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Lecamp Joffre, dit « camp de Rivesaltes », a été fondé en 1935. De 1939 à 2007, cecamp militaire a accueilli diverses structures de regroupement de civils ou de militaires vaincus.
Initialement destiné à l'entraînement militaire, le camp est utilisé pour interner desréfugiés espagnols, desJuifs étrangers, desTziganes et desopposants politiques durant laSeconde Guerre mondiale. Après laguerre d'Algérie, de 1962 à 1977, il est le lieu de transit et de reclassement desharkis. Le camp sert également decentre de rétention pour lesimmigrants clandestins de 1986 à 2007.
Aujourd'hui, le site revêt une importance mémorielle considérable, appuyée par leMémorial du Camp de Rivesaltes inauguré en 2015, témoignant de son passé et de sa contribution à l'histoire de la France duXXe siècle.
L'îlot F du camp de Rivesaltes, avec l'ensemble de ses baraquements, fait l'objet d'une inscription au titre desmonuments historiques depuis le[1].
L'officier d'artillerieJoffre propose en 1875 la création d'un camp pour le9e régiment d'artillerie. Il dispose de nombreux atouts : proximité de la route nationale, d'une voie ferrée, de la mer, desCorbières. Mais le terrain, peu cher, manque d'eau.
En 1935, quand le projet est repris, unaérodrome s'est en plus installé à côté. Un centre militaire d'instruction est donc créé, sur600 hectares, aux quatre cinquièmes sur la commune deRivesaltes et au cinquième sur celle deSalses. Il est doté de bâtiments enfibrociment.
À la suite de laRetirada, il est envisagé de placer au camp Joffre plus de 15 000 réfugiés républicains fuyant le franquisme. Cela reste à l'état de projet, même si de plus faibles flux ont lieu (en 1939 1 000 miliciens espagnols ducamp du Vernet alors que le camp n'est pas construit)[2].
| Camp d'internement de Rivesaltes | |||
Camp de Rivesaltes, Stèle commémorative des victimes (Association desFils et filles de déportés juifs de France) | |||
| Présentation | |||
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| Nom local | Camp Joffre | ||
| Gestion | |||
| Date de création | |||
| Créé par | Le préfet des Pyrénées-Orientales | ||
| Géré par | Administration française | ||
| Date de fermeture | |||
| Victimes | |||
| Géographie | |||
| Pays | |||
| Région | Languedoc-Roussillon | ||
| Localité | Salses-le-Château | ||
| Coordonnées | 42° 48′ 29″ nord, 2° 53′ 24″ est | ||
Géolocalisation sur la carte :France Géolocalisation sur la carte :Pyrénées-Orientales | |||
En1939, dès la mobilisation, le camp deRivesaltes est utilisé en transit pour les militaires en attente d'affectation.
Le, la Défense met à disposition600 hectares au sud du camp militaire, afin de regrouper les personnes expulsées d'Allemagne. La partie militaire du camp fonctionne ensuite parallèlement aux camps civils.
Officiellement ouvert, le camp de Rivesaltes passa sous le contrôle des autorités civiles durégime de Vichy. Il était affecté auregroupement familial d'Espagnols et deJuifs. DesTziganes, indigents etopposants politiques, "étrangers ennemis, indésirables ou suspects pour la sécurité nationale et l'ordre public" y furent également détenus[3]. D'une capacité de 18 000 personnes, le camp accueillit 21 000 détenus entre 1941 et 1942. Il fut fermé le.
Alors même qu'arrivaient les premiers internés, le statut du camp et des hommes qui y sont internés n'est pas encore fixé. Il fut décidé qu'il s'agissait d'un « centre d'hébergement » pour familles. D'abord envisagé pour un maximum de 17 000 « hébergés », il était composé de 150 grandes baraques d'habitation, soit une contenance de 10 000 personnes. Une particularité du lieu fut qu'on y interna des familles sans les regrouper, mais au contraire en les séparant : il y avait des baraques pour les hommes, d'autres pour les femmes et les enfants[4]. À14 ans, les garçons passaient d'un camp à l'autre.
