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En pratique :Quelles sources sont attendues ?Comment ajouter mes sources ?Lecafé-concert (abrégécaf'conc’) oucafé-chantant est à la fois unesalle de concert et unestaminet, réunissant dans son enceinte un public qui paie en consommations le plaisir d’entendre desromances, des chansonnettes ou des morceaux d’opéra.
Cette définition issue duGrand Dictionnaire Larousse duXIXe siècle, est toutefois à nuancer, car les consommations peuvent éventuellement disparaître et l’on paie alors sa place à l’entrée. Quant à l’aspect formel de l’établissement, avec le temps, il se rapproche de plus en plus de l'ordonnancement d'un petitthéâtre.

Les termes « café-concert » et « music-hall » sont devenus synonymes, ce dernier étant unemprunt à l’anglais attesté enfrançais à partir de 1862[1]. Or, si le café-concert est à la base un débit de boissons organisant desconcerts musicaux dans l’une de ses salles avec plus ou moins de régularité et dont le développement est favorisé par l'interdiction desgoguettes en 1849 sous le régime de laDeuxième République, le music-hall est défini comme une salle proposant des spectacles variés (accueillant une grande partie de la tradition ducirque, par exemple) où le fait de débiter des boissons est devenu secondaire.
Selon Legrand-Chabrier, ce nouveau genre est la « coalition de tous les spectacles qui ne sont pas du théâtre »[2], définitiona contrario qui révèle à la fois le flou sémantique pesant sur cette nouveauté et l’extrême diversité des spectacles se disant comme tels : on y trouve des morceaux de musique, des chants, des sketches dramatiques et des tableaux vivants, desrevues à grand spectacle avec effets de lumière et usage du machinisme, des danses et des acrobaties.


AuXVIIIe siècle, on trouveboulevard du Temple àParis descafés chantants où se produisent aussi desbateleurs. ÀLeipzig, leCafé Zimmermann est l'endroit, où, entre 1721 et 1741, est hébergé laCollegium Musicum, qui fut dirigé un temps parJean-Sébastien Bach ; il se produit avec une fois par semaine, pour des concerts demusique profane. D'autres exemples montrent, en Europe, qu'à cette époque, les cafés ne sont pas uniquement des débits de boissons[4].
Pendant la Révolution, l’abolition du monopole des théâtres permet à partir de1791 l’ouverture de nombreuses salles de spectacle, notamment sous les arcades duPalais-Royal. Ainsi, le Café d’Apollon est l’un des premiers cafés-concerts. Mais cette liberté ne dure pas puisqu’en1807 sous l'Empire, le rétablissement des théâtres de privilèges marque un arrêt au développement sauvage et spontané de caf’-conc’.
Entre 1807 et1849, seuls quelques établissements accueillent régulièrement des concerts. Certes, des limonadiers organisent ponctuellement des spectacles lyriques sans se soucier des règlements. Cette réglementation interdit normalement tout concert dans un estaminet sans en obtenir une autorisation dupréfet de Police. Larévolution de février 1848 va, un temps, rendre à ce loisir sa liberté. Mais l’ordonnance du reconduit les mesures précédentes interdisant de donner un spectacle dans un estaminet sans autorisation préalable[5]. Elle va permettre un développement surveillé : 22 autorisations seulement sont accordées entre 1849 et1859 à Paris.
La réglementation s’attache aussi à organiser lecolportage afin d’empêcher la diffusion de chansons sociales. Unecensure des spectacles est également remise en place. Tous ces règlements vont contribuer au décollage limité et organisé du phénomène.
C'est d'un incident survenu en mars1847 au café-concertLes Ambassadeurs où des auteurs refusent de payer leurs consommations, estimant qu'ils ne doivent rien puisque le propriétaire de l'établissement utilise leurs œuvres sans les rétribuer en retour, qu'est née laSociété des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique[6].
Le début desannées 1860 voit apparaître la construction de nouveaux établissements : en1860 l’Alcazar d’été, puis l’Eldorado, laScala, l’Horloge : tous sont situés sur les boulevards ouverts par lebaron Haussmann.

Les cafés-concerts sortent de l’ombre des théâtres, tout d’abord avec l’abolition des privilèges des théâtres en 1864. Ainsi, les cafés-concerts se dégagent de la surveillance des directeurs de théâtre pour tomber sous la tutelle des autorités de police. Selon Géo I. Snell, leCafé-concert du Géantboulevard du Temple « fut le prototype de ce que l'on était convenu d'appeler en1860 lescafés-chantants[7] ». L’administration multiplie les décrets et laisse se généraliser ce type d’établissement. En1867,Camille Doucet, alors directeur de l'administration des théâtres, autorise ainsi les cafés-concerts « à s'offrir des costumes, des travestissements ; à jouer des pièces, à se payer des intermèdes de danse et d'acrobatie[8]» ; ces mesures favoriseront l'essor ultérieur des grandes salles de spectacles parisiennes telles que lesFolies Bergère ou l'Olympia.
C’est l’âge d’or de ce loisir. Il se diffuse partout en France. Paris devient le modèle de l’amusement européen. La période de laIIIe République va généraliser ce loisir. En 1893,André Marty réunit en un remarquables album d'estampes,Le Café Concert,Henri-Gabriel Ibels,Toulouse-Lautrec etGeorges Montorgueil[9].
L'un des plus fameux duos d'auteurs estArmand Numès-Édouard Hermil.

Le premier concurrent qui va s’imposer dans toutes les villes après1896 est la salle réservée aucinématographe. Pour la plupart, ce sont d’anciens cafés-concerts ou salles de music-hall : le public semble enthousiasmé par ces salles obscures, ces films, cesdocumentaires et actualités fortement teintés de nouveauté. Puisque le cinéma est muet, les premiers spectacles sont souvent agrémentés d’unorchestre. Aussi, plutôt qu'un déclin brusque, il s'agit d'un glissement d’un loisir à un autre ou d'une lente mutation. Cependant, le music-hall et l’influence grandissante de la culture anglo-saxonne permettent à ces établissements de résister aux autres modes. De plus, la censure disparaît lentement, le visa quotidien sur le contenu des spectacles devient hebdomadaire. Le genre connaît indiscutablement un nouveau souffle ; en1906 la censure disparaît complètement (elle réapparaîtra cependant pendant laPremière Guerre mondiale).
Le café-concert marque ainsi l’émergence d’uneculture populaire qui donnera tout d’abord la riche tradition de lachanson française, mais aussi du music-hall et du cinéma. La filiation de ces différentes formes de spectacle est aisée à voir tant par les parcours de certains artistes, qui passent du caf’conc’ au music-hall au cinéma, que par les lieux, les anciennes salles caf’conc’ devenant salle de music-hall puis salle obscure. Ces nouvelles formes de spectacles populaires et universels auront jeté les bases de la culture de masse duXXe siècle, caractérisée par le phénomène destarisation, accentuée par la démocratisation de laTSF et du cinéma, et accompagnée parfois d'une sorte d’uniformisation à l’échelle française et aujourd’hui à l’échelle mondiale.
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