Le nom de la localité est attesté sous les formesBruggas etBruccia en 840 - 875 (monnaies carolingiennes), puisBruciam, Bruociam (lireBrucciam) en 892,[in portu] Bruggensi vers 1010,Bruggis en 1012,Bricge ouBrygce vers 1037,Brygce en 1049,Brugias en 1072[1].
Selon la plupart des toponymistesBruges est issu du proto-germanique*brugjō-/*brugjǭ, mot féminin reconstitué et signifiant « pont »[2],[1] (brug en néerlandais moderne, équivalent de l'allemandBrücke et de l'anglaisbridge, signifiant tous « pont »). Un premier pont ou ponton de bois aurait été construit à l'époque romaine à la hauteur de laLangestraat et de laHoogstraat.
Dans une étude datant de 1971,Maurits Gysseling émet l’hypothèse queBrugge serait à l’origine une forme dérivée deRogia, le nom originel de la rivièreReie, et que ce nom aurait subi ensuite, auVIIIe siècle ou au début duXIXe siècle, une évolution linguistique qui ne peut s’expliquer que par une influence duvieux norrois[3] ; une contamination aurait en effet eu lieu par le mot scandinavebryggja, lequel signifie « débarcadère » ou « quai d’amarrage ». C’est à partir de cette forme contaminée que le nom actuel de la ville se serait développé. Du reste, pareille influence étrangère sur la dénomination d’une implantation humaine suppose l’existence de contacts intenses et durables avec les étrangers concernés[4]. Contre cette hypothèse, il y a lieu de relever que l'existence de contacts importants et durables avec des étrangers n'a pas nécessairement une influence sur la toponymie. En particulier, les Vikings adaptaient à la phonétique de leur langue des toponymes préexistants ; c'est ainsi qu'ils appelaientDublin,Dyflinn, etRouen,Ruðuborg ouRuða (qui est encore son nom enislandais et formé à partir de la forme*Rotho, abrégée deRothome attestée en 1014), etc., sans que ces formes scandinaves, à l'usage interne du monde viking, aient la moindre influence sur le développement phonétique ultérieur de ces toponymes indigènes. Il en est ainsi, alors même que les implantations durables des colons scandinaves ont laissé des traces importantes dans la toponymie irlandaise et surtoutnormande.
Blasonnement :Burelé de huit pièces d'argent et de gueules à un lion d'azur, armé et lampassé de gueules, couronné d'or portant au cou un collier avec une croix du même pendante sur sa poitrine.
Auparavant, la mer atteignait le nord de Bruges. La ville était alors reliée à la côte par un chenal naturel, legetijdengeul qui était soumis à l'action des marées. Lapoldérisation progressive à partir duXIe siècle a fait disparaître ces chenaux[6]. Aujourd'hui, le cœur historique de Bruges se situe à une quinzaine de kilomètres de la mer du Nord. Le rattachement progressif des villes alentour a permis de faire de Bruges une ville côtière dont le port estZeebruges. Les deux ensembles sont reliés depuis 1907 par lecanal Baudouin, d'une longueur de 12 kilomètres.
La ville est toujours traversée par une rivière, laReie, qui est aujourd'hui canalisée dans Bruges[6].
Bruges a joué un rôle important au Moyen Âge, époque au cours de laquelle les riches marchands de la ville relient la Baltique et la Méditerranée, point fort de laspécificité brugeoise au Moyen Âge.
Bruges apparaît auIXe siècle en tant que place forte ducomté de Flandre. Bruges apparaît auMoyen Âge en tant que place fortifiée située le long d'un bras de mer, leZwin.Baudouin, vassal du roi carolingienCharles le Chauve, y habitait avecJudith, la fille de celui-ci qu'il avait enlevée. Pour prévenir de nouvelles querelles, le roi avait envoyé son vassal Baudouin en pays flamand où une population peu nombreuse craignait les invasions normandes qui ravageaient le littoral (Thérouanne,Dixmude,Saint-Omer,Gand…).
Baudouin fonde lecomté de Flandre et étend son domaine de la région côtière jusqu'à l'Escaut et l'Artois. Il fait construire la place forte de Bruges en utilisant notamment les pierres de la cité d'Oudenburg[7]. Nous trouvons le nom de Bruges pour la première fois vers875 sur une pièce de monnaie.
Bruges n'est donc auIXe siècle qu'un rempart avec château et chapelle sur la place où s'élève à présent leBurg (la place du Bourg). Au Burg s'ajoutent un marché, une cour de justice et quelques routes qui mènent à la côte ou à l'intérieur du pays. Des navires viennent y accoster. Ils pénètrent dans l'embouchure du Zwin entre les bancs de sable et la côte flamande. Ainsi Bruges se développe également comme centre commercial.
En928, Bruges obtient le statut de ville, mais elle n'apparaît alors sur aucune carte. La ville est mentionnée sur un document racontant le transfert d'un crucifix en or vers Bruges, peut-être par peur des incursions vikings et laissant donc penser que Bruges était une ville plus sûre, ce qui laisse supposer des fortifications et une garnison.
