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Labroigne oubrogne est une défense corporellecarolingienne, métallique, protégeant lethorax[1]. Son existence est attestée dans les écrits, mais aucune trouvaille archéologique ne permet de savoir ce que recouvre exactement le terme[2].
Les broignes furent utilisées jusqu'au début duXIVe siècle, voire à la fin duXVe siècle enHainaut (français et belge)[réf. nécessaire].
Broigne est d'abord mentionné sous la formebronie dans l’un des plus vieux textes de la langue française (Vie de saint Alexis, 83a,XIe siècle), puisbrunie dans laChanson de Roland (ligne 1372,XIe siècle), enfinbroigne dès 1130 - 1160, cependant lesgloses de Reichenau atteste du mot sous la formebrunia dès leVIIIe siècle[3].
Il s'agit d'un emprunt auvieux bas francique que l’on restitue sous la forme*brunnia ou*brunnjā au sens possible de « protection en cuir pour la poitrine du combattant »[4],[3] et que l'on peut déduire duvieux haut allemandbrunia /brunna /brunnī « cotte de mailles, armure, protection » (> allemand moderneBrünne), duvieux saxonbrunnia, dumoyen bas allemandbronnie, de l'anglo-saxonbyrne « cotte de mailles, armure, protection », ainsi que du vieux noroisbrynja « cotte de mailles, armure, protection, plastron »[3],[5]. L'étymonproto-germanique*brunjǭ possédait vraisemblablement le sens général de « protection pectorale, plastron ».
Le terme germanique lui-même est peut-être un emprunt auceltique (gaulois)brunnio- /brunnio- « poitrine, sein » cf. vieil irlandaisbruinne « poitrine, sein » >*brunia >bronia « poitrine », avec évolution sémantique parmétonymie de « poitrine » à « cuirasse de poitrine »[6]. La mot gaulois se perpétue dans les dialectes français et langues régionales : Mainebronne « téton » /broner « téter » ; Normandiebrongnes « mamelle » ; Berryabron « téton »[6].
Faute de trouvaille archéologique, on ne sait pas à quoi correspond exactement une Broigne. Cependant, de nombreuses armures métalliques sont représentées sur les sculptures,psautiers, ou miniatures de l'époque. Il existe donc plusieurs hypothèses.
Aujourd'hui, les représentations longtemps populaires telles que la broigne d'anneaux plaqués, la broigne de cuir cloutée et la cotte de plaque sont considérées comme n'ayant pas eu d'existence historique[2].
Lalorica squamata, ou armure d’écailles, était le modèle de broigne le plus courant dans l’Empire romain. Dans ce type de défense, le haut des plaquettes métalliques était cousu sur un cordon, lui-même cousu sur une chemise.Les plaquettes se recouvraient les unes les autres (à la manière de tuiles) et offraient une surface continue de protection. Les macles n’étant pas maintenues par le bas, ce système était très sensible au coup de pointe. Par contre il était léger, facile à réparer et très souple (confort du combattant)[7].
D'autres cottes de plaques sont créées ailleurs dans le monde et à d'autres époques. Elles sont constituées le plus souvent de fer, d’acier, de cuir laqué (Proche-Orient etOrient). L’écaille de tortue, le bois ou des plaquettes d’os ont aussi été utilisés quoique plus rarement[8].
Labrigandine était un type de d'armure utilisée de la fin duXIVe au début duXVIIe siècle. Elle était constituée de plaquettes de fer rivées entre elles, prises entre deux couches de tissu. Les rivets traversaient aussi le tissu (ou cuir) du vêtement en général de façon décentrée (rivets gay). Le fait d’utiliser des rivets gay permettait aux macles de jouer entre elles afin de donner un peu de souplesse à l’ensemble. Les macles étaient souvent noircies ou étamées pour augmenter leur résistance à larouille. Le vêtement servant de support était une sorte de gilet généralement sans manches. Ce système était relativement peu coûteux par rapport à un corselet (protection rigide du thorax fait de deux à six ou sept plates). Il était pratiquement aussi résistant, et plus imperméable. Cependant, il était aussi moins confortable qu’un corselet (rigidité) et plus lourd (pour pouvoir être rivées entre elles, les macles se chevauchaient, entraînant de lourdes épaisseurs supplémentaires). Les macles n’étant pas accessibles directement (entre les deux couches de tissu), l’entretien pouvait aussi poser un problème. Par contre les réparations d’urgence étaient relativement aisées.
Les cataphractaires et lesClibanari (ou clinbabarii) étaient des corps de « cavalerie lourde » d'origineSarmato/Alains protégés par une cotte d'écailles quasi complète nomméecataphracte.
Leslinothorax sont apparus en Grèce vers la fin duVe siècle av. J.-C. Ils étaient constitués de couches de lin entrecollées. Ils existaient aussi en tant quejaques. Elles dérivent descataphractes.
AuXIe siècle, le célèbre jeu d'échecs dit deCharlemagne[9] montre un cavalier et un fantassin (pion) vêtus d'armures à éléments carrés, qui ont influencéViollet-le-Duc pour sa proposition de restitution de Broigne.
Ce vêtement militaire, la broigne ou brogne, a donné naissance à des noms de familles nobles issus de prononciation locale en particulier dans le Lot et Lot-et-Garonne comme[Information douteuse]Labrunhie, Labrunie, etc[réf. nécessaire]. Ici les traces restent encore visibles sur des noms de communes : Lieu-dit Labrunie (47370 Bourlens), Lieu-dit Labrunie (24200 Vitrac) etc.Les origines de ce patronyme remonteraient aux alentours duXIIe siècle, où la vocation militaire de la noblesse commençait à être renforcée et à s’affirmer par une évolution de l’art militaire souvent pratiqué par ces derniers selon les règles de la chevalerie[réf. nécessaire].
Il a aussi donné son nom à ceux qui le fabriquaient ou le portaient commesobriquet, devenu noms de familles sous les formes, selon les régions :Brognier,Brongnier,Brogniart,Broignart,Brongnard,Brongniard,Brougnard, etc.[10].
Il fut même confondu et pris très longtemps par certains généalogistes pour un prénom. On sait à présent que c'était une erreur : longtemps des familles de noblesse immémoriale et militaire, dont lamaison de Haynin (nord de la France et Belgique), portèrent ce surnom parce qu'ils se vêtaient de cette protection corporelle militaire.
On trouve chez ces seigneurs de Haynin, ce surnom jusqu'en 1476[11] :
Nous sommes donc bien largement postérieurs auXIVe siècle, puisque 1476 est la troisième partie duXVe siècle.Le chroniqueur est en lui-même une référence, étant spécialement connu pour avoir laissé sesMémoires de Jean Sire de Hainin et de Louvignies et à avoir été le tout premier écrivain à utiliser le terme "wallon", particulièrement cher à nos amis hennuyers du côté belge.