Au, le camp comptait 6 475 internés, de 16 nationalités ; plus de la moitié (55 %) étaientespagnols, lesJuifs étrangers représentaient plus du tiers. DesGitans furent eux aussi internés - bien que de nationalité française - dans ce camp pour étrangers[5],[3].
Le à cinq heures du matin commencèrent les opérations de rafle desJuifs étrangers de lazone Sud et leur regroupement au Centre national de rassemblement desIsraélites de Rivesaltes. Ce centre est installé aux îlots J (femmes et enfants), F (hommes ; antérieurement dédié aux travailleurs) et K (réception, criblage et triage). Il est prévu pour un effectif de 10 000 internés, composé de familles, et pour une durée de 15 jours. Y sont d'abord regroupés les 1 176 Juifs déjà au centre dit « Drancy de la zone libre »
Serge Klarsfeld note que du4 septembre au22 octobre, le camp de Rivesaltes a joué le rôle de « Drancy de la zone libre ». Il a été le camp de rassemblement de tous les Juifs arrêtés dans la zone libre et le camp de transit vers lecamp de Drancy, pour beaucoup de ces Juifs (environ 1 700)[6].
Selon Gérard Gobitz, les convois représentèrent un total de 1 771 à 1 778 personnes déportées, dont78 enfants[7]. Selon les calculs de l'historienne Anne Boitel, 2 313 auraient été déportés vers Drancy, et 2251 auraient été exclus des convois par les services administratifs[8].
Le centre d'hébergement fut liquidé au25 novembre. À cette date, il comptait 277 membres du personnel. Durant deux années, le camp de Rivesaltes a interné environ 21 000 personnes, dont environ 5 714 au camp spécial, 2 313 ont rejoint Drancy, 2 251 ont été exclues par la commission de criblage. Sur le site sont décédés 215 internés, dont 51 enfants d'un an et moins[8].
Neuf œuvres furent installées dans trois des sept îlots du camp - dont laCroix Rouge Française ou leSecours National[9].
LaCimade s'installe le 30 juin 1941 dans le camp avec surtout pour mission d'y aider les enfants internés. Elle fut choisie par le gouvernement français, car, créée en 1939, elle semblait moins structurée - que d'autres associations comme l'YMCA ou l'AFSC - et donc moins susceptibles de porter trop de revendications à l'encontre de la politique gouvernementale[9].
Les associations cherchaient surtout à améliorer les rations alimentaires quotidiennes. Le Secours Suisse a ainsi distribué 467 000 rations supplémentaires entre mai 1941 et mai 1942. Par ailleurs, les différentes œuvres profitaient des différentes fêtes liturgiques, chrétiennes ou juives, pour proposer des surplus alimentaires[9].
L'éducation des enfants en bas âge est prise en charge par l'USC et l'OSE avec des jardins d'enfants. LaCimade s'occupe avec l'YMCA d'activités diverses pour les internés, d'ordre culturelles ou artistiques. La Cimade donne aussi des cours de catéchisme et anime une école du dimanche après-midi[9].
A partir de l'été 1943, les associations perdent l'accès aux camps, à l'exception de rares cas, comme celui deGurs ou les camps de femmes, enfants, et vieillards. Seul leSecours national garde la possibilité de réaliser quelques actions concrètes[9].
Les associations présentes sur le camp permirent à un certain nombre de prisonniers de le quitter, souvent dans l'illégalité. La Cimade, en lien avec le curé de Rivesaltes, organisa notamment la fabrication defaux papiers et fauxcertificats de baptêmes. La présence associative a aussi permis d'influencer les commissions de criblage qui devaient décider des personnes « déportables » vers l'Allemagne. Ce travail se faisait aussi auprès des familles, pour convaincre les parents d'abandonner leurs enfants. En effet, les enfants sans parents ou déclarés orphelins ne pouvaient être déportés. La Cimade joua un rôle important pour trouver des lieux de résidence appropriés pour les enfants sauvés de la déportation[9].
