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Uncaïd (arabe :قائدqāʾid « commandant ») est, enAfrique du Nord, un notable qui cumulait depuis l'administrationottomane, pour le cas de l'Algerie et laTunisie des fonctions administratives, judiciaires, financières et parfois de chef detribu. Généralement hommes issus de familles riches, ils achetaient cette fonction et il était donc courant d'être le caïd de plusieurs districts en même temps.
Pour le cas duMaroc, le caïd était le représentant territorial dusultan et constituait un pilier fondamental duMakhzen. Pendant des siècles, il exerçait une autorité prépondérante, particulièrement en milieu rural, qui couvrait la majeure partie du territoire marocain. Ses fonctions incluaient la collecte de l'impôt, l'assurance de la sécurité, et la mobilisation des hommes et des chevaux en temps de guerre. En outre, le caïd devait s'efforcer de rassembler les ressources économiques nécessaires pour financer les campagnes militaires internes du sultan (harka) ou lejihad contre les puissances occupant des localités ou des points de la côte marocaine. Le choix du caïd pouvait parfois être imposé par la tribu ou la fédération detribus auMakhzen central, ce qui était particulièrement vrai dans les régions de traditionSiba et les zones éloignées des grandes villes telles queFès etMarrakech[2].
Le mot s'est généralisé en langue française et désigne aujourd'hui, en langage familier, une personne qui impose son autorité. De manière péjorative, il désigne aujourd'hui un chef d'une bande de délinquants ou de criminels.
Le caïdat tunisien est une charge régionale de l'administration de l'État beylical, dotée du grade militaire de général de brigade. Le caïd jouit de toutes les prérogatives d'un gouverneur de province : il est chargé de l'administration générale, du maintien de la justice et de la charge lucrative de fermier des impôts. Il est l'agent d'exécution dubey de Tunis et préside à la destinée de la région, de ses tribus et des bourgs environnants. Les caïd-gouverneurs tunisiens sont membres dumakhzen beylical.
Un caïd est assisté dans sa fonction par les kahias (lieutenant-gouverneurs) à la tête des principales villes (grade de colonel) et plus localement, par les khalifas (grade de capitaine ou plus).
Sous leprotectorat français de Tunisie à partir de1881, le caïd possède le grade d'officier supérieur à titre civil de l'armée tunisienne puis de la garde beylicale (également à titre civil). Ces grades servent à hiérarchiser le corps des hauts fonctionnaires de l’État beylical.
Dans l'histoire précoloniale duMaroc, le caïd était un représentant du pouvoir central dans les régions, chargé de la collecte des impôts et du maintien de l'ordre. Son autorité, souvent renforcée par des liens tribaux et locaux, faisait de lui un personnage influent au sein de la communauté. Sous leProtectorat français, les caïds ont été utilisés comme intermédiaires entre les autorités coloniales et la population locale. Cette période a vu une transformation de leur rôle, où beaucoup ont monnayé leur loyauté pour préserver leurs privilèges[3].
Aujourd'hui, les caïds sont responsables de nombreuses tâches administratives, y compris la gestion des affaires civiles, la sécurité publique, et la coordination des services gouvernementaux au niveau local. Dans le contexte actuel, les caïds sont souvent confrontés à des défis modernes, tels que la gestion des crises (inondations, effondrements), le développement local, et la mise en œuvre des réformes administratives.
Le terme caïd évoque encore aujourd'hui une certaine crainte et respect, car il incarne l'autorité locale et lepouvoir central. Cette autorité peut être perçue positivement, comme un garant de l'ordre, ou négativement, en raison desabus de pouvoir. Avec le temps, la sphère d'influence et le pouvoir du caïd ont évolué, ce qui a changé la perception du terme. Alors qu'il était autrefois vu comme un puissant chef local, il est désormais unfonctionnaire avec des responsabilités plus restreintes, même si l'aura de son autorité demeure.
La formation des caïds a été modernisée avec la création d'institutions spécialisées. Les nouveaux caïds sont souvent des diplômés universitaires, formés aux techniques de gestion moderne et aux sciences administratives. Des figures notables commeMohamed Oufkir,Ahmed Dlimi, etDriss Basri ont marqué de leur empreinte l'évolution du rôle et de la formation des caïds.
Les caïds jouent un rôle crucial dans le maintien de la stabilité politique du pays. Ils sont les relais du pouvoir central et assurent la mise en œuvre des directives gouvernementales à l'échelle locale. Avec les mouvements de réformes politiques et sociales, les attentes vis-à-vis des caïds ont évolué. Ils sont maintenant également jugés sur leur capacité à répondre aux besoins de développement local et à promouvoir la transparence et l'efficacité administrative.
Ainsi, le rôle des caïds au Maroc, bien que marqué par une riche histoire et des perceptions variées, continue d'évoluer pour répondre aux défis contemporains et aux attentes croissantes de la société marocaine[4].
EnAlgérie, le caïd est unfonctionnaire placé à la tête d'undouar, fraction d'une commune. Le corps des caïds est organisé par un décret du ; jusqu'à cette date, les intéressés étaient désignés comme « adjoints indigènes ».
Deux cas peuvent se présenter :
Les caïds, assistés dekhodjas, constituent un corps de fonctionnaires, dont les grades supérieurs sontagha etbachagha.Agha et bachagha ont les mêmes attributions que le caïd, mais sont tenus depuis 1919 d'avoir au moins 25 ans, de savoir lire et écrire lefrançais et l'arabe et dans l'idéal d'être diplômés d'unemédersa.Le recrutement est partiellement mis auconcours, mais le plus souvent revêt un aspect politique, les récipiendaires étant choisis dans les familles aristocratiques ou parmi les anciens militaires.
Dans l'ensemble, le corps a souffert d'une mauvaise réputation (abus de pouvoir et corruption)[5].
II faut signaler que les Turcs n'ont pas importé leurs institutions en Algérie, bien au contraire, ils ont conservé les structures existantes tout en les modifiant selon les besoins de la conjoncture et en introduisant d'autres. Quant à la France, elle a maintenu au début de la colonisation cette fonction, puis elle y a mis fin par les arrêtés du et du. Puis elle réapparut sous l'appellationadjoint municipal indigène dans le décret du 24-12-1870, et fut modifiée par les arrêtés du gouverneur général le. Enfin elle prend le titre decaïd dans les décrets du gouvernement général en février et[6].
En 1919, les caïds sont répartis en six classes rétribuées comme suit :
Les caïds promus aghas et bach-aghas perçoivent un supplément de traitement de 4 000 francs pour le titre d'agha, et de 2 000 pour celui de bachagha.
Le terme de « caïd » peut également désigner :
Le mot est aussi utilisé en français familier pour désigner :
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