LeBritish Museum (en français « Musée britannique », appellation couramment utilisée jusqu'auXXe siècle, mais devenue rare) est unmusée de l'histoire et de laculture humaine, situé dans le quartier deBloomsbury àLondres, auRoyaume-Uni. Ses collections, constituées de plus de sept millions d’objets, sont parmi lesplus importantes du monde et proviennent de tous les continents. Elles illustrent l’histoire humaine de ses débuts à aujourd'hui.
Le musée a été fondé en 1753 et ouvert au public en 1759. Son statut actuel denon-departmental public body lui permet d’être financé par ledépartement de la Culture, des Médias et du Sport. Le British Museum compte six millions de visiteurs par an et s'affiche comme le site touristique le plus fréquenté de Grande-Bretagne. Comme dans la plupart des musées et galeries d’art du Royaume-Uni, l’entrée est gratuite, à l’exception de certaines expositions temporaires ; les dons sont encouragés.
Le buste deHans Sloane en vitrine au British Museum.
LeBritish Museum est créé en 1753, notamment à partir de l'immense collection de 71 000 objets[2] léguée par le riche médecin et scientifiquesir Hans Sloane[3],[4].
Le musée est ouvert au public le à laMontagu House àBloomsbury, au même emplacement qu'aujourd'hui ; il compte alors quelque 80 000 objets. Les collections s’enrichissent notamment avec les contributions ducapitaine Cook, et deWilliam Hamilton, archéologue et diplomate britannique.
En 1865, un nouveau bâtiment est construit rueGreat Russell dans le quartier deTottenham Court, pour remplacer l'ancien (Montagu House). Le bâtiment comporte une vastesalle de lecture dans laquelle nombre d'écrivains, philosophes et savants illustres ont travaillé, commeKarl Marx ouCharles Dickens.
Les collections d’histoire naturelle furent déplacées dans un nouveau musée (musée d'histoire naturelle de Londres,Natural History Museum) àSouth Kensington en 1880. Jusqu'en 1997, le British Museum hébergeait dans le même bâtiment le musée et la bibliothèque nationale : depuis lors, laBritish Library est située près de lagare de Saint-Pancras). Enfin en décembre 2000 est ajoutée la « Grande Cour[5] ».
La plus importante exposition provisoire hébergée par le British Museum au long de son histoire est celle intitulée « The First Emperor: China's Terracotta Army », du à, qui a rassemblé 120 objets et 12 soldats de terre cuite provenant dumausolée deQin Shi Huang, le premierempereur de Chine[6]. Cette exposition a fait du musée l’attraction culturelle la plus visitée du Royaume-Uni en 2007 et 2008[7],[8].
En août 2020, à la suite du mouvement de protestationBlack Lives Matter, le British Museum retire de son piédestal le buste de son fondateur,Hans Sloane, médecin et naturaliste enrichi grâce aux plantations esclavagistes de son épouse. Le buste est depuis exposé dans une vitrine en rappelant ses activités. Selon le directeur du musée, Hans Hartwig : « Nous l'avons retiré de son piédestal où personne ne le regardait pour le placer sous le feu des projecteurs »[4].
Le Smirke Building fut conçu par sirRobert Smirke dans unstyle néoclassique, et l'idée développée en 1823 ; la construction s'est achevée près de trente ans plus tard. Construit au départ pour abriter la bibliothèque personnelle du roiGeorge III, ce nouveau bâtiment de forme carrée est situé au nord de Montagu House. L'aile sud du Smirke Building a finalement remplacé la vieille maison.
L'Aile blanche, conçue par l'architecte John Taylor, fut ajoutée trente ans plus tard. Les galeries du roiÉdouard VII, qui sont une addition dans le styleArt nouveau, devinrent partie intégrante du musée en 1914.
Les ailes contenant les collections sont situées autour de laGrande CourElizabeth II, qui est la plus grande place couverte d'Europe[10]. Elle a été conçue parFoster and Partners qui a gagné le concours lancé en 2000 dans trois buts : révéler les espaces cachés, repenser les anciens espaces, en créer de nouveaux.Norman Foster s'inspire de sa création pour leReichstag deBerlin pour le toit. La cour est inaugurée le 6 décembre 2000 par la ReineElisabeth II[11].
Jeunes visiteurs devant la pierre de Rosette, en 1985.Affluence devant la pierre de Rosette, désormais en vitrine (2014).
LeBritish Museum héberge une des premières collections mondiales d'art de l'Égypte antique, avec des objets provenant de toutes périodes.
