Cet article a pour sujet la Bretagne en tant qu'entité historique, géographique et culturelle. Pour plus d'informations sur l'actuelle région administrative, voirBretagne (région administrative). Pour les autres significations, voirBretagne (homonymie).
Ses habitants sont lesBretons, que l'on parle de la région historique ou de la région administrative actuelle, nom dérivé du latinBritones. Son nombreton,Breizh (sans article ; prononcer[brɛjs] en breton unifiéKLT,[brɛχ] enbreton vannetais), est orthographié avec un « ZH » pour rassembler l'ancienne écriture existant pour le Nord et l'Ouest (Breiz) avec celle du Sud (Breih). Le mot « Bretagne », depuis le mot breton « Breizh », est ainsi couramment abrégé en « BZH ». Engallo, l'autre langue romane de Bretagne (outre le français et lePoitevin (langue)), son nom estBertègn (graphieABCD etAneit),Bertaèyn (graphieELG) ouB·rtingn (graphie dominante en Ille-et-Vilaine de la graphieMOGA)[7].
Le nom deBretagne est issu dulatinBrittania (parfois écritBritannia). Ce mot fut utilisé dès leIer siècle par les Romains pour désigner laBretagne insulaire (Grande-Bretagne) et, plus précisément, la province romaine qui s'étendait du Sud de l'île jusqu'aux murs protecteurs du Nord (les murs d'Hadrien puis d'Antonin). Le terme latin procède lui-même du mot grec utilisé par le voyageur massaliotePythéas pour désigner l'ensemble des îles du Nord qu'il visita aux alentours de 320av. J.-C. (y compris peut-être l'Islande) :Πρεττανικη (Prettanike) ouΒρεττανίαι (Brettaniai). AuIer siècle av. J.-C.,Diodore de Sicile a introduit la formeΠρεττανια (Prettania), etStrabon a utiliséΒρεττανία (Brettania).Marcien d'Héraclée, dans sonPeriplus maris exteri (Périple de la mer extérieure) a évoqué des « îles prettaniques » (αἱ Πρεττανικαὶ νῆσοι).
Les habitants dePrittanike étaient appelésΠρεττανοι,Pritteni ouPrettani[9]. L'étymologie du radicalPrittan- (Brittan-) est obscure ; cependant, elle est probablementceltique. C'était peut-être celle utilisée par les Gaulois pour désigner les habitants des îles[10]. C'est aussi la source du motgalloisPrydain (en moyen galloisPrydein) qui désigne la Bretagne (l'île de Bretagne). Un parallèle peut aussi être établi avec le termeBreifne qui se référait à un royaume d'Irlande auMoyen Âge.
Après la chute de l'Empire romain d'Occident et au fur et à mesure que des Bretons s'installèrent sur le continent enArmorique occidentale, à savoir l'Ouest de l'ancienne province romaine deLyonnaise troisième, le nom de la terre britannique originelle des Bretons se substitua aux anciennes dénominations, sans toutefois remplacer totalement celui d'Armorique. Il s'imposa définitivement vers la fin duVIe siècle et peut-être même dès la fin duVe siècle[11].Grégoire de Tours est le premier à parler de Bretagne (ou des Bretagnes) pour désigner la Bretagne continentale lors de la rédaction de sesHistoires entre 573 et 594[12]. Par la suite, on parle deBritannia Minor[13] ou deBritannia pour désigner le territoire sous le contrôle des Bretons.
Breizh, le nom breton de la Bretagne, vient, lui, d'un ancienBrittia[14].
Le termeArmorique est encore utilisé pour désigner la Bretagne, même s'il désignait à l'origine un ensemble beaucoup plus vaste. Il est probablement issu dugauloisaremorica qui signifie sans doute « proche de la mer »[15]. L'analogie avec le bretonar mor (« mer ») est anachronique, mais est justifiée partiellement sur le plan étymologique, le terme désignant la mer,mor(i), étant identique engaulois et enbrittonique. Une troisième dénomination,Letauia (en françaisLétavie, en breton moderneLedav, Ledaw), a été utilisée jusqu'auxXIe et XIIe siècles. Il procèderait d'une racine celtique signifiant « large et plat », « s'étendre », « déployer » et se perpétue dans legalloisLlydaw qui se réfère toujours à la Bretagne continentale[16].
La Bretagne est peuplée par l'Homme dès lePaléolithique inférieur avec une populationnéandertalienne qui ne se distingue pas de celle du reste de l'Europe occidentale, et qui est sans doute peu nombreuse. Sa seule spécificité est l'existence d'un faciès particulier, le Colombanien[17], centré surCarnac. Un des plus anciensfoyers connus au monde, datant d'environ 450 000 ans, a été découvert àMenez Dregan àPlouhinec.
Les premiers Hommes modernes arrivent en Bretagne vers[réf. souhaitée] et remplacent ou absorbent les Néandertaliens. LePaléolithique supérieur est marqué par des industries de transitions, proches duChâtelperronien, sur la côte nord et par des industries plus classiques, de facturemagdalénienne, au sud de laLoire, sans qu'on puisse savoir si la différence entre les deux est purement culturelle ou si elle reflète la persistance d'un réduit néandertalien.
AuMésolithique, la Bretagne se couvre deforêts et est peuplée par des communautés relativement nombreuses, diviséesen trois groupes régionaux[Lesquels ?]. Au Mésolithique récent s'amorce une tendance à la sédentarisation, notamment dans les sites deTéviec et d'Hœdic[18], avec peut-être un passage à l'élevage.
Cairn sur l'îlet de Gavrinis sur la commune deLarmor-Baden (Morbihan).
Cela se traduit par l'apparition d'unearchitecture mégalithique, d'abord descairns, puis des tombes princières et des alignements. Le département duMorbihan concentre à lui seul de nombreux mégalithes dont leGrand menhir brisé d'Er Grah, plus grand monument transporté et érigé par les Hommes du Néolithique. Le site le plus connu est situé àCarnac.
Même si des influences de laculture de la céramique cordée se font sentir à la fin duNéolithique, la Bretagne présente une certaine continuité culturelle jusqu'au début de l'âge du bronze. Lecampaniforme, très présent, semble ainsi s'intégrer aux traditions locales.
lesRiedones, qui résident dans l'Est de l'actuel département d'Ille-et-Vilaine. Ils ont donné leur nom à la ville deRennes ;
lesVénètes, qui se situaient dans l'actuelMorbihan, apparentés au peuple duGwynedd. Ils ont donné leur nom à la ville deVannes (Gwened en breton).
On peut rajouter à ces peuples lesAmbilatres, qui résident dans le Sud de la Loire-Atlantique et le Nord de laVendée, mais leur localisation n'est pas certaine[21].
Ces peuples ont de fortes relations économiques avec les Celtes de l'île de Bretagne, notamment pour le commerce de l'étain. SelonJules César, ces peuplesarmoricains comprennent « lesCoriosolites, lesRiedones, lesAmbibarii, lesCalètes, lesOsismes, lesLémovices et lesUnelles »[22]. L'emploi du terme Lémovices résulte sans doute d'une erreur pourLexoviens. Ces peuples recouvrent un territoire bien plus large que la Bretagne actuelle allant de l'estuaire de la Loire à celui de la Seine, bien que les Calètes se situent directement au nord de l'estuaire de ce fleuve. Une vaste portion de côte entre les Lexoviens et les Unelles est occupée par le peuple armoricain desBadiocasses que César ne mentionne pas.
Le territoire de la future Bretagne, comme toute l'Armorique, est conquis par lesRomains lors de laguerre des Gaules au Ier siècle de notre ère. Laromanisation de l'Armorique s'étala sur trois siècles, avec le développement des routes,villae, ainsi que de la séductions des notables et élites[23].Cette romanisation amènera aussi la religion romaine nul sans difficultés,[pas clair] c'est donc unsyncrétisme religieux qui se produisit, les dieuxJupiter etMercure sont assimilés au divinités locales,Taranis pour Jupiter par exemple[23].
Migration bretonne et fondation de la Bretagne continentale
La thèse selon laquelle cette migration aurait eu pour cause la pression des envahisseursanglo-saxons a pour origine leDe excidio deGildas. On sait aujourd'hui que ces causes sont multiples car ancrées dans le contexte de l'époque, comme le notentAndré Chédeville etHubert Guillotel[24] :« Finalement, les causes de l'émigration sont complexes. À côté de l'émigration organisée, à caractère militaire, peu nombreuse, mais qui ouvrit la voie aux autres, il faut tenir compte de celle qui fut engendrée par l'insécurité, due pendant longtemps aux Irlandais, puis, plus tard, aux Saxons. Il ne faut pas négliger non plus l'impact des guerres civiles qui déchiraient les Bretons, dont Gildas s'est fait l'écho et dont il faudrait savoir si leur origine était purement politique. »
Les Bretons donnent leur nom à cette région, longtemps appelée Petite Bretagne ou Bretagne continentale, par opposition à leur île d'origine.
Nominoë, souverain de Bretagne de 845 à 851, est à l'origine de la naissance d'une Bretagne unifiée et indépendante, d'où le qualificatif depère de la Patrie (Tad ar Vro en breton) qu'Arthur de La Borderie lui attribue en1898[27].
En Bretagne, les ducs continuent d'exercer les prérogatives royales de leurs prédécesseurs[33] et maintiennent des alliances, tant avec la famille royale française qu'avec la famille royale anglaise, par des mariages le plus souvent avec des princesses de noblesses respectives. La Bretagne constitue un fief, ou un arrière-fief, du royaume de France ou du royaume d'Angleterre — hommage rendu au roi de France (942), puis aux comtes d'Anjou ou de Blois, aux rois d'Angleterre et ducs de Normandie (de 1030 à 1200), de nouveau au roi de France à partir de 1203 (avecGuy de Thouars), puis aux rois d'Angleterre de 1341 à 1396[34],[35].
Anne de Bretagne.
Dans le jeu de liens féodaux, la Bretagne devient un enjeu important entre le roi d'Angleterre (qui revendique le trône de France) et le roi deFrance. Les relations entre le duché et ses voisins dépendent essentiellement des rapports personnels qu'entretiennent leurs chefs. La politique desducs de Bretagne est alors souvent menée de manière indépendante, mais parfois dominée par leroi d'Angleterre et parfois par leroi de France. Lesducs de Bretagne, profitant des difficultés du pouvoir royal face aux grands féodaux, entretiennent une indépendance politique vis-à-vis du roi de France, notamment à partir desXIVe et XVe siècles avec l'avènement de la dynastie desMontfort. Cette politique d'émancipation atteint son point culminant sous le règne deFrançois II de Bretagne avec l'expulsion de l'administration royale.
À la suite de la révolte de grands féodaux contre le pouvoir royal lors de laguerre folle,François II, duc de Bretagne, subit d'importantes défaites militaires en1488 (bataille de Saint-Aubin-du-Cormier). Letraité de Sablé dit « traité du Verger » est signé parCharlesVIII,roi de France, etFrançois II,duc de Bretagne, le. Il stipule que le duc ne peut marier ses filles, dont l'une est héritière du duché, sans l'accord du roi de France. L'historien américainEugen Weber pointe en ces termes les conséquences de la défaite de Saint-Aubin-du-Cormier :« Après l’union forcée avec la France, les villes bretonnes furent envahies par des Français qui écrasèrent ou même remplacèrent les commerçants locaux, francisèrent les gens qu’ils employaient ou touchaient d’une autre façon. Les ports du roi comme Lorient ou Brest, étaient des villes de garnison en territoire étranger et le terme de colonie était fréquemment employé pour les décrire[36] ».
La guerre reprend pour une durée de trois ans sur le prétexte du non-respect des clauses du traité lors du premier mariage d'Anne de Bretagne[n. 2], jusqu'à ce qu'en, Charles VIII épouseAnne de Bretagne. Le roi de France affermit son autorité sur la Bretagne.
En1532, l'union perpétuelle entre le Duché et le Royaume est sollicitée àVannes par des États de Bretagne. Dans la foulée,François Ier fait publier au parlement de Bretagne l'édit royal qu'il signe auPlessis-Macé et qui garantit à la province certains privilèges (législation et impôts spécifiques). Ces privilèges persistent jusqu'à laRévolution française ; ils sont abolis durant la nuit du au même titre que ceux des communes, des corporations, de la noblesse, du clergé et ceux propres à toutes les provinces du Royaume.
La période duXVe auXVIIIe siècle est considérée comme la période la plus faste de la Bretagne qui est alors placée au cœur des routes commerciales maritimes les plus actives entre l'Espagne, l'Angleterre et laHollande, et qui profite surtout du développement du premier empire colonial français en Amérique et aux Indes (création de la ville de « L'Orient » devenue « Lorient »). Les toiles dechanvre et delinnoyales,crées, bretagne ouolonnes symbolisent l'essor de cette période qui permet le financement d'un impressionnant patrimoine architectural. L'hôtel de la monnaie de Rennes est alors le premier de France. Lecolbertisme, avec la création de manufacture dans d'autres provinces du Royaume, et les conflits avec l'Angleterre, soucieuse de limiter les flottes des nations continentales, entraînent une récession qui culmine à la fin duXIXe siècle.
La Bretagne est divisée encomtés (Cornouaille, Léon, Broërec, Tréguier, Penthièvre, Porhoët, Nantais, Rennais, etc.) puis en huitbaillies qui évoluent en quatreprésidiaux, eux-mêmes divisés ensénéchaussées. Elles sont aussi divisées en neufévêchés (Broioù ouEskopti en breton).
Durant laRévolution française, les privilèges desprovinces sont abrogés dans lanuit du 4 août 1789. La Bretagne cesse d'exister en tant qu'entité administrative lors de la départementalisation.
Le premier projet débute le où un quadrillage partage la province en divisions parfaitement égales de dix-huit lieues de côté (soixante-douze kilomètres), divisé en neuf districts, eux-mêmes divisés en neuf cantons. Le but de cet aménagement territorial est de mieux contrôler ces entités à faible population afin de ne pas entraver le pouvoir central.
Un deuxième projet est discuté le même jour pour une Bretagne à cinq départements. L'Ille-et-Vilaine est amputée de l'Est du district de Vitré et de La Guerche, de Redon et de Montfort, mais annexe Dinan et Châteaubriant. Les Côtes-du-Nord se voient retirer Loudéac au profit du Morbihan et le Finistère intègre Le Faouët et Gourin.
Un troisième projet d'une Bretagne à six départements voit le jour en, avec les délimitations suivantes :
C'est sur un exemplaire d'une carte de Bretagne, dessinée par le géographeJean-Baptiste Ogée, en 1771, que les députés bretons délimitent et approuvent la création des cinq nouveaux départements[38].
Sous legouvernement de Vichy, la région Bretagne apparaît sous deux formes par un décret du qui institue des préfectures de région pour la zone occupée : l'une siège à Rennes et n'est compétente que pour quatre départements bretons ; l'autre siège à Angers et n'a compétence que sur la Loire-Inférieure.
Un autre découpage, celui de la France en « provinces », défini par leConseil national en, établit une province de Bretagne en cinq départements, dont les limites suscitent un arbitrage dumaréchal Pétain, mais qui n'a guère d'existence effective[39]. Ces découpages sont abolis à la Libération : les préfets régionaux disparaissent en[40].
Le CELIB (Comité d'étude et de liaison des intérêts bretons), créé en1950 sous la houlette du journalisteJoseph Martray[41], influe sur la création d'une reconnaissance des régions dans un cadre européen. Sous le gouvernement d'Edgar Faure en1956, la création des « régions de programme » fait alors renaître la région Bretagne. Basé sur des considérations techniques, économiques et politiques, mais en rien historiques, ce redécoupage créé unerégion administrative appelée Bretagne avec seulement quatre départements, laLoire-Inférieure étant rattachée à la région desPays de la Loire. La loi de régionalisation de1972 prévoit qu'avant le, les conseils généraux peuvent saisir le gouvernement de propositions tendant à la modification des limites ou du nom des régions. Toutefois l'unanimité des conseils généraux est nécessaire. Or, pour conserver une bonne centralité à la ville deNantes, leconseil général de la Loire-Atlantique demande, en 1973, que les régions de laLoire-Atlantique et de Bretagne soient unifiées. Tenant le même raisonnement pourRennes, leconseil général d'Ille-et-Vilaine demande l'intégration de la Loire-Atlantique et de laMayenne. Leconseil général de la Vendée opte pour lestatu quo ; celui de laSarthe veut son rattachement à larégion Centre ; celui duconseil général de Maine-et-Loire réclame la création d'une région Val-de-Loire, alors que les départements desCôtes-du-Nord et duFinistère, demandent une région correspondant à la Bretagne historique[42].Depuis, malgré les nombreux vœux, résolutions, motions… toujours adoptés à l’unanimité, ou à la quasi-unanimité aussi bien par leconseil général de la Loire-Atlantique et leconseil régional de Bretagne et demandant la réunification, ou un ré-examen des limites régionales adoptées « Malgré l'avis contraire du conseil général de la Loire-Atlantique (en 1972) » et « reconduites sans nouvelle consultation (en 1982) » (conseil général de la Loire-Atlantique,), ou l’enclenchement d’une consultation populaire sur le sujet, les autorités n’ont pour l’instant jamais accédé à cette demande venant de la part des élus[43].[source insuffisante]
À l'heure actuelle, le rattachement de la Loire-Atlantique continue d'être l'objet de débats mais poserait, selon certains[Qui ?], nombre de problèmes économiques car l'agglomération nantaise pèserait un poids trop important qui risquerait de déstabiliser la région en affaiblissantRennes et les autres villes de Bretagne.
L'opinion publique semble y être favorable : l'analyse des résultats des13 sondages réalisés sur le sujet depuis25 ans suggèrent que 65 % des personnes interrogées souhaitent cette réunification (seuls les autres départements des Pays de la Loire — hors Loire-Atlantique donc — y seraient défavorables)[44]. Cependant quelques autres sondages donnent des résultats divergents et nuancent ce constat[45].
Les manifestations en ce sens sont organisées àNantes, à l'échelle de 5 départements. Legouvernement Raffarin ayant légalisé les référendums locaux, cette réunification est devenue techniquement possible. Les modalités de cette union impliqueraient de remplir un certain nombre de conditions administratives et législatives (comme l'organisation éventuelle d'une consultation auprès des populations concernées débouchant selon les choix effectués sur le redécoupage régional de toute la zone, entre autres choses). Cette réorganisation dépendrait des décisions des présidents des deux conseils régionaux et du président du conseil général de la Loire-Atlantique. D'ailleurs, un tel rattachement de la Loire-Atlantique à la région Bretagne « isolerait » relativement le département deVendée qui n'aurait alors, pour possibilité, que de rejoindre la région de laNouvelle-Aquitaine.
On parle de Bretagne historique quand on veut signifier les cinq départements bretons, et derégion Bretagne pour signifier les quatre (délimitation actuelle).
La végétation est abondante. Autrefois, la Bretagne était un pays de bocage ; la réorganisation des parcelles dans les années 1960 (leremembrement) a éliminé une grande partie des haies bordant les champs, permettant de moderniser l'agriculture mais entraînant un lessivage de la couche superficielle des champs. Ce remembrement s'est fait à plus basse échelle que dans de nombreuses plaines céréalières de laFrance (Beauce, Champagne…).
LesCôtes-d'Armor, leFinistère, l'Ille-et-Vilaine et leMorbihan forment la quatrième région la plus touristique de France ; ils disposent de nombreux sites naturels, notamment enArmor (« le bord de mer ») : 2 730 kilomètres de littoral où se côtoient des dunes battues par le vent, des falaises à pic qui se jettent dans l'océan, des estuaires servant de refuges aux poissons, mollusques ou oiseaux, des marais salants, des cordons de galets.
À l'intérieur des terres, l'Argoat (« les bois »), landes, tourbières, bocages et forêts dessinent des paysages variés[49].
Au 1er janvier 2021, 3 394 600 personnes habitent enBretagne. Avec une croissance moyenne de 0,5 % par an entre 2015 et 2021, la population de la Bretagne augmente à un rythme légèrement supérieur à la moyenne nationale. Ce dynamisme démographique est porté par les arrivées dans la région ; le solde naturel est quasi nul. En Bretagne, la fécondité est très proche de la moyenne nationale et le ratio seniors-jeunes est plutôt élevé (97 personnes de 65 ans ou plus pour 100 jeunes de moins de 20 ans).
En2019, 744 300 Bretons sont âgés de 65 ans ou plus. Ils représentent 22,4 % de la population régionale. Ils n’étaient que 515 800 en 1999, soit 17,8 % de la population. Sur la même période, la part de ces seniors est passée de 15,9 % à 20,3 % au niveau national. Au sein de cette population âgée, la part des 80 ans ou plus est en hausse. En Bretagne, elle s’élève à 6,9 % en 2019. Vingt ans plus tôt, elle représentait 3,9 % de la population. Le nombre d’individus de 80 ans ou plus a en effet plus que doublé sur la période : il est passé de 112 300 en 1999 à 230 800 en 2019.
De fortes disparités existent entre les départements. Par exemple, la part des 65 ans ou plus varie de 18,0 % en Ille-et-Vilaine à 26,3 % dans les Côtes-d’Armor.
D’autre part, le nombre de personnes de 50 ans ou moins diminue. Le recul concerne en premier lieu les 25 à 34 ans, leur part étant passée de 13,6 % à 10,4 %[8]
La Bretagne fait partie des premières régions de France à s'intéresser aux paysages en tant qu'entité patrimoniale à reconnaître, ce qui lui vaut de bénéficier duclassement du premier site français au titre du paysage : le, la commission départementale des Côtes-du-Nord (actuellement les Côtes d'Armor) classe l'île de Bréhat parmi les « sites et monuments naturels de caractère artistique » à préserver[50].
La Bretagne présente une exceptionnelle richesse ornithologique. Quatre grands sites permettent d'observer des colonies d'oiseaux.
Accessible de mai à septembre, la réserve de Falguérec, dans legolfe du Morbihan, est une zone protégée pour les oiseaux migrateurs, nicheurs ou endémiques. À l'automne,bernaches etspatules y font une halte sur le chemin de l'Afrique. De mars à septembre, leséchassiers viennent s'y reproduire avant de partir pour le Sénégal.Aigrettes,hérons,cormorans vivent là toute l'année.
Guillemots etpingouins se rassemblent quant à eux, sur les falaises de la réserve ornithologique ducap Sizun, près de lapointe du Raz (ouverte de mai à la Toussaint).
Fragile et touchée à plusieurs reprises par les marées noires, la réserve des Sept-Îles, au large dePerros-Guirec, est désormais interdite au public. Mais un système de transmission vidéo permet d'observer les six millefous de Bassan,huîtriers pie et autresfulmars depuis la station de l'île-Grande.
Ouessant est un site privilégié pour observer les nombreux oiseaux qui utilisent les côtes pour se guider au cours de leurs migrations. En effet à la pointe de Bretagne leur route effectue un virage très marqué que beaucoup ratent en raison des conditions météorologiques. Ouessant fonctionne alors comme une sorte de radeau de sauvetage qui leur donne une deuxième chance.
Du point de vuegéologique la Bretagne correspond à la partie occidentale dumassif Armoricain, connu pour sesgranites, pour lesmonolithes qui en ont été extraits et pour les paysages côtiers découpés que l'érosion marine y a sculpté. Lagéomorphologie actuelle de l'ancienneorogenèse varisque est due au morcellement et à l'érosion qui, le long des cassures et des failles, a creusé des vallées et séparé deux bombements de roches dures[52] : au nord lesmonts d'Arrée et au sud lesmontagnes Noires[53],[54].
La Bretagne est la troisième région la plus sismique de France[55] après la régionAuvergne-Rhône-Alpes et l'Occitanie[56] : elle est régulièrement secouée par des séismesintraplaques de faible intensité, ne dépassant généralement pas une magnitude de 2 à 3. Plus de500 séismes ont été recensés entre 2000 et 2014[57].
La Bretagne est la première région de la pêche française:pêche et industries connexes(entreprises demareyage, entreprises de transformation). Elle dispose de plus d’une centaine deports et 14criées (sur 37 en France). Selon Franceagrimer 2020, elle représente 235 M€ de pêche fraîche débarquée : 41,4 % valeur totale de la pêche française[64]
En 2010, lepoisson étaient un des deux produits bretons les plus vendus à l'étranger (représentant le quart desexportations françaises de ce secteur).
L'économie de la Bretagne contemporaine s'est tournée dans lesannées 1960 vers uneagriculture intensive, productions végétales (fabrication de fourrages tels maïs et tourteaux de colza, blé, maïs grain, pommes de terre, primeurs) et unélevage (porcin, avicole, bovin). L'agriculture est associée à uneindustrie agroalimentaire puissante.
La Bretagne arrive en tête des régions françaises pour la production deporcs et devolaille (autour de 50 %), dechoux-fleurs (autour de 60 %), d'artichauts (autour de 85 %). C'est est le premier producteur national delait, deveaux, devolailles et d'œufs. De là viennent aussi près des deux tiers (63 %) desporcs vendus en France. En 2010, Laviande étaient, un des deux produits bretons les plus vendus à l'étranger (représentant le tiers desexportations françaises de ce secteur).
L’industrie manufacturière représente 13 % de l’économie de la Bretagne. En 2023, la Bretagne a connu 15 ouvertures nettes de sites industriels. 126 sièges de start-up industrielles, soit 5 % des sièges des 2523 start-up industrielles françaises sont implantés dans la région[65].
La région effectue "un travail remarquable pour désengorger les littoraux en communiquant sur le Cœur de Bretagne: ses lacs, ses villages, ses forêts", selon l'agence de communication numérique Nouvelle Lune[66], en s'inspirant desaspirations au tourisme durable de nombreux pays, selon Amélie Deloche, cofondatrice du collectif "Paye ton Influence"[66].
Une étude du Comité régional de tourisme de la Bretagne sur les nouvelles aspirations touristiques des Français a révélé que 4 vacanciers sur 5 prêtent une attention particulière à la préservation des sites qu’ils fréquentent[67]. et veulent consommer des produits locaux[67]. Dans cette région, beaucoup de responsables de petites communes veulent« élargir la fréquentation sur l'année », comme Léonie Ollivier, chargée de missiontourisme durable à la mairie deBréhat[68].
LePS contrôle trois des cinq conseils généraux (le Finistère depuis 1998, l'Ille-et-Vilaine depuis 2004, la Loire-Atlantique depuis 2004). Les Côtes d'Armor et le Morbihan sont dirigés parLes Républicains.
Le Finistère est divisé entre le Léon qui était traditionnellement de centre-droit, la Cornouaille moins la région de Douarnenez qui vote à gauche, ainsi que la partie trégoroise du Finistère, avant auPSU avec unPCF fort, maintenant auPS.
Le Morbihan est traditionnellement de droite, avec toutes ses tendances : centristes, gaullistes… sauf autour de Lorient, d'Hennebont et de la région de Guémené-sur-Scorff-Pontivy, qui sont aux mains soit duPS soit duPCF.
Les Côtes-d'Armor est le département le plus à gauche, avec le Trégor rouge (vieux bastion duPCF), le Pays Briochin, etc. La droite est plutôt concentrée sur le Goëlo et les marges est (frontaliers de l'Ille-et-Vilaine), mais reste minoritaire.
La Loire-Atlantique a longtemps été dominée par la droite (qui a succédé à laChouannerie, très forte dans ce département), sauf dans la vallée industrialisée de la Loire qui vote à gauche depuis laRévolution française.
L'Ille-et-Vilaine a longtemps été de droite (surtout démocrate-chrétienne), mais depuis le début duXXIe siècle, la gauche (surtout lePS) a connu une très forte poussée qui l'a amenée à diriger le conseil général en 2004 et prendre des mairies. La gauche se situe dans le bassin rennais, jusqu'àCombourg au nord,Dourdain à l'est,Mordelles à l'ouest etGuichen au sud, avec quelques poches le long de la frontière sud-ouest de la Manche ou vers le nord de Fougères ; la droite conservant ses bastions dans le Vitréen, le Redonnais, le secteur deSaint-Malo ou autour de la forêt dePaimpont.
Ce département a placé, lors des présidentielles 2007, Ségolène RoyalPS en tête aux deux tours de l'élection (28,13 % des suffrages exprimés au premier tour et 52,39 % au second).
Autrefois terre traditionnellement conservatrice très marquée par le catholicisme, la Bretagne a basculé à gauche lors des élections régionales de 2004. La liste de gauche conduite parJean-Yves Le Drian l'emporte avec plus de 58 % des suffrages face à la liste du président de région sortant,Josselin de Rohan, figure emblématique de la droite bretonne. Ce succès s'est confirmé lors des cantonales de 2004 et 2008 et des élections nationales de 2007.
La majorité de l'électorat montre un certain sentimentpro-européen non négligeable, plus marqué que dans les autres régions.
Les votants ont approuvé letraité de Maastricht par 59,10 % des voix (+ 8,06 % par rapport à la moyenne) et la Bretagne est l'une des rares régions à s'être prononcée en faveur du « oui » auréférendum français sur le traité établissant une Constitution pour l'Europe avec un « oui » à 50,96 % (+ 5,63 % par rapport à la moyenne, mais - 8,14 % par rapport au référendum de 1992 sur le traité de Maastricht), les électeurs des Côtes-d'Armor étant les seuls à voter en 2005 pour le « non » comme la majorité des électeurs en France, à 53,28 %.
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Plusieurs partis représentant des tendances politiques diverses ont existé depuis la création du premier parti régionaliste breton en1898 : l'Union régionaliste bretonne. Ceux-ci ont enregistré le plus souvent des résultats électoraux faibles.
Dans lesannées 2010, plusieurs partis politiques relevant durégionalisme ou de l'autonomisme coexistent. L'Union démocratique bretonne (située à gauche avec une sensibilité écologiste marquée) dispose depuis lesélections régionales de 2010 de quatre sièges auconseil régional et participe à l'exécutif régional, et recueille selon les régions et les élections entre 3 et 12 % des voix ; d'autres partis comme le Parti breton (centriste) ou leMouvement Bretagne et progrès (gauche) comptent dans les rangs des élus municipaux ou départementaux.
Il existe d'autres plus petits groupes, souvent plus radicaux, situés à l'extrême droite ou à l'extrême gauche (Adsav pour l'extrême droite ouBreizhistance pour l'extrême gauche notamment) mais leur influence est beaucoup plus limitée.
La Bretagne n'a jamais eu decapitale permanente. Les premiers ducs et leur cour changeant perpétuellement de résidence, allant chasser d'une forêt à l'autre, et habitant finalement assez peu en milieu urbain, sauf pour quelque motif stratégique ou politique. En ce cas, c'est presque toujours dans une ville de l'Est ou du Sud du duché.
LesÉtats de Bretagne se réunissent en différentes villes. À l'époque ducale :Dinan,Nantes (17 fois),Ploërmel,Redon,Rennes,Vitré,Vannes (19 fois) etGuérande. Le concept moderne de capitale naît avec la création d'une véritable administration, processus lent qui commence auXIIIe siècle. Le nombre de ses employés et la masse de ses archives la rendent moins mobile que l'ancienne cour. Le Conseil, la Chancellerie et la Chambre des comptes restent généralement en ville. Sous les Montfort, le Conseil (le gouvernement ducal) suit parfois le duc d'une ville à l'autre, à Nantes, Vannes, Redon, Rennes,Fougères,Dol, Dinan,Guérande.
Rennes est la ville du couronnement et ses habitants l'appellent « ville capitale ».Conan le Tort y règne, faute de contrôler Nantes, etAlain III y constitue un embryon de chancellerie. Il subsiste quatorze actes ducaux écrits à Rennes de la fin duXIe siècle à1166 pour témoigner de la présence active des ducs dans la ville, contre seize actes subsistants sur ceux qui sont faits à Nantes pendant la même période. L'enfantGeoffroy II est reçu à la cathédrale de Rennes en1169, mais c'est à Nantes qu'il reçoit l'hommage de ses vassaux. Il tient l'Assise du comte Geoffroy, à Rennes, en1185. En1196, laduchesse Constance réunit la noblesse en assemblée à Rennes pour faire reconnaître son fils,Arthur Ier. Les Dreux et les Montfort y résident rarement et leur château, tombant en ruines, est démoli au début duXVe siècle.
La tradition bretonne, tout au long de son histoire, est de répartir les organes du pouvoir entre différentes villes au lieu de les concentrer en une seule. L'exécutif et le judiciaire sont exercés depuis le triangle Vannes-Nantes-Rennes, à la guise des gouvernants, et à la mode féodale. Le législatif est réuni dans presque toutes les villes bretonnes, malgré les contraintes, parce que le duc doit obtenir l'assentiment de ses vassaux sur les aspects de sa politique, notamment financière.
La Bretagne n'a donc pas de métropole régionale dominante. Elle dispose, en revanche, d'un réseau, unique en France, de vingt-cinq villes dites moyennes (10 000 à 20 000 habitants).
Seuls quelques sondages permettent d'avoir une idée du sentiment d'appartenance desBretons. Selon des sondages réalisés en2008[73],2013[74] et2018[75],[n. 3] voici comment se ventilait le sentiment d'appartenance des Bretons des quatre départements deBretagne administrative pour le premier et de l'ensemble de la Bretagne historique pour les suivants :
Nous notons une baisse significative du sentiment d'appartenance envers la Bretagne et de la hausse de celui envers laFrance entre 2008 et 2018. Néanmoins, les sondages ne portant pas exactement sur les mêmes territoires, la comparaison doit se faire avec prudence. Ainsi, l'étude de 2018 révèle que si 22 % desBrestois et 15 % desRennais se sentent davantage bretons que français, seuls 6 % desNantais sont dans ce cas. De même, presque 6 Nantais sur 10 se considèrent davantage français, là où cette part dépasse de peu le tiers à Brest et à Rennes. De fait, le sondage révèle que le sentiment d'appartenance est plus faible enHaute-Bretagne qu'enBasse-Bretagne et, plus particulièrement, enLoire-Atlantique, département administrativement rattaché auxPays de la Loire. Mais cette collectivité ne peut expliquer l'évolution des données à elle seule, la tendance de l'appartenance des Bretons à la Bretagne semblant ici décliner.
Selon ce même sondage de 2018, le sentiment d'appartenance est supérieur pour les locuteurs d'une des langues régionales, à savoir lebreton ou legallo.
Plus français que breton (dont seulement français)
Selon le sondage de2013, réalisé par l'association Bretagne Culture Diversité, 86 % des personnes interrogées ont un fort attachement à la Bretagne, et 58 % des personnes n'ayant pas de parents bretons et n'étant pas nées en Bretagne se sentent quand même bretonnes. Par ailleurs, 56 % des habitants de Loire-Atlantique interrogés estiment que leur département est breton et 58 % souhaitentson rattachement à la Bretagne, 31 % y étant opposés.
Le sentiment des Bretons sur le statut de la Bretagne
En couleur, la répartition des différents dialectes de la languebretonne. En gris, la zone de languegallèse.
La Bretagne est composée historiquement de deux aireslinguistiques :
laBasse-Bretagne ouBreizh Izel dans l'Ouest (correspondant aux départements duFinistère, de la majeure partie duMorbihan, de l'Ouest desCôtes-d'Armor, et dans le Sud, à la presqu'île de Guérande, en particulier l'enclave duBourg-de-Batz (en Loire-Atlantique) où l'on rencontre une langue d'originebrittonique (apparentée augallois et aucornique) connue sous le terme debreton oubrezhoneg ;
Lefrançais est parlé en Bretagne par les élites depuis la fin duMoyen Âge ; il est également été adopté par l'administration des ducs de Bretagne depuis leXIIIe siècle[77],[32]. Durant l'Ancien Régime, cette langue se répand progressivement enHaute-Bretagne, où elle bénéficie de sa parenté avec legallo, ainsi que dans les principales villes de Basse-Bretagne.
Comme beaucoup delangues régionales, le breton et le gallo ont perdu un grand nombre de locuteurs. Mais le breton se réveille après laSeconde Guerre mondiale avec un souffle important dans lesannées 1970, et les défenseurs du gallo commencent à se faire entendre dans lesannées 1990.
Bien que le nombre de locuteurs ayant le breton pour langue maternelle diminue, ce dernier est la troisième langue celtique parlée au monde, après le gallois et l'irlandais. Les effectifs pondérés que fournit l'enquêteÉtude de l'histoire familiale, menée par l'Insee en1999, sont de 257 000[78] bretonnants (ou « brittophones ») de plus de dix-huit ans sur les cinq départements bretons (et estimé à 290 000 sur l'ensemble de l'Hexagone[79]). S'y ajoutent notamment les effectifs des écoles bilingues qui se montent à 15 363 élèves à la rentrée2013, ou encore les élèves suivant des cours de breton dans les établissements publics du primaire (plus de 7 600 en 2002/2003) ou du secondaire (plus de 8 000 en2002/2003). Fañch Broudic, à partir d'un sondage TMO de1997, note :« On observe tout d'abord que le pourcentage des 15-19 ans est infime (0,5 %). La catégorie des 20-39 ans ne compte que pour 5 %. Au total, au-dessous de40 ans, il n'y a plus que 13 000 personnes qui puissent parler le breton. »
Dans les années 1970, le breton apparaît dans la vie publique sous les traits despanneaux de signalisation bilingues qui parsèment les routes du pays. L'Office de la langue bretonne (Ofis ar Brezhoneg) a permis l'édition d'une carte routière de la Bretagne en2003, avec les noms de lieux en breton.
Au début duXXIe siècle, quelques chercheurs[82] collectent et éditent une série debretonnismes, calques en français d'expressions bretonnes. On y trouve des mots de vocabulaire (« partir en riboul », « faire du reuz ») ou des expressions grammaticalement incorrectes en français mais correctes en breton (« du café tu auras ? »).L'un de ces ouvrages s'est vendu à plus de cent mille exemplaires.[réf. nécessaire]
De son passé celtique, la Bretagne a gardé une forte tradition de transmission orale. C'est ainsi que de nombreux contes et légendes ont traversé les siècles. Les collecteurs divers ont légué une somme de chants, degwerzioù, de légendes originales. La mort est souvent présente, avec un personnage propre à l'imaginaire breton, l'Ankou, dont le rôle est d'emporter dans sa charrette grinçante (ou une barque dans des régions côtières) l'âme des personnes récemment décédées.
Les contes sont également peuplés de petits êtres malicieux, parfois malfaisants, toujours doués de pouvoirs magiques, que l'on nommekorriganed (korrigans) oupoulpiquets, ou encore les morgans de l'île d'Ouessant.
Autre thème récurrent, celui des villes englouties (parfois enfouies) dont celui d'Ys la plus célèbre, qui met en scèneGradlon, roi deCornouaille, et sa filleDahud. Le mythe rapporte les conflits entre l'anciennereligion des Celtes et l'instauration duchristianisme[83].
Lamusique est aujourd'hui l'aspect le plus visible de laculture bretonne, grâce au travail et à la créativité de musiciens se réclamant de la culture bretonne, à la diversité desfestivals et au nombre defestoù-noz.
Au-delà de la pratique populaire enfest-noz (fête de nuit) ou enfest-deiz (fête de jour), on voit aujourd'hui évoluer à un haut niveau les cercles celtiques qui proposent des spectacles de plus en plus professionnels, très appréciés du public.
La tradition de musique à danser, particulièrement en couple, comme pour le duo emblématiquebiniou (cornemuse bretonne) /bombarde, et de chant à danser, comme pour les couples dekan ha diskan (chant-contrechant), est très présente, tant enHaute-Bretagne qu'enBasse-Bretagne. Elle côtoie d'autres types de formations musicales plus modernes (groupes).
Composante importante de la musique bretonne, lesbagadoù qui, chaque année, participent à un championnat (à l'exception de l'un des plus connus, celui deLann-Bihoué, qui est une formation de laMarine nationale) et donne lieu à un classement. Inspiré despipe-bands écossais, ils sont de création relativement récente puisque le premier ne voit le jour qu'en1947, àCarhaix-Plouguer.
Par ailleurs, la recherche en ethnomusicologie, menée par certains musiciens et chanteurs, commeRoland Becker ouErik Marchand, sur les instruments, les formations musicales, les échelles au tempérament inégal ou les modes rythmiques cycliques donne naissance à divers spectacles musicaux et expériences de métissage avec des musiques traditionnelles d'ailleurs, ou avec d'autres types d'expressions musicales. Erik Marchand œuvre notamment à la réintroduction de la musique modale dans le paysage musicale breton par le biais de laKreiz Breizh Akademi.
Pardon de Saint-Yves à Tréguier.Page de garde du livre la vie des bienheureux et des saints de Bretagne, pour tous les jours de l'année deMalo-Joseph de Garaby.
Bien avant lesCeltes, les populations néolithiques érigentmenhirs,cairns ettumuli, dont il nous reste lesdolmens et les allées couvertes. Ces derniers ont un usage funéraire et cultuel avéré. La fonction des menhirs reste encore hypothétique, mais on leur attribue désormais un usage de marqueur territorial associé à des fonctions religieuses. La religiondruidique se répand avec l'arrivée des Celtes, notamment enGaule et dans lesîles Britanniques. La domination de la péninsule par les Romains amène, comme partout en Gaule, mais avec moins d'emphase, la construction de nouveaux lieux de culte dont certains restent visibles en élévation (temple deMars, àCorseul) et de statues du panthéon romain (Douarnenez,Corseul), quoique l'invention de plusieurs statues de type celtique indique la permanence des cultes précédents. À la fin de l'époque gallo-romaine, l'émigration bretonne en Armorique accentue l'implantation d'une nouvelle religion, lechristianisme celtique, qui se diffuse, non à partir des villes comme c'est en général le cas en Gaule, mais davantage à partir d'abbayes, de prieurés, d'oratoires, etc.[88]. Cette diffusion originale explique que le paganisme côtoie pendant des siècles la religion dominante, plus ou moins paisiblement, créant un monde hanté par le surnaturel, les signes et « intersignes », en particulier à la jonction du tellurique et du céleste (hauteurs, fontaines, multiples croix de pierre). Survivent, surtout dans la population rurale, des pratiques religieuses alternatives au modèle clérical à travers lesquelles s'exprime pendant des siècles une « culture folklorique » superficiellement christianisée. Aujourd'hui encore, nombre de légendes et de traditions locales évoquent des pratiques druidiques[89].
La dispersion de l'habitat, la faibleacculturation des campagnes à la culture écrite et la langue, pour la partie occidentale, constituent autant de données qui limitent l'imprégnation duprotestantisme en Bretagne (Blain,Vitré…). Après les grands désordres de laLigue, les pèresLe Nobletz,Maunoir etHuby deviennent les figures emblématiques de laContre-Réforme en Bretagne. Ils sont aussi à l'origine de l'usage d'images peintes de grand format — lestableaux de mission outaolennoù — pour illustrer leurs prêches au cours d'innombrables missions qui se poursuivent jusqu'en1957 en terre bretonnante, leLéon formant le pivot de leur succès[90].
Les chrétiens de Bretagne sont très majoritairementcatholiques. La sainte patronne de la Bretagne estsainte Anne (surnommée « Mamm gozh ar Vretoned », c'est-à-dire la grand-mère des Bretons), que des textes apocryphes etLa Légende dorée deJacques de Voragine présentent comme la mère de laVierge Marie et donc la grand-mère deJésus[92]. Le saint le plus vénéré estsaint Yves (Erwan en breton) (1253-1303), prêtre et juriste qui consacra sa vie à défendre et soigner les pauvres (voirSaints bretons). La plupart des saints bretons ne figurent pas sur les listes pontificales parce qu'ils ne sont sanctifiés que par l'onction populaire, antérieurement à la réservation au seul pape du droit de canonisation en1234, et loin deRome.
Dans beaucoup de paroisses, une fois par an, les croyants se rendent au « pardon », la fête du saint de la paroisse. Le pardon commence souvent par une procession, suivie ou précédée d'une messe ; cette fête a toujours un côté païen, avec des échoppes proposant nourriture ou souvenirs. Un des plus célèbres pardon est celui dédié àsaint Ronan, àLocronan, avec sa procession de 12 km, la « troménie » (dubretontro minic'hi, le tour de l'asile sacré du monastère)[n. 4], avec de nombreuses personnes en costume traditionnel. Le plus grand est celui dédié à sainte Anne (voir déesse celte Ana) àSainte-Anne-d'Auray dans le Morbihan.
Il faut citer unpèlerinage attesté depuis le Moyen Âge, leTro Breizh (le tour de Bretagne), où les pèlerins se rendent successivement sur la tombe de chacun des sept saints fondateurs de la Bretagne :
Ces lieux deviennent, par la suite, les sièges d'évêchés bretons, auxquels il faut adjoindre les diocèses deNantes (Naoned) et deRennes (Roazhon), pour constituer les9 diocèses historiques de Bretagne (qui sont, pour la plupart, supprimés en1790).
Historiquement, leTro Breizh se fait en une fois (environ 600 kilomètres) ; aujourd'hui, il se fait en plusieurs années. En2002, le Tro Breizh se déroule aupays de Galles, faisant symboliquement à l'envers le voyage des Gallois saints Paol, Brieuc et Samson. C'est un des rares pèlerinagescirculaires au monde.
Sur le territoire breton, une grande partie de la toponymie est d'origine gauloise ou gallo-romane, voire française, cependant dans les territoiresbretonnants, la majorité des noms de lieux est d'originebrittonique. La toponymie brittonique est souvent francisée, notamment dans les régions orientales où le breton a disparu depuis le Moyen Âge.
La Bretagne conserve la mémoire d'une grande variété decostumes traditionnels, signes d'identification à des « pays » ou terroirs. « Kant bro, kant giz » (« Cent pays, cent modes »), dit un proverbe. Ces costumes ne sont plus portés qu'à l'occasion des fêtes publiques (pardons, concours de danses et de chants, représentations). Une des caractéristiques les plus remarquables est la variété et la majesté des coiffes féminines, sortes de bonnets gracieux ornés de dentelle destinés à retenir et à cacher les cheveux.
La cuisine fait une large part au beurre salé. La proximité des côtes et le climat font de la Bretagne une région riche en fruits de mer (crabes, crustacés, coquillages) et en poissons. Les produits de la pêche, souvent du jour, sont fortement représentés dans les étals des commerces. De même, au niveau semi-industriel, on trouve de nombreuses spécialités de la mer en conserve, souvent en provenance de secteurs proches : rouille, soupe de poisson, tourteaux, araignées de mer, concentré de poissons, produits élaborés des pêches, algues comestibles, etc.
L'ostréiculture est très présente en Bretagne, que ce soit à grande échelle en magasin, ou directement auprès des nombreux petits producteurs qui jalonnent les côtes, et qui pour la majorité vendent directement leur production dans leurs magasins, la plupart à proximité des petits ports.
La Bretagne est unerégion cidricole importante. Les Bretons affectionnent une sorte dekir appelékir breton, mélange de crème de cassis et de cidre.
C'est aussi une régionviticole ancienne, aujourd'hui essentiellement concentrée sur la région nantaise, où le vignoble le plus connu est leMuscadet). Elle produit également un hydromel appeléchamillard en gallo etchouchen en breton. Depuis quelques années la production debières locales est en plein essor, avec, en 2016,80 brasseries professionnelles[98] qui proposent des bières classiques ou originales : cervoises, bières ausarrasin, au malt de whisky, à l'eau de mer. Enfin, quelques producteurs proposent des whiskies faits en Bretagne, dont certains médaillés lors de foires internationales[99] et un whisky conçu à partir de sarrasin (blé noir).
Lefootball, lecyclisme et lavoile sont les trois sports les plus populaires de Bretagne, qui comporte par ailleurs plusieurs sports régionaux comme legouren.
Le sport traditionnel le plus connu est legouren, nom breton de la lutte bretonne. Lefootball gaélique est présent au travers d'une dizaine de clubs dans la région. Parmi les jeux traditionnels, on peut citer laboule bretonne (boules en bois ou en terre cuite) et lejeu de palets ou galoche, surtout présent à l'est de la Bretagne.
Ledrapeau de la Bretagne, dans sa version moderne (1923), est leGwenn ha Du (en français : « Blanc et Noir »).
Le quart supérieur gauche reprend les armoiries de Bretagne : un semé de moucheture d'hermine. En héraldique, on dit « franc-quartier d'hermine plain », c'est-à-dire sans nombre précis. Habituellement, le drapeau en compte onze. Les bandes blanches et noires, selon l'explication la plus populaire, représentent les pays ouneuf évêchés de Bretagne : quatre pour les pays delangue bretonne et cinq pour les pays delangue gallo. Ces bandes sont dues à la volonté de créer un nouvel emblème pour rompre avec le vieux drapeau d'hermine, trop marqué par le mouvement régionaliste aristocratique, et que certains confondaient avec desfleurs de lys ; cette création s'inspire de la façon de construire les pavillons de marine auRoyaume-Uni, auxÉtats-Unis[105] et enGrèce.
À l'origine, il s'agit de doter le mouvementUnvaniez yaounkiz Vreiz (Union de la jeunesse de Bretagne) d'un emblème ; une souscription est lancée, relayée par le journalBreiz Atao et, à sa sortie, il s'impose « comme l'emblème incontournable du Mouvement breton »[106]. LeGwenn ha du est créé parMorvan Marchal, architecte, militant anticlérical et nationaliste breton, et exposé pour la première fois en1925, au pavillon de la Bretagne de l'exposition desarts déco, àParis[107].
Aujourd'hui, ce drapeau flotte au fronton de nombreuses mairies et de certains bâtiments publics de Bretagne (par exemple leconseil départemental de la Loire-Atlantique).Quelques communes utilisent toujours l'ancien drapeau d'hermine[réf. nécessaire], que le succès duGwenn-ha-du a marginalisé de même que leKroaz du, le drapeau à croix noire sur fond blanc ou d'hermine.
Parmi les emblèmes utilisés en Bretagne et permettant d'illustrer la naissance duGwenn ha Du, la première référence évoque un « vert étendard auxsept saints de Bretagne » qui aurait été arboré à la fin du hautMoyen Âge d'après une version de laChanson de Roland duXIe siècle[108].
Les emblèmes attestés sont les suivants :
Les souverains bretons auraient peut-être utilisé un drapeau blanc traversé d'une bande rouge, simplification des bannières à dragon rouge[109] ;
[Quand ?]À partir de Pierre Mauclerc, les ducs de Bretagne utilisent la bannière échiquetée au franc-quartier d'hermine ;
D'autres drapeaux, bannières ou étendards sont également utilisées pendant le Moyen Âge, notamment lors de laguerre de succession de Bretagne (1341-1364), les deux prétendants utilisent des flammes différentes, reprenant les couleurs aujourd'hui utilisées par le drapeau breton ;
Une croix noire sur fond blanc est attestée par plusieurs sources auxXVe et XVIe siècles sur divers supports : étendard, pavillon, bouclier, vêtement… Ce drapeau est nomméKroaz du, ce qui signifie « croix noire » en breton ;
Blason du duc de Bretagne Pierre de Dreux dit Mauclerc.
L'écu d'hermine forme lesarmoiries de la Bretagne depuis son adoption à la fin de l'année1316. Il remplace un échiqueté au franc-quartier d'hermine : le duc baillistre de Bretagne, d'origine capétienne,Pierre de Dreux dit Mauclerc, étant cadet, a brisé les armes des Dreux (échiqueté d'or et d'azur) par un franc-quartier d'hermine. Ces armes, introduites en Bretagne en1213, sont conservées par ses successeurs jusqu'àJean III qui, en, adopte lesemé d'hermine plain[110]. Ces dernières deviennent le symbole héraldique duduché puis de laprovince de Bretagne jusqu'à laRévolution.
Plusieurs explications peuvent être avancées pour justifier ces modifications. La première est la perte de valeur de l'azur et de l'or. Au départ, avoir des armoiries d'azur et d'or est un symbole de puissance ; il est difficile est onéreux d'obtenir ces couleurs. Or, au début duXIVe siècle, les armoiries arborant l'azur et l'or sont courantes. Ensuite, l'échiqueté est "passé de mode" alors que les armoiries pleines, comme en France ou en Angleterre, sont symbole de puissance. En n'ayant plus des armoiries brisées, il y a l'idée d'une dynastie propre pour un État propre. Enfin, il est nécessaire de tenir compte des sentiments du duc Jean III à l'égard de sa belle-mère,Yolande de Dreux. Rompre avec ces armes historiques, c'est aussi rompre avec elle, qu'il ne porte pas dans son cœur[110].
Malgré la disparition de la Bretagne comme entité politique en1790, l'écu d'hermine reste en usage jusqu'à aujourd'hui. Leconseil régional de la région administrative de Bretagne l'utilise parfois, sur les trains par exemple, après l'avoir intégré à son nouveau logo officielle, en remplacement d'un ancien à bande bleues et vertes[111].
Cet écu d'hermine est la source de toute l'emblématique bretonne : la bannière herminée donne le drapeau traditionnel, puis lefranc-quartier duGwenn-ha-Du ;Jean IV y puise sa devise personnelle, sonordre de chevalerie, salivrée et le nom du château de sa capitale (Vannes/Gwened)[réf. nécessaire] ; ses couleurs sont reprises auXVe siècle par la croix noire. La moucheture d'hermine est déclinée sur toutes sortes de support…
L'hermine héraldique, dont le motif répété est appelé « queue d'hermine », ou (plus héraldiquement) « moucheture d'hermine » apparait dans lesarmes de Bretagne avec l'arrivée de Pierre Mauclerc et des ducs capétiens[112]. Dès leXVIe siècle, elle colonise les médailles, les papiers timbrés, les documents officiels et privés, lesex-libris, les façades et lescursives de nombreux bâtiments. En 1925, Morvan Marchal conserve les hermines heraldiques dans la conception de son drapeau, le Gwen ha Du[112].
Contrairement aux armoiries qui représentent la Bretagne elle-même, l'hermine est la marque de ce qui est breton. C'est ce qui la rend si populaire, au point que le président du conseil régional de la région Bretagne l'a choisie commelogo en. Citons également l'ordre de l'Hermine.
L'hermine naturelle est l'animal proprement dit, revêtu, pour marquer la Bretagne, de la fourrure blanche qu'il arbore l'hiver dans les pays froids. Le ducJean IV, à son retour d'Angleterre, à la fin duXIVe siècle, est le premier à en faire sa devise (oubadge).
Ensuite, elle apparaît sur les sceaux des ducs, puis desÉtats de Bretagne, à lacathédrale Saint-Corentin de Quimper, sur les sablières d'églises, sur les châteaux des Montfort et un peu partout en support d'armoiries. Réactualisée en une bestiole sympathique, elle fait un retour en forceces dernières années[Quand ?], entre autres sur desmaillots de football[Lesquels ?] ou des panneaux urbains.
Elle devient le symbole de la Bretagne car, selon une légende, lors d'une chasse qu'Anne de Bretagne effectue avec sa cour, une hermine parvient à échapper à la mort mais, acculée par un chemin marécageux, elle se laisse tuer plutôt que de se salir. La duchesse Anne, impressionnée par son attitude, recueille l'hermine et défend qu'on y touche. Elle devient l'emblème de la Bretagne pour son courage et donne naissance à la devise« Potius mori quam fœdari » (« Plutôt la mort que la souillure », en breton « Kentoc'h mervel eget bezañ saotret »)[113].Selon les sources,le personnage cité[Lequel ?] peut aussi bien êtreConan Mériadec ou le roiBarbe-Torte.[réf. nécessaire]
Potius mori quam fœdari enlatin,Kentoc'h mervel eget bezañ saotret enbreton, parfois écourtée enKentoc'h mervel (plutôt la mort que la souillure), qui fait référence à l'hermine qui préférerait, selon la légende, mourir plutôt que de tacher sa fourrure immaculée (voirsupra la partie « hermine naturelle »). Cette devise est régulièrement utilisée par les régiments bretons, historiquement[114] ou actuellement[115], ou par la Résistance[116].
L'Armes Prydein parle des « armées noires » des Bretons d'Armorique et le poème d'Ermold Le Noir évoque leurs boucliers ronds peints en noir. Le noir devient une constante dans l'emblématique bretonne, et c'est une couleur rare. Peut-on en conclure que l'entourage de Jean IV de Montfort ait connu ces textes anciens ou connu cette tradition par d'autres sources lors de leur choix du noir pour leurs troupes ? En tout cas de nos jours l'association de couleurs noir/blanc évoque toujours la Bretagne sur des maillots de sportifs ou des casaques.[réf. nécessaire]
On peut également citer letriskel (outriskell), symbole à trois branches ancien etpolysémique (symbolisant probablement destriades bardiques, une roue solaire ou les éléments primaires : l'eau, le feu et la terre) que l'on retrouve dans les culturesceltes comme dans de nombreuses autres cultures à travers les cinq continents. Accepté petit à petit comme emblème panceltique, voire comme breton, il devient très populaire depuis 1972, en Bretagne surtout et, notamment, dans la jeune génération de l'époque. Mais cette popularité s'étend à un certain degré ailleurs (territoire français, Espagne en particulier). De la mode de porter le triskel autour du cou, imitantAlan Stivell, ou brodé sur la manche, il se propage aux marques et au tourisme bretons.
Dans le cadre des premiers échanges interceltiques,François Jaffrennou s'inspire de l'hymne gallois (Hen WLad fy Nhadau) pour rédiger un hymne à la Bretagne avec des paroles en breton, leBro gozh ma zadoù, qu'il publie en 1900. Cet hymne est repris par le courant nationaliste breton[112].
Un certain nombre d'autres symboles, aussi importants et tout aussi répandus (sinon plus), identifient la Bretagne et les Bretons. On peut citer lechapeau breton à guides, lacrêpe, la carte de la Bretagne avec ses différents pays, lemenhir ou ledolmen, la galette desarrasin, le calvaire, le pêcheur en ciré, laBigoudène ou laFouesnantaise en habits et coiffes traditionnels, le bol decidre ; ils tiennent lieu dans l'imagerie populaire de marque de bretonnitude, sinon de bretonnerie.
Les lettres BZH (voirBreizh dans l'orthographe du breton) apparaissent comme abréviation pourBretagne pour la première fois en1967 commemacaron de véhicules automobiles. Ce signe distinctif, comme tous ceux portant confusion avec un signe officiel, est interdit plusieurs fois pararrêté[117], avant d'être complètement banalisé de nos jours. Début 2013, la Bretagne obtient la création d'uneextension Internet « .bzh ».
En revanche, le personnage caricatural deBécassine, créé à une époque coloniale peu respectueuse des minorités, est perçu comme dégradant et insultant par le mouvement breton[118]. Il est mieux accepté de nos jours, où on peut le voir comme le symbole des petites gens quittant leur région pour trouver quelque emploi à Paris et qui sont légion dans la première partie duXXe siècle.
Du reste, dans les années 1970-1980, les Bretons se chargent de donner d'eux-mêmes une image plus juste et plus positive, avec les bandes dessinéesDu Termaji chez les Penn-Sardinn, de Kerik (remplis d'expressions populaires de la région de Douarnenez), etSuperbigou, de Stephan (en parler bigouden, mélange de français et de breton bigouden)[119].
Depuis les années 2010, nombreux sont les bretons désirant la création d'un nouvelémoji Drapeau breton. Cette revendication est portée principalement par l'association www.bzh (qui s'occupe du nom de domaine.bzh). Grâce à eux a eu lieu une expérimentation de cet emoji du au[120] sur Twitter (avec le hashtag #EmojiBZH)..
↑Le sondage s'inscrit dans une étude portant sur la pratique deslangues en Bretagne. Pour accéder aux informations concernant les sentiments d'appartenance, voir les pages 82 et suivantes de l'étude.
↑Locronan est située dans la forêt de Nevet (duceltiquenemet, qui signifie « sacré » et qui donne le motgauloisnemeton) qui, dans l’Antiquité celtique, est un sanctuaire dédié au culte organisé par les druides. VoirGwenc'hlan Le Scouëzec,Le Guide de la Bretagne, Coop Breizh, Spézet, 1997,(ISBN2-84346-026-3),p. 337-345.
↑Les moines fransiscains étaient appelés « Cordeliers » parce qu'ils portaient à la taille une corde en guise de ceinture.
↑Léon Fleuriot,Les Origines de la Bretagne,chapitreII : « Les Bretons sur le continent dans l’armée romaine et les premiers Bretons en Armorique »,Payot, Paris,p. 39 à 50, 1999(ISBN2-228-12711-6).
↑(en) (en)Donnchadh Ó Corráin (professeur d'histoire de l'Irlande à l'université de Cork) et Robert F. Foster (dir.),The Oxford History of Ireland, Oxford University Press,(ISBN0-19-280202-X), « Prehistoric and Early Christian Ireland ».
↑Léon Fleuriot,Les Origines de la Bretagne, Payot, Paris, 1980, pages 52-53.
↑Aux environs de 1136, dans sonHistoria regum Britanniae (Histoire des Rois de Bretagne),Geoffroy de Monmouth parle deBritannia minor par opposition àBritannia major, la Grande-Bretagne.
↑Divi Kervella,Petit guide des noms de lieux de Bretagne, Coop Breizh,p. 25.
↑Les auteurs de ces brutales agressions sont des guerriers désignés par leurs contemporains comme les hommes du nord (Normands). Eux-mêmes s'appellent Vikings, ce qui signifie « guerriers de la mer » dans leur langue, le norrois. Ils viennent de la Scandinavie (aujourd'hui, Danemark, Suède et Norvège).
↑Chronique de Flodoard AD 937 :« Les Bretons revinrent après de longs voyages dans leur pays dévasté […] ils eurent de fréquents combats avec les Normands […] ils restèrent vainqueurs et reprirent le pays dévasté ».
↑Un seul passage rédigé en vieux breton a été relevé parmi les textes anciens, dans un acte duCartulaire de Redon, les contractants fixent les clauses du contrat en latin mais détaillent les limites du bien-fonds en breton[PDF][1].
↑Jean-Louis Masson,Provinces, départements, régions : l'organisation administrative de la France d'hier à demain, Fernand Lanore, 1984, 698 pages,p. 551-553(ISBN285157003X).
↑« Les pour l'emportent » (étude réalisée par le statisticien Jacques Bonneau),Ouest-France, 08‑09‑09, page région.
↑Sondage de1986 réalisé par le centre Créa pour FR3 pour lequel 44 % des habitants de la Loire-Atlantique sont favorables au rattachement. Sondages TMO régions de1999 et de2006 présentant une majorité de réponses positives pour une question symétrique (maintien de la Loire-Atlantique dans la région Pays-de-Loire). Sondage TNS Sofres de2002 selon lequel le maintien du cadre administratif actuel ou la création d'une grande région Ouest sont approuvés par plus de sondés que le rattachement.
↑« Évolution tectonique du bâti armoricain oriental au Cénozoïque d'après l'analyse des paléosurfaces continentales et des formations géologiques associées »,Géologie de la France,no 3,,p. 11.
↑a etb"Instagram, un allié inattendu dans la lutte contre le tourisme de masse" par Hélène Bourelle et par Natacha Zimmermann dansSlate le 21 juillet 2023[2]
↑a etb" Provence Tourisme en quête d'une économie touristique plus durable", article dansMade in Marseille, avril 2023[3]
↑"Surtourisme : quotas, «démarketing»... Les pistes pour réduire les nuisances" par l'AFP dansLe Figaro[4]
↑D'autres organismes peuvent en dénombrer plus, suivant d'autres critères, comme leFestival interceltique qui ajoute lesAsturies, laGalice et laCantabrie même si ces trois régions du Nord de l'Espagne ne sont en rien celtiques sur le plan linguistique ;National Geographic,The Celtic Realm,.
↑Kristian Hamon,Les Nationalistes bretons sous l’Occupation, Yoran embanner, Fouesnant, 2005(ISBN2-914855-19-2), page 19 et suivantes.
↑Ce drapeau « n'a jamais voulu être un drapeau politique, mais un emblème moderne de la Bretagne », cité par O.L. Aubert, « Pour le drapeau ! », dans la revueBretagneno 152,,p. 292.
↑Divi Kervella,Emblèmes et symboles des Bretons et des Celtes, Coop Breizh, 1998,p. 42.
↑Divi Kervella & Mikael Bodlore-Penlaez,Guide des drapeaux bretons et celtes, Yoran Embanner, 2008.
↑a etbYves Coativy,Aux origines de l'État breton. Servir le duc de Bretagne aux 13e et 14e siècles, Rennes, Presses Universitaires de Rennes,, 342 p.(ISBN978-2-7535-7828-9),p. 26
↑abc etdAlainCroix,Dictionnaire d'histoire de Bretagne, Skol Vreizh,, 115;192;366(ISBN978-2-915623-45-1)
↑Mentionné parGwenc'hlan Le Scouëzec dans sonGuide de la Bretagne, page 40, éditions Coop Breizh, Spézet, 1987(ISBN2-84346-026-3). Figure dansLe Journal de la Bretagne des origines à nos jours, page 106 (dir. Jacques Marseille - éditions Larousse, Paris, 2001(ISBN2-03-575097-0)), où il est précisé qu'« il existe de multiples versions dans la culture populaire bretonne ».
Mickael Gendry et Vincent Béchec,Histoire de l'Armorique et de la Bretagne, Geste éditions, 2018,(ISBN979-10-353-0205-4),264 p.
Catalogue d'exposition, Michel Mauger,Un regard sur la Bretagne. Photographies de Ludovic Georges Hamon, dit Hamon-Tremeur (1875-1942). Rennes, Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 1999, 40 p.
Bernard Merdrignac,La Bretagne des origines à nos jours, Rennes, éditions Ouest-France, 2009.
Corentin Canevet,Le Modèle agricole breton. Histoire et géographie d'une révolution agroalimentaire, Presses universitaires de Rennes, Rennes, 1992,397 p.
Alain Croix (dir.).Bretagne. Images et histoire, Apogée, Presses universitaires de Rennes, Rennes, 1996,224 p.