Grâce au succès deGreetings, Brian De Palma commence à travailler pour les grands studios hollywoodiens. Sa carrière qui alterne succès et déceptions, est émaillée de beaucoup de projets non réalisés. Il connaît ses premières réussites commerciales avecPhantom of the Paradise,Carrie au bal du diable ouPulsions. Dans les années 1980 les filmsScarface etLes Incorruptibles sont de grands succès, tandis queL'Impasse, dans les années 1990, est un relatif échec commercial mais un succès critique. Par la suiteMission impossible lui permet de reprendre un certain pouvoir dans l'industrie hollywoodienne.
Stylistiquement, si ses premiers films sont basés sur beaucoup d'improvisation, sa première période hollywoodienne est marquée par l'influence d'Alfred Hitchcock, dont il s'inspire sur certains points de réalisation. Brian De Palma est aussi connu pour son utilisation régulière duplan-séquence, figure dont le choix peut s'expliquer comme une réaction de méfiance face aux documents audiovisuels concernant laguerre du Viêt Nam et l'assassinat de John F. Kennedy, expériences qui ont marqué sa génération.
La gare dePhiladelphie où se déroule une séquence deBlow Out. Philadelphie est la ville où Brian De Palma a passé une grande partie de sa jeunesse.
Brian Russell De Palma naît le àNewark dans l’État duNew Jersey. Il est le fils d'Anthony De Palma, un chirurgien orthopédiste d'origine italienne et de Vivienne Muti, femme au foyer[2],[3] qui aurait aimé faire une carrière decantatrice[4]. Bien que ses parents soient des catholiques italiens, Brian De Palma est baptisé dans une églisepresbytérienne[5]. Il grandit ensuite àPhiladelphie enPennsylvanie où ses parents déménagent lorsqu'il a cinq ans[4] puis dans leNew Hampshire. Ses parents souhaitant s'intégrer à la société où ils vivent, les enfants sont élevés« comme n'importe quels protestants de la classe moyenne[5]. » Cela explique que, contrairement àMartin Scorsese, lui aussi italo-américain, De Palma ait peu filmé la communauté italienne envers laquelle il ne ressent pas d'appartenance forte[5].
Le jeune Brian de Palma fréquente notamment des écolesprotestantes ouquakers, dont laFriends' Central School près dePhiladelphie[3]. Ce type d'établissement fait participer les enfants à des réunions pour parler de la philosophie quaker : c'est là que s'est développé le fort sens moral du cinéaste[5]. Durant son enfance puis son adolescence, il est passionné par laphysique et l'électronique, aimant démonter des appareils pour comprendre leur fonctionnement. Il ne s'intéresse alors ni au cinéma ni à l'art en général[4].
La famille De Palma est désunie, ses parents se disputent beaucoup[5]. Le jeune Brian s'isole souvent dans sa chambre pour lire et s'abstraire de cette ambiance tendue. Ses parents encouragent l'esprit de compétition entre leurs trois fils[5]. Brian De Palma et son frère Barton (qui deviendra peintre[4]) grandissent dans l'ombre de leur frère aîné Bruce, adulé par leurs parents, qui deviendra un brillant scientifique[2],[5], faisant notamment ses études auMassachusetts Institute of Technology[4]. Adolescent, Brian remporte cependant un concours grâce à un mémoire sur« l'application de la cybernétique aux équations différentielles[4] » ce qu'il considère comme« une manière de défier Bruce sur son propre terrain » (Bruce ne sera que troisième à ce concours[5]).
C'est Brian De Palma qui provoque le divorce de ses parents, en1958[5]. Après que sa mère a tenté de se suicider en avalant des somnifères, elle apprend à son fils que son père la trompe. Elle sait que le caractère du jeune Brian, contrairement à ses frères, le poussera à passer à l'action[5]. Il décide d'amener à sa mère la preuve de l'infidélité de son père. Il essaye d'abord d'enregistrer ses conversations téléphoniques, puis il tente de le suivre, armé d'un appareil photo[5]. Il finit par arriver sans prévenir dans le bureau de son père et surprend le couple adultère[5]. Après cette révélation, ses parents se sépareront. Ils se remarieront tous deux et en seront très heureux par la suite, Brian De Palma expliquant« [qu']ils étaient faits pour vivre en ménage. Mais pas ensemble[5]. » Il jugera s'être fait manipuler par sa mère qui disait à ses enfants beaucoup de mal de son père[5]. Il regrettera l'éclatement familial consécutif au divorce :« Mes frères sont partis chacun de leur côté, il n'y a jamais eu d'endroit où nous pouvions nous réunir[5]. » Brian de Palma a déclaré que la famille où il est né lui a donné l'idée que la famille est« une structure où s'exerce manipulation et destruction de l'individu » et dit ignorer en conséquence à quoi correspond l'expression« cocon familial[5]. »
Brian De Palma commence en1958 des études desciences physiques à l'université Columbia àManhattan[6]. Il est prévu qu'il y étudie pendant deux ans avant de tenter d'entrer comme son frère ainé auMassachusetts Institute of Technology[4]. Mais Columbia est alors une université où lessciences humaines et l'enseignement de l'art ont une grande importance[4]. Brian De Palma intègre ainsi un milieu« qui parle de théâtre et de cinéma du matin au soir[6]. » Il découvre les films de laNouvelle Vague réalisés parJean-Luc Godard ouFrançois Truffaut, ainsi que les films deFederico Fellini ouLuchino Visconti[6]. Il voit aussiSueurs froides d'Alfred Hitchcock qui va beaucoup le marquer[4]. Sa formation scientifique initiale l'amène à se demander comment on fabrique un film, de quelle manière sont faits les films qu'il regarde et apprécie[4]. Il se réoriente et termine ses études à Columbia sur un diplôme deBachelor of Arts en1962[6]. Son père, désapprouvant cette réorientation, décide de cesser de financer ses études[7].
C'est pendant ses études à Columbia qu'il réaliseses premiers courts-métrages. Durant sa deuxième année, il est comédien dans plusieurs pièces mises en scène par des étudiants[6]. Comme certains de ces étudiants tournent des courts métrages, qu'il a acheté sa propre caméra16 mm pour 150 dollars[4] et qu'il a des connaissances en technique, un de ces étudiants lui demande de travailler commechef-opérateur sur son film. C'est ainsi qu'il se retrouve réalisateur de son premier court-métrage,Icarus. Un désaccord avec le metteur en scène (De Palma n'avait pas voté pour la pièce que l'autre soutenait pour le spectacle annuel) fait que l'équipe comme le réalisateur quittent le lieu de tournage[6]. Resté seul avec l'acteur, Brian De Palma décide de réaliser lui-même le film[6]. Son deuxième court métrage,660124: The Story of an IBM Card, très influencé parIngmar Bergman parle de déterminisme. Il dit en 2001 qu'il s'agissait d'un film assez prétentieux et qu'il ne s'en souvient plus très bien[6].
Son troisième court métrage,Woton's Wake (ouWotan's Wake[n 1]) remporte plusieurs prix[6], notamment celui de la fondation Rosenthal pour le« meilleur film réalisé par un cinéaste de moins de 25 ans[8]. » C'est grâce à ce prix qu'il pourra, par la suite, financer ses premiers longs métrages[9]. Dans ce film, qui raconte l'histoire d'un sculpteur dont une œuvre prend vie et qui la poursuit afin qu'elle redevienne sculpture, il place beaucoup de références aux films qu'il découvre à l'époque commeLa dolce vita ouLe Septième Sceau[9]. Le film est tourné de manière« très spontanée », avec peu de moyens et une équipe composée d'étudiants[9]. C'est sa première collaboration avecWilliam Finley qui jouera dans plusieurs de ses films par la suite, notammentPhantom of the Paradise[9]. Brian De Palma estime dans lesannées 2000 que, contrairement à ses deux premiers films qu'il juge« plus prétentieux, plus lourds et maladroits »,Woton's Wake, son meilleur court métrage, est drôle et absolument pas« académique[9] ». Brian De Palma a déclaré qu'aucun des courts-métrages qu'il a réalisés durant ses études n'a été financé par les établissements où il étudiait : ce sont« des films totalement indépendants [qu'il a] produits [lui]-même en trouvant de l'argent un peu partout, notamment en faisant des petits boulots, en empruntant, en suppliant, en volant[9] ! ».
Westlands House, le plus ancien et l'un des principaux bâtiments duSarah Lawrence College.
Brian De Palma intègre le comité qui s'occupe de monter des pièces de théâtre à Columbia[6]. Il organise alors une collaboration avec leSarah Lawrence College, uneuniversité d'arts libéraux. Il y est repéré par un professeur d'art dramatique,Wilford Leach. S'intéressant au cinéma, Leach obtient à De Palma une bourse pour venir étudier à Sarah Lawrence[6]. Il y passe« deux années formidables » entre1962 et1964, achevant ses études avec unMaster in Fine Arts[6]. Ce sont des années cruciales dans sa formation[7] : Brian De Palma considère que Wilford Leach a su voir son potentiel et lui a beaucoup appris[6]. Leach enseigne à De Palma ce qu'il ne peut apprendre par lui-même en réalisant des courts métrages sans argent : le travail sur le scénario, avec les acteurs, les décors[10]... C'est en référence à Wilford Leach qu'il nommera « Winslow Leach » le personnage principal dePhantom of the Paradise[11]. Il suit aussi, à Sarah Lawrence, les cours deJoseph Campbell dont il lit tous les livres et avec qui il discute beaucoup (la pédagogie de Sarah Lawrence favorise les tête-à-tête entre élève et professeur[12].
