoire, Editions Tirérias-Michel Reynaud, 2022, 240 p.(ISBN979-10-96930-10-4)
Rapport de la Commission historique pour l’histoire de la Reichsuniversität Straßburg (RUS). 2022.[lire en ligne]
Marie-Claire Allorent, Association pour des études sur la Résistance intérieure des Alsaciens (AERIA),« Le camp de concentration KL-Natzweiler », dans Bertrand Merle (préf. Victor Convert, intro. Marie-Claire Vitoux),50 mots pour comprendre la Résistance alsacienne, Strasbourg,Éditions du Signe,, 196 p.(ISBN978-2-7468-4334-9),p. 98-103
Le Struthof - un camp de concentration nazi en Alsace, un film d'Alain Jomy et Monique Seemann, réalisé en partenariat avec France 3 Alsace - 1995 - durée :52 minutes.
Le nom des 86, un film de Emmanuel Heyd et Raphael Toledano. Production Dora Films sas - Alsace 20 - Télébocal - Cinaps TV - 2014 - durée : 63 min.
Struthof, au nom de la race et de la science - Temps Noir - 2013 - durée :55 minutes[123],[124].
Judith Voelker,Lesprocès de Rastatt. Des criminels de guerre devant la justice française / Die Rastatter Prozesse. Kriegsverbrecher vor Gericht, Moving Story Productions/SWR/SR/Arte, 2020[125].
La Voix du rêve, un documentaire réalisé par Pascal Crépin produit par l'association Mine de Rien en 2020
↑« Natzweiler et ses camps annexes », surPortail transnational des lieux de mémoire de l’ancien complexe concentrationnaire du camp de Natzweiler(consulté le).
↑« Le KL Natzweiler », surLe KL Natzweiler. Site officiel.(consulté le).
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↑Dépôt central de la justice militaire (DCAJM). Procédure Struthof. Déposition de Hans Stein, le 7 juin 1945. Cote : 1958_05_28_000575_12_01136 à 1958_05_28_000575_12_01140
↑Joseph de la Martinière,Le décret et la procédure Nacht und Nebel, Orléans, Edité par l'auteur,, 71 p., page 62
↑Robert Steegmann, « http://www.natzweiler-database.eu/fr/home », surPortail transnational des lieux de mémoire de l’ancien complexe concentrationnaire du camp de Natzweiler(consulté le).
↑François Kozlik,Struthof, le mont de l'épouvante, horreurs vécues au camp du Struthof (Strasbourg, Éditions Sedal, 1945). Selon l’historienRobert Steegmann, Kozlik a été décrit par des déportés comme « très proche deKramer et deHartjenstein qui lui laissaient certaines libertés », Kozlik a occupé les fonctions de chef de l’orchestre du Struthof et de coiffeur des commandants successifs (le Camp de Natzweiler-Struthof, Paris,le Seuil, 2009).
↑Jean-Emmanuel Medina,Après le Choc des civilisations, la convergence Pan-Anthropique - Réflexions sur la formation d'une civilisation universelle, Strasbourg, Éditions Kapaz,, 133 p.(ISBN978-2-492157-09-7),p. 5
↑SelonAlain Guérin, d'autres — comme Jacques Granier, auteur deSchrimeck, un camp de concentration — situent ce massacre la nuit suivante (Guérin 2010,p. 646).
↑Raphaël Toledano,Les expériences médicales du professeur Eugen Haagen de laReichsuniversität Strassburg, Thèse de doctorat, faculté de médecine de Strasbourg, 2010, Tome 1, page 267 et suivantes.
↑Jean de Poligny,G.M.A. Vosges : D'après les souvenirs du Capitaine Rivière,, 245 p.,p. 226-227
Hans-Joachim Lang,Des noms derrière des numéros. L’identification des 86 victimes d’un crime nazi. Une enquête, Presses universitaires de Strasbourg(lire en ligne)