Le calendrier julien est parfois signalé par l'appellationancien style (a.s.) ouvieux style.
Les calendrierscopte etéthiopien utilisent la même période d'intercalation de jour que le calendrier julien : un jour supplémentaire tous les quatre ans. La correspondance entre chaque date de ces calendriers et les dates du calendrier julien sur un cycle de quatre ans est donc constante.
Après avoir primitivement utilisé uncalendrier de 10, puis de 12mois lunaires, lesRomains, vers450 av. J.-C., adoptèrent un calendrier de 355jours, comprenant 12mois de 29 ou 31 jours (à l'exception defévrier qui en comprenait 28). Cecalendrier pré-julien, dit « deNuma » ou « deTarquin », était approximativementlunaire, mais se décalait de 2/3 jour par an par rapport auxlunaisons. Il était en revanche trop court de 10 jours pour suivre l'année solaire[1].
Les Romains décidèrent donc d'ajouter un mois, alternativement de 22 ou 23 jours, tous les deux ans. Ce calendrier alternait ainsi desannées communes de 355 jours et des années de 377 ou 378 jours. Il resta en vigueur jusqu'aux dernières années de laRépublique, etJules César y mit fin en45 av. J.-C.[1],[2],[3].
La composition d'une année commune était :
Le calendrier romain républicain avant la réforme julienne
L'année commençait en mars et les mois de septembre, octobre, novembre et décembre portaient un nom conforme à leur rang (septième, huitième, neuvième et dixième)[1]. Ainsi les mois avaient tous un nombre impair de jours, les nombres pairs étant tenus pour néfastes par les Romains, sauf février, le mois des morts[4]. Le mois intercalaire, nommémensis intercalaris, était curieusement entièrement placé entre le 23 et le 24 février et il était intercalé tous les deux ans[1]. Il était également appeléMercedonius parce que lesmercenaires recevaient leurs salaires (en latin :merces) à ce moment-là. Selon les sources, on considère parfois que les derniers jours de février s'ajoutaient aux 22 ou 23 jours insérés pour former le moisMercedonius, le mois de février étant alors tronqué de quelques jours[1],[5].
Ainsi les années comptaient les nombres de jours suivants :
Cycle des intercalations du calendrier romain républicain
Type d'année
Intercalation
Nombre de jours
Normale
Aucune
355 jours
Intercalaire longue
Mois intercalaire de 23 jours
378 jours
Normale
Aucune
355 jours
Intercalaire courte
Mois intercalaire de 22 jours
377 jours
Ce calendrier n'est cependant pas en accord avec le Soleil puisqu'il donne une année moyenne de 366,25 jours [(355 + 378 + 355 + 377) / 4], soit environ un jour de plus que l'année tropique. La durée moyenne des mois était de 29,59 jours, assez proche de la durée d'une lunaison (intervalle entre deux pleines lunes), soit 29,53 jours. Les semaines ditesnundinae (Nundines) duraient alors huit jours[5].
SelonCensorin[6] etMacrobe[7], ce cycle d'intercalation était le meilleur possible. Macrobe décrit un raffinement, pour une période de huit ans tous les 24 ans, ne comprenant que trois années intercalaires, toutes de 377 jours. Ce principe permettait de ramener la longueur moyenne de l'année calendaire à 365,25 jours sur 24 ans, proche de l'année tropique.
En pratique, le système n'était pas appliqué rigoureusement ; les intercalations étaient effectuées de façon hasardeuse ; celles-ci étaient déterminées par les prêtres responsables du calendrier, ordonnées par lespontifes[8] et appliquées par lesconsuls. Négligence,concussion aussi (le calendrier déterminait les dates de résolution des crédits, d'exigibilité des loyers, etc.), les documents montrent qu'elles furent très irrégulières, parfois omises plusieurs années de suite et, à l'occasion, mises en œuvre plusieurs années consécutives[5]. Lorsqu'il était utilisé correctement, ce système permettait à l'année romaine de rester grossièrement alignée sur l'année tropique. Cependant, lorsque trop d'intercalations furent omises, comme lors de ladeuxième guerre punique ou desguerres civiles romaines, le calendrier se décala rapidement. De plus, comme les intercalations étaient déterminées assez tardivement, un citoyen romain ordinaire ne connaissait pas la date officielle, particulièrement s'il se trouvait loin deRome. Ainsi, le calendrier devint peu à peu incompréhensible ; les années précédant la réforme julienne furent appelées les « années de la confusion ». Pendant les années oùJules César exerça la charge depontifex maximus, avant la réforme, entre63 av. J.-C. et46 av. J.-C., seules cinq intercalations furent pratiquées au lieu de huit, et entre51 av. J.-C. et46 av. J.-C., aucune ne se produisit.
