| Camp d'internement de Doullens | |
| Présentation | |
|---|---|
| Gestion | |
| Date de création | 9 septembre1941 |
| Créé par | Les préfets du Nord, du Pas-de-Calais et de la Somme |
| Géré par | Administration française |
| Date de fermeture | 31 mars1943 |
| Victimes | |
| Nombre de détenus | 450 en 1942 |
| Géographie | |
| Pays | |
| Région | Hauts-de-France |
| Localité | Doullens (Somme) |
LeCamp de Doullens était uncamp d'internement administratif français situé dans laCitadelle de Doullens, dans le département de laSomme. Créé en 1941, initialement pour l'internement de personnes s'étant rendues coupables demarché noir, il servit également decentre de détention pour les opposants politiques et lesJuifs jusqu'en mars 1943.
Le camp deDoullens est ouvert le 9 septembre 1941, sa création et son aménagement sont étroitement surveillés par les préfets des trois départements duNord, duPas-de-Calais et de laSomme. Le 31 mars 1943, le camp est évacué en totalité, les Allemands voulant en prendre possession pour y installer des commandos chargés d'effectuer des travaux sur le littoral. 215 détenus sont dirigés vers lecamp de Pithiviers, 85 vers le Camp d'Écrouves près deToul enMeurthe-et-Moselle, les détenus pour « marché noir » sont transférés au camp deSaint-Denis-lès-Sens dans l'Yonne.
Le camp de Doullens a été créé et administré par des Français, la surveillance était effectuée par des gardiens français. Les conditions de détention y étaient très pénibles, la citadelle de Doullens étant un lieu très humide et les conditions sanitaires y étaient déplorables. Un témoin raconta : « Les conditions d'hygiène y sont abominables. Fréquemment, les fosses d'aisance, trop pleines, laissaient échapper leur contenu dans la cour. L'odeur qui s'en dégage est insupportable les jours de chaleur et attire des myriades de mouches et de moustiques »[1].

En juin 1942, le nombre de détenus du camp s'élevait à 455 dont 85 seulement de la catégorie « marché noir ». Des Juifs demeurant à Paris, Lens, Lille et Roubaix furent internés à Doullens avant d'être transférés à la prison de Laon puis aucamp de Drancy, le 21 juillet 1942[Note 1]. Originaires de Belgique, ces Juifs accompagnèrent à Drancy d'autres « Juifs étrangers ou apatrides » du département de la Somme raflés les 18 et 19 juillet 1942 par la gendarmerie française sur l'ordre duSicherheitspolizei (S.P.K.) deSaint-Quentin[2].
Le camp détenait également des otages. Le président-fondateur de la Communauté juive d’Amiens, Léon Louria, industriel du textile fut interné au camp de Doullens à partir du 19 juin 1942, il était accusé d'activités anti-allemandes et d'aide au passage en zone non-occupée pour d'autres Juifs[3].
Les soins dispensés à l'infirmerie étaient déplorables, un ancien détenu témoigna : « Quant aux malades, ils sont soignés, achevés devrait-on dire par un infirmier René C., qui est en même temps secrétaire de laLVF pour la Somme, c'est tout dire. Cette brute renseigne la direction du camp sur la conduite des hommes et ne signale pas les cas de maladie grave. C'est ainsi qu'un interné atteint de congestion pulmonaire est laissé au régime des rutabagas. Huit jours plus tard, il succombe dans d'atroces souffrances. Un autre malade atteint de tuberculose est considéré comme simulateur. Son état empirant, il est tout de même transféré à l'hôpital où il meurt des suites d'une phtisie galopante »[4].