Chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle :Camino francés et chemins du nord de l’Espagne * | ||
Cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle. | ||
| Pays | ||
|---|---|---|
| Subdivision | Aragon,Navarre,La Rioja,Castille-et-León,Galice | |
| Numéro d’identification | 669 | |
| Année d’inscription | (17e session) | |
| Année d’extension | (39e session) | |
| Type | Culturel | |
| Critères | (ii) (iv) (vi) | |
| Région | Europe et Amérique du Nord ** | |
Camino francés etCamino aragonés en Espagne ; chemins contemporains en France. | ||
| * Descriptif officiel UNESCO ** Classification UNESCO | ||
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LeCamino francés (enlatin :Iter Francorum,galicien :Camiño francés), que l'on peut traduire par « chemin des Francs » ou, de manière plus large, par « chemin français » enfrançais, est l'itinéraire le plus célèbre et le plus emprunté enEspagne pour lepèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. Il était également appelé « Ruta Interior », par opposition à la « Ruta de la Costa » ouCamino del Norte, itinéraire du nord par les villes de la côte atlantique.
Au sens strict, leCamino francés commence juste en amont dePuente la Reina, à la jonction entre leCamino aragonés et leCamino navarro. Selon une autre acception, il inclut leCamino navarro et commence donc au pied du franchissement des Pyrénées, c'est-à-dire initialement àSaint-Michel et aujourd'hui àSaint-Jean-Pied-de-Port. Au sens le plus large comme pour leCamino navarro, il débute encore plus en amont, à lastèle de Gibraltar, au point de jonction destrois itinéraires venant deTours,Vézelay etLe Puy-en-Velay, voire dès l'entrée enBasse-Navarre[1], territoire qui faisait autrefois partie duRoyaume de Navarre.
Le tracé de cet itinéraire possède quelques variantes historiques ; de nouvelles variantes sont également instaurées de nos jours par les collectivités locales pour s'adapter aux évolutions de l'urbanisation et du tourisme notamment.
Cet itinéraire est inscrit, depuis1993, aupatrimoine mondial de l'UNESCO. Il fait partie également desItinéraires culturels européens (ICE), label créé par leConseil de l'Europe pour promouvoir uneculture européenne commune.
Peu d'informations sont disponibles sur les chemins que suivaient jusqu'auXIe siècle lespèlerins de Saint-Jacques une fois franchies lesPyrénées. Contrairement à une idée très répandue, il n'y avait pas de chemins spécifiques pour les pèlerins ; ces derniers empruntaient les routes de tous les voyageurs. Les efforts des souverains pour l'aménagement des routes n'étaient pas réalisés particulièrement pour les pèlerins mais plutôt pour les déplacements commerciaux, fiscaux et militaires.
Nul ne sait par quelitinéraire passa exactement l'évêque du Puy,Godescalc[2], en950, lorsqu'il alla àSaint-Jacques-de-Compostelle si ce n'est qu'il fit étape au monastèreSaint-Martin d'Albelda (proche deLogroño).
Une indication est donnée, toutefois, dans laChronique de Silos, rédigée en1110 : il y est précisé que leroi de Navarre,SancheIII le Grand (1000-1035), « des Pyrénées au château de Nájera, ayant éliminé la présence païenne des terres qui les séparaient, fit passer, tout droit, le chemin de Saint-Jacques, quand, auparavant, les pèlerins faisaient le détour par l'Alava. » L'argument de l'occupation de ce territoire par les Maures est peu recevable, quand on sait que les chrétiens l'avaient reconquis depuis longtemps. Mais il est certain que, dans sa politique d'expansion vers l'Ouest, Sanche avait besoin d'un axe de communication établi, fréquenté et important entreNájera etBurgos, pour faire passer ses troupes et qu'à ce titre il encouragea le passage, par cet axe, d'un flux de pèlerins de plus en plus important.
Avant SancheIII, les voyageurs allaient deRoncevaux àPampelune, puis passaient parSalvatierra,Vitoria, traversaient l'Èbre près deMiranda de Ebro, gagnaientBriviesca puisBurgos.
Après SancheIII, de Pampelune, ils suivaient un itinéraire moins direct qui les faisait passer parPuente la Reina,Estella,Logroño,Nájera,Burgos. Ce chemin, stable, sûr et quasiment unique, qui allait de Puente la Reina à Saint-Jacques-de-Compostelle, fut rapidement appeléIter francorum ouCamino francés, parce que beaucoup de pèlerins venaient du nord des Pyrénées, mais aussi parce beaucoup deFrancos, clercs, moines, artisans ou marchands, vinrent s'établir le long de ce chemin qui fut une voie de peuplement plus qu'un chemin de pèlerinage.
