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| Bourguignon-morvandiau Borguignon-morvandiau | ||
Aire linguistique du bourguignon-morvandiau | ||
| Pays | France | |
|---|---|---|
| Région | Bourgogne | |
| Nombre de locuteurs | 50 000 ayant une connaissance de la langue en 1988[1] 20 000 en 2022[2] | |
| Classification par famille | ||
| Codes de langue | ||
| Linguasphere | & 51-AAA-hl 51-AAA-hk & 51-AAA-hl | |
| Glottolog | bour1247 | |
| État de conservation | ||
Languesérieusement en danger (SE) au sens de l’Atlas des langues en danger dans le monde | ||
| Échantillon | ||
| Article premier de la Déclaration universelle des droits de l'homme[réf. nécessaire] (voir le texte en français) : Tôtes les jans nâssant libres et pairoils dans lote deignetai et dans los dreits. El aivant de lai raizon et peus de lai conscience et ai devant aigi les eins por les autres comant des freires. Extrait de roman en morvandiau : Lai maïon n'ost point frômée, ale ost ziâr ouvrie ès quaitre vents que chûlont brâmant ichi tôte l'an-née : Gailarne, Soulâr, Bige pis Drévent. | ||
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Lebourguignon-morvandiau oubourguignon-morvandeau (borguignon-morvandiau en bourguigno-morvandiau), parfois simplementbourguignon oumorvandiau, est unelangue romane traditionnellement parlée dans une grande partie de laBourgogne et notamment dans leMorvan. C'est une deslangues régionales de France[3]. Localement, pour désigner cette langue, on utilise le termemorvandiau dans la région du massif du Morvan et celui debourguignon (borguignon) dans le reste de son aire de répartition.
Traditionnellement parlé enBourgogne historique, il l'est aussi dans la partie morvandelle duNivernais. Le bourguignon est donc parlé de la ligne d'Auxerre-Langres au nord à la ligne Chalon-Le Creusot-Autun au sud, et délimité à l'ouest par le Morvan et à l'Est par la Franche-Comté. En effet, il est bordé au sud par le Mâconnais et le Lyonnaisfrancoprovençaux, à l'ouest par la Puisaye et le Nivernaisberrichons, au nord par le Sénonaischampenois et au nord-est par leLangrois également champenois.

Appartenant à la famille deslangues gallo-romanes, le bourguignon-morvandiau fait partie de l'ensemble linguistique deslangues d'oïl (comme lefrançais) et, au sein de celles-ci, du groupe des parlers situés au sud de laligne Joret.
Le bourguignon est donc une langue à part entière de l'ensemble linguistique deslangues d’oïl ; c'est une langue directement issue dulatin vulgaire, au même titre que lefrançais (dont l'ancêtre médiéval est la langue d'oïl appeléefrancien).
Il comprend plusieurs dialectes : l'auxois, le bressan, le dijonnais, le beaunois, le verduno-chalonnais, le valsaônois, le morvandiau, l'auxerrois, le langrois. Le parler du sud du Morvan est plus spécifique en ce qu'il a subi les influences du domaine francoprovençal au sud.
Le bourguignon est unelangue romane du domaine d’oïl, tout comme lefrançais, lenormand ou lepicard. Ces langues d’oïl descendent directement des formes localement parlé du latin vulgaire enGaule romaine. Cebas latin populaire a subi différentes influences selon les régions et les peuples qui les ont envahies. À l'époque médiévale, les langues d'oïl désignent l'ensemble connu sous le nom d'ancien français.
Les langues d’oïl se distinguent des autreslangues romanes (comme l’occitan et lefrancoprovençal, plus au sud, mais aussi l’italien et ses variétés, l’espagnol, lecatalan etc. etc.) par un accent particulier hérité du gaulois et de diverses influences, notamment celle de peuples germaniques tels les Francs. Cesinvasions franques et germaniques ont apporté aux langues d’oïl beaucoup de vocabulaire. Dans le cas de la Bourgogne et du futur bourguignon, l’influence des parlers germaniques (les Burgondes par exemple) a été relativement importante (les langues d’oïl parlées à l’est et au nord de la France sont celles qui ont subi l'influence germanique la plus forte, mis-à-part le normand qui est à l’ouest mais a subi l’influence desGermains scandinaves).
Le gros du vocabulaire bourguignon est d’origine latine, mais quelques motsceltiques hérités dugaulois ont survécu à la romanisation. LesBurgondes, qui ont envahi la région auVe siècle et ont donné leur nom à la Bourgogne (Burgundia,Burgondia), ont apporté beaucoup de mots de vocabulaire administratif au dialecte bourguignon.