Les sept galeries égyptiennes permanentes du musée exposent seulement 4 % des objets conservés. La salle 4, la plus grande, abrite des pièces de sculpture monumentale et d’architecture pharaoniques, souvent couvertes d'hiéroglyphes.
Beaucoup d’autres aspects de la culture égyptienne antique sont représentés : les sarcophages et les momies, mais aussi des meubles, bijoux et autres objets trouvés dans les sépultures. Ils reflètent la pratique des enterrements somptueux pour les plus riches, dont les familles royales et les représentants du gouvernement[12].
Quelques pièces remarquables :
Fresque de l'Étang dans un jardin de la tombe de Nebamoun, Louxor, vers -1350.
Le département possède les plus vastes collections d’antiquités hors d’Italie, depuis leChalcolithique jusqu'aux premières civilisationsitaliques et lacivilisation étrusque, ainsi que nombre de témoignages sur lacivilisation ancienne de Chypre et des colonies barbares deLycie et deCarie en Asie Mineure. Il présente également plusieurs vestiges de l'époque de laRépublique romaine, mais son point fort est la variété des artefacts antiques provenant de tout l’Empire romain, à l’exception toutefois de la Grande-Bretagne (qui forme le cœur des collections du département de la Préhistoire en Europe).
Les collections du département de la Grèce antique et de Rome sont réparties dans différentes pièces du musée, mais les principauxvestiges architecturaux et monuments sont au rez-de-chaussée, à travers les galeries 5 à 23. Au premier étage, les galeries contiennent des objets de taille plus modeste, provenant aussi bien d'Italie et de l’Empire romain, que de Grèce et de Chypre.
Le noyau de la collection s’est constitué autour du legs d’objetsmésopotamiens deC. J. Rich en 1825. Puis cette collection s’est considérablement enrichie avec le produit des fouilles d'A. H. Layard sur les sitesassyriens deNimrod et deNinive entre 1845 et 1851. À Nimrod, Layard avait mis au jour le palais du Nord-Ouest d'Assurnazirpal II, ainsi que trois autres palais et divers temples ; par la suite il découvrit le palais deSennachérib à Ninive, qui ne comportait « pas moins de71 salles ». Grâce à ces recherches, un grand nombre delammasu, de bas-reliefs et destèles, y compris l’obélisque noir deSalmanazar III, se trouvent aujourd'hui au British Museum.
Les fouilles de Layard furent poursuivies par son assistant,Hormuzd Rassam et en 1852–1854, ce dernier localisa le palais du Nord d’Assurbanipal à Ninive et y mit au jour de magnifiques bas-reliefs, notamment une célèbre scène de chasse royale au lion. Il découvrit aussi la « bibliothèque d'Assurbanipal », collection detablettescunéiformes d’une importance historique énorme dont on a recensé 130 000 pièces.W. K. Loftus a effectué des fouilles à Nimrod entre 1850 et 1855 et a mis la main sur un lot destatuettes d'ivoire dans le palais incendié. De 1878 à 1882 Rassam a continué d'enrichir les collections du Musée par une multitude de vestiges, parmi lesquels leCylindre de Cyrus trouvé àBabylone, les portes en bronze deBalawat, et une belle collection de bronzes d’Urartu provenant deToprakkale.
Bien que les collections concernent principalement la Mésopotamie, la plupart des régions voisines sont bien représentées. La collectionAchéménides a bénéficié de l’incorporation duTrésor de l'Oxus en 1897 et des objets mis au jour par l’universitaire allemandErnst Herzfeld et l’explorateur britannique d'origine hongroiseAurel Stein. SirGore Ouseley (1825) et lecomte d'Aberdeen (1861) ont fait don au musée de bas-reliefs et de sculptures provenant du site dePersépolis. En outre, le musée a pu faire l’acquisition de l’un des plus grands assortiments d'argenterie achéménide au monde. De l’Empire sassanide tardif, on peut admirer des plats et coupes d'argent ciselés, dont une grande partie représente les princes chassant le lion et le cerf. Les antiquités phéniciennes sont de provenances très diverses, mais les colonnes deTharros (Sardaigne) et les multiples stèles phéniciennes deCarthage sont d’un art admirable. Lesantiquités yéménites du musée, souvent dédaignées du public, constituent pourtant l'un des plus beaux témoignages de cette civilisation hors de la péninsule Arabique. Enfin, le musée s'enorgueillit d’un fonds considérable de vestiges de la civilisation deDilmun et de l'Empire parthe, tirés des tumulus d’A'ali et de Shakhura auBahreïn.
Les quelque40 bustes funéraires proviennent presque tous dePalmyre enSyrie, et d'un groupe debas-reliefs tirés des excavations deMax von Oppenheim autell Halaf dont le musée a fait l’acquisition dans les années 1920. Les fouilles deMax Mallowan auxtells de Tchagar et deBrak en 1935-1938, et celles de Woolley àAlalakh dans lesannées 1940 ont permis de compléter les connaissances sur la Syrie antique. Après la guerre, Mallowan et sa femmeAgatha Christie sont retournés à Nimrod et ils en ont rapporté au musée de belles pièces en ivoire gravé. La collection d'art philistin a pu être enrichie grâce aux fouilles menées parKathleen Kenyon àJéricho dans lesannées 1950 et à l’acquisition en 1980 de près de 17 000 objets trouvés àHevel Lakhish par l'expédition Wellcome-Marston de 1932-1938. Les fouilles archéologiques se poursuivent partout où c'est encore possible au Proche-Orient : selon la situation militaire du pays, le musée continue de recevoir des vestiges provenant de sites commeTell es Sa'idiyeh(de) en Jordanie.
La collection d’art islamique du musée représente près de 40 000 objets[15], ce qui en fait l'une des plus grandes au monde : elle comporte une multitude de céramiques, d'objets peints, de briques, de vestiges en métal, de verrerie, de sceaux et des inscriptions provenant de l'ensemble du monde islamique, de l’Espagne à l’Inde. Le British Museum est particulièrement renommé pour sa collection de céramiques d’İznik (la plus grande au monde), ainsi que quelques artefacts remarquables comme la lampe de mosquée dudôme du Rocher ; leVaso Vescovali, récipient en métal représentant les constellations duzodiaque ; un choix d’astrolabes et depeinture moghole ou la grande tortue en jade d'Allahabad exécutée pour l’empereur Djahângîr. Des milliers d’objets ont été dégagés après la guerre par les archéologues responsables des sites iraniens deSiraf (David Whitehouse(en)) et de la forteresse d’Alamut (Peter Willey). La collection s’est enrichie en 1983 d’objets d’Iznik et defaïence hispano-mauresque et proto-iranienne grâce aulegs Godman. Les artefacts du monde islamique sont exposés dans la galerieno 34 du musée.
Les treize galeries du département du Moyen-Orient ne présentent qu'un choix des pièces archéologiques les plus significatives, soit 4 500 objets. Une enfilade de salles du rez-de-chaussée est consacrée aux bas-reliefs sculptés des palais assyriens de Ninive, de Nimrod et de Khorsabad, tandis que les artefacts duMoyen-Orient sont répartis dans8 galeries du premier étage. La réserve contient des vestiges de taille généralement plus petite, allant de billes à des sculptures, et environ 130 000 tablettescunéiformes de Mésopotamie[16].
La section Asie est constituée de plusieurs ensembles. La plus grande salle présente un groupement d'œuvres de toute l'Asie :Chine, mais surtoutInde etAsie du Sud-Est, puis d'autres salles sont plus spécifiquement conçues pour leJapon, laCorée et une salle en particulier conserve une immense collection decéramiques chinoises récoltées par sir Percival David.
Les collections ethnographiques d'Asie couvrent tout le continent, le Proche-Orient, l'Inde, la Chine, le Japon. Une grande partie du matériel ethnographique provient de cultures tribales de chasseurs-cueilleurs, dont les modes de vie ont pour la plupart disparu au siècle dernier. De précieuses collections proviennent des îlesAndaman et Nicobar, duSri Lanka, du nord de laThaïlande, du sud-ouest de la Chine, desAïnous deHokaidu au Japon, deSibérie et des îles de l'Asie du Sud-Est, commeBornéo, et un groupe unique d'objets deJava, dont des marionnettes d'ombres et un décor musical degamelan.
La principale galerie consacrée à l'art asiatique est la galerie 33, avec son exposition complète d'objets chinois, du sous-continent indien et de l'Asie du Sud-Est. Une galerie adjacente présente les sculptures et monumentsAmaravati. D'autres galeries aux étages supérieurs sont consacrées aux collections japonaises, coréennes, de peinture et de calligraphie, et de céramiques chinoises.
Dans cette section, le musée héberge une grande collection d'objets de l’Afrique subsaharienne. Il y a aussi des œuvres des îles du Pacifique (Micronésie,Mélanésie etPolynésie) et desMaoris de la Nouvelle-Zélande, mais pas l'art des aborigènes de l'Australie, qui est traité comme une culture séparée. Les collections des Amériques sont des cultures précolombiennes. Le musée a la chance d'avoir quelques-unes des collections océaniques les plus vieilles ; elles ont été rassemblées par les membres des expéditions deJames Cook et deGeorge Vancouver, ou par les administrateurs coloniaux, avant l'influence significative de la culture occidentale sur les cultures indigènes.
