LaCôte d'Azur (enprovençal,vivaro-alpin ounissart :Couosto d'Azur[ˈkɔst' daˈzyʁ] ou[ˈkwast' daˈzyʁ]) est une invention d'origine littéraire désignant une portion de côte à l'est du littoral méditerranéen français, s'étendant de Cassis jusqu'à Menton, incluant la principauté deMonaco.
L'expression revient à l'écrivainStéphen Liégeard (1830-1925) et à son livreLa Côte d'Azur publié en1887[1], lequel décrit son voyage sur les littoraux deProvence et deLigurie, plus précisément deMarseille àGênes. Ce poètedijonnais dispose à Cannes d'une villa (propriété de son épouse) où il passe l'hiver. Ayant la Méditerranée sous les yeux[2], il a l'idée de cette créationchoronymique[3] en pensant à son département d'origine, laCôte-d'Or, pour baptiser sa région de villégiature la « Côte d'Azur » et remplacer l'expression anglaise deriviera française[4]. Ce titre poétique est popularisé par le succès de l'ouvrage qui se voit décerner par l'Académie française en 1888 le prixBordin[5]. Ce sont les milieux économique et politique (avec notamment le maire de NiceJean Médecin qui veut faire de sa ville une capitale régionale a l'instar de Marseille) qui, à partir de 1920, consacrent cette dénomination. Ils s'appuient sur des journalistes et des écrivains qui publient des guides touristiques (guides Joanne,Baedeker,Murrays(en)) faisant la promotion de lieux devillégiature hivernale (pratique élitistehéliophile) avant que la démocratisation des vacances ne favorise la villégiature estivale sur cette portion de la côte méditerranéenne. Cetoponyme littoral a servi ainsi à bâtir uneimage attractive de cette côte[6],[7].
La Côte d'Azur n'étant pas à proprement parler unterritoire, legentilé qui s'applique est celui des départements des Alpes-Maritimes et du Var en régionProvence-Alpes-Côte d'Azur, bien que le terme générique d'« Azuréen » soit couramment employé, notamment pour désigner les habitants du département desAlpes-Maritimes sur sa bande côtière dite Azuréenne (deMenton àThéoule-sur-Mer).
D'autres interprétations mettent en avant la densité et le contraste des couleurs, pas seulement de la mer, changeants selon les conditions météorologiques, mais aussi ceux du ciel ou de la lumière[8] qui baigne la région et auxquels Liégeard n'a pas été insensible et qui ont profondément inspiré de nombreux artistes, comme les peintresHenri Matisse ouClaude Monet[9] qui s'émerveille des paysages qui s'offrent à lui lors de son séjour àBordighera en 1884 :
« C'est si beau ici, si clair, si lumineux ! On nage dans l'air bleu, c'est même effrayant. Je suis installé dans un pays féérique. Je ne sais où donner de la tête, tout est superbe et je voudrais tout faire ; aussi j'use et je gâche beaucoup de couleurs, car il y a des essais à faire, c'est toute une étude nouvelle pour moi que ce pays. »
Dans la nouvelle édition de son ouvrage, en 1894, Stéphen Liégeard constata que« le dictionnaire s'est augmenté d'un mot »[10].
Médaillon représentant Stéphen Liégeard, inventeur de l'expression« Côte d'Azur ».
S'agissant d'une dénomination non administrative mais d'origine littéraire, la Côte d'Azur n'a pas une délimitation nette et indiscutable, et différentes limites apparaissent entre le roman de Stephen Liégeard et les acceptions modernes.
Stéphen Liégeard raconte le voyage qu'il a fait sur le littoral provençal et génois, deMarseille àGênes, sur ce qu'il appelle la Côte d'Azur[13]. Pierre-Émile Blairon, dans son ouvrageGuide secret de la Côte d'Azur se base sur les propos deStéphen Liégeard pour la délimiter deMarseille àMenton en tenant compte des frontières politiques françaises.
La Côte d'Azur pour Stéphen Liégeard, inventeur dudit terme, lors de son voyage sur les littoraux provençal et génois. Les deux pages représentent les première et dernière parties de son livre.
Le livre a fait l'objet d'une première édition en 1887 puis d'une version augmentée en 1894. La version contemporaine de septembre 2014 s'intitule« La Côte d'Azur, de Marseille à Menton » et comprend 300 pages, sans le récit en Italie. Les villes et lieux cités dans l'ouvrageLa Côte d'Azur deStéphen Liégeard sont les suivants, d’après la table des matières du livre[14],[15] :
De nos jours, les limites de la Côte d'Azur sont assez floues du côté occidental[16]. Si les sources citées ci-dessous concordent sur la limite orientale, qui s’arrête à lafrontière franco-italienne (plus à l'Est on parle alors deRiviera), la limite occidentale varie beaucoup selon les sources.
Des guides touristiques[20],[21] la situent àBandol (sans citer de sources bibliographiques particulières), à la frontière de la péninsule de Sicié, limitant la Côte d'Azur au littoral des départements du Var et des Alpes-Maritimes.
D'autres sources[23],[24] la limitent àSaint-Tropez etsa presqu'île rendue célèbre dans les années 1960 par des célébrités du cinéma, jusqu'à Menton.
Enfin, l'office du tourisme du département des Alpes-Maritimes restreint l'appellation de Côte d'Azur à la bande côtière de son département sans faire de lien avec la version originelle créée parStéphen Liégeard[25].
La limitation littéraire, mêlée à des limitations proposées par des personnalités politiques, tend à assombrir la clarté de ce voyage en« côte d'azur » effectué par Stéphen Liégeard. Ceci tend à rendre floues aux yeux des Français les limites de cet espace et ont du mal à s'y retrouver, notamment pour les personnes n'ayant pas lu le livre de l'inventeur du terme.
La délimitation proposée par l'office du tourisme des Alpes-Maritimes s'éloigne des écrits de Stéphen Liégeard, car il limite cet espace au département des Alpes-Maritimes tout en englobant également les stations de ski[26] en les qualifiant de« stations azuréennes »[27].
De plus, la territorialisation du terme littéraireCôte d'Azur calqué sur les frontières françaises tend à fossiliserMenton comme la limite Est, alors que parallèlement s'est constituée laRiviera ligure enItalie sur l'ensemble de laLigurie. Dans sa partie orientale, la Côte d'Azur englobe laRiviera française (ainsi que Monaco), frange littorale étroite et très urbanisée avec des reliefs accidentés et des falaises abruptes tombant dans la mer, notamment entreMenton etNice.
Le 8 mai 2022, un documentaire sur ce sujet des limites de la Côte d'Azur a été réalisé par France 3 Régions[28]. Il explique bien ces différentes limites occidentales, et le débat sans fin entre les tenants des écrits de Stéphen Liégeard et les délimitations plus récentes, comme celles données par le Comité départemental du Tourisme de la Côte d'Azur : de Menton à Saint-Tropez.
« C'est une approche marketing, touristique, pas un territoire, ni une zone administrative » déclare Claire Béhar, directrice générale du comité régional du tourisme (CRT) Côte d'Azur France[29]. L'appellation « Côte d'Azur France » est une marque déposée en 2016 au registre INPI (Institut National de la Propriété Industrielle).
Du nord au sud, la délimitation de la Côte d'Azur est tout aussi vague et subjective. Dans ses guides de sport de plein air (guides Randoxygène), le département des Alpes-Maritimes définit trois strates horizontales au sein de la région[30] : le pays côtier (qui s'étend du littoral jusqu'aux portes du Mercantour), le moyen pays et le haut pays (jusqu'aux confins du département, limitrophe avec les Alpes de Haute-Provence). Ainsi le pays côtier, large d'une vingtaine de kilomètres, coincé entre mer et montagne, à forte densité de population, où se concentrent l'essentiel des sites touristiques facilement accessibles et desservis régulièrement par les moyens de transport (bus, cars, trains), constitue naturellement dans sa largeur la zone géographique correspondant à la Côte d'Azur.
Une autre hypothèse à ce sujet est émise par un géographe, directeur scientifique de l’Institut du Tourisme Côte d’Azur[31]. Selon lui, la Côte d'Azur se cantonne au littoral :« ...quand Liégeard parle d'Azur, ce n'est pas le bleu du ciel, mais bien le bleu de la mer. La Côte d'Azur, c'est le littoral ». Dans son ouvrage, Stephen Liégeard évoque Grasse,Gourdon, la Garde-Freinet, le massif des Maures ou Dolceacqua, ce qui laisse imaginer une Côte d'Azur qui ne se réduit pas strictement au bord de mer mais s'étend sur le pays côtier, voire l'arrière-pays proche où la lumière bleutée, la transparence de l'atmosphère prédominent et où la mer est absente.« Par extension, le mot [azur] désigne aussi un ciel pur et intense qu'il convient de ne pas confondre avec la couleur bleu ciel beaucoup plus pâle, de même que le bleu marine n'a qu'un rapport indirect avec celle de la mer par beau temps, c'est celle des uniformes de la marine. Enfin, il convient de rappeler que, couleur du ciel et de la mer, le bleu symbolise l'infini, le divin et le spirituel. Il invite au rêve et à l'évasion. Par extension, il évoque la paix, le calme et la volupté »[32]. Toutefois, certaines descriptions étayent la théorie défendue par le géographe, celle d'une Côte d'Azur qui se limite à la frange littorale[32] : dans son ouvrage, Stéphen Liégeard déclare, alors qu'il séjourne à Vallauris, commune située à 1,6 kilomètre seulement du bord de mer :« Rarement d'ailleurs, le touriste s'égare vers ces parages. Les collines Vallauriennes lui sont des Colonnes d'Hercule[33]. Au-delà, le spleen l'arrête il tourne bride[34] et coupe au court. Vite, avec lui, regagnons la Côte d'Azur ». On peut également y lire :« La Côte d'Azur ! Ainsi, du Château d'If jusqu'aux palais de Gênes, s'intitule désormais le pays de la mer bleue, du soleil et des fleurs ». Enfin, cette évocation :« ...le long de cette plage baignée de rayons qui mérite notre baptême de Côte d'Azur, Hyères, la première, eut l'idée de mettre ses dons bénis au service de la maladie ou de la désespérance ».
Durant l'entre-deux-guerres, la Côte d'Azur continue son développement comme l'un des domaines de villégiature de prédilection pour plusieurs générations de riches européens et américains, et certaines villes commeMenton,Monaco,Nice,Antibes/Juan-Les-Pins etCannes se spécialisent dans l'hôtellerie de luxe et les casinos. Avec sa lumière si particulière, la Côte d'Azur continue également d'attirer des écrivains, des artistes ou des acteurs, notammentPablo Picasso, Claude Monet, Henri Matisse,Antoine de Saint-Exupéry (qui y a sa famille),Edith Wharton,Somerset Maugham,Aldous Huxley,Greta Garbo,Sacha Guitry.
Officiellement, la Côte d'Azur contemporaine est le foyer de163 nationalités avec 83 962 résidents étrangers (statut de 1999)[36], même si les estimations du nombre de non-ressortissants français vivant dans la région sont souvent beaucoup plus élevées[37].
Le climat de la Côte d'Azur est de type tempéréméditerranéen avec des influences montagnardes sur les parties Nord des départements duVar et desAlpes-Maritimes. Il est caractérisé par des étés secs et des hivers doux qui participent à la réduction des probabilités de gels. La Côte d'Azur bénéficie d'un ensoleillement conséquent en France métropolitaine de300 jours par an.
Lemistral souffle parfois violemment par périodes de 3, 6 ou9 jours, de la Vallée du Rhône jusqu'à Saint-Raphaël et se fait faiblement sentir jusqu'à Cannes. Les météorologues expliquent cela par la présence dumassif de l'Esterel, qui détournerait le mistral et l'arrêterait. Le mistral étant un vent sec, il fait chuter l'humidité relative à Nice : elle est généralement de 65/75 %[38], elle tombe à 30/35 % après un jour de mistral.
La Côte d'Azur, au sens restreint, par rapport à la version deStéphen Liégeard, comprend un espace urbain important. La ville la plus peuplée estNice qui compte 343 477 habitants (2020)[40]. Elle est le centre d'une métropole -Nice-Côte d'Azur - regroupant 49 communes et une population de plus de 538 555 habitants dans l'aire urbaine dont 343 895 personnes habitant dans la zone municipale. L'Espace urbain Nice-Côte-d'Azur compte quant à lui 991 903 habitants.
L'espace azuréen comporte aujourd'hui deux aéroports : les aéroports deCannes-Mandelieu et deNice-Côte d'Azur, de classe internationale et qui représente le troisième plus grand aéroport de France en termes de volume d'utilisation. Celui-ci se trouve sur un terrain côtier partiellement remis en état à l'extrémité ouest de la Promenade des Anglais. Le deuxième aéroport est celui de Mandelieu ; autrefois aéroport commercial[41] de la région, il est maintenant principalement utilisé par les avions privés et d'affaires[42]. L'autoroute A8 traverse la région, tout comme l'ancienne route principale, la légendaire Route nationale 7 (officiellement aujourd'hui la D N7 dans le Var et la D6007 dans les Alpes-Maritimes)[43]. Les trains desservent les régions côtières avec le service TGV Méditerranée pour atteindre la gare de Nice-Ville en cinq heures et demie à partir de Paris et intérieure (Grasse) par la ligne TER.
La Côte d'Azur accueille le siège de la technopole àSophia Antipolis sur les communes deValbonne,Biot,Mougins,Antibes etVallauris qui comprend des entreprises aux activités scientifiques et technologiques, ainsi que plusieurs grandes écoles (Sciences-Po à Menton) et établissements universitaires de l'université Nice-Sophia-Antipolis.
La Côte d'Azur est une voie maritime d'importance, en particulier grâce à ses activités de ports de plaisance et pour son ouverture sur laCorse via le port deNice mais aussi celui deToulon, en plus de son port militaire qui génère des emplois liés au chantier naval. Plusieurs marinas se trouvent le long du littoral azuréen dans lesAlpes-Maritimes.
Les 46 communes côtières et de l'arrière-pays sur une des nombreuses interprétations de la Côte d'Azur. Ici une carte allant de Cassis à la frontière italienne.Boulevard du midi, Nice, photochrome des années 1890.Mont Chevalier, Cannes, photochrome des années 1890.Agay vu du sommet du Rastel.L'île d'Or (Saint-Raphaël).
Le Vieux-Nice et le cours Saleya ou« marché aux fleurs ».
Le littoral Azuréen (deMenton àThéoule-sur-Mer) dans lesAlpes-Maritimes a été largement transformé par lebétonnage lié au développement touristique des étrangers nord-européens et des Français, ainsi que par l'arrivée de Pieds-noirs rapatriés. Le littoral Varois dans leVar est davantage préservé de l'urbanisation à l'exception de l'agglomération de Fréjus-Saint-Raphaël affectée par la croissance démographique de son littoral et de l'agglomération Toulonnaise qui a été marquée par l'étalement urbain sur sa partie Ouest et par un étalement des zones industrielles et commerciales (Grand Var).
Si l'appellation « Côte d'Azur » désigne en premier lieu une zone géographique, elle englobe aujourd'hui également des activités de loisirs, sportives, touristiques, commerciales ou culturelles spécifiques de réputation internationale (salons, congrès, événementiel, à Cannes, Nice et Monaco) et qui participent de l'ambiance générale qui règne dans cette région privilégiée en contribuant à sa renommée.
De mai à octobre, lesyachts longent le littoral entre Saint-Tropez et la frontière italienne et au-delà. La Côte d'Azur comptent de très nombreux sites demouillage : golfe de Saint-Tropez, baie de Cannes, îles de Lérins, Cap d'Antibes, baie des Anges, rade de Villefranche, baie des Fourmis, Cap Ferrat, Cap Martin, etc. Les ports d'Antibes et deMonaco peuvent accueillir les plus grosses unités.
Les Voiles de Saint-Tropez, édition 2009.
Des régates de voiliers classiques et/ou modernes sont organisées tout au long de l'année sur la Côte d'Azur :
Chaque année, fin mai, se déroule à Monaco leGrand Prix de Formule 1. Il est précédé par leePrix de Formule E qui se déroule fin avril ou début mai. Tous les deux ans, se tient également dans la principauté le Grand Prix de Monaco historique rassemblant des voitures de course anciennes d'avant-guerre jusqu'à l'année 1985.
↑Émile Vandervelde,les Crimes de la colonisation capitaliste, 1906, page 25 : « Le domaine de la couronne se compose tout d’abord d’un territoire dix fois grand comme la Belgique, situé dans la région caoutchoutière du Congo et qui comporte les plus belles forêts du territoire ; en second lieu de six mines qui ne sont pas encore déterminées, mais que le Souverain se réserve de choisir, le jour où l’on aura trouvé au Congo des métaux précieux ; enfin d’un nombre considérable d’immeubles, à Bruxelles, à Ostende ou bien sur larivière de Nice. » Texte procuré en ligne par Wikisource :s:Les Crimes de la colonisation capitaliste ets:Page:Vandervelde - Les Crimes de la colonisation capitaliste.djvu/31 pour la page 25.
↑Côte d'Azur, côte méditerranéenne française entre Cassis et Menton (Côte d'Azur, French Mediterranean coast between Cassis and Toulon) inDictionnaire Hachette encyclopédique (2000),p. 448.
↑Côte d'Azur, Partie orientale du littoral français, sur la Méditerranée, de Cassis à Menton (Côte d'Azur, Eastern part of the French coast, on the Mediterranean, from Cassis to Menton), inLe Petit Larousse illustré (2005),p. 1297.
Stéphen Liégeard,La Côte d’azur, Paris, Maison Quantin, 1887,430 p. [Prix Bordin décerné par l’Académie française en 1888.] Nouvelle édition : Paris, Ancienne maison Quantin Librairies-imprimeries réunies, 1894, III-626 p. Reprint de l’édition de 1894 :La Côte d’Azur, Nice, Éditions Serre, 1988,628 p.
Dominique Escribe,La Côte d’Azur Genèse d'un mythe, préface deJacques Médecin, Nice, Gilbert Vitaloni et le Conseil général des Alpes-Maritimes, 1988,173 p.
Christian Arthaud, Éric L. Paul,La Côte d’Azur des écrivains, Aix-en-Provence, Édisud, 1999,190 p.