Parce que lesÉtats bourguignons se sont progressivement étendus à l’actuelBelgique, aux actuelsPays-Bas et à une partie de l’Allemagne entre 1363 et 1579, le bourguignon a incorporé pendant près de deux siècles beaucoup de mots devieil hollandais, devieux flamand et devieux moyen-allemand.
Par exemple, le mot « couque » (pain d’épices), qui est issu du vieux néerlandais « kooke » ou « koeke », est entré dans le vocabulaire bourguignon auXIVe siècle, au moment de l’extension par lesducs de Bourgogne de l’État bourguignon sur lesPays-Bas et la Belgique. Ce mot, comme tant d’autres, fait toujours partie du vocabulaire bourguignon, plusieurs siècles après la fin duDuché de Bourgogne.
Quelques caractéristiques du bourguignon-morvandiau tel qu'il est connu au début duXXIe siècle (bien qu'au cours duXXe siècle son nombre delocuteurs ait décru drastiquement) sont des évolutionsphonétiques propres, certaines très anciennes (dès l'ancien français), d'autres plus récentes, une grammaire proche du français mais parfois simplifiée ou modifiée (notamment les verbes) ainsi qu'un certainarchaïsme dans le vocabulaire (voir point par point ces caractéristiques ci-dessous).

Le bourguignon-morvandiau se caractérise par de nombreuses évolutions des voyelles :
En outre, le bourguignon (de l'ouest surtout, leMorvan a subi les influences duVal-de-Loire) occupe une position singulière dans le domaine d'oïl : le bourguignon, tout comme lefranc-comtois, ont poussé le phénomène dediphtonguisation de l'ancien français plus loin et de manière plus uniforme que les autres variétés d'oïl. Ainsi, « ē » long latin (ainsi que « i » dans certaines circonstances) ont globalement évolué vers « ei » dès les premiers stades de l'ancien français. Les variétés d'oïl de l'ouest (normand,gallo) ont gardé cephonème inchangé jusqu'à nos jours, tandis que l'évolution de « ei » s'est poursuivie en « oi » de manière non uniforme dans les autres variétés. Le picard et les variétés du Centre-Val-de-Loire n'iront pas plus loin qu'« oè », pendant un temps le bourguignon semble ne retenir que « -o- » de « -oi- » (la prononciation /oɪ/ ou /ɔɪ/ s'était réduite à /o/) mais cette évolution n'a pas duré, le phonème /oɪ/ retrouve sa place en bourguignon et évoluera comme dans le reste du domaine d'oïl vers /oɜ/, /uɜ/ ou /ʊɜ/ (sauf un certain nombre de cas qui ont gardé la trace de cette ancienne évolution de « oè » vers « o », comme les terminaisons de l'imparfait au singulier ou lesubjonctif présent du verbe étre aux personnes du singulier etc.). Dans le reste du domaine d'oïl, et d'abord à l'est, l'ouverture de la finale (/ɔɪ/ passe à /ɔɜ/, puis à /ʊɜ/ avant de déboucher sur /ʊa/ auXVIIe siècle enChampagne et dans le sud dubassin parisien) aboutira au phonème « oi » tel qu'il est prononcé actuellement en français moderne. Le bourguignon et lefranc-comtois suivent, mais ils réaliseront l'application d'« ei » en « oi » de manière plus uniforme et plus poussée que le français. Ainsi, dans certaines circonstances, l'évolution ne s'est pas produite dès l'ancien français (francien) : les verbes « veiller », « empêcher » et « éteindre », le mot « même » n'ont pas été touchés par exemple. En bourguignon et enfranc-comtois, toutes les formes ont été touchées, on a ainsi « voillai », « empoichai », « étoindre » et « moîme ».
Le premier groupe réunit la plupart des verbes bourguignons. La conjugaison en-ai vient des verbes latins à infinitif en-are et correspond aux verbes français en-er (1er groupe). Enancien français bourguignon, la terminaison de l'infinitif avait en effet tendance à se diphtonguer en-eir (aleir au lieu dealer en ancien français francilien pour direaller,ailai en bourguignon actuel), cette tendance a persisté et la voyelle s'est ouverte en-ai- en même temps que le-r comme la plupart des consonnes en fin de mot cessaient d'être prononcées dans l'ensemble du domaine d'oïl (XIIe etXIIIe siècles), aboutissant dès leXVIe siècle à la terminaison actuelle-ai (on trouve le verbetailantay dans laDemantelure de Tailan en1611).