La salle 71 est dédiée au mondeétrusque. Les premiers éléments achetés par le British Museum sur la thématique étrusque datent de 1837 et concernent des sarcophages et divers objets qui étaient exposés à l'exposition de Pall Mall desfrères Campanari[20]. Le musée conserve aujourd'hui des objets en provenance deCære, notamment desplaques de terre cuite[21].
Le département de la Préhistoire et d'histoire européenne a été institué en 1969 : il rassemble des collections recouvrant un grand intervalle de temps et d'espace, puisqu'il contient aussi bien les plus anciens artefacts humains d’Afrique orientale (vieux de plus de 2 millions d'années), que des objetspréhistoriques et néolithiques du monde entier, ou les objets d'art et les témoignages archéologiques de l’Europe depuis la Préhistoire jusqu'à l'époque contemporaine.
En outre, les collections du British Museum relatives à la période qui s’étend desgrandes invasions au Moyen Âge sont parmi les plus riches au monde : géographiquement, elles couvrent un territoire s’étendant de l’Espagne auPont-Euxin et de l’Afrique du Nord à laScandinavie ; depuis 2010, une sélection de ces collections a été présentée dans une galerie entièrement rénovée. Les collections les plus riches de la périodeviking sont celles deJohann Karl Bähr pour l'histoire balte (Lettonie), d’Alfred Heneage Cocks pour laNorvège, de sir James Curle pour l’île deGotland et de Philippe Delamain pour lemonde franc ; mais le joyau des collections du haut Moyen Âge est sans conteste le trésor de la sépulture royale deSutton Hoo, léguée à la nation britannique parEdith Pretty, propriétaire du site de fouille. Le département gère aussi la collection nationale d'horlogerie. Certaines des plus belles pièces viennent des fondsMorgan(en) etIlbert(en).
Le département assure par ailleurs la conservation des objetsbritto-romains : le musée détient de loin le plus grand nombre de vestiges en Grande-Bretagne, et il s’agit d’une des plus grandes collections d’histoire nationale derrière l’Italie, avec un très grand nombre de pièces d’argenterie duBas-Empire, la plupart provenant d’East Anglia, comme letrésor de Mildenhall. Plusieurs objetsbritto-romains, qui ont longtemps été le clou de la collection, ont été achetés à l’antiquaireCharles Roach Smith en 1856.
Les onze volumes duCatalogue of Political and Personal Satires Preserved in the Department of Prints and Drawings in the British Museum[26], composé entre 1870 et 1954 est l'ouvrage de référence pour l'étude des estampes satiriques du British Museum.
En 2011, un don d'un million de livres permet au musée d'acquérir une collection complète de la sérieSuite Vollard dePablo Picasso[27].
Le British Museum abrite l'une des plus belles collections numismatiques au monde, comprenant environ un million d'objets, dont des pièces de monnaie, des médailles, des jetons et du papier-monnaie. La collection couvre toute l'histoire de la monnaie depuis ses origines, duVIIe siècle av. J.-C. à nos jours, couvrant tout à la fois l'Orient et l'Occident. Le département des monnaies et médailles a été créé en 1861[28].
Ce département a été fondé en 1920. La conservation compte six domaines spécialisés : la céramique et le verre ; les métaux ; les matières organiques (y compris textiles) ; la pierre ; les peintures murales et mosaïques ; l'art pictural. Le département des sciences[29] est chargé de dater les objets et d’identifier les matériaux utilisés dans leur fabrication, les lieux où les objets ont été fabriqués et les techniques utilisées pour les créer. Il publie régulièrement les résultats de ses travaux.
Le musée a fait face à de nombreuses controverses au fil des années. Certains objets de sa collection, tels que lesmarbres du Parthénon et lesbronzes du Bénin, font l'objet de demandes de restitution. Le nettoyage des marbres du Parthénon parJoseph Duveen dans les années 1930 qui a détruit leur surface d’origine, y compris leurs pigments est une autre controverse[30]. En 2023, il a été révélé que près de 2000 objets de la collection du musée avaient été volés sur une période de vingt ans, ce qui a conduit le musée à faire face à une crise historique[31]. Le scandale a mené à la démission du directeur[32].
Anna Vondracek,La transformation managériale dans les musées : une étude comparée du changement au British Museum et au musée du Louvre à travers l'analyse des usages d'études de publics, Institut d'études politiques, Paris, 2008,121 p. (mémoire de master recherche).