La réforme julienne avait donc pour objet de corriger définitivement ces défauts en créant un calendrier qui resterait de façon simple en correspondance avec le Soleil, sans intervention particulière.
En tant quepontifex maximus,Jules César avait la charge de fixer le calendrier. La réforme julienne fut introduite à son initiative en46 av. J.-C. (708 depuis la fondation de la Ville (Rome),ab Urbe condita, AUC) et entra en application en45 av. J.-C. (709 AUC). Elle fut établie après consultation de l'astronomeSosigène d'Alexandrie et probablement conçue pour approcher l'année tropique, déterminée depuis au moinsHipparque.
La première étape de la réforme fut le réalignement du début de l'année romaine avec l'année tropique. Du fait des intercalations absentes, le calendrier romain avait pris 90 jours d'avance[9]. L'année46 av. J.-C. dura donc 445 jours, elle est appeléeannée de confusion. Cette année avait déjà été étendue de 355 à 378 jours par l'insertion d'un mois intercalaire régulier en février. Lorsque César décréta la réforme, probablement après son retour de sa campagne africaine à la fin dequintilis (juillet), il ajouta 67 autres jours en intercalant deux mois intercalaires exceptionnels entre novembre et décembre[10].Cicéron nomme ces moisintercalaris prior etintercalaris posterior dans une lettre écrite à cette époque ; leur longueur respective est inconnue, tout comme la position desnones et desides lors de chacun de ces mois. L'année45 av. J.-C. fut la première année d'application régulière du nouveau calendrier julien.
« […] nam intercalario mense sublato, annum civilem ad Solis cursum formavit. Itaque diebus CCCLV addidit X, quos per septem menses, qui dies undetricenos habebant, ita distribuit, ut januario, et sextili, et decembri bini accederent, cæteris singuli : eosque dies extremis partibus mensium adposuit, ne scilicet religiones sui cujusque mensis a loco submoverentur. Quapropter nunc cum in septem mensibus dies singuli et triceni sint, quatuor tamen illi ita primitus instituti eo dinoscuntur, quod nonas habent septimanas : cæteri, quintanas. Præterea pro quadrante dici, qui annum verum suppleturus videbatur, instituit, ut, peracto quadriennii circuitu, dies unus, ubi mensis quondam solebat, post Terminalia intercalaretur ; quod nunc Bisextum vocatur ».
Censorinus,De Die natali, XXI.
« Il [Jules César] supprima le mois intercalaire et établit l'année civile d'après le cours du Soleil. À cet effet, aux trois cent cinquante-cinq jours de l'année, il en ajouta dix, qu'il répartit entre les sept mois de vingt-neuf jours, de manière qu'il y eût deux jours de plus en janvier, en août et en décembre, et un seulement dans les autres mois ; et il plaça ces jours supplémentaires à la fin des mois, pour que les fêtes religieuses de chaque mois ne fussent point dérangées. C'est pour cette raison qu'aujourd'hui, où l'on a sept mois de trente-et-un jours, il y en a pourtant quatre qui ont retenu de l'ancienne institution cette particularité, que les nones y tombent le septième jour, tandis que les autres les ont au cinquième. Enfin, pour tenir compte du quart de jour qui paraissait devoir compléter l'année réelle, César ordonna qu'après chaque révolution de quatre années, on ajoutât, après les Terminalies, au lieu de l'ancien mois [intercalaire], un jour intercalaire, qu'on nomme aujourd'hui bissexte ».