Après SancheIII, deux rois, contemporains, jouèrent un rôle important dans l'aménagement, la consolidation et la sécurité de cette voie :AlphonseVI (1072-1109), roi deCastille, etSanche1er Ramirez (1063-1094), roi d'Aragon.
AlphonseVI fit supprimer des péages qui entravaient la circulation. Il encouragea la fondation d'hôpitaux àO Cebreiro,Burgos,Foncebadón. Il soutint les efforts deSanto Domingo de la Calzada dans la construction de ponts et de chaussées. Il fit venir des Francos àSahagún,Logroño etVillafranca del Bierzo. Sous son règne, le pont dePonferrada fut construit et le monastère deSan Zoilo àCarrión de los Condes fut fondé.
Quant àSanche Ier d'Aragon, il supprima également des péages, fondaEstella, aida à la création des hôpitaux deJaca et dePampelune, céda domaines et églises à de grandes abbayes commeSainte-Foy de Conques etLa Sauve Majeure, près deBordeaux.
Dès la prise de la ville deSaragosse le, le roiAlphonse Ier d'Aragon incite les pèlerins français, se rendant à Saint-Jacques, à passer par les nouvelles villes conquises[3]. Il crée ainsi une nouvelle route de pèlerinage que les Espagnols nommeront Camino francés[4]. Ainsi, en 1240, quand le moineAimery Picaud se rend à Saint-Jacques puis rédige sonGuide du Pèlerin[5], il indique les villes étapes du Camino francés, sans indiquer l’existence ducamino del Norte[6].
Au début duXIIe siècle, l'infrastructure duCamino francés est créée. Au fil des événements et du temps, certains voyageurs, après l'intégration auXIIIe siècle de l'Alava et duGuipuscoa au royaume de Castille, franchissent laBidassoa àIrun et rejoignent Burgos parTolosa,San Adrián etVitoria-Gasteiz ; d'autres suivent la route côtière (leCamino del norte), coupée d'obstacles naturels et mal équipée. Mais leCamino francés reste cette grande voie de communication du nord de l'Espagne.
LeCamino francés fait partie également desItinéraires culturels européens (ICE), label créé par leConseil de l'Europe pour promouvoir une culture européenne commune.
Dès sa création, le chemin de pèlerinage devient un axe de développement pour les villes et régions traversées : il entraîne la création de ponts, de routes, d'auberges et de monastères pour accueillir et héberger les pèlerins[9]. DuXIIIe siècle auXVe siècle il est une artère commerciale majeure pour les royaumes espagnols et pour le reste de l'Europe[10]. C'est aussi une occasion de repeuplement de ces régions fraîchement reconquises par les souverains ibériques : ils proposent des avantages (fiscaux) et offrent des terres aux pèlerins qui voudraient bien s'installer dans les nouvelles villes établies le long du camino[11].
Aujourd'hui, avec un nombre de pèlerins annuels dépassant les 170 000 (en 2015)[12], et un taux de croissance de près de 10% par an[13], le pèlerinage devient un enjeu commercial et financier pour toutes les villes situées sur son parcours. On observe une augmentation croissante du nombre de gîtes, auberges et restaurants sur tout le tracé du Camino francès. Cette hausse de fréquentation ne se limite pas à ce chemin, mais s'étend à toutes les routes de pèlerinage menant à Santiago[14].
LeGuide du Pèlerin, ouvrage de référence datant duXIIe siècle et constitutif duCodex Calixtinus, est l'œuvre du moineAimery Picaud. Les extraits ci-après proviennent duGuide du Pèlerin deJeanne Vielliard, édition Protat,1938. Le texte duXIIe siècle y est traduit en français d’après les manuscrits de Compostelle et de Ripoll. Le titre deGuide du Pèlerin n'existe pas dans le manuscrit. Il date de1938. Ce document n'a pas été connu avant1882 (édition en latin du P. Fita).