A l'imparfait, cette conjugaison présente une simplification, une forme unique à l'oreille au singulier et un autre unique aux personnes du pluriel (même si elles diffèrent à l'écriture). Le passé simple présente aussi un alignement (formes en-i- issues des autres groupes) ayant progressivement effacé les anciennes terminaisons en-a-. Enfin, la troisième personne plurielle du présent de l'indicatif présente souvent une terminaison innovante et accentuée en-ant probablement issue d'un alignement sur la première personne du pluriel (en-ans ou-ons).
Verbe régulier type :chantai (chanter)
| Participe présent | Infinitif | Participe passé | |
| chant-ant | chantai | chant-ai | |
| Présent | Imparfait | Futur | |
| 1PS : i / je (j') | chant-e | chant-oos | chant-eré |
| 2PS : tu (t') | chant-es | chant-oos | chant-erés |
| 3PS : ai (el), ale | chant-e | chant-oot | chant-eré |
| 1PP : i / je (j') | chant-ons | chant-eins | chant-erons |
| 2PP : vos | chant-ez | chant-eins | chant-erez |
| 3PP : ês | chant-ant | chant-eint | chant-eront |
| Passé simple | Passé composé | Conditionnel | |
| 1PS : i / je (j') | chant-is | é chant-ai | chant-eroos |
| 2PS : tu (t') | chant-is | és chant-ai | chant-eroos |
| 3PS : ai (el), ale | chant-it | é chant-ai | chant-eroot |
| 1PP : i / je (j') | chant-irens | aivons chant-ai | chant-ereins |
| 2PP : vos | chant-irens | aivez chant-ai | chant-ereins |
| 3PP : ês | chant-irent | aivant chant-ai | chant-ereint |
| Subjonctif présent | Subjonctif passé | Impératif | |
| 1PS : i / je (j') | chant-e | chant-isse | — |
| 2PS : tu (t') | chant-es | chant-isses | chant-e |
| 3PS : ai (el), ale | chant-e | chant-isse | — |
| 1PP : i / je (j') | chant-eins | chant-isseins | chant-ons |
| 2PP : vos | chant-eins | chant-isseins | chant-ez |
| 3PP : ês | chant-eint | chant-isseint | — |
Tous les verbes dont l’infinitif se termine par-ai se conjuguent ainsi, à l’exception des verbes dont le radical est en -e- qui se change aux trois premières personnes du présent de l'indicatif et dusubjonctif et de la deuxième personne du singulier de l'impératif de la manière suivante :
Verbe avec alternance vocalique type :aipelai (appelai)
| Participe présent | Infinitif | Participe passé | |
| aipel-ant | aipelai | aipel-ai | |
| Présent | Imparfait | Futur | |
| 1PS : i / je (j') | aipeul-e | aipel-oos | aipel-eré |
| 2PS : tu (t') | aipeul-es | aipel-oos | aipel-erés |
| 3PS : ai (el), ale | aipeul-e | aipel-oot | aipel-eré |
| 1PP : i / je (j') | aipel-ons | aipel-eins | aipel-erons |
| 2PP : vos | aipel-ez | aipel-eins | aipel-erez |
| 3PP : ês | aipel-ant | aipel-eint | aipel-eront |
| Passé simple | Passé composé | Conditionnel | |
| 1PS : i / je (j') | aipel-is | é aipel-ai | aipel-eroos |
| 2PS : tu (t') | aipel-is | és aipel-ai | aipel-eroos |
| 3PS : ai (el), ale | aipel-it | é aipel-ai | aipel-eroot |
| 1PP : i / je (j') | aipel-irens | aivons aipel-ai | aipel-ereins |
| 2PP : vos | aipel-irens | aivez aipel-ai | aipel-ereins |
| 3PP : ês | aipel-irent | aivant aipel-ai | aipel-ereint |
| Subjonctif présent | Subjonctif passé | Impératif | |
| 1PS : i / je (j') | aipeul-e | aipel-isse | — |
| 2PS : tu (t') | aipeul-es | aipel-isses | aipeul-e |
| 3PS : ai (el), ale | aipeul-e | aipel-isse | — |
| 1PP : i / je (j') | aipel-eins | aipel-isseins | aipel-ons |
| 2PP : vos | aipel-eins | aipel-isseins | aipel-ez |
| 3PP : ês | aipel-eint | aipel-isseint | — |
Sur le modèle de chantai se conjuguent la plupart des verbes du premier groupe. Le type avec alternance vocalique (typeaipelai) ne concerne que les verbes dont le radical est en -e-. En français, ce sont souvent les mêmes verbes et ils connaissent aussi l'alternance vocalique, remarquez :aipelai ;levai, tu leuves en bourguignon,appeler ;lever, tu lèves en français. Ces verbes sont :