Durant ses années d'études, Brian De Palma est marqué par deux faits historiques importants : laGuerre du Viêt Nam qui éclate durant ses études à Columbia[6] et l'assassinat de John F. Kennedy. Pour lui comme pour la plupart de ses amis, la guerre du Viêt Nam n'a aucun sens[6]. Il ne croit pas à ce qu'en disent les politiques, il n'accrédite pas lathéorie des dominos[6]. Il fera d'ailleurs tout pour se faire réformer et échapper à laconscription, se prétendanthomosexuel, avalant n'importe quoi pour déclencher les nombreusesallergies dont il souffre, fumant pour se faire tousser, usant d'un certificat médical de complaisance et finalement affirmant aupsychiatre de l'armée qu'il estcommuniste[6]. Il n'ira donc pas combattre, et il estime en 2001 que seuls les noirs, les pauvres et les jeunes hommes qui voulaient réellement connaître la guerre (commeOliver Stone) s'y sont rendus, et qu'il ne connaît personne« d'un tant soit peu sensé » qui y soit allé[6].
John F. Kennedy dont l'assassinat est« une expérience fondatrice » pour la génération de Brian De Palma.
L'assassinat de John F. Kennedy le est selon De Palma« une expérience fondatrice » pour sa génération[13]. Non seulement à cause de l'assassinat en lui-même, mais aussi à cause de l'enquête et de l'importante couverture médiatique qu'elle a occasionnée et les différentes théories sur cet assassinat qui se sont développées[13]. Par la suite, Brian De Palma déclarera qu'il estime que si un événement est analysé par autant de gens, vu par autant de points de vue différents et qu'il occasionne autant de théories,« le seul résultat que l'on obtient, c'est une très grande ambiguïté. Plus vous enquêtez sur un événement, plus vous demandez l'avis à d'autres personnes autour de vous, plus la réalité devient élusive[13]. » Si l'enquête sur l'assassinat de Kennedy sera évoquée directement dans le filmGreetings (1968), le film tourné lors de cet assassinat parAbraham Zapruder inspireraBlow Out (1981) tandis que la multiplication des points de vue qui ne permettent pas de se faire une idée précise de la vérité se retrouve dansSnake Eyes en1998[13].
En1964, Brian De Palma tourne son premier long-métrage,The Wedding Party, coréalisé avec son professeurWilford Leach et Cynthia Munroe, une autre étudiante duSarah Lawrence College[14]. Il devait s'agir à l'origine d'unfilm à sketches sur l'amour en Amérique sur le modèle deL'Amour à 20 ans[14]. Plusieurs étudiants, parmi lesquelsUlu Grosbard ouJohn Hancock écrivent des sketchs mais seuls Cynthia Munroe, dont la famille est riche, et Brian De Palma trouvent les financements pour réaliser leurs segments et le projet s'arrête[14]. De Palma estimant le scénario de Munroe meilleur que le sien lui propose de le réaliser en en faisant un long métrage[14]. Puisqu'elle vient d'une famille riche, il sait qu'elle peut assurer le financement complet du film qui se montera à 100 000 dollars[14]. De Palma découvre durant le casting deThe Wedding Party, qu'il a organisé avec William Finley,Robert De Niro, qui l'impressionne alors qu'il n'a que vingt ans : ce sera son premier rôle[14]. Wilford Leach se charge de la direction d'acteur, tandis que Brian De Palma s'occupe de la prise de vue et du montage[14]. Le tournage dure plus d'un an ; le montage du film, qui a lieu dans le petit studio où vit De Palma, est aussi très long[14]. Le film ne sortira que 5 ans après son tournage.
Après la fin de ses études, Brian De Palma fonde avec un ami, Kenny Burrows, une petite maison de production pour produire desfilms institutionnels et desdocumentaires afin de gagner suffisamment d'argent pour produire un long métrage[15]. Il réalise deux commandes. La première estBridge That Gap, en1965, documentaire sur leslogements sociaux des noirs àLa Nouvelle-Orléans commandé par leNAACP[15]. La seconde estShow me a strong town and I'll show you a strong bank, documentaire réalisé en1966. Ce film, une commande dudépartement du Trésor des États-Unis, suit un inspecteur qui fait des visites de contrôle surprise aux banques[15].
De Palma réalise en1968 son deuxième long-métrage de fiction,Murder à la mod. Le film, qui coûte 50 000 dollars, est financé pour moitié par la société de De Palma et Burrows, l'autre moitié provenant d'un coproducteur spécialisé dans lecinéma érotique à qui ils font croire que le film appartenait à ce genre[15]. Le film narre un meurtre de trois points de vue différents et dans trois styles cinématographiques différents : la première partie, filmée comme unsoap opera, adopte le point de vue de la victime du meurtre avec des plans longs et unevoix off, la deuxième partie montre les mêmes événements dans un stylehitchcockien et la dernière partie est filmée du point de vue du tueur sourd et muet, à la manière d'un filmburlesque, avec des accélérés[15]. C'est avec ce film que Brian De Palma découvre à quel point le style d'un film influence la manière dont l'histoire est perçue par le spectateur[15]. Il reprendra le même principe dans son film suivant,Greetings où se trouvent trois personnages principaux et trois styles différents de filmage[15].
Le coproducteur deMurder a la mod, qui s'attendait à un film« avec plein de filles nues », est tellement désappointé par le résultat final que De Palma et son associé doivent se charger eux-mêmes de la distribution[15] : le film ne sort que dans une salle où il reste à l'affiche pendant deux semaines[15].
De Palma retrouve De Niro dansGreetings (1968),satire qui raconte l'histoire de trois jeunes gens qui veulent éviter de partir auViêt Nam. Ce film est un succès : tourné pour 43 000 dollars dollars, il en rapporte plus d'un million et reçoit l'Ours d'argent auFestival de Berlin 1969[17]. Ce succès s'explique par le fait que le film a su capter« l'air du temps » de la période qui suit l'assassinat de Kennedy, l'angoisse liée à la guerre du Viêt Nam, en les restituant sous une forme plus légère et comique[17]. Ce succès permet la sortie en salles deThe Wedding Party.
En 1970, De Niro reprend son personnage Jon Rubin deGreetings dansHi, Mom!.
Enthousiasmé par une mise en scène de théâtre deRichard Schechner, il réalise en1970 ledocumentaireDionysus in '69, entièrement ensplit screen. C'est avec ce film qu'il développe son goût pour les plans longs, il mettra une scène filmée de cette manière dans presque tous les films qu'il fera par la suite[18].
Grâce au succès deGreetings, le jeune réalisateur est engagé parWarner Bros. pour dirigerGet to Know Your Rabbit, son premier film pour un grand studio. Il quitte alors New York pour découvrir Hollywood[19]. Le film traite de la manière dont lecapitalisme récupère et neutralise les forces qui cherchent à le contester : un homme quitte son entreprise pour devenir magicien et vivre une vie d'artiste mais il a tellement de succès que tout le monde se met à s'habiller comme lui et à adopter son mode de vie[20]. Mais De Palma ne s'entend pas avec le producteurJohn Calley qui s'oppose aux expérimentations que souhaite faire le réalisateur (il veut par exemple tourner certaines séquences en 16 mm)[21]. Le tournage est une épreuve pour Brian De Palma qui est renvoyé par la Warner et perd tout contrôle sur le montage[22]. Brian de Palma ne verra le film terminé qu'à sa sortie, deux ans plus tard, en1972, comme n'importe quel spectateur[23]. Il raconte en 2000 avoir été dévasté par ce qui s'est passé :« on m'a pris mon film, on l'a remonté et on l'a tout simplement fini sans moi. J'ai été viré, c'est aussi simple que ça[23]. » Cette expérience traumatisante où il se sent manipulé fait naître en lui la décision de ne plus jamais laisser quiconque prendre le contrôle sur son œuvre[23].
Margot Kidder en 1970. Elle devient la compagne de Brian De Palma lorsqu'il arrive à Hollywood et c'est pour elle et Jennifer Salt qu'il écritSœurs de sang.
Assez déprimé, Brian De Palma retourne à New York après le désastre deGet to Know Your Rabbit[24]. Il travaille un moment en vue de réaliserLes Poulets, sur une proposition deMartin Ransohoff, film pour lequel il prendBurt Reynolds pour le rôle principal. Mais il abandonne le projet quand il voit le producteur engager contre son gréRaquel Welch etYul Brynner, certain qu'avec ces deux acteurs le film ne peut être qu'un« désastre[24],[n 2] ». Vivant de plus une histoire d'amour compliquée, il décide brusquement qu'il a« fait son temps » à New York et part pour laCalifornie, sans véritable projet[24]. Il est hébergé chez l'actriceJennifer Salt qui habite avec la comédienneMargot Kidder. À Hollywood, Brian De Palma retrouveMartin Scorsese qu'il a rencontré en 1965 (ils étaient voisins de salle de montage)[21] et se lie d'amitié avec plusieurs jeunes réalisateurs qui deviendront l'emblème duNouvel Hollywood, notammentSteven Spielberg qui fréquente la maison de Margot Kidder et Jennifer Salt[25], ainsi queFrancis Ford Coppola ouGeorge Lucas.
Margot Kidder devient sa petite amie et Brian De Palma a l'idée de réunir dans un même film Salt et Kidder. Il leur offre« comme cadeau de Noël » les rôles principaux deSœurs de sang[24]. Le film sortira en1973 et lui permettra d'accéder à une nouvelle reconnaissance, en particulier grâce à une excellente critique qu'en fait la très influentePauline Kael, duNew Yorker, ce qui contribue grandement à lancer la carrière hollywoodienne de Brian De Palma[26]. Avec cethrillerhorrifique, il développe certains de ses futurs thèmes fétiches : ledouble et levoyeurisme (comme dansBody Double en1985). Ses films truffés de références lui valent alors le qualificatif de « cinéaste postmoderne »[2].
Affiche deSueurs froides, un film qui a fortement influencé De Palma.
Brian De Palma souhaite ensuite adapter le livre de science-fictionL'Homme démoli d'Alfred Bester qui se déroule auXXIVe siècle et traite d'un monde où le meurtre a disparu grâce à la télépathie[29]. Il s'agit d'un des livres préférés de son enfance[5]. Sans être réellement intéressé par la télépathie, De Palma juge que latélépathie ou latélékinésie sont des thèmes qui peuvent permettre, au cinéma, de raconter une histoire avec« des images fortes[29]. » Comme le budget d'un tel film ne lui permet pas de trouver facilement de producteur, il décide de commencer par réaliser un film moins ambitieux financièrement sur un thème proche pour prouver qu'il est capable d'en faire un succès[29]. Il accepte la« meilleure offre » qu'on lui fait alors, celle de réaliserFurie, l'adaptation d'un roman deJohn Farris[29], ce qui constitue pour lui son« premier vrai film de studio[30]. » NéanmoinsFurie ne sera pas un succès suffisant pour convaincre de sa capacité à diriger un film aussi cher que son adaptation deL'Homme démoli et ce film ne sera jamais réalisé[29].
Brian de Palma passe ensuite un temps assez long sur un projet d'adaptation du livre deRobert DaleyPrince of the City qui raconte l'histoire vraie deRobert Leuci, un policier de la brigade des stupéfiants de New York qui a dénoncé la corruption qui régnait dans sa brigade[31]. Il envisage par ce film de faire en sorte que sa carrière ne soit pas cantonnée aux films de genres et de passer à des films hollywoodiens différents de ceux qu'il a fait jusque-là[32]. Il passe beaucoup de temps avec Leuci et est fasciné par la séduction qu'il exerce ainsi que par le sentiment de culpabilité qui le dévore[31]. Il souhaite qu'il soit incarné à l'écran parJohn Travolta, qu'il avait pratiquement fait débuter dansCarrie et dont il estime le charme nécessaire pour faire accepter au spectateur les actes du héros et écrit le scénario avecDavid Rabe(en)[31]. Finalement Brian De Palma sera« débarqué du projet » par la productionOrion Pictures, ce qui le rend« fou de rage ». Le filmLe Prince de New York est finalement réalisé parSidney Lumet[31]. Les recherches qu'il a faites pour ce film lui serviront pourBlow Out : c'est d'elles que vient le flash back du film où le personnage principal travaille pour la police[31]. En outre, le sentiment de culpabilité éprouvé par Leuci servira le personnage qu'incarne Travolta[31].
À la fin de l'écriture duPrince de New York, dans un moment de frustration où il sent que le projet patine, il écrit d'une traite« sur [sa] table de cuisine » le scénario d'un nouveau thriller,Pulsions, qui sortira en1980[33]. L'idée lui est venue en voyant à la télévision destalk-show sur les personnestrans, émissions relativement courantes à l'époque, qui l'ont fait s'intéresser au sujet et lire tout ce qu'il pouvait sur ce thème[33]. Le scénario intéresse plusieurs sociétés de productions, ce qui permet à De Palma de le vendre 200 000 dollars, une forte somme pour l'époque et de réaliser le film assez vite[33].
Alors qu'il est pressenti pour dirigerFlashdance, il réalise un nouveau thriller intituléBlow Out[34]. Le film, très influencé parBlow-Up deMichelangelo Antonioni etConversation secrète deFrancis Ford Coppola, s'inspire de l'Accident de Chappaquiddick pour raconter l'histoire d'un preneur de son qui détient la preuve que l'accident qui a coûté la vie d'un homme politique est en fait un meurtre[31]. Contrairement à d'autres thrillers politiques tels queLes Trois Jours du Condor ouÀ cause d'un assassinat, De Palma ne cherche pas à narrer« le combat de l'individu contre une corporation » mais à montrer le cynisme qu'il peut y avoir à vouloir prouver la vérité à tout prix : le personnage principal du film, incarné par Travolta, va jusqu'à mettre en danger la femme qu'il aime pour tenter de faire admettre sa théorie, théorie qui ne pourra jamais être dévoilée au public[31]. À la fin du film, tout ce qu'il restera de l'affaire sera le cri de l'héroïne, dérisoirement utilisé dans un film de série Z[31]. Cette vision très sombre s'explique d'une part par l'environnement familial du réalisateur,« un environnement scientifique […] où le facteur humain était négligeable », ainsi que par sa vision de la politique. Ainsi, pour De Palma, lecommunisme, laGuerre du Viêt Nam ou lathéorie des dominos n'étaient au départ que des idées, des théories qui, mises en application, ont provoqué la mort de millions de personnes[31]. Le film est important échec commercial qui affecte profondément Brian De Palma[35] car il s'agit d'un film qui lui tient à cœur tant il est possible de voir comme il ressemble au réalisateur : technicien, scientifique et habillé d'une veste similaire à celle que Brian de Palma porte ordinairement[32]. Cet échec vient notamment de la« nature hybride du film », à la fois film politique et film d'action, qui a désarçonné le public et une partie de la critique[36].
Malgré cet échec, Brian De Palma souhaite de nouveau réaliser un film politique : il travaille alors surAct of Vengeance, un scénario qu'il juge« formidable » deScott Spencer, et qui traite du meurtre du syndicalisteJoseph Yablonski(en)[12]. Il y travaille une bonne partie de l'année 1982 et tente de le faire financer assez longtemps par la suite, mais aucun producteur ne souhaite s'engager sur un sujet aussi politique et au potentiel commercial aussi faible[36]. En1985, il dira avoir essuyé 27 refus pour ce projet[36].Act of Vengeance(en) sera finalement réalisé pour la télévision parJohn Mackenzie en1986 avecCharles Bronson[36].
Brian De Palma réalise ensuiteBody Double. S'il s'agit de nouveau d'un film inspiré par Alfred Hitchcock, il arrive dans la carrière de De Palma à un moment où il lui semble avoir suffisamment appris des manières de faire du maître et où il pense avoir trouvé son propre style[38]. Se sentant à la fin d'un cycle qu'il ne juge pas profitable de poursuivre, il pense tout d'abord produire le film et le faire réaliser par un jeune réalisateur,Ken Wiederhorn, avec qui il commence à travailler, mais laColumbia Pictures lui fait abandonner cette collaboration en l'informant qu'elle ne financera le film que si De Palma le réalise lui-même[38].
À cette époque, il réalise le seul véritableclip de sa carrière,celui de la chansonDancing in the Dark deBruce Springsteen. Les vidéoclips ne l'intéressent pas vraiment, pour lui ce ne sont jamais que de la publicité[16] c'est pourquoi il n'en tournera pas d'autres[39],[n 3]. Il recycle dans celui pour Springsteen une idée qu'il avait eue pour un de ses projets abandonnés :Fire, un film qu'il avait écrit à partir de l'histoire du groupe de musiqueThe Doors[39]. Comme il n'a pas réussi à obtenir les droits des chansons du groupe, le scénario a été réécrit pour en faire un film qui parle du processus de création,« une sorte de version rock'n roll desChaussons rouges[39] ». Le rôle principal devait être tenu parJohn Travolta et le film devait raconter l'histoire d'un journaliste qui enquêtait sur une star disparue dans un accident d'avion, pour découvrir que ce chanteur était vivant et se cachait en Amérique du Sud[39]. Le film comportait trois points de vue différents sur le même personnage[39].
Brian De Palma revient ensuite dans l'univers des gangsters avec lacomédieMafia Salad, qui sort en1986 auxÉtats-Unis mais pas enFrance. Le réalisateur qualifiera ce film de« pire expérience de sa carrière[40]. ».Mafia Salad a en effet souffert d'un changement d'équipe dirigeante survenu dans le studio qui devait le produire avant son tournage. Les nouveaux responsables n'étaient pas intéressés par le film et souhaitaient annuler sa production[40]. Le réalisateur insista pour le faire malgré tout, car il désirait travailler avecDanny DeVito, mais il considère en 2013 avoir eu tort : il aurait dû accepter d'être payé sans faire le film, comme le studio le lui avait proposé, car la production n'a pas permis que le film eût une exploitation correcte[40].
En1989, il change de registre avec lefilm de guerreOutrages, d'après le romanCasualties of War de Daniel Lang qui relate le viol et le meurtre d'une jeune paysanne vietnamienne en 1966 par des soldats américains. Il y dirige de jeunes acteurs en vogue :Michael J. Fox etSean Penn. Mais le film ne rapporte que 18 671 317 $ aux États-Unis[42] pour un budget de 25 500 000 dollars. Son film suivant,Le Bûcher des vanités, connait le même sort en1990. Avec son budget de 47 millions de dollars, le film est l'un des plus grands échecs de laWarner avec seulement 15 691 192 dollars de recettes américaines[43], malgré la présence de stars commeTom Hanks,Bruce Willis,Melanie Griffith etMorgan Freeman. Il revient alors au thriller avec le plus modesteL'Esprit de Caïn en1992, dans lequelJohn Lithgow incarne un père de familleschizophrène.
En1993, il tourneL'Impasse. Il accepte de lire le scénario sur l'insistance d'Al Pacino et du producteurMartin Bregman qui travaillent sur ce projet depuis plusieurs années[44]. Brian De Palma se retrouve dans le personnage principal du film, Carlo Brigante, un homme mort qui se demande comment il a pu en arriver là et revoit les événements qui l'y ont conduit[44]. De Palma est en effet en pleine« crise de la cinquantaine » : il vient de se marier, d'avoir un enfant et de divorcer en l'espace de deux ans[44]. Il estime être incapable de concilier sa carrière et sa vie privée, alors que ses amis y arrivent, et il s'interroge sur sa vie[44]. Cefilm noir est un échec relatif au vu de son budget, totalisant 63 848 322 $ de recettes mondiales pour un budget d'environ 30 000 000 $[45]. Le film ne rencontre pas le succès dans les salles françaises avec seulement 274 966 entrées[45].
Après ce film, Brian De Palma cherche à tourner un film intituléAmbrose Chapel (du nom de l'église où l'enfant est séquestré dansL'Homme qui en savait trop d'Alfred Hitchcock) inspiré par l'histoire d'Un crime dans la tête, où une femme est « conditionnée » à commettre un meurtre par quelqu'un qui lui fait voir le film d'Hitchcock[12]. L'histoire se serait déroulée àMexico, une ville que le réalisateur trouve fascinante[12]. Le film ne trouve pas de financement[12].
À la suite de l'échec commercial relatif deL'Impasse et de films commeOutrages ouLe Bûcher des vanités, Brian De Palma doit réaliser un film à succès pour reprendre du pouvoir et assurer son avenir dans le cinéma américain[41]. Il quitte donc son agent, Marty Bauer, pour travailler avec Michael Ovitz chezCreative Artists Agency. Ovitz lui propose le projet d'adaptation cinématographique de la série télévisée desannées 1960-70Mission impossible[12]. C'estTom Cruise, que De Palma a rencontré chezSteven Spielberg, qui aurait eu l'idée de lui confier ce projet[41]. Brian De Palma n'a jamais regardé la série mais il désire depuis longtemps mettre en scène un film d'espionnage qui se déroulerait en Europe[12]. L'espionnage est en effet un thème qui lui convient bien, car il aime tourner des scènes de filature et montrer des personnages qui en épient d'autres[12]. Il commence à travailler sur le scénario au début de l'année1994[46] en faisant intervenirSteven Zaillian au scénario pour le premier traitement puisDavid Koepp, le scénariste deL'Impasse[12].
Le film se tourne en et la postproduction se termine au printemps1995, ce que Brian De Palma juge« interminable[46]. »Mission impossible est le film de sa carrière où De Palma jouit de la plus grande liberté[30]. Tom Cruise produit le film et le studio de production est tellement persuadé de sa réussite commerciale future qu'il est possible au réalisateur de retourner certaines scènes si le réalisateur estime qu'elles ne sont pas réussies ou qu'elles doivent être faites différemment[30]. Néanmoins, même dans ces conditions, il estime ne pas avoir« fait n'importe quoi », restant toujours attentif à la manière dont l'argent est dépensé sur un de ses films[30].Mission impossible est un immense succès international avec 456 478 184 $ de recettes mondiales[47].Tom Cruise reprendraplusieurs fois son rôle de l'agentEthan Hunt avec d'autres réalisateurs.
La réalisation du filmThe Truman Show lui est un moment proposée mais il est écarté du projet car il désapprouve le choix deJim Carrey comme acteur principal, auquel il préféraitTom Hanks[12].
Après le succès deMission impossible, Brian De Palma et le scénariste David Koepp souhaitent retravailler ensemble[48]. Le scénariste a l'idée d'un crime qui serait vu de plusieurs points de vue différents, idée qui a« toujours intéressé » Brian De Palma[48]. Il y adjoint un personnage de« méchant » inspiré d'Howard Hughes, sur qui il a commencé à se documenter pour un projet de biographie : un homme qui pour négocier ses contrats emmenait les représentants duMinistère de la Défense àLas Vegas,« dans un tourbillon de fêtes et de filles[48]. » Il situe l'action à Atlantic City, une ville qu'il a fréquentée dans sa jeunesse et qu'il a vu s'enlaidir terriblement avec l'arrivée des casinos, dégradation dont il veut témoigner[48]. C'est ainsi que naît le filmSnake Eyes, avecNicolas Cage etGary Sinise, qui sort en1998.
Il doit ensuite réaliserNazi Gold en1999, film qui ne sera finalement pas tourné. Le scénario, écrit avecJay Cocks, s'inspire du film institutionnelShow Me a Strong Town and I'll Show You a Strong Bank que De Palma a réalisé en1966. Voyant comme les portes s'ouvraient devant l'inspecteur du département du trésor qu'il suivait,a fortiori parce qu'il était accompagné d'une équipe de tournage, Brian De Palma a l'idée de raconter l'histoire de cambrioleurs qui volent une banque suisse en tournant un film publicitaire sur cet établissement. Ils dérobent ainsi l'or que lesnazis ont pris aux juifs durant laSeconde Guerre mondiale[15]. De Palma commence par signer un contrat de près de dix millions de dollars avec laMetro-Goldwyn-Mayer[49] mais le projet sera finalement abandonné à cause de divergences avec la production[50], les dirigeants du studio ayant changé après la signature du contrat[51]. Brian De Palma essaye de trouver d'autres financements, y compris à l'étranger, en tentant notamment de proposer une distribution attractive pour le film, mais ses efforts sont vains[12]. Il estimera par la suite que cet échec serait venu de la réticence qu'ont en général les studios envers les films abordant le thème de laShoah[12].
Brian De Palma développe à la fin des années 1990 une adaptation de la vie d'Howard Hughes qu'il souhaite tourner avecNicolas Cage sur un scénario de David Koepp[12]. L'histoire y serait vue à travers les yeux deClifford Irving, l'auteur d'une biographie fictive de Hughes qu'il a fait passer pour vraie[n 4],[12]. Le projet est vendu àTouchstone Pictures qui décide finalement de l'abandonner[12]. Le réalisateur trouve un autre financement, mais Nicolas Cage ayant de nombreux projets sur lesquels il s'est engagé de manière ferme, il ne peut donner un accord définitif sur celui-ci[12]. Le réalisateur décide d'attendre que l'acteur soit libre pour tourner ce film[12]. Il semble que le projet ait été abandonné après la biographie de la vie de Hughes tournée parMartin Scorsese,Aviator.
Après le désistement deGore Verbinski, Brian De Palma accepte de se lancer pour la première fois de sa carrière dans lascience-fiction en2000 avecMission to Mars,film inspiré par le projetMars Direct de laNASA.[réf. nécessaire] Il subit durant la post-production du film de fortes pressions des studios Disney qui veulent notamment l'obliger à terminer son film avantPlanète rouge, un film concurrent sur un thème proche[52]. Le cinéaste est épuisé par la supervision des nombreux effets spéciaux de son film et, alors qu'il avait jusqu'ici toujours réussi à garder la maîtrise de ses œuvres, y compris pour ses films de commande, il voit pour la première fois cette maîtrise lui échapper[52]. Il« ne parvient pas à s'approprier la commande initiale » et la dernière partie du film est« esthétiquement et scénaristiquement bâclée. » Sentant qu'il perd son affrontement avec le studio, il quitte les États-Unis après la projection de la première copie deMission to Mars[52].
Mission to mars n'est pas très bien reçu par la critique et par le public, tout commeFemme Fatale, que Brian De Palma tourne deux ans plus tard entreParis etCannes, avec de nombreux acteurs français autour d'Antonio Banderas et deRebecca Romijn.
En2007, souhaitant travailler en numérique, il réalise le filmRedacted[54]. Il s'inspire de journaux intimes filmés postés surYouTube par des soldats pour raconter la guerre d'Irak[54]. Ce film engagé, dénonçant le pouvoir médiatique et la manipulation des images, est selon lui le prolongement d'Outrages. Malgré unLion d'argent du meilleur réalisateur à laMostra de Venise 2007, c'est un échec important pour Brian De Palma, qui est de plus vivement critiqué dans son pays, notamment pour l'image qu'il présente de l'armée américaine[2].
Longtemps absent des plateaux de tournage, il débute àBerlin en mars 2012 le tournage dePassion,remake deCrime d'amour d'Alain Corneau. Le long-métrage est une coproduction européenne, et marque non seulement la volonté du cinéaste de s'éloigner du système hollywoodien, mais également, de par son sujet et son ton, d'opérer un retour aux sources. Il livre ainsi un thriller érotique noir et esthétisant, présenté en compétition officielle à laMostra de Venise 2012, et sorti enFrance en février 2013. Malgré la présence de l'américaineRachel McAdams en tête d'affiche, c'est un échec commercial. Les critiques européennes sont encore une fois plus indulgentes que les américaines.
Alors qu'il devait réaliserJoker avecJason Statham[55], il est annoncé en2013 sur le projetHappy Valley, un film biographique sur l’entraîneur defootball américainJoe Paterno, au cœur d'un scandale sexuel à l'Université d'État de Pennsylvanie en 2011 dont le rôle serait tenu parAl Pacino[56]. Cependant, en 2014, c'est le filmRetribution qui est annoncé comme étant à la recherche de financement, toujours avec Al Pacino dans le rôle principal[57]. Il s'agit d'unremake dufilm belgeLa Mémoire du tueur sorti en2003[57]. Le 9 novembre 2015, le magazineVariety annonce qu'il aurait accepté de mettre en scèneLights Out, un thriller d'action qui serait tourné et produit en Chine[58].
Son film suivant est finalement une autre coproduction européenne,Domino : La Guerre silencieuse, qui sort en2019. Le projet, qu'il accepte afin de pouvoir à nouveau« explorer une narration visuelle », est touché par de gros problèmes de financement et se révèle être l'expérience la plus difficile de toute sa carrière[59]. Sans son accord, les producteurs montrent une version inachevée aux organisateurs duFestival de Cannes afin de présenter le film lors de l'édition 2018[60]. Une fois la sélection refusée, les prises de vues reprennent et le tournage est achevé à la fin du mois de. Le film sort l'année suivante, principalement envidéo à la demande, et reçoit un accueil critique pour le moins négatif[61].
En mai 2018, il publie son premier roman,Les serpents sont-ils nécessaires ?, écrit avec sa compagne Susan Lehman et publié en France dans la collectionRivages/Noir[62].
Nancy Allen en 1984, un an après la fin de son mariage avec Brian De Palma.
Brian De Palma a été le compagnon de l'actriceMargot Kidder après qu'il s'est installé à Hollywood en 1972[63]. Il la fait jouer dansSœurs de sang. Il a ensuite été marié de 1979 à 1983 à l'actriceNancy Allen, qui a joué dans plusieurs de ses films (Carrie,Home Movies,Pulsions etBlow Out). Il estime qu'ils ont« fait trop de films ensemble », ce qui a rendu difficile leur vie de couple[31]. Leur dernier film estBlow out, dont elle tient le rôle principal grâce à l'insistance de John Travolta qui souhaite rejouer avec elle[31]. Si De Palma estime qu'elle« n'a jamais été aussi bonne » que dans ce film, le tournage est difficile pour le couple et ils divorceront peu après[31].
Par la suite, il épouse, en 1991, la scénariste et productriceGale Anne Hurd avec qui il a un enfant, Lolita De Palma, née en 1991, et dont il divorce moins de deux ans après leur mariage. Entamant alors sa« crise de la cinquantaine » il se demande pourquoi il est incapable de concilier carrière et vie privée[44].
Il est ensuite marié, de 1995 à 1997, à l'actriceDarnell Gregorio avec qui il a une autre fille, Piper De Palma, née en 1996.
Il rencontre, dans un festival, le réalisateur françaisRégis Wargnier avec qui il devient ami[50] (De Palma le fera d'ailleurs tourner comme acteur dans son propre rôle pourFemme fatale). Durant les années 90, c'est Wargnier qui lui présenteEmmanuelle Béart alors héroïne de son filmUne femme française. C'est après avoir vu le film que De Palma engage la comédienne pourMission : Impossible[50].
Il est ami avec de jeunes cinéastes :Wes Anderson,Noah Baumbach etJake Paltrow[40]. Il a déclaré chercher à vivre sans« [s']isoler de la réalité ». Même s'il gagne beaucoup d'argent, il estime qu'en tant qu'artiste il doit avoir une vie normale et prendre notamment le métro comme la plupart des gens[40]. À part une« parenthèse » à Hollywood, il habiteGreenwich Village depuis plus de quarante ans[40].
Brian De Palma a la réputation d'être systématiquement habillé d'un pantalon et d'un blouson long, tous deux marron-beige[50]. Devant s'habiller encostume-cravate lorsqu'il était lycéen, il apprécie de porter ce blouson, ouveste de safari, qui lui permet d'affiner sa silhouette[67]. C'est une veste de même type qu'il fait porter àJohn Travolta, dans son filmBlow Out[32].
Brian De Palma travaille quotidiennement à l'écriture de scénarios[40]. Il écrit beaucoup de scénarios qu'il juge inaboutis et ne cherche même pas à faire produire[12], s'arrêtant au bout de 20 à 40 pages[40]. Il lui arrive aussi régulièrement, après avoir travaillé au développement d'un projet pendant plusieurs années, de ne plus avoir envie de le mener à bien lorsqu'il devient possible de le tourner[12].
La carrière de De Palma est jalonnée de projets qu'il n'a pas pu réaliser. Parmi ceux-ci figure, écrit bien avant de réaliserScarface, un remake actualisé duTrésor de la Sierra Madre où la cocaïne vient remplacer l'or[12]. Il a aussi envisagé d'adapter le romanCongo en y travaillant avec son amiSteven Spielberg qui l'aurait produit mais le projet a été retardé puis abandonné[n 5],[12].
Il juge que si le scénario dePulsions a été simple à écrire, c'est parce qu'il venait des idées de deux scénarios inaboutis qu'il avait délaissés[40].
Brian De Palma n'aime pas particulièrement terminer un film sur une scène spectaculaire, jugeant notamment en 2014 que ce type de fin« est devenu la norme[40]. » Il pense que la fin d'un film doit fonctionner avec tous les éléments développés dans le film, aussi bien les émotions qu'il dégagent, et que c'est une chance de trouver une bonne fin[40].
Brian De Palma déclare avoir eu peu d'affrontement avec ses producteurs, considérant qu'il faut voir le producteur comme un allié et qu'il faut savoir travailler avec lui au lieu de perdre du temps en s'y opposant de manière stérile, et savoir être persuasif[30]. Il estime en 2013 avoir dû batailler contre ses producteurs seulement dans un cas précis : surCarrie au bal du diable où un des producteurs voulait rajouter des paroles écrites par son épouse sur la musique de la séquence de la douche au début du film, ce qui aurait rendue la scène« ridicule[30] ». Il estime aussi qu'il arrive régulièrement que la production fasse des demandes qui ne vont pas dans le sens du film, comme surLe Dahlia noir lorsqueUniversal Pictures a longuement demandé que le meurtre soit placé plus tôt dans le film, ce qu'il a refusé avec persévérance, considérant que l'histoire devait d'abord voir se développer la relation entre les deux personnages principaux[30].
De Palma ayant commencé sa carrière par des films à petit budget, il a pris l'habitude de très minutieusement préparer ses tournages à l'avance, en particulier en travaillant avec unstory-board précis[30] ou préparant ses cadrages avec unlogiciel d'architecture[50]. Il garde aussi de ses débuts une certaine faculté d'adaptation, sachant improviser quand ce qu'il a prévu ne fonctionne pas[30]. Pour mettre en place une scène il déclare qu'il faut« savoir s’adapter, trouver où placer la caméra et les acteurs pour capturer l’espace, faire attention au temps, aux acteurs[51]… » Une fois que c'est fait il faut arriver à créer ce qui n'arrivera qu'une fois devant la caméra :« le plan parfait de l’espace parfait au moment parfait ». Il estime qu'ainsi, la scène deviendra inoubliable pour le spectateur : la gareGrand Central Terminal évoque immédiatement son filmL'Impasse à ses spectateurs, celle de Philadelphie le filmBlow Out[51]...
Sur les tournages, le cinéaste a la réputation d'être extrêmement concentré,« à tel point que les techniciens le prennent pour un autiste » selon son amiRégis Wargnier[50]. Il n'est pas désagréable avec ses acteurs, ne semble jamais éprouver destress et parle toujours avec calme[50].
En 2001, il a déclaré que les deuxdirecteurs de la photographie avec qui il préférait travailler sontVilmos Zsigmond etStephen H. Burum car« ce sont eux qui [le] comprennent le mieux[31]. » De Palma estime qu'avec Zsigmond ils ont« expérimenté » beaucoup de choses différentes ensemble[31].
PourPassion, il travaille pour la première fois avec le chef opérateur dePedro Almodóvar,José Luis Alcaine, de deux ans son aîné, qu'il choisit parce« [qu']il est de la vieille école » et qu'il sait« filmer les belles femmes[68]. » De Palma regrette en effet que la capacité à sublimer la beauté d'une actrice se soit perdue au fil du temps alors qu'il lui semble que c'est une« question fondamentale » lorsqu'on fait un film[68].
Lors de ses premiers films, (The Wedding Party,Greetings,Hi, Mom !) Brian De Palma travaille en improvisant avec ses acteurs[13]. Il estime que s'il s'agit d'une bonne technique de travail, elle demande beaucoup de temps et une bonne cohésion du groupe d'acteurs, cohésion qu'il n'est pas toujours possible d'obtenir d'un casting constitué de stars[13].
Brian De Palma estime qu'il est du devoir du réalisateur de s'adapter à ses acteurs[54]. Ainsi, il ne fait pas de manière systématique peu ou beaucoup de prises[54].Redacted est par exemple un film où il y a eu tant de répétitions que« les acteurs pouvaient même jouer les scènes à l'envers », ce qui, selon lui, était rendu nécessaire par la structure même du film[54]. À l'inverse,Scarlett Johansson souhaitant préserver une certaine fraîcheur, il ne la faisait pas répéter surLe Dahlia noir[54]. DansL'Impasse, la difficulté a été queSean Penn est un acteur qui a besoin de beaucoup de prises tandis queAl Pacino aime en faire peu. Néanmoins, en bon professionnel, ce dernier s'est adapté à son partenaire[54].
De Palma apprécie les acteurs physiques et« gracieux » : il juge que c'est une qualité d'Al Pacino, et aussi de Tom Cruise qui« court à merveille sur l'écran »[54].
Au fil du temps, Brian De Palma s'est entouré de nombreux acteurs avec lesquels il a travaillé à plusieurs reprises. Certains ont été découverts dans ses courts-métrages. C'est le cas deJared Martin, son colocataire à l'université Columbia, qui joue dans le court-métrage,660124: The Story of an IBM Card en1961 ainsi que dans deux de ses premiers longs métrages,Murder à la mod etThe Wedding Party[6]. C'est aussi le cas deWilliam Finley qui joue dansWoton's Wake et apparait dans sept films de Brian De Palma, étant même à l'origine deDionysus in '69 : c'est lui qui a proposé au réalisateur de voir la pièce dans laquelle il jouait et que De Palma a décidé de filmer[18].
Ryūichi Sakamoto, compositeur des bandes-son deSnake Eyes et deFemme Fatale.
Brian De Palma a travaillé avec plusieurs compositeurs de renom pour ses films :Bernard Herrmann,Pino Donaggio,John Williams,Giorgio Moroder,Ennio Morricone,Ryūichi Sakamoto[69]... L'une des rencontres les plus importantes qu'il a faites est celle dePino Donaggio avec qui il travaille sur huit films et qui a pour lui« la sensibilité musicale exacte pour [ses]thrillers sensuels[69]. » Il a une grande admiration pour la musique deGeorges Delerue avec qui il regrette de n'avoir jamais pu travailler[70]. Il a déclaré en 2013 qu'il y a d'autres compositeurs avec qui il aimerait collaborer mais qu'il est difficile d'arriver à ce qu'ils soient disponibles au moment voulu[69].
C'est De Palma qui choisit lui-même les compositeurs avec qui il travaille[70]. Il fait attention à la bande originale des films qu'il voit dans les festivals afin de découvrir de nouveaux compositeurs[70]. Il écoute aussi beaucoup de musique qu'il trouve dans le commerce pour s'en servir comme musique de film provisoire pendant le montage[70].
Brian De Palma travaille beaucoup avec ses compositeurs, se disant très exigeant lors de la composition[70]. Il a« écouté toute [sa] vie de musique d'orchestre », il lui est donc naturel lors des séances d'enregistrement de demander des changements au compositeur si quelque chose ne lui plait pas[69]. Lorsqu'il travaillait avec Bernard Herrmann il ne pouvait pas écouter la musique avant les enregistrements, le compositeur étant très sûr de ses choix et De Palma pouvant peu« négocier » avec lui[69]. Avec les nouvelles techniques en musique, il est maintenant possible d'écouter des maquettes des compositions avant les enregistrements, ce qu'il fait par exemple couramment avec Sakamoto[69]. Il est courant qu'il y ait beaucoup d'essais sur certains morceaux, même avec des grands compositeurs : cela a été le cas avec Morricone surLes Incorruptibles où il a été difficile de trouver le thème principal[69].
Brian De Palma découvre le cinéma d'Alfred Hitchcock durant ses études à Sarah Lawrence, à la fin desannées 1950 et dans le début desannées 1960, en particulier des films commeSueurs froides (qu'il voit en1958[71]) ouPsychose[72].Sueurs froides restera pour lui un« film parfait » auquel il ne cessera de repenser par la suite[73]. Au milieu et à la fin des années 1960, Hitchcock est réhabilité par la critique américaine qui jusqu'alors le voyait comme un réalisateur mineur. Elle suit ainsi la critique française et lapolitique des auteurs[73]. Les films tardifs du cinéaste, commeL'Étau ouLe Rideau déchiré reçoivent alors des critiques enthousiastes ce qui donne à De Palma une impression de décalage : malgré son admiration pour Hitchcock, il sait qu'il s'agit de films mineurs du cinéaste[73].
Brian de Palma cherche dans plusieurs films à s'exprimer avec les idées de mise en scène de celui qu'il désigne comme un« artiste fondateur[73]. » Il estime que Hitchcock est un grand formaliste, dont les inventions ont une extrême importance et qu'il est normal de l'étudier si on s'intéresse à la grammaire cinématographique, ce qui est son cas[74]. Il a cherché à comprendre comment il travaillait en partant des mêmes idées et en y ajoutant les siennes propres[73] :« c'était comme peindre d'après un vieux maître de la peinture. Vous apprenez de lui, vous regardez sa manière de faire et ensuite vous évoluez d'après son travail en ajoutant vos propres idées[73]. » En 2001, il déclare être persuadé de connaître si bien le cinéma d'Hitchcock qu'il peut penser comme lui et savoir pourquoi il a choisi tel cadrage plutôt que tel autre[74].
Scène deSueurs froides : les personnages de Scottie (James Stewart) et Judy (Kim Novak).
Dans les années 1970, le cinéma américain connait une« crise générationnelle » : les maîtres qui ont fondé l'importance du cinéma américain tournent leurs derniers films[75]. Brian De Palma, travaillant à cette époque, agit comme s'il voyait ce grand cinéma classique comme« déjà mort » et qu'il lui fallait effectuer untravail de deuil concernant ce cinéma. Il fait donc« revivre » ce cinéma classique dans des films« quasi mortifères[75] » :Sœurs de sang,Obsession,Pulsions ouBody Double. Il agit un peu comme un cinéphile qui tenterait d'arrêter le temps en revoyant toujours le même film afin de revenir à l'émotion qu'il a ressentie à sa première vision[76]. Il s'attache en particulier àPsychose etSueurs froides qui sont des films qui ont pour thème le deuil et l'envie de recréer ou de garder ce qui est déjà mort : dansPsychose Norman Bates incarne sa mère, dansSueurs Froides Scottie cherche à modeler Judy à l'image de Madeleine qui elle-même était fascinée par l'image de Carlotta[75]. Il ne cherche pas à reprendre« les codes » de ces films, mais plus à s'en approprier les scènes, les décors et les personnages[76].
Sœurs de sang s'inspire donc dePsychose ;Obsession peut être vu comme« une version commentée » deSueurs froides[76] dont il reprend la structure scénaristique[77] etPulsions, quatre ans plus tard, travaille sur des scènes issues deSueurs froides et dePsychose à partir desquelles il effectue des prolongements et des variations[77]. La scène du musée est ainsi une reprise de celle où Madeleine venait regarder le portrait de Carlotta dansSueurs froides, mais De Palma s'autorise le plan qu'Hitchcock ne réalisait pas : celui du plan de face sur le visage de la femme qui regarde le tableau,« [s']introdui[sant] symboliquement dans la scène d'Hitchcock[78]. » Le meurtre reprend l'idée dePsychose, tuant une actrice connue qui incarne le personnage principal (iciAngie Dickinson, chez HitchcockJanet Leigh) tôt dans le film, à un moment où le spectateur ne s'y attend pas[79]. La scène de la douche (déjà« pastichée » dansPhantom of the Paradise[80]) connait ici une variation : De Palma reprend plusieurs éléments que sont l'agression à l'arme blanche, le travestissement du tueur, la victime incapable de parler qui tend la main, avec la porte de l'ascenseur qui rappelle le rideau de douche[80]. MaisPulsions montre le couteau qui fend la peau de la victime, alors que dans chez Hitchcock ce contact était ellipsé[80].
Plusieurs éléments deBlow Out rappellent aussiSueurs froides : la culpabilité du personnage principal concernant la mort d'un policier, le sauvetage d'une femme en train de se noyer, l'incapacité à sauver la femme aimée et la frustration qui en découle et même la présence d'une cloche dans la scène finale[81]. Tout comme Scottie, le héros du film d'Hitchcock, Jack est« dépassé, enfermé dans une machination plus large[81]. »
C'est ainsi que De Palma est considéré par de nombreux critiques comme l'héritier d'Alfred Hitchcock, tant pour son goût pour le suspense que par sa maîtrise du genre[82]. C'est par exemple le cas du critique américainJ. Hoberman(en) qui considère qu'Hitchcock est le« père spirituel à distance » de De Palma[n 6],[83]. Néanmoins, certains ne voient en lui qu'un« disciple peu inventif et très superficiel[84] » comme le critiqueAndrew Sarris(en), grand admirateur d'Hitchcock, qui, à la sortie dePulsions, explique qu'il considère Brian De Palma non comme un imitateur du maître, mais bel bien comme un« voleur[83]. » Ce que De Palma emprunte à Hitchcock manque pour lui de profondeur, car ces emprunts ne se marient pas avec la« facétie » et la distance créées par De Palma[83].
Brian De Palma n'a jamais rencontré Hitchcock, souhaitant garder de lui l'idée qu'il était un« maître » et non le réalisateur déclinant qu'il devenait durant le début de la carrière de De Palma[85].
Brian de Palma cite parmi les films qui l'ont influencéLes Chaussons rouges deMichael Powell[86]. DansPhantom of the Paradise la séquence où Anton Walbrook assiste au spectacle depuis sa loge est d'ailleurs directement inspirée de ce film[86].Les Chaussons rouges est pour Brian de Palma« le film parfait », à la fois« novateur » et« émouvant », une réussite de tous les points de vue et un des rares films qu'il connaisse par cœur au point qu'il peut s'en repasser chaque image mentalement[86]. Il juge que c'est le plus grand film qu'il ait vu à traiter de la création artistique, le ballet y étant une« métaphore de toutes les œuvres artistiques[86]. »
Il déclare aussi avoir été influencé parStanley Kubrick, notamment par son utilisation du silence dans2001, l'Odyssée de l'espace et sa façon de dilater le temps dansBarry Lyndon[74]. Il n'aimerait néanmoins pas réaliser un film à la manière de Kubrick : pour lui, Kubrick répète la même idée formelle tout au long d'un film (les travelling de2001..., les zoom deBarry Lyndon) ce qui est trop« austère » pour De Palma qui aime à cherche l'idée formelle la plus adaptée à chaque scène[74].
Durant ses études à Columbia, il est fasciné par le cinéma deJean-Luc Godard[6]. C'est l'époque de laNouvelle Vague en France et ce cinéaste dont il voit les premiers films impressionne beaucoup le groupe d'étudiants dont fait partie Brian De Palma[6]. Il est en particulier impressionné par les expérimentations de la filmographie de Godard qui va de1958 à1965, beaucoup moins par la suite de l'œuvre du réalisateur suisse[6]. À cette époque, en dehors d'Hitchcock et de Powell, les metteurs en scène qu'il aime le plus sont surtout européens :Emeric Pressburger,David Lean,Luchino Visconti et les réalisateurs duFree Cinema anglais tels queTony Richardson,Karel Reisz ouJohn Schlesinger[6].
PourBlow Out, Brian De Palma s'inspire de deux films qui sont à l'époque parmi ses préférés :Blow-Up deMichelangelo Antonioni (auquel le titre du film se réfère[81]) etConversation secrète deFrancis Ford Coppola[31]. D'après lui, ces deux films, tout commeBlow Out, racontent des histoires spécifiquement cinématographiques, qui ne pourraient pas être racontées ailleurs qu'au cinéma[31]. Il juge en 2001 que le film d'Antonioni, qui a été pour lui« une grande source d'inspiration » a« mal vieilli » car trop influencé par la mode des années 1960. À l'inverse il continue à revoir régulièrement celui de Coppola qui est pour lui l'un des meilleurs de son auteur malgré la présence« [d']une grosse arnaque dans le scénario » : la phrase entendue par le personnage principal change en effet de sens pendant le film[31]. Néanmoins, comme selon lui la photographie du film est magnifique et le jeu d'acteur excellent, en particulier celui deGene Hackman, le spectateur ne fait pas attention à ce problème[31].
Les thrillers de Brian De Palma sont particulièrement marqués par l'influence dugiallo, qu'elle soit scénaristique ou esthétique (meurtres à l'arme blanche stylisés, assassins mystérieux vêtus de gants en cuir, voyeurisme, érotisme...)[87],[88],[89],[90],[91].
Brian De Palma, en 2013, déclare qu'il est« essentiellement un styliste visuel[40] » :« Moi ce sont les idées visuelles qui m'intéressent. Je cherche une façon visuelle de raconter une histoire[40]. » Travailler pour la unesérie télévisée ne l'intéresserait pas car il considère qu'une série se base essentiellement sur le dialogue. Il trouve par exemple« particulièrement cinématographique » de filmer une personne qui en suit une autre, comme dansBody Double[40].
Les premiers films de Brian De Palma (The Wedding Party,Greetings,Dionysus in '69 etHi, Mom!), tournés dans les années 1960, ont un style très différent de ceux de la suite de sa carrière[92]. Ils sont selon leur auteur dans un style plusdocumentaire et plus proche ducinéma vérité car très influencés par l'aspect chaotique des années 1960[92].
Dans le début de sa carrière, Brian De Palma souhaite expérimenter tous les possibilités de filmage possible. C'est ainsi qu'il tourneDionysus in '69 entièrement enécran divisé[18]. Selon lui un choix stylistique de ce type doit être en rapport avec ce qu'il souhaite filmer. Ainsi, en voyant la pièceDionysus in '69, il est fasciné par la juxtaposition entre la pièce et la manière dont les acteurs interagissent avec le public ; pour rendre ces deux niveaux, l'écran divisé lui semble la meilleure méthode[93]. Il estime que ce procédé demande une grande préparation, car il oblige à réfléchir longtemps pour créer« une sorte de synthèse dans l'esprit de votre spectateur » et impose de tourner deux fois plus de plans[93]. De Palma reprend ce procédé pour la scène de la destruction de la salle de bal dansCarrie au bal du diable mais il estime en 2001 que c'était une erreur, jugeant l'effet trop« méditatif » pour les scènes d'action[94]. Il l'utilise ensuite dansSœurs de sang,Phantom of the Paradise[93],Pulsions ainsi que dansBlow Out où De Palma ajoute cette fois des fondus à ce procédé[95]. Dans ce dernier film, il reprend aussi d'autres procédés stylistiques qu'il a utilisés dans ses œuvres précédentes : les pièces vues en plongée, qui rappellentGet to Know Your Rabbit, ou la figure du panoramique circulaire d'Obsession, à laquelle sont ajoutées des boucles sonores[95].
Il ne se sert qu'avec parcimonie des écrans divisés dans la suite de sa carrière :« Plus on vieillit, moins on raffole de ce genre de gimmicks. On a tendance à revenir aux fondamentaux[94] », déclare-t-il en 2001. Néanmoins, il réutilise l'écran divisé dansFemme fatale, en 2002[93].
À partir d’Obsession, De Palma utilise presque systématiquement ce procédé technique permettant de créer deux profondeurs de champ au sein d'une même image, grâce à l'emploi d'unedemi-bonnette. Cette technique lui est transmise parVilmos Zsigmond, lechef opérateur d'Obsession, qui est devenu par la suite un collaborateur régulier de Brian De Palma.
À partir du documentaireDionysus in '69, peu découpé, avec des plans dont certains peuvent durer jusqu'à huit minutes, Brian De Palma prend goût au filmage en plan longs[18]. Il l'explique par une métaphore empruntée àOrson Welles :« c'est la meilleure manière de filmer la foudre lorsqu'elle tombe dans la bouteille[18]. » En filmant en plan long on peut capter quelque chose qui n'a lieu qu'une seule fois.« Si vous parvenez à filmer un moment pareil dans tout son développement, alors vous aurez en votre possession un vrai bloc organique dont la force ne pourra jamais être recréée par des effets demontage[18]. » L'émotion créée par le montage l'est pour De Palma« de manière artificielle » par manipulation du public et« mensonge[18] ». Il estime qu'en choisissant de tourner ainsi il n'a néanmoins« pas inventé grand-chose » carMax Ophuls, Alfred Hitchcock ouMichael Powell ont tourné des plans séquences bien avant qu'il le fasse. La grande différence est que le filmage ensteadicam qu'il a découvert surBlow Out en1981 lui permet de« chorégraphier la scène comme un ballet », sans avoir à abattre des murs sur les décors comme le faisaient ses aînés[50]. Il juge en outre que la steadicam simplifie les longs plans où les mouvements de caméra sont compliqués et qu'elle donne un« effet de réel », permettant de faire ressentir au spectateur que ce qu'il voit se produit« pour de vrai[96]. »
De cette manière de voir le montage comme une manipulation découle un motif qui revient régulièrement dans le cinéma de De Palma : le fait de voir et revoir plusieurs fois une scène traumatique afin d'y trouver un éventuel« bon point de vue », une image supplémentaire qui permettrait de comprendre la vérité de cette scène[97]. Ce procédé apparaît pour la première fois dansBlow Out et il se retrouve par exemple dansMission impossible et dansSnake Eyes[97]. Cette idée est présente dès la séquence de l'enregistrement deBlow Out : à chaque changement de valeur de plan, un nouvel élément apparaît[97] :« chez De Palma, chaque plan est immanquablement frustrant. Limité, élusif, le cadre masque forcément quelque chose, des informations viennent toujours à manquer[97]. »
D'après Luc Lagier, cette recherche du« bon point de vue » trouverait sa source dans l'assassinat de John F. Kennedy et le film de l'attentat tourné parAbraham Zapruder[97]. Le film de Zapruder est cité dansGreetings : il obsède un des personnages principaux au point qu'il devient fou à force de l'analyser. Il semble que ce document« hante » aussi le cinéma de De Palma[97]. Ce film de quelques secondes est frustrant à plus d'un titre : il est muet, ce qui fait que le spectateur comprend à retardement que le coup de feu a eu lieu (avec le son, il s'en apercevrait immédiatement) et il n'a qu'un unique point de vue, filmant toujours la voiture sans se retourner par exemple vers là d'où pourrait venir le coup de feu[97]. En outre, après l'attentat, il a été réquisitionné par laCommission Warren et n'a été délivré à la presse qu'avec plusieurs coupes quasi imperceptibles[97]. Or chez De Palma,« la coupe de montage est un stimulateur deparanoïa » : dès qu'il y a une coupe, il peut s'être passé quelque chose entre les deux plans, y avoir uneellipse ou un mensonge[97]. C'est par exemple ce qui arrive dans un des films préférés de Brian De Palma,Sueurs froides quand Scottie, le personnage principal, poursuit Madeleine qui grimpe dans le clocher, la trappe se referme derrière elle. Il la voit ensuite tomber dans le vide. Entre les plans, dans la coupe, Madeleine a été remplacée par celle dont elle joue le rôle[97]. Scottie doit donc, comme le feront de nombreux personnages de De Palma, comprendre ce qui s'est passé pendant la coupe[97]. Cette « paranoïa » relative au montage est en lien avec la société américaine des années 1960 et 1970 et le traitement télévisuel de laguerre du Viêt Nam : après qu'ils ont laissé montrer à la télévision des images traumatisantes de cette guerre, telle la photo de l'enfantPhan Thị Kim Phúc brûlée aunapalm, engendrant des réactions négatives dupeuple américain, les États-Unis vont, lors d'autres conflits, montrer des« images périphériques » et jouer sur le montage pour, sans faire de censure directe, éviter de laisser voir une image négative de leur action[97].
Par ce procédé, les personnages reviennent non à la scène telle qu'elle a été montée mais à la scène telle qu'elle aurait été tournée, avec l'intégralité des plans et des points de vue, et ils peuvent appréhender les éléments qui leur ont manqué[97]. Ainsi grâce à unflashback, lorsqu'il comprend que Jim Phelps est responsable de la mort de son équipe, Ethan Hunt, le héros deMission impossible revoit toute la scène en y ajoutant les plans qu'il ne pouvait pas voir lorsqu'il l'a vécue : ceux où Phelps provoque la mort de ses équipiers et où il se fait passer pour mort[98]. C'est de cette manière que Hunt reprend le contrôle sur l'histoire narrée par le film et qu'il peut agir pour la modifier comme il l'entend[98]. DansSnake Eyes, le long plan séquence qui commence le film et qui contient l'assassinat dusecrétaire d'État à la Défense est allé si vite qu'il faut que le héros du film, Rick Santoro, prenne le temps de rechercher tous les autres points de vue : celui de Julia, témoin du meurtre, ceux des caméras de surveillance pour finalement comprendre ce qui s'est réellement passé[99]. Dans cette optique,L'Impasse fait exception : Carlo Brigante, revoit la scène initiale du film et ce qui y a mené pour échapper à sa mort qui y est montrée[100]. Mais il ne trouvera pas d'issue, il ne pourra changer le sens de cette scène, il ne fait que la revivre[100].
Un des thèmes récurrents chez De Palma est celui dudouble : un personnage positif et un autre négatif sont mis en présence l'un de l'autre[101]. Le héros voit chez le personnage négatif« le reflet du monstre qu'il aurait pu devenir[101]. » Cette opposition est particulièrement forte dansPhantom of the Paradise entre le héros, le compositeur Winslow et le producteur Swan[101].Jean Douchet a aussi montré commentBlow Out est construit sur ce qu'il nomme un« système narratif délirant, [...] celui des doubles et de leur multiplication » : le tueur Burke est par exemple le« double négatif » de Jack, qui exprime sespulsions sexuelles refoulées par son action detueur en série ; cette dualité est visible très concrètement dans la scène où Jack, collé au dos de Burke, lui poignarde le ventre en saisissant sa main qui tient le pic à glace, dans le geste qu'il aurait s'il se poignardait lui-même[102].
Un autre thème est celui de personnages qui vivent coupés de la réalité, dans un monde qu'ils se sont créé et auquel les autres doivent se conformer. C'est le cas de Swan dansPhantom of the Paradise, du sergent Meserve dansOutrages ou de Sherman McCoy dansLe Bûcher des vanités[101]. Brian De Palma se dit d'ailleurs fasciné par les personnages réels riches qui s'isolent et se coupent du monde, certains d'entre eux finissant par évoluer dans« un univers opaque, déshumanisé fonctionnant sur les valeurs les plus corrompues[101]. » Il cite parmi les« démiurges » qui exercent cette fascination sur lui le producteurHoward Hughes, qui a servi de modèle pour le personnage de Swan, ainsi queHugh Hefner, le fondateur du magazinePlayboy ou encoreWalt Disney qui a su construire un monde qui lui est propre,Disneyland[101].
Brian De Palma apprécie particulièrement de tourner en décors naturels et s'inspire beaucoup de l'architecture de la ville où il tourne[103]. C'est sensible avec des villes qui deviennent des« personnage[s] à part entière » de ses films :Hollywood dansBody Double,Philadelphie dansBlow Out,Miami dansScarface[103]... Il ne se considère pas comme un« créateur d'espace » comme a pu l'êtreStanley Kubrick qui travaillait beaucoup en studio[103]. Il s'écarte en cela d'Alfred Hitchcock qui créait l'espace de ses films en décors construits[103]. Il passe beaucoup de temps à arpenter ses décors, en les photographiant afin de pouvoir en tirer toutes les ressources possibles[103].
Certains lieux reviennent régulièrement dans les films de De Palma. Il s'agit tout d'abord des gares. Si Brian De Palma n'aime pas donner la sensation de se répéter et si dans certains cas des décors ont dû être choisis par défaut[104],[n 7], des séquences importantes se déroulent dans des gares dansBlow Out,Les Incorruptibles,L'Impasse etMission impossible. La gare est ainsi« un espace particulièrement signifiant dans le cinéma de De Palma[105]. » Il est possible d'y retrouver la filiation que le cinéaste a avecAlfred Hitchcock : chez Hitchcock beaucoup de scènes importantes se déroulent dans des trains (Une femme disparaît,L'Ombre d'un doute,L'Inconnu du Nord-Express,La Mort aux trousses). De Palma prolonge souvent dans ses films, les scènes d'Hitchcock, donc il filme là où les trains partent et arrivent, dans les gares[105]. Par ailleurs, le train est souvent considéré comme une« métaphore possible du cinéma » : la fenêtre du train est comme le cadre d'un film, l'avancée d'un train peut figurer l'avancée de la pellicule, du scénario[105]… En situant son action dans des gares, De Palma s'intéresse alors à des endroits où le rythme du récit du film se calme : dansLes Incorruptibles la scène s'y étire au ralenti, Carlito Brigante dansL'impasse prend le temps de revivre ce qui l'a mené à la mort au lieu de mourir immédiatement, Ethan Hunt peut revoir la scène où son équipe a été exterminée et comprendre ce qui va se passer par la suite[105].
Les ascenseurs sont aussi un lieu qui revient chez De Palma. Il est possible de les voir comme le symbole d'un trajet auquel on ne peut échapper, tout comme le personnage qui ne peut échapper à son futur écrit dans le scénario du film[106]. Les personnages meurent dans des ascenseurs dansLes Incorruptibles,Mission Impossible ou dansPulsions : Kate Miller, reprenant le rôle de Marion Crane dePsychose ne pourra échapper au destin de son modèle, celui de mourir dans le début du film. L'ascenseur y est comme un lieu de passage entre la vie et la mort, un lieu où elle n'est pas encore morte mais où elle ne fait plus partie des vivants[106]. S'ils n'y meurent pas, l'ascenseur reste chez De Palma« un lieu de danger et d'angoisse » pour les personnages, comme dansBody Double,L'Esprit de Caïn,L'impasse ouSnake Eyes[106].
1969 :The Wedding Party, coréalisation avecWilford Leach ; tourné entre 1963 et 1966, il s'agit en fait du premier long métrage de Brian De Palma dont il est aussi producteur.
2006 :Le Dahlia noir : le réalisateur lors des essais d'Elisabeth Short(voix VO)
2007 :Redacted : un ami (hors-écran) qui veut prendre le héros et sa petite amie en photo, puis lui demande de raconter une histoire de guerre : « How about a war story? » (voix VO)
2015 :De Palma (documentaire qui retrace toute sa carrière) : lui-même
Snake Eyes : 14.000 témoins, personne n'a rien vu / David Jacobs ; d'après le scénario de David Koepp et une histoire de Brian de Palma et David Koepp ; trad. Michelle Charrier. Paris : Pocketno 10525, 1998,190 p.(ISBN2-266-08526-3)
Les Serpents sont-ils nécessaires ? / Brian De Palma & Susan Lehman ; trad. Jean Esch. Paris : Rivages, coll. "Rivages-Noir", 2018, 331 p.(ISBN978-2-7436-4397-3)
Les films réalisés par Brian de Palma ont totalisé 636 millions de dollars de recettes au box-office américain[107] et 16,5 millions d'entrées au box-office français[108]. Le réalisateur estime que ses films les plus personnels et ceux qui font l'objet des plus importantes recherches stylistiques font le plus souvent de très mauvais résultats commerciaux, accompagnés de critiques de presse désastreuses. Il cite en exempleDionysus in '69, resté deux semaines à l'affiche,Hi, Mom!,Blow Out,Body Double etOutrages[35].
Légendes : Budget (entre 1 et 10 M$,entre 10 et 100 M$ etplus de 100 M$),États-Unis (entre 1 et 50 M$,entre 50 et 100 M$ etplus de 100 M$),France (entre 100 000 et 1 M d'entrées,entre 1 et 2 M d'entrées etplus de 2 M d'entrées) et monde (entre 1 et 100 M$,entre 100 et 200 M$ etplus de 200 M$).
↑Brian de Palma intègrera néanmoins ce qui aurait dû être un véritable clip àBody Double. Les personnages s'y rencontrent en effet pendant le tournage du clip deRelax, une chanson deFrankie Goes to Hollywood. Le clip intégré au film aurait dû réellement être exploité sur les chaînes de télévision, mais il n'a finalement pas plu au groupe qui en a fait réaliser un autre[39].
↑L'Impasse ne devait pas être tourné dans une gare, le final du film devait avoir lieu auWorld Trade Center, notamment dans son escalier mécanique où devait se dérouler une longue poursuite. Mais à cause de l'attentat de février 1993, il n'a plus été possible d'y tourner. Devant changer de lieu sans délai, et suivant l'avis de son décorateur, le réalisateur a décidé de déplacer l'action dans la gareGrand Central Terminal. L'escalator qui s'y trouve étant beaucoup plus petit, la poursuite ne pouvait y être aussi longue et De Palma a décidé de rajouter la scène de poursuite en train[104].
↑a etbCorentin Palanchini, « Al Pacino et Brian De Palma : 20 ans après L'impasse, ils se retrouvent pourRetribution »,Allociné,(lire en ligne, consulté le).
↑JeanDouchet,Un cri de vérité, à propos deBlow Out de Brian De Palma, vidéo, 2012, documentaire de 27 minutes présent dans les bonus de l'édition DVD deBlow Out, production Allerton Films, éditions Carlotta, 2012.
SamuelBlumenfeld etLaurentVachaud,Brian de Palma : Entretiens avec Samuel Blumenfeld et Laurent Vachaud, Paris, Calmann-Lévy,, 214 p.(ISBN2-7021-3061-5)
Marvin HubertAlbert et DavidMamet (Antécédent bibliographique),Les Incorruptibles, Paris, Presses de la Cité,, 205 p.(ISBN978-2-258-02079-5,OCLC462044078)
Eric Gatefin, « Dissonances du thriller chez Brian De Palma. »,Fabula / Les colloques « Les genres littéraires, les genres cinématographiques et leurs émotions »,(lire en ligne)