Dans les années 1000, le Burg devient un port. Les attaques des Vikings cessent, l'artisanat et le commerce se développent, les murs de la ville et des canaux sont construits. Les comtes de Flandre confient le château de Bruges à des châtelains qui tentent de rendre la fonction héréditaire :
Forte de son indépendance communale symbolisée par sonbeffroi, Bruges devient une plaque tournante portuaire, commerciale et financière de l'Europe duMoyen Âge, reliant les pays de lamer du Nord et de laBaltique à laMéditerranée. Les riches marchands brugeois traitent avec ceux de toute l'Europe. Lapremière bourse de valeurs de l'histoire est créée à Bruges auXIIIe siècle.
Le 18 mai1302, lors desMatines Brugeoises, la population de la ville se révolte contre l'occupation française en assassinant les partisans du Roi de FrancePhilippe le Bel ainsi que la garnison française, puis se rallie au comte de FlandreGui de Dampierre et son fils aînéRobert emprisonnés depuis 1300 par le Roi de France. Deux mois plus tard, la ville prend part à la victoire flamande de labataille des éperons d'or, contre le Roi de France.
Untournoi est donné à Bruges le 11 mars 1392, où se dispute un combat entre Jean IV van der Aa, seigneur de Gruuthuse et le seigneur Gérard de Ghistelles, seigneur deWasquehal[8]. Ce tournoi se dispute sur la grande place de Bruges, avec d'un côté les 49 chevaliers de Jean de Bruges et 48 du côté de Gérard de Ghistelles[9]. Le nom de Jean de Bruges est devenu célèbre dans la chevalerie, par ce tournoi qu’il donne à Bruges. À la suite de ce tournoi,René d'Anjou composera pourLouis de Bruges, fils de Jean IV van der Aa, unTraité des tournois dans lequel il réunit les lois, règlements, usages, cérémonies et détails observés dans ces exercices. C’est sans doute pour en conserver le souvenir que Bruges institue, à partir de 1417, les joutes ou tournois de la société dite « de l’Ours blanc », dont le chef, ou plutôt celui qui y remportait le prix de valeur et d’adresse, était pendant l’exercice de ses fonctions, qui durait un an, qualifié de « Forestier », en mémoire des anciens gouverneurs de la Flandre, que les rois de France avaient revêtus de ce titre.
Durant cette époque faste, certains riches marchands ont pris possession des marais entourant Bruges depuis le raz-de-marée et imposaient une taxe de passage pour ceux qui voulaient entrer ou sortir de la ville. Ces commerçants ont gardé le nom de leur position tels les « van Hollemeersch » – littéralement « De (van) l'entrée (Holle) des marais (Meersch) » – qui possédaient les marais du sud, sud-est. Les différentes invasions et changements de « nationalité » (Espagne, Autriche, France, etc.) ont altéré le nom d'origine et l'on trouve maintenant des van Allemeersch et des noms qui ont perdu la particule (Hollemeersch, Vanhollemeersch, etc.)
À la fin duXVe siècle, la baie duZwin s'ensable progressivement et la liaison directe entre la ville et la mer est rompue. La Cour de Bourgogne quitte Bruges et l'empereurMaximilienIer restreint les droits de la ville.Anvers, qui bénéfice au contraire d'un accès à la mer privilégié grâce à sa position sur le fleuve Escaut, devient la ville dominante des Flandres, toujours sous domination étrangère. La ville de Bruges s'appauvrit et passe sous domination espagnole.
Des soldats allemands font ostensiblement traverser la Grand-Place de Bruges à des prisonniers de guerre anglais, mi-juillet 1917 (soldats capturés lors de l'attaque de la division d'infanterie de marine sur l’Yser, le 11 juillet 1917).
Les sections de la commune de Bruges : I : Bruges ; II : Koolkerke ; III : Saint-André ; IV : Saint-Miche; V : Assebrouck ; VI : Sainte-Croix ; VII : Dudzele ; VIII : Lissewege Communes voisines : a.Blankenberghe ; b.Zuyenkerque ; c.Jabbeke ; d.Zedelghem ; e.Oostkamp ; f.Beernem ; g.Damme ; h.Knokke-Heist.
En1971, la commune de Bruges afusionné avec d'autres communes pour former une nouvelle entité. Désormais, la ville de Bruges se compose de huit municipalités associées. Six d'entre elles ont un caractère urbain : Bruges,Saint-André,Saint-Michel,Assebrouck,Sainte-Croix etKoolkerke ; et deux ont un caractère rural :Dudzele etLissewege.
Voici les sections (deelgemeenten) de la commune :
Bruges héberge leCollège d'Europe, une école qui prépare des étudiants d'une soixantaine de pays à une carrière auprès des institutions européennes[15].
Graphique de l'évolution de la population de la commune (la commune de Bruges étant née de la fusion des anciennes communes de Bruges, deKoolkerke, deSaint-André, deSaint-Michel, d'Assebroek, deSint-Kruis, deDudzele et deLissewege, les données ci-après intègrent les huit communes dans les données d'avant 1977.
Source : INS - De : 1831 à 1981 = recensement de la population au 31 décembre ; depuis 1990 = population au1er janvier[19]
1971 : rattachement de Assebroek, Dudzele, Koolkerke, Lissewege, Sint-Andries, Sint-Kruis et Sint-Michiels et territoires de Heist, Loppem et Oostkamp; remise d'un territoire à Oostkerke (+ 95,54 km2 avec 65.903hab.)
Les principaux musées de Bruges, remarquables par leur importance historique et culturelle, sont tous des musées communaux ; une structure spécifique regroupe ces onze musées communaux historiques : leBruggemuseum (leur appartenance est abrégée de cette manière : Bgm).
Historium, sur la place Markt, sorte de musée racontant l'histoire de la rencontre de l'assistant de Van Eyck et de sa rencontre avec son épouse, dans un parcours guidé fait de décors, d'automates et de vidéos. À ne pas confondre avec l'Historium, ancien musée de cire à bruxelles.
Les deux tours à poudre (poertorens) et les anciennes portes conservées : laSmedenpoort, laEzelpoort, laKruispoort et laGentpoort. LaBoeveriepoort, laDampoort et laKatelijnepoort n'existent plus.
Si Bruges est devenue une des cités les plus touristiques d'Europe, c'est un peu au poètesymboliste belgeGeorges Rodenbach (1855-1898) qu'elle le doit, même si l'écrivain, devenu célèbre du jour au lendemain grâce àBruges-la-Morte (1892), chef-d'œuvre dusymbolisme, n'a jamais vécu dans la ville dont il a assuré la renommée littéraire. À une époque où l'idée de protection et de promotion du patrimoine était encore peu répandue, Georges Rodenbach a mis tout son talent d'écrivain pour prôner la mise en valeur du patrimoine brugeois : « Il y a de l'atavisme dans les œuvres et l'hérédité, ici aussi, explique mon amour pour cette Bruges admirable, que je serais heureux d'avoir assurée d'un peu de gloire auprès des esprits artistes de la France ».
À qui profite le kir ?[27] deGaël Dubreuil un thriller apéritif dont une partie importante de l'intrigue se passe à Bruges (en tant qu’ancienne capitale de la Bourgogne) et dont la légende des amoureux duMinnewater tient une place centrale.
C'est le célèbrelac des amoureux à Bruges. La légende raconte qu'un fidèle amant enterra sa promise et déversa les eaux pour former un lac au-dessus de sa tombe.
C'est une peinture d'Hans Memling en forme d'église. Elle raconte l'histoire desainte Ursule qui promit de se marier avec un homme en échange de sa conversion. Elle décida ensuite de faire unpèlerinage àRome, qu'elle fit avec son mari, accompagnée par 10 000 jeunes filles. Cependant, elle fut prise en embuscade à son retour et fut tuée, comme son mari, d'une flèche. Ce qui explique pourquoi on la voit en mariée tenant une flèche à la main sur la première peinture de lachâsse.
Du vieux flamandgruuthuse qui signifie « maison des herbes » et provient du métier de son habitant, un marchand d'herbe aromatique, legruit, destinée à la fabrication de la bière et dont il détenait le monopole commercial.
Elle fut aussi la demeure des seigneurs de Gruuthuse, dont Louis Gruuthuse qui fut notamment chambellan du Roi de France. Au-dessus du portail d'entrée se trouve la devise de la famille « Plus est en vous… » Au-dessus de la porte d'entrée principale de la maison, se trouve la statuette d'un chevalier, qui rappelle le premier statut de Louis Gruuthuse.
À l'origine, seule la famille Gruuthuse vendait du gruit. Devant le nombre d'autres commerçants voulant vendre cette herbe ils changèrent de stratégie et permirent aux autres marchands d'en vendre mais en prélevant une taxe sur sa vente, ce qui fut économiquement beaucoup plus intéressant.
Cette maison est aujourd'hui un musée consacré à la vie duMoyen Âge, où est exposé du mobilier d'époque.Elle se trouve à côté de l'église Notre-Dame, où la famille Gruuthuse disposait d'une loge particulière à laquelle ils avaient un accès privé depuis leur maison, ce qui était pour l'époque tout à fait exceptionnel.
Bruges - Sensibilisation aux déchets plastiques jetés dans la mer.
Panorama de la ville pris du beffroi (2009).Panorama de 360° du 't Zand.Vue sur leGroenerei (au centre) et leRozenhoedkaai (Quai du Rozenhoed, à droite).Vue duRozenhoedkaai.LeSpiegelrei et leLangerei.Extérieur du béguinage.
↑Sylvie Brunel,La Planète disneylandisée. Pour un tourisme responsable. Chroniques d'un tour du monde, éditions Sciences humaines, 2006 ; nouvelle édition enrichie, 2012[1].
↑C'est-à-dire en 2ème position quant à lasurfréquentation sur le plan européen, après Dubrovnic en Croatie (1 habitant pour 36 touristes),statista.com, 12 juin 2023 : "Surtourisme Europe"[2].
↑Gaël Dubreuil,À qui profite le kir ? : thriller apéritif, Villeurbanne, Ao éditions,, 208 p.(ISBN978-2-913897-42-7), ao-editions.com/documents/kir_debut.pdf.