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Cambridge Apostles (« Apôtres de Cambridge »), anciennement connue sous le nom deThe Conversazione Society, est unesociété secrète etfraternité britannique, composée d'étudiants de l'université de Cambridge, fondée en 1820 parGeorge Tomlinson (en) (futur évêque de Gibraltar) et toujours active.
L'origine du surnomapostles (« apôtres », en français) date des fondateurs qui étaient au nombre de douze. Cette société recrutait traditionnellement ses membres parmi les nouveaux étudiants les plus brillants issus descollègesSt John,King etTrinity. Parmi les membres de ce club de discussion intellectuelle se retrouvent de grands noms de la littérature, de la politique, de la philosophie ou des sciences du Royaume-Uni, ainsi que des membres duBloomsbury Group ou desCinq espions de Cambridge.
Cettesociété secrète a d'abord pris pour nom « The Conversazione Society »,converzasione étant un mot italien mis à la mode parHorace Walpole[1] pour désigner l'art de discuter en société, à la manière dessalons littéraires, en fin de soirée. The Cambridge Apostles rassemble depuis près de deux siècles une élite intellectuelle au sein de l'université de Cambridge. Elle fut créée le1er avril 1820 par George Tomlinson, un étudiant de Cambridge qui devint plus tard évêque deGibraltar, qui recruta les premiers membres parmi ses condisciples duSt John's College.
Le terme d'« apôtres » vient du fait que les premiers membres étaient au nombre de douze, tels les douze disciples duChrist. Depuis les origines jusqu'à nos jours, la plupart des Apostles sont des étudiants ; rares parmi eux sont les diplômés ou les enseignants. Pendant longtemps, la société a recruté ses membres dans deux des plus célèbres établissements de Cambridge :King's College etTrinity College. Désormais, ce n'est plus le cas.
Une société longtemps « secrète », aujourd'hui mieux connue : en janvier 2011, le King's College publie sur son site officiel l'ensemble des archives relatives à ce groupe pour la période allant de 1820 à 1930[2].
Comme l'indique son appellation de « Conversazione Society », il s'agit surtout d'un club de discussion. Les réunions se tiennent une fois par semaine, traditionnellement le samedi soir, et l'un des membres délivre une conférence sur un sujet préparé à l'avance. Ensuite se déroule un débat général pendant lequel les Apostles se nourrissent de toasts à la sardine ou à l'anchois surnommés les « steaks de baleine » (Whale's).

Les Apostles tiennent à jour un registre relié de cuir (le « Livre »,The Book) dont les volumes successifs remontent à leur fondateur et renferment quantité d'annotations manuscrites sur l'ensemble des sujets abordés par les orateurs. Le « Livre » se trouve dans l'« Arche » (The Ark), où l'on range l'ensemble des documents inhérents à la société.
Une fois obtenu leur diplôme universitaire, les anciens Apostles, prennent leur ailes et se nomment donc les « Anges » (The Angels). De temps en temps, tous les deux ou trois ans et dans le plus grand secret, les Apostles invitent la totalité des Anges à dîner dans l'un des collèges de Cambridge. Jadis avait lieu un dîner annuel, le plus souvent àLondres.
Les étudiants dont on envisage l'admission s'appellent les « Embryons » (Embryos) et chacun d'entre eux se voit convié à une soirée où les Apostles décident ou non de l'accepter dans leurs rangs, pendant que lui-même ignore que ses commensaux songent à le recruter. Si tout se passe au mieux, le rituel d'initiation l'obligera ensuite à jurer le secret et à écouter la lecture des malédictions encourues en cas de manquement aux règles, texte rédigé aux alentours de 1850 par l'un des membres, le théologien Fenton John Anthony Hort.
On reproche parfois aux Apostles le caractère secret de leur association, ainsi que la quasi-absence de femmes parmi eux — les premières furent admises dans les années 1970[3] —, mais aussi, et peut-être avant tout, le nombre impressionnant d'Anges qui ont fait une brillante carrière à Cambridge ou exercé les plus hautes responsabilités dans les médias, le gouvernement et l'Église d'Angleterre, ce qui semble en contradiction avec les idéaux égalitaires prônés par l'université. En tout état de cause, nombreux sont les anciens Apostles qui ont évoqué la profondeur du sentiment de fidélité qui les rattachait à leurs camarades, et cela leur vie durant. Le philosopheHenry Sidgwick a écrit dans ses mémoires que son attachement envers cette société était le lien le plus fort qu'il eût connu au cours de son existence.

Dans les années qui précédèrent laPremière Guerre mondiale, les Apostles acquirent la célébrité à l'extérieur de Cambridge grâce à l'émergence du cénacle intellectuel duBloomsbury Group.John Maynard Keynes,Lytton Strachey et son frèreJames Strachey,G. E. Moore,Desmond MacCarthy,Leonard Woolf etRupert Brooke, anciens Apostles, comptèrent parmi les fondateurs de Bloomsbury.
Dans l'entourage immédiat de Bloomsbury se trouvaient d'autres Apostles, par exemple le romancierE. M. Forster, le peintreRoger Fry (amant deVanessa Bell), le poèteJulian Bell (fils de Vanessa Bell, neveu deLeonard Woolf et amant d'Anthony Blunt), le critique littéraireFrancis Birrell ou le musicienSaxon Sydney-Turner.
Mais surtout, dans le domaine de laphilosophie et de l'économie politique, une influence mutuelle s'exerça durablement entre cinq des plus illustres Apostles : l'économisteJohn Maynard Keynes d'une part, et d'autre part les quatre grands penseurs analytiques anglais duXXe siècle,Ludwig Wittgenstein,Alfred North Whitehead,G. E. Moore etBertrand Russell. Là encore, des liens annexes avec le groupe de Bloomsbury semblent avoir été très étroits.
Moins glorieux fut le regain de notoriété des Apostles à partir de 1951, lorsque naquirent les soupçons qui devaient mener auscandale desCinq de Cambridge, autrement dit l'affaire desespionsbritanniques au service de l'Union soviétique depuis lesannées 1930 jusqu'à la fin de laguerre froide. Au minimum cinq hommes ayant accès aux secrets militaires du gouvernement britannique transmirent des informations auKGB (initialementNKVD). Parmi les quatre premiers espions démasqués, on découvrit deux anciens Apostles, jadis étudiants à Trinity College :Guy Burgess, officier duMI6, etAnthony Blunt, officier duMI5,historien de l'art, directeur de l'institut Courtauld et responsable des collections de tableaux de la reineÉlisabeth II. Blunt et Burgess étaient connus pour entretenir une liaisonhomosexuelle depuis de nombreuses années. En revanche, les deux autres agents doubles,Donald Maclean etKim Philby, n'appartenaient pas à la Cambridge Conversazione Society.
Restait la question du « cinquième homme », c'est-à-dire d'une « taupe » supplémentaire dont les services de renseignement britannique connaissaient l'existence tout en ignorant son identité. Longtemps le financierVictor Rothschild, ancien Apostle, a été soupçonné. Il avait prêté un appartement londonien à ses camarades espions ; rien ne put prouver qu'il fût au courant de leurs activités. À l'inverse, le patron de presse américainMichael Straight, lui aussi ancien Apostle, reconnut en 1963 avoir travaillé pour le KGB. Anthony Blunt l'avait contacté dès 1933, au retour de son voyage enUnion soviétique et l'histoire ne dit pas si Straight fut sa seule recrue. Elle ne dit pas non plus si les effectifs de ce réseau se limitent à cinq espions. Le « cinquième homme » étaitJohn Cairncross, qui l'a nié toute sa vie.
Depuis cette période, la mythologie populaire associe la Cambridge Conversazione Society non seulement à Bloomsbury, mais aussi aux espions de Trinity College, à leur idéologie marxiste et à l'homosexualité qui semble avoir prévalu parmi de nombreux Apostles.

La date qui figure entre parenthèses est celle de l'admission parmi les Apostles.
| Membres fondateurs | ||
|---|---|---|
| Premier cercle | ||
| Autres proches du groupe |
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| Deuxième génération | ||
| Éditeurs | ||
| Opposants et rivaux | ||
| Lieux et événements | ||