La région de Cahokia reste inoccupée jusqu'auVIe siècleapr. J.-C.[7] : à partir de ce moment, des Amérindiens se rassemblent en villages et vivent des produits de l'agriculture. Ils pratiquent lecabotage sur les cours d'eau. Ils se nourrissent de graines dephalaris roseau puis de maïs à partir duIXe siècle[8]. C'est à cette époque que le peuplement devient plus dense et qu'une société complexe voit le jour. Les greniers à maïs demandent une gestion administrative et relèvent d'une certaine centralisation. Cahokia est dominée par un chef charismatique et une élite religieuse qui ordonnent la construction de monuments (les tertres et lestumuli). La population défriche les environs et va de plus en plus loin pour rapporter du bois. Selon les travaux récents de l'archéologue William Woods, Cahokia aurait dévié le cours de la Canteen Creek afin de pallier le manque d'eau. Ces grands travaux de canalisation conjugués à ladéforestation auraient favorisé desinondations catastrophiques.
Les archéologues reconnaissent que le site semble avoir été bâti très rapidement, sous l'impulsion d'une forme d'industrialisation de la culture du maïs dans la région du « Derrière américain », mais les origines de son ingénierie, l'étendue de son autorité et ses liens avec les autres populations mésoaméricaines restent débattus[9]. Selon Thomas Emerson, professeur d'anthropologie à l'Université d'Illinois, Cahokia pourrait avoir été bâtie comme un site de pèlerinage ouvert à tous les peuples mississipiens[6].
Dans les années 1800, desmoines trappistes occupaient les terrasses du site. Le nomMonk's Mound attribué à la plus grande élévation du site en tire son origine[6].
Les environs sont explorés une première fois par l'explorateur espagnolHernando de Soto en 1540[6].
AuXIXe siècle, lestumuli restent mystérieux : certains attribuent leur construction auxPhéniciens, auxGallois, auxScandinaves et même auxAtlantes. En 1811, le juriste Henry Brackenridge décrit la cité comme un« monument d’une stupéfiante antiquité [...], une ville fort peuplée »[4], et« Quelle incroyable pile de terre. Soulever une telle masse a dû prendre des années et une main d'œuvre de plusieurs milliers d'hommes. » Ne recevant aucun écho dans la presse, il se retourne vers son ami et ancien président américainThomas Jefferson, mais l'idée de mettre en lumière une structure urbaine indienne ne correspond pas aux objectifs politiques de l'époque. En 1869, leBig mound, un large tumulus du site, est rasé, remplacé alors par des usines[9].
Dans les années 1950, sous la présidence d'Eisenhower, le grand projet autoroutier inter-état (interstate highway program) est lancé, et l'autoroute I-55/70 est construite sur la partie nord du site[9].
Les premières fouilles archéologiques systématiques, débutées auXXe siècle (Warren King Moorehead), s'intensifient dans lesannées 1960 sous la direction deMelvin Fowler,Al Meyer,Charles Bareis etJerome Rose[4]. Dans l'excavation du tertre 72, les corps de 53 femmes, d'un homme de haut rang et de 4 autres hommes décapités mènent à l'interprétation d'un système hiérarchique strictement organisé, similaire aux civilisations mésoaméricaines et contraire à l'image de l'Indien nomade et naturellement pacifique d'Amérique du Nord communément admise[9].
En étudiant les dents des corps exhumés, des archéologues concluent qu'un tiers des habitants n'étaient pas originaires de la ville[6].
Le site est classé site public protégé par l'État de l'Illinois depuis 1925 qui en fait unparc d'État. Les opérations archéologiques sont donc cadrées par les lois de ce même État, et le site est géré par l'Agence pour la préservation historique de l'Illinois. En 1989, un centre d'interprétation ouvre pour aider le personnel du site à présenter l'Histoire de Cahokia[5].
Pourtant, dès les années 1930, le site est occupé par plusieurs activités commerciales qui se succèdent : culture de raifort, salle de jeux, logements, une piste pour l'aéronautique et unciné-parc pornographique[9].
En 1982, le site des Cahokia Mounds est inscrit aupatrimoine mondial de l'humanité[5].
Le site de Cahokia, d'une superficie de8 900 hectares[4], se trouve à proximité de la confluence de trois cours d'eau : l'Illinois, leMissouri et leMississippi. Ce secteur est appelé « American Bottom ». Situé sur des terrasses alluviales, le sol y est fertile et argileux. Aujourd'hui, Cahokia se trouve dans la région duMidwest, près de l'agglomération deSaint-Louis.
La ville de Cahokia est apparue vers l'an mille de notre ère[10]. Les bâtiments furent progressivement aménagés au sommet d'un tertre (mound en anglais) en terre, haut d'environ 30 mètres et d'une surface finale de 8 hectares[10].
Woodhenge, l'observatoire astrologique de Cahokia, était composé d'un cercle délimité par des poteaux de bois[5] et servait de calendrier solaire[15]. Il a été restauré en 1961[6].
Les archéologues ont tenté de reconstituer la vie des habitants de Cahokia à partir des données qu'ils ont pu collecter. Cependant, faute de textes, les spécialistes en sont réduits à émettre des hypothèses, notamment pour expliquer les rites et la religion. Les habitants de Cahokia n'ont pas laissé de témoignages écrits et la cité avait disparu lorsque les premiers Européens ont exploré la région.
Reconstitution d'une tombe d'un chef.
Cahokia était peuplée de paysans qui vivaient dans des centaines de maisons en bois, surmontées de toit en chaume[3]. Ils cultivaient les champs de maïs. Une partie de la population devait être affectée à l'entretien des tertres en argile. L'élite se faisait inhumer dans des tumuli avec des perles, des objets en mica, etc. Ils étaient accompagnés dans leur dernière demeure par des hommes et des femmes sacrifiés[8].
Du fait de sa situation de confluence et du système de canaux, Cahokia était une place importante pour le commerce : les Amérindiens ne disposaient ni d'animaux de trait, ni de chariots. Ils transportaient leurs marchandises à dos d'homme ou par les cours d'eau. Les spécialistes savent que le Mississippi servait de voie de communication avant l'arrivée des Européens : les Amérindiens le parcouraient à bord de canots d'écorce ; ils transportaient les troncs par flottage. À Cahokia étaient échangés ducuivre, de lanacre, de la viande debison et dewapiti. Le fleuve et ses affluents fournissaient aussi du poisson.