En, après l'invasion de la zone libre, les troupes allemandes s'installèrent au camp Joffre.Le camp servit à l'instruction des recrues de laWehrmacht jusqu'en, date de son abandon et de son sabotage par l'armée allemande.
L'armée allemande quitte Rivesaltes le.
Tandis que la partie militaire du camp de Rivesaltes reprend sa vocation initiale, est instauré le centre de séjour surveillé de Rivesaltes (). Concentrant sur l'îlot Q les personnes internées dans le cadre de l'épuration, ce nouveau camp dispose d'une capacité maximum de 1 080 internés.
Le centre continue de recevoir des ressortissants d'autres pays européens : lesEspagnols, internés pour passage clandestin de la frontière, assurent ainsi les travaux nécessaires à la sécurisation du centre ; en janvier et mars1945 viennent plusieurs centaines de réfugiéssoviétiques.
La dissolution du centre intervient le, et sa liquidation est achevée aux premiers jours d'octobre1946.
L'armée française installe le dépôtno 162 desprisonniers de guerre. Regroupant des militaires allemands et italiens, ce camp compte moins de 10 000 prisonniers en, entre 6 000 et 7 000 hommes en, et est fermé le premier mai1948. 1 814 prisonniers ont amplement travaillé à la reconstruction desPyrénées-Orientales, surtout dans l'agriculture. Mais, entre et 1946, 412 prisonniers de guerre allemands décèdent, lors d'une période de canicule. Ils sont enterrés dans le camp, puis leurs tombes sont déménagées en 1961[10].
Le, une stèle commémorant le décès de ces prisonniers de guerre allemands est inaugurée[11].
Dans le cadre de laguerre d'Algérie, l'État envisage, en1957, de créer un « camp d'internement » à cet endroit. Lepréfet fait tout pour l'en dissuader car les lieux contiennent le centre de formation majoritairement peuplé de Nord-Africains, un centre de formation professionnelle militaire destiné aux Nord-Africains et un centre de passage des jeunes soldats mobilisés pour la guerre. Le projet ne va pas jusqu'au bout mais s'installe, en parfaite discrétion, un centre pénitentiaire destiné aux condamnés partisans de l'indépendance de l'Algérie. 527 prisonniers intègrent le centre entre le9 mars et le où la Cimade tentera d'apporter une aide de service social[12]. Parallèlement, le camp sert de camp de transit pour le contingent avant son embarquement pour l'Algérie[13].


Courant juin, le1er régiment de tirailleurs algériens est rapatrié au camp Joffre. Il a emporté avec lui plusieurs centaines de civils, femmes et enfants.
En, environ 8 000 Harkis sont enfermés au camp de transit et de reclassement de Rivesaltes (dont ceux en provenance ducamp du Larzac et deBourg-Lastic). En tout, selon les calculs de l'historien Abderahmen Moumen[14], à peu près 22 000 passent dans le camp entre 1962 et1964. Le séjour varie selon les familles : entre quelques jours pour certaines, voire des années pour d'autres. Les familles considérées comme « irrécupérables » — termes administratifs employés à l'époque — sont envoyés à la fin de l'année1964 au camp/cité d'accueil deSaint-Maurice-l'Ardoise dans leGard (jusqu'en1975) ou auCamp de Bias en Lot-et-Garonne. Un « village civil » accueille encore plusieurs centaines de familles — ayant un emploi mais pas de logements — au camp de Rivesaltes durant lesannées 1960. En1963, unhameau forestier a aussi été créé à Rivesaltes pour environ25 familles d'anciens supplétifs (soit une centaine de personnes). La décennie suivante voit l'essentiel de cette population s'installer à la cité du Réart, construite en périphérie extérieure, sur un ancien charnier allemand, ensuite devenu une décharge municipale sur la commune de Rivesaltes et pour mettre fin à la situation de ces familles. Les dernières à quitter le site du camp de Rivesaltes le font en février1977. En 2012, le président de la RépubliqueNicolas Sarkozy candidat à l'élection présidentielle est venu sur le site du camp rendre hommage aux harkis[15].
D'autressupplétifs coloniaux sont venus, accompagnés de civils : de 1964 à1966 parviennent au camp environ 2 500 Guinéens, anciens militaires français,rapatriés et leurs familles, ainsi qu'un petit camp de familles d'anciens militaires rapatriées d'Indochine française[16],[17].
Le camp est rendu à sa première vocation, l'entraînement des militaires, pour quelques années. C'est le24e régiment d'infanterie de marine (24e RIMa) qui l'utilise.
Créé en1986, lecentre de rétention administrative a d'abord eu pour objet de regrouper les ressortissants espagnols en situation irrégulière sur le territoire français. LaCimade, seule association habilitée à pénétrer dans ces centres, a pour mission l'accompagnement social et de visite des étrangers condamnés à la reconduite à la frontière[18]. Malgré un nombre de places limité, 1094 personnes y sont passées en 2006[19]. Cela est dû à un transit très important, les détenus étant souvent déplacés vers lesCRA deSète et deToulouse.
À l'époque de son fonctionnement, les conditions de détention dans le centre furent critiquées parla Cimade. Dans son rapport de 2006[19], l'association y releva par exemple la non-séparation femmes/hommes (hormis pour les dortoirs), les temps d'enfermement (par opposition au temps de "libre circulation dans le camp") plus longs que dans les autres camps.
Ayant dépassé les mille entrées annuelles depuis1994, il était, sur le territoire français, l'un des plus importants centres de rétention desimmigrés clandestins. Il a déménagé en2007. Le déménagement lui a permis de s'agrandir : 28 retenus en 1986, 974 en 2005 et 1021 en 2013[15].
En1993,Serge Klarsfeld publieLes transferts de juifs du camp de Rivesaltes et de la région de Montpellier vers lecentre de Drancy en vue de leurdéportation,. Avec lui, le, l'association « Fils et filles de déportés juifs de France », érige une stèle à la mémoire des 2 313 Juifs déportés du camp de Rivesaltes versAuschwitz.
En1997, pétition du collectif « Pour la mémoire vivante du camp de Rivesaltes » signée parSimone Veil,Claude Simon,Edgar Morin et de nombreux citoyens à la suite de l'émotion provoquée par la révélation par le journaliste Joël Mettay du dépôt à ladéchèterie d'une partie des archives du camp.
En1998,Christian Bourquin, nouveau président duconseil général des Pyrénées-Orientales, s'oppose à la destruction du site et engage une concertation autour du projet, avec l'ensemble des représentants des différentes populations Juif, Tziganes, Républicains Espagnols et Harkis. Une commission historique et mémoire voit le jour, un long travail lié à ce devoir de mémoire est entrepris. Le, la stèle à la mémoire desrépublicains Espagnols est élevée.
En2000, le site est inscrit commemonument historique par leministère de la Culture[1].
En2005, à l'occasion desJournées du Patrimoine, une partie du camp est ouverte pour la première fois au public.Rudy Ricciotti remporte le concours d'architecte[20].Robert Badinter accepte de parrainer le projet. En, leConseil général fait l'acquisition de l'îlot F, de42 hectares[21].
L'architecte Rudy Ricciotti dépose lepermis de construire le21 janvier 2009. La première pierre a été posée le15 novembre 2012 par Christian Bourquin et Rudy Ricciotti ; le, leMémorial du Camp de Rivesaltes est inauguré en la présence du premier ministreManuel Valls[22],[23].
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