Verbe type :maingé (manger)
| Participe présent | Infinitif | Participe passé | |
| maing-e-ant | maingé | maing-é | |
| Présent | Imparfait | Futur | |
| 1PS : je (j') / i (Morvan) | maing-e | maing-e-oos | maing-eré |
| 2PS : tu (t') | maing-es | mainge-e-oos | maing-erés |
| 3PS : ai (el), ale | maing-e | maing-e-oot | maing-eré |
| 1PP : je (j') / i (Morvan) | maing-e-ons | maing-eins | maing-erons |
| 2PP : vos | maing-ez | maing-eins | maing-erez |
| 3PP : ês | maing-e-ant | maing-eint | maing-eront |
| Passé simple | Passé composé | Conditionnel | |
| 1PS : je (j') / i (Morvan) | maing-is | é maing-é | maing-eroos |
| 2PS : tu (t') | maing-is | és maing-é | maing-eroos |
| 3PS : ai (el), ale | maing-it | é maing-é | maing-eroot |
| 1PP : je (j') / i (Morvan) | maing-irens | aivons maing-é | maing-ereins |
| 2PP : vos | maing-irens | aivez maing-é | maing-ereins |
| 3PP : ês | maing-irent | aivant maing-é | maing-ereint |
| Subjonctif présent | Subjonctif passé | Impératif | |
| 1PS : je (j') / i (Morvan) | maing-e | maing-isse | — |
| 2PS : tu (t') | maing-es | maing-isses | maing-e |
| 3PS : ai (el), ale | maing-e | maing-isse | — |
| 1PP : je (j') / i (Morvan) | maing-eins | maing-isseins | maing-ons |
| 2PP : vos | maing-eins | maing-isseins | maing-ez |
| 3PP : ês | maing-eint | maing-isseint | — |
Ces verbes sont à l'origine des verbes du premier groupe dont le radical se termine sur une gutturale. En ancien français, ces verbes avaient un infinitif en -ier, en français moderne ils ont été réintégrés dans le premier groupe. En bourguignon, leur infinitif est habituellement noté -é, ce qui diffère de -ai. Certains dictionnaires notent cependant ces verbes en -ai (maingeai oumainjai au lieu demaingé par exemple). Remarquez que la conjugaison demaingé nécessite l'introduction d'un -e- intermédiaire entre le radical et la terminaison quand celle-ci est ena ouo (je maingeons,ai maingeant,tu maingeoos) pour conserver le sonj de-g-. Cet e de liaison pour la prononciation n'est pas nécessaire pour les verbes en -ch- commetrainché par exemple.
| Participe présent | Infinitif | Participe passé | |
| étant | étre | étai | |
| Présent | Imparfait | Futur | |
| 1PS : je (j') / i (Morvan) | seus | étoos | seré |
| 2PS : tu (t') | es | étoos | serés |
| 3PS : ai (el), ale | ât / ost (Morvan) | étoot | seré |
| 1PP : je (j') / i (Morvan) | sons | éteins | serons |
| 2PP : vos | étes | éteins | serez |
| 3PP : ês | sont | sereint | seront |
| Passé simple | Passé composé | Conditionnel | |
| 1PS : je (j') / i (Morvan) | fus | ai étai | seroos |
| 2PS : tu (t') | fus | ais étai | seroos |
| 3PS : ai (el), ale | fut | ait étai | seroot |
| 1PP : je (j') / i (Morvan) | furens | aivons étai | sereins |
| 2PP : vos | furens | aivez chant-ai | sereins |
| 3PP : ês | furent | aivant étai | sereint |
| Subjonctif présent | Subjonctif passé | Impératif | |
| 1PS : je (j') / i (Morvan) | soos | feusse | — |
| 2PS : tu (t') | soos | feusses | sôs |
| 3PS : ai (el), ale | soot | feusse | — |
| 1PP : je (j') / i (Morvan) | seins | fusseins | seins |
| 2PP : vos | seins | fusseins | seins |
| 3PP : ês | seint | fusseint | — |
Verbe avoir : aivoi
| Participe présent | Infinitif | Participe passé | |
| aivant | aivoi | aivu | |
| Présent | Imparfait | Futur | |
| 1PS : je (j') / i (Morvan) | é | aivoos | airé |
| 2PS : tu (t') | és | aivoos | airés |
| 3PS : ai (el), ale | é | aivoot | airé |
| 1PP : je (j') / i (Morvan) | aivons / ons | aiveins | airons |
| 2PP : vos | aivez / ez | aiveins | airez |
| 3PP : ai (el), ales | aivant / ont | aiveint | airont |
| Passé simple | