À partir d’Auguste,Caesar est l’un despraenomina (ce qui vient avant lenomen familial — ce n'est pas l’exact équivalent duprénom) de ses successeurs, en compagnie généralement du titre d’imperator, et c'estClaude, dépourvu de lien d'adoption avec la famille desJulii, qui le premier prend à son accession au pouvoir impérial le nom deTiberius Claudius Caesar Augustus Germanicus[1]. Il est imité parGalba (Servius Galba Imperator Caesar) en68,Othon (Imperator Marcus Otho Caesar Augustus) etVespasien (Imperator Caesar Vespasianus Augustus) durant l'Année des quatre empereurs entre juin 68 et décembre 69[2].
En293, l'empereurDioclétien introduisit laTétrarchie : deux « Césars » étaient désignés comme empereurs-adjoints des deux « Augustes »[4]. Cette organisation se dérégla à partir de306, quandConstantin fut directement proclamé Auguste par les troupes de son défunt père,Constance Chlore[5].
ConstantinIer réutilise le titre, pour donner un statut d'empereur-adjoint à ses fils et les installer dans certaines régions de l'empire afin de l'y représenter[6].
Son fils,Constance II, fit Césars ses cousinsGallus, puisJulien. Leur statut était intermédiaire entre celui des Césars de la Tétrarchie et celui des princes héritiers de Constantin : membres de la famille impériale, dotés par là de l'aura plus ou moins magique propre aux empereurs, ils étaient son représentant, disposaient d'un certain pouvoir, mais étaient soumis aussi à un très strict contrôle. Après l'exécution de Gallus pour ses erreurs à Antioche et l'usurpation de Julien[7], les empereurs après 363 n'eurent plus recours à ce dispositif, et se répartissent le pouvoir entre Augustes[8]. Ainsi, quandThéodoseIer voulut élever son filsFlavius Arcadius sur une première marche du trône, il le fit directement Auguste.
Le titre est utilisé à quelques reprises dans lesdernières années de l'Empire romain d'Occident.Majorien est proclamé Auguste par l'armée le près de Ravenne, mais le titre lui est contesté par l'empereur d'Orient, qui ne lui reconnaît que celui de César. Passant outre, Majorien prend le titre d'Auguste le. Il meurt exécuté par son ex-alliéRicimer, àTortone, le. L’empereur d'OrientLéonIer élèveAnthémius César en 467 etJules Nepos est, lui, élevé César parZénon après le, dernier empereur d'Occident à porter le titre. Élevé Auguste pour l'Occident le, il est renversé parOreste le.
ÀConstantinople, le titre est porté parPatrice, deuxième fils du généralAspar, qui l'impose comme César à l'empereur LéonIer en468. Il en est déchu par les eunuques défenseurs du palais de Léon en 471, contre vie sauve. Ce dernier élève son petit-filsLéon II au titre le 31 octobre473. Élevé Auguste le 17 novembre 473, il meurt de maladie le 10 novembre 474. L'année suivanteBasiliscus élève son filsMarcus au titre pour quelques mois avant de l'élever comme Auguste. Il meurt en exil sur ordre de Zénon en 477.
Héraclius (610-641) renonce à porter les titres de César et d’Auguste et la titulature latine, au profit du titre debasileus. Le titre de César demeure néanmoins dans la titulature byzantine, et vient immédiatement après celui debasileus.
Par ailleurs, la pratique de le conférer aux fils cadets de l'empereur, où à de proches et influents parents de celui-ci, se perpétue, avec par exemple :Alexis Mousélé, beau-fils deThéophile (r. 829-842),Bardas, l'oncle et principal ministre deMichel III (r. 842-867), ou encoreBardas Phocas, le père deNicéphore II (r. 963-969)[9],[10]. L'octroi du titre au khanbulgareTervel parJustinien II (r. 685–695, 705–711), pour l'avoir aidé à récupérer son trône en 705, reste un cas exceptionnel[10],[11]. Le titre est également accordé vers 1081 au frère de l'impératriceMarie d'Alanie,Georges II de Géorgie.
Dans leMoyen-Orient, les Perses et les Arabes ont continué à désigner les empereurs romains et byzantins comme« César » (« Qaysar-i Rūm »,« César de Rome », dumoyen-persankēsar).
À la suite de laconquête de Constantinople en 1453, lesultan ottomanMehmed II victorieux devint le premier des souverains deEmpire ottoman à assumer le titre de« César de l'Empire romain » (turc ottoman :قیصر رومKayser-i Rûm). Ayant conquis l'empire byzantin, il revendique ainsi la succession à l'Empire romain[14]. Son affirmation était que par la possession de la ville, il était empereur, un nouveau dynaste par la conquête, comme cela était arrivé auparavant dans l'histoire de l'Empire[15]. Le savant contemporainGeorges de Trébizonde a écrit« le siège de l'Empire romain est Constantinople… et celui qui est et reste empereur des Romains est aussi l'empereur du monde entier »[16].Gennadius Scholarius, un farouche antagoniste de l'Occident à cause dusac de Constantinople commis par les catholiques occidentaux et des controverses théologiques entre les deux Églises, avait été intronisé patriarche œcuménique de Constantinople-Nouvelle Rome, avec tous les éléments cérémoniels et le statut d'ethnarque (ou « milletbashi ») par le sultan lui-même, en 1454. À son tour, Gennadius II a reconnu Mehmed comme successeur du trône. Mehmed avait également une lignée de sang à la famille impériale byzantine ; son prédécesseur, le sultanOrhan, avait épousé une princesse byzantine, et Mehmed aurait pu revendiquer la descendance deJean Tzelepes Comnène[17].
Les sultans ottomans n'étaient pas les seuls dirigeants à réclamer un tel titre : en Europe occidentale, l'empereurFrédéric III duSaint-Empire a remonté sa lignée généalogique jusqu'àCharlemagne, qui a obtenu le titre d'empereur romain lorsqu'il a été couronné par lepape Léon III en 800, bien qu'il n'ait jamais été reconnu comme tel par l'Empire byzantin.
Un personnage de laLégende arthurienne apparaît sous le nom de « Jules César ». Il est dit, à propos de la « bataille de Carohaise », queMerlin « rendit visite à Jules César » dans une scène qui contribuerait au mythe du magicien, capable de traverser le temps et l'espace. Il s'agit en fait d'une aberration d'interprétation, car l'auteur se réfère au titre de vice-empereur : il s'agit non de « Jules César » mais Jules « le César », en l'occurrenceJulius Nepos[20].
↑Michalis N. Michael, Matthias Kappler et Eftihios Gavriel,Archivum Ottomanicum, Mouton,(lire en ligne),p. 10.
↑Christine Isom-Verhaaren et Kent F. Schull,Living in the Ottoman Realm: Empire and Identity, 13th to 20th Centuries, Indiana University Press,(ISBN978-0-253-01948-6,lire en ligne),p. 38.