Camilo José Cela,1ermarquis d'Iria Flavia[1], est unécrivainespagnol né àPadron (Galice, Espagne) le et mort àMadrid le[2]. Romancier, poète et essayiste, il s'est adonné à tous les genres littéraires et a reçu leprix Nobel de littérature en 1989« pour sa prose riche et intensive qui, avec une compassion contenue, forme une vision provocante de la vulnérabilité de l'Homme[3] ».
En1931, Camilo José Cela s'installe avec sa famille (son pèregalicien, sa mère anglo-italienne et ses huit frères et sœurs) àMadrid et suit brièvement des études de lettres et de philosophie à l'Université complutense de Madrid. En1936, il combat ducôté franquiste lors de laGuerre civile espagnole. Postérieurement, il rejette ladictature de Franco[4] et maintient une attitude indépendante envers le régime dont il subit la censure tout en ayant travaillé lui-même un temps, entre1943 et1944, comme censeur de presse. À partir de1954, il réside àMajorque où il fonde la revue littérairePapeles de Son Armadans[5] qui fait paraître 276 numéros et qui joue un rôle très important dans les lettres espagnoles jusqu'à sa cessation en1979 : 40 000 pages, 1070 auteurs publiés. Il entre à la Real Academia de la Lengua Española en1957 et participe en tant que sénateur royal auxCortes Constituantes, chargées de rédiger la nouvelle constitution de1978.
Cela publie son premier roman,La familia de Pascual Duarte (La Famille de Pascal Duarte), en1942, qui est la deuxième œuvre littéraire espagnole la plus traduite au monde aprèsDon Quichotte[6]. Le style de ce roman, d'un réalisme sec et rugueux et d'une grande âpreté, est qualifié de « tremendiste ». Il s'agit de la description, poussée jusqu'à l'extrême, de l'univers sordide et arriéré d'un criminel à peine conscient de ses actes. Ce roman est considéré comme le miroir littéraire espagnol deL'Étranger, le premier roman d'Albert Camus paru la même année.La familia de Pascual Duarte, qui réussit à échapper aux censeurs, marque la renaissance de la vie littéraire espagnole dans un paysage culturel et social désolé par laguerre civile. En effet, de nombreux écrivains, artistes et intellectuels ont été tués ou se sont exilés et la situation économique désastreuse du pays, ainsi que la censurefranquiste, entravent l'apparition de nouveaux talents. DansPabellón de reposo (Pavillon de repos, 1943), l'auteur évoque à plusieurs reprises la vie au sanatorium où il résida dans sa jeunesse, alors qu'il était tuberculeux.
Son goût prononcé pour l'horrible et les personnages mutilés ou atrophiés (œil de verre, jambe de bois) se retrouve dans ses nouvelles (Noviciado, sortie rue Noviciado,Marcelo Brito, etc.). Ses premiers ouvrages, notamment ses poèmes, très pessimistes et nourris par un penchant certain pour le morbide, évoquent la brutalité et la sécheresse du cadre de vie espagnol.
L'autre œuvre la plus notable de Cela estLa Colmena (La Ruche, 1951), description de quelques jours dans la vie morne, grise et pénible de très nombreux personnages (environ trois cents) vivant àMadrid en1942. Elle est censurée par le régime franquiste et publiée en Argentine.
Tenté par l'avant-garde et les techniques littéraires expérimentales, l'auteur évoque laguerre d'Espagne dans son romanVísperas, festividad y octava de San Camilo del año 1936 en Madrid (San Camilo, 1936, 1969) qui reflète l'influence deJames Joyce et deWilliam Faulkner par l'utilisation dumonologue intérieur.
Auteur de plusieurs romans, récits de voyages, poèmes, ouvrages autobiographiques, articles et nouvelles, Camilo José Cela multiplie les recherches d'écriture novatrices tant sur le plan narratif que formel. Lesannées 1980 lui offrent un nouveau souffle littéraire grâce à des œuvres de fiction commeLos vasos comunicantes (Les Vases communicants, 1981),Mazurca para dos muertos (Mazurka pour deux morts, 1983, qui lui vaut leprix national de Narration) etCristo versus Arizona (1988), constitué d'une seule et unique phrase de 230 pages.
(en)Autobiographie sur le site de lafondation Nobel (le bandeau sur la page comprend plusieurs liens relatifs à la remise du prix, dont un document rédigé par la personne lauréate — leNobel Lecture — qui détaille ses apports)