« Julius ergo Caesar decem dies observationi veteri superadjecit ; ut annum trecenti sexaginta quinque dies, quibus sol zodiacum lustrat, efficerent : et, ne quadrans deesset, statuit, ut quarto quoque anno sacerdotes, qui curabant mensibus ac diebus, unum intercalarent diem ; eo scilicet mense ac loco, quo etiam apud veteres intercalabatur, id est, ante quinque ultimos Februarii mensis dies ; idque bisextum censuit nominandum. Dies autem decem, quos ab eo additos diximus, hac ordinatione distribuit : in Januarium, et Sextilem, et Decembrem, binos dies inseruit ; in Aprilem autem, Junium, Septembrem, Novembrem, singulos. Sed neque mensi Februario addidit diem, ne deo infero religio immutaretur : et Martio, Maio, Quintili, Octobri servavit pristinum statum ; quod satis pleno erant numero, id est, dierum singulorum tricenorumque. Ideo et septimanas habent Nonas, sicut Numa constituit, quia nihil in his Julius mutavit. Sed Januarius, Sextilis, December, quibus Caesar binos dies addidit, licet tricenos singulos habere post Caesarem coeperint, quintanas tamen habent Nonas ; et ab Idibus illis sequentes Kalendae in undevicesimum revertuntur : quia Caesar, quos addidit dies, neque ante Nonas, neque ante Idus inserere voluit, ne Nonarum aut Iduum religionem, quae stato erant die, novella comperendinatione corrumperet. Sed nec post Idus mox voluit inferre, ne feriarum quarumque violaretur indictio. Sed peractis cujusque mensis feriis, locum diebus advenis ferit ».
Flavius Macrobius Ambrosius,Convivia primi diei Saturnaliorum, XIV.
« Jules César ajouta donc dix jours à l'ancienne année, pour que l'année embrassât les trois cent soixante-cinq jours que le Soleil emploie à parcourir le zodiaque ; et, afin de ne pas négliger le quart de journée restant, il établit que, tous les quatre ans, les prêtres qui présidaient aux mois et aux jours intercaleraient un jour dans le même mois et au même lieu où les anciens intercalaient, c'est-à-dire avant les cinq derniers jours de février ; et il appela cette opération le bisextum. Quant aux dix jours que nous avons dit avoir été ajoutés par lui, voici dans quel ordre il les distribua. Il ajouta deux jours aux mois de janvier, sextilis et décembre, et un jour aux mois d'avril, juin, septembre et novembre ; mais il n'ajouta point de jour au mois de février, pour ne pas porter atteinte au culte des dieux infernaux. Mars, mai, quintilis et octobre restèrent dans leur ancien état, comme ayant un nombre suffisant de jours, c'est-à-dire trente-et-un. César n'ayant rien changé à ces mois, leurs nones restèrent au septième jour, comme Numa l'avait établi ; janvier, sextilis et décembre, auxquels il ajouta deux jours, quoique depuis cette époque ils en eussent trente-et-un, continuèrent à compter cinq jours de nones. Les calendes qui les suivent sont fixées dix-neuf jours après leurs ides, parce que César ne voulut insérer les jours qu'il ajouta, ni avant les nones, ni avant les ides, pour ne pas troubler, par une nouvelle énumération, le rite religieux fixé à ces époques. Il ne voulut pas non plus placer ces jours immédiatement après les ides, pour n'avoir à troubler aucune férie dans le rang qui lui était assigné ; mais il plaça ces jours nouveaux après toutes les féries de chaque mois écoulées ».
Un jour intercalaire est inséré tous les quatre ans afin de mieux approcher l'année tropique (environ 365,2422 jours). L'année où un jour supplémentaire est intercalé compte 366 jours. En moyenne, une année du calendrier julien dure donc 365,25 jours.
L'ancienmensis intercalaris fut aboli. Le nouveau jour intercalaire fut inséré en février. La position exacte du jour bissextile dans le calendrier julien original n'est pas connue avec certitude. En238,Censorinus déclarait qu'il était inséré après lesTerminalies (23 février)[6]. Il était donc suivi des cinq derniers jours de février, c'est-à-direa. d. VI,V,IV,III etprid. Kal. Mart. (ces jours correspondent aux 24 à 28 février dans une année commune et aux 25 à 29 février dans une année bissextile). Il est vraisemblable que ce jour intercalaire ne remplaçait pas le 24 février, mais redoublait le 23 février (sixième jour des calendes de mars), afin de ne pas modifier les commémorations des cinq derniers jours de février. Il fut ainsi appeléante diem bis sextum Kalendas Martias, généralement abrégé ena.d. bis VI Kal. Mart. (c'est-à-dire « sixième double (bis) jour / sixième jour doublé, avant les calendes de mars » ; l'année qui le contenait fut appeléeannus bissextus.
Tous les auteurs ultérieurs, commeMacrobe vers 430[7],Bède en 725[11], et lescomputistes médiévaux, suivirent cette règle.
Les jours des mois ne furent numérotés de façon consécutive qu'à la fin duMoyen Âge. Le jour bissextile fut alors considéré comme le dernier jour de février, c'est-à-dire le29 février.
Nota bene : l'année julienne moyenne de 365,25 jours est un peu plus longue que l'année tropique de 365,2422 jours. Cette différence conduira à la réforme ducalendrier grégorien en1582.
Bien que l'intercalation julienne soit plus simple que celle ducalendrier romain, elle fut, semble-t-il, mal appliquée au début. Apparemment, lespontifes comprirent mal la méthode et ajoutèrent un jour intercalaire tous les trois ans, et non tous les quatre[12].Auguste,Pontifex Maximus, corrigea cette erreur en omettant plusieurs années bissextiles pour réaligner l'année civile sur le Soleil.
La suite desannées bissextiles de cette période n'est donnée explicitement par aucune source ancienne, même si l'existence d'un cycle trisannuel est confirmée par une inscription datant de9 ou8. Le chronologisteJoseph Scaliger établit en1583 que la réforme d'Auguste fut instituée en 8 et en déduisit que les années bissextiles furent42,39,36,33,30,27,24,21,18,15,12,9 av. J.-C.,4 ap. J.-C.,8,12., etc. Cette proposition est toujours la plus acceptée. Il a parfois été suggéré que la première année de la réforme julienne,45 av. J.-C., était également bissextile.
Jules César fut assassiné en44 av. J.-C., puis divinisé dès ses funérailles. Pour perpétuer son souvenir,Marc Antoine, alors consul, ordonna de renommerQuintilis enJulius[14], parce qu'il s'agissait du mois de sa naissance et que les mois précédents portent ceux de divinités (Ianuarius, Februarius, Martius, Aprilis, Maius etIunius). Après la réforme augustine, le Sénat décida, en8 av. J.-C., d'honorer Auguste en renommantSextilis enAugustus. Selon unsénatus-consulte cité parMacrobe, ce mois fut choisi parce qu'Auguste était le successeur de César et que de nombreux événements liés à son accession au pouvoir s'étaient produits ce mois-là.
D'après une théorie deJoannes de Sacrobosco,Sextilis ne comportait que 30 jours ; or Auguste ne pouvait être honoré par un mois plus court que celui dédié à César (Julius comportant 31 jours). On modifia donc la durée deSextilis pour la porter à 31 jours, et la durée des mois suivants fut modifiée pour respecter l'alternance. Enfin, pour conserver la durée de l'année normale à 365 jours, un jour fut enlevé àFebruarius. Cette théorie est contredite par les écrits de Censorin et Macrobe, ainsi que d'autres sources comme celle d'un papyrus égyptien de donnant un mois deSextilis de 31 jours[13].
Commode rebaptisa la totalité des douze mois par ses noms et désignations :Amazonius,Invictus,Felix,Pius,Lucius,Aelius,Aurelius,Commodus,Augustus,Herculeus,Romanus etExsuperatorius.
Bien plus tard,Charlemagne renomma également les mois envieux haut-allemand, mais cette opération fut plus pérenne que celle des empereurs romains. Ces noms furent utilisés jusqu'auXVe siècle enAllemagne et auxPays-Bas, et jusqu'auXVIIIe siècle avec quelques modifications. De janvier à décembre :Wintarmanoth (mois de l'hiver),Hornung (pousse des cornes),Lentzinmanoth (mois du printemps),Ostarmanoth (mois de Pâques),Wonnemanoth (mois des merveilles),Brachmanoth (mois des jachères, c'est-à-dire où on laboure les champs précédemment laissés en jachère),Heuvimanoth (mois des foins),Aranmanoth (mois des épis / des moissons),Witumanoth (mois du bois),Windumemanoth (mois des vendanges),Herbistmanoth (mois de l'automne) etHeilagmanoth (mois saint).
En537,Justinien imposa la mention du nom de l'empereur et de son année de règne, combinée avec la mention de l'indiction et du consul éponyme, tout en autorisant l'usage d'ères locales.
En309 et310, ainsi qu'à certaines dates ultérieures, aucun consul ne fut appointé. Dans ce cas, la date consulaire était donnée en indiquant le nombre d'années depuis le dernier consul (datation post-consulaire). Après541, seul l'empereur fut titulaire du consulat, typiquement pendant une seule année, et la datation postconsulaire devint la norme. Le système, obsolète, fut formellement aboli parLéon VI en888.
La datationab Urbe condita (AUC, « à partir de la fondation de la Ville ») ne fut que rarement utilisée pour désigner les années. Cette méthode servait aux historiens romains pour déterminer le nombre d'années entre deux événements et différents historiens pouvaient utiliser différentes dates.
En Occident, aux alentours de527,Denys le Petit proposa le système de l’anno Domini, « année du Seigneur », qui s'est graduellement répandu dans le monde chrétien : les années étaient numérotées à partir :
- soit à partir de la date supposée de sa naissance, le 25 décembre de l'an 753AUC.
Pour des raisons pratiques, le début de l’Ère de l'Incarnation fut reporté à l'année julienne commençant le1er janvier de l'an 754AUC, comptée comme An 1 de l'Ère de l'Incarnation.
La suprématie mondiale des nations « chrétiennes », ou marquées par le christianisme, a imposé universellement l'« ère de l'Incarnation » pour les usages civils et elle constitue la norme actuelle de datation (à l'exception de ladate julienne utilisée dans certains domaines scientifiques).
L'année consulaire du calendrier romain débutait le1er janvier depuis et elle ne fut pas modifiée par la réforme julienne (d'autres calendriers pouvaient débuter un autre jour, comme l'année religieuse ou l'année traditionnelle).
AuIXe siècle, le 25 mars fut utilisé comme début d'une nouvelle année dans le Sud de l'Europe. Cette pratique s'étendit à la plus grande partie du continent à partir duXIe siècle et en Angleterre à la fin duXIIe siècle. Par exemple, les archives parlementaires anglaises enregistrèrent l'exécution deCharlesIer le, même si la date correspond à ce qui serait actuellement considéré comme le 30 janvier1649.
La plupart des pays d'Europe de l'Ouest déplacèrent lejour de l'an au1er janvier avant leur adoption ducalendrier grégorien (voire avant sa création en1582), principalement pendant leXVIe siècle. La liste suivante en donne quelques exemples :
Le calendrier julien fut d'utilisation commune depuis l'époque de l'Empire romain, enAfrique du nord jusqu'à la conquête arabe (où il est supplanté par lecalendrier hégirien) et en Europe, jusqu'en1582, lorsque lepapeGrégoire XIII promulgua lecalendrier grégorien. Cette réforme était rendue nécessaire par l'excès de jours intercalaires du système julien par rapport auxsaisons astronomiques. En moyenne, lessolstices et leséquinoxes avancent de 11 minutes par an par rapport à l'année julienne.Hipparque et peut-êtreSosigène avaient déjà pris conscience de ce décalage, mais il ne fut probablement pas jugé important à l'époque de la réforme julienne. Cependant, le calendrier julien se décale d'un jour en 134 ans. En 1582, il était décalé de dix jours par rapport au Soleil. Il en résultait un déplacement de plus en plus important vers l'été de la date dePâques, fête du printemps et du renouveau, fondamentale dans lecalendrier liturgique romain.
La réforme grégorienne eut pour objet de :
rétablir l'alignement du calendrier avec le Soleil ;
définir un système d'intercalation qui ajuste l'année calendaire sur l'année tropique avec plus de précision ;
définir un calcul de la date de Pâques en accord avec le nouveau calendrier et conforme aux prescriptions dupremier concile de Nicée.
Si, pour les usages civils, tous les pays de culte majoritairement orthodoxe (essentiellement en Europe de l'Est et du Sud-Est) adoptèrent le calendrier grégorien avant 1927, ce n'est pas le cas de leurs Églises nationales. En mai 1923, lecongrès panorthodoxe deConstantinople[17],[18] proposa uncalendrier julien révisé, constitué d'une partie solaire identique au calendrier grégorien (et qui le restera jusqu'en 2800) et d'une partie lunaire calculant la date de Pâques par observation astronomique àJérusalem. Les Églises orthodoxes refusèrent toutes la partie lunaire. Presque toutes les Églises orthodoxes continuent de célébrer Pâques selon le calendrier julien (seule l'Église orthodoxe de Finlande utilise le calendrier grégorien).
Outre les Églises déjà citées, le calendrier julien demeure utilisé enAfrique du Nord dans le monde rural en particulier : il a toujours été utilisé dans un but agricole, c'est pourquoi il est appelé « calendrier agricole »,assana alfilahiya en arabe. Depuis la fin duXXe siècle, il a aussi un but festif car il fixe la fête de Yennayer, premier du mois et de l'année. Les noms desmois ont étéarabisés du latin tel qu'on le prononçait enEspagne pendant la périodearabo-espagnole :ianuarius devintyanâyer ;februarius :fabrâyer ;martius :mâris ;aprilis :abrîl ;maius :mây ;iunius :yônyô ;iulius :yôlyôz ;augustus :oughoustous (le song ayant été remplacé pargh qui se prononce comme lerfrançais) ;september devintchotambir ;october :oktôbar ;november :nowanbir ounofambar (le sonv n'existant pas enarabe, il a été remplacé parw comme lewanglais ou français) ;december :dojambir.
Lepremier jour de l'année correspond actuellement au 14 janvier du calendrier grégorien, mais il est fêté le 12 enAlgérie.
Utilisé par les populations rurales d'Afrique du Nord, berbérophones et arabophones[20], en même temps que lecalendrier grégorien et lecalendrier musulman, ce calendrier julien localisé est parfois qualifié aujourd'hui decalendrier berbère (en accord avec une renaissance identitaire culturelle berbère).
↑Cette erreur provient vraisemblablement de la méthode utilisée par les Romains pour décompter les intervalles de temps. En effet, dans le décompte des intervalles, les Anciens décomptaient le point de départ et le point d'arrivée ; ainsi de l'an 1 à l'an 5, ils comptaient cinq ans (1, 2, 3, 4 et 5) et non pas quatre selon notre méthode moderne de calcul (5 - 1 = 4 ans). Ainsi, la règle spécifiant que l'intercalation devait survenir tous les quatre ans fut interprétée comme arrivant la quatrième année suivant l'année courante, celle-ci décomptée, c'est-à-dire tous les trois ans selon notre décompte moderne. C'est typiquement une d'indice diteerreur off-by-one comme on peut en rencontrer en informatique de nos jours.
↑J.P. Parisot, F. Suagher, Calendriers et chronologie, Masson, 1996
↑On appellestyle un type de datation du début de l'année
↑RenéKahn,Régulation temporelle et territoires urbains : habiter l'espace et le temps d'une ville, L'Harmattan,, 273 p.(lire en ligne),p. 65-66
↑La ville ne portera officiellement le nom d'Istanbul qu'à partir du 28 mars 1930.
↑Le qualificatif depanorthodoxe fut attribué au congrès par ses partisans, mais il est largement usurpé, car une très petite minorité des Églises orthodoxes y participèrent