« Depuis les ports de Cize jusqu'à Saint-Jacques, il y a treize étapes : la première va depuis le Village de Saint-Michel qui est au pied des ports de Cize, sur le versant gascon, jusqu'à Viscarret, et cette étape est courte ; la seconde va de Viscarret jusqu'à Pampelune et elle est petite ; la troisième va de la Ville de Pampelune à Estella ; la quatrième d'Estella à Najera, se fait à cheval ; la cinquième, de Najera à la ville de Burgos, se fait également à cheval ; la sixième va de Burgos à Fromista; la septième de Fromista à Sahagun ; la huitième va de Sahagun à la ville de Leòn ; la neuvième va de Leòn à Rabanal ; la dixième va de Rabanal à Villafranca, à l'embouchure du Valcarce, après avoir franchi les ports du Monte Irago ; la onzième va de Villafranca à Triacastela, en passant par les cols du mont Cebrero ; la douzième va de Triacastela à Palaz de Rey ; quant à la treizième, qui va de Palaz de Rey jusqu'à Saint-Jacques, elle est courte. »
Dans le chapitre III duGuide du Pèlerin, la description duCamino francés est des plus sommaires ; à chacun de s’y retrouver. Les 53 points de passage explicitement cités dans leGuide du Pèlerin sont soulignés dans la citation ci-dessous.
La dernière phrase dément le mythe selon lequel le pèlerinage se faisait en mendiant le gîte et le couvert.
« Depuis les ports de Cize, voici les bourgs les plus importants qu'on rencontre sur le chemin de Saint-Jacques jusqu'à la basilique de Galice : d'abord, au pied même du mont de Cize, sur le versant gascon, il y a le bourg deSaint-Michel ; ensuite, après avoir franchi lacrête de ce mont [de Cize], on atteint l'hospice de Roland, puis la ville deRoncevaux ; on trouve ensuiteViscarret, puisLarrasoaña, puis la ville dePampelune, puisPuente la Reina, puisEstella où le pain est bon, le vin excellent, la viande et le poisson abondants et qui regorge de toutes délices.
On passe ensuite parlos Arcos,Logroño,Navarrete, puis on trouve la ville deNajera,Santo Domingo [de la Calzada],Redecilla [del Camino],Belorado,Villafranca, laforêt d'Oca,Atapuerca, la ville deBurgos,Tardajos,Hornillos deI Camino,Castrogeriz, lepont d'Itera [del Castillo],Frómista,Carrión, qui est une ville industrieuse et prospère, riche en pain, en vin, en viande et en toutes sortes de choses; puis il y aSahagún, où règne la prospérité ; là est un pré où, dit-on, les lances étincelantes des guerriers victorieux, plantées là pour glorifier Dieu, se mirent autrefois à verdoyer.
Puis il y aMansilla et la ville deLeón, résidence du roi et des cours, pleine de toutes sortes de félicités. Ensuite c'estÓrbigo, puis la ville d'Astorga, puisRabanal [del Camino] surnommé le Captif, puisPuerto Irago,Molina Seca, puisPonferrada,Cacabelos,Villafranca sur la bouche du Valcarce, puis lecamp des Sarrasins,Villa Us, lecol du mont Cebrero et l'hospice au sommet de ce mont, puisLinarés, puisTriacastela au pied de ce mont, en Galice, là où les pèlerins reçoivent une pierre qu'ils emportent avec eux jusqu'à Castañola pour faire de la chaux qui servira à la construction de la basilique apostolique.
Puis c'est le bourg deSan Miguel, puisBarbadelo, puis lepont sur le Miño, [Puerto Marin], puisSala Regina,Palaz de Rey,Leboreiro, puisSaint-Jacques de Boente,Castañola,Villanova,Ferreiros, enfinCompostelle, la très excellente ville de l'apôtre, pleine de toutes délices, qui a la garde du précieux corps de saint Jacques et qui est reconnue pour cela comme étant la plus heureuse et la plus noble de toutes les villes d'Espagne.
Et si j'ai énuméré rapidement les dites villes et étapes, c'est afin que les pèlerins qui partent pour Saint-Jacques puissent, étant ainsi informés, prévoir les dépenses auxquelles leur voyage les entraînera. »
Il faut aussi connaître les conditions du pèlerinage deGodescalc, en950 ; c'est une véritable troupe qui se déplace ! Outre l'évêque et les membres du clergé l'accompagnant, on y compte des troubadours, jongleurs, pages au service des ecclésiastiques, des barons et sénéchaux, tous ces beaux messieurs étant protégés par de nombreux gens d’armes : archers et lanciers.
« On doit de même rendre visite aux corps des saints Facond, et Primitif dont la basilique fut élevée par Charlemagne; près de leur ville (Sahagun), il y a des prés plantés d'arbres dans lesquels, dit-on, les hastes des lances des guerriers fixées en terre verdoyèrent. Leur fête se célèbre le 27 novembre.
De là, il faut aller voir à Leòn le corps vénérable du bienheureux Isidore, évêque, confesseur et docteur, qui institua pour les clercs ecclésiastiques une très pieuse règle, imprégna de sa doctrine tout le peuple espagnol et honora la sainte Église tout entière par ses ouvrages féconds.
Enfin, c'est au très saint corps du bienheureux apôtre Jacques, dans la ville de Compostelle, qu'on doit surtout et avec le plus de dévotion rendre visite.
Que tous ces saints ainsi que tous les autres saints de Dieu nous aident de leurs mérites et de leurs prières auprès de Notre-Seigneur Jésus-Christ qui vit et règne en Dieu dans l'éternité des siècles. Ainsi soit-il. »

| Localisation |
|---|
| Autre nom | |
|---|---|
| Type | Chemin de pèlerinage(en),Ensemble historique (Espagne),sentier de grande randonnée |
| Patrimonialité | Itinéraire culturel européen Bien d'intérêt culturel () Partie d'un site du patrimoine mondial(d) () |
| Partie de | Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle : Camino francés et chemins du nord de l’Espagne, chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle en Espagne(d) |
|---|---|
| Point de départ | |
| Sections | Camino aragonés,Camino navarro, Camino francés en Navarre(d) |
| Extrémités | |
| Longueur | environ 680 km |
| Alt. maximale | Peña de la Escurpia (Molinaseca) (1507 m) |
| Alt. minimale | Saint-Jacques-de-Compostelle (256 m) |
| Connecté avec | Camino navarro,Camino aragonés, chemin de Saint-Jacques de l'Èbre(d), Ruta de la Lana(d), Ruta Jacobea de la Plata(d), Ruta Jacobea de Madrid(d) |
| Saison | Printemps à automne |
|---|---|
| Mois | Mars à octobre |

LeGuide du Pèlerin donne seulement treize étapes entreRoncevaux etSaint-Jacques-de-Compostelle. Mais il est mentionné que certaines se faisaient à cheval comme celle de 100 kilomètres entre Najera et Burgos et seraient donc à diviser en deux pour les marcheurs. Si on dénombre sept étapes comme celle-ci cela ferait vingt étapes en tout. Dans cette hypothèse les pèlerins auraient parcouru alors entre 30 et 60 kilomètres par jour.
Aujourd'hui, les étapes quotidiennes recommandées dans les guides sont plus courtes. Elles représentent en moyenne 20 à 30 kilomètres par jour. La connaissance des services disponibles dans les différentes localités permet aux pèlerins et randonneurs modernes de choisir leurs étapes pour la nuit ou leurs haltes pour un bref repos.
Les autres lieux mentionnés dans la liste ci-dessous sont alors de simples points de passage permettant de se repérer et de choisir d'éventuelles variantes.
Dans la liste des villes et autres jalons mentionnés ci-dessous :
Le trajet qui passe par lecol de Roncevaux et qui arrive àPuente la Reina est appelé « Camino navarro », ainsi nommé puisqu’il traversait leroyaume de Navarre.

ÀObanos, juste avant l'étape dePuente la Reina, leCamino navarro rejoint leCamino aragonés, achevant la rencontre des quatre chemins partis de France. C'est à cet endroit précis que commence vraiment le « Camino francés » stricto sensu, qui mène jusqu'à Saint-Jacques-de-Compostelle.
Les points de passage restant duCamino francés en Navarre sont alors :
















Nombre de pèlerins choisissaient de pousser jusqu'« au bout de la Terre », comme l'atteste le proverbe : « Quen va Santiago e non va a Padrón, Ofaz romeria o non. ».
Le but du pèlerinage catholique étant officiellement le tombeau de l'apôtre à Saint-Jacques-de-Compostelle, ce parcours dans le cadre duCamino francés est, au sens strict, unehérésie.
En revanche, ce parcours dans le sens inverse : deFinisterre (en fait deFerrol ouLa Coruña) vers Saint-Jacques-de-Compostelle, est un chemin historique des pèlerins arrivant par mer ; c'est leChemin des Anglais (Camino de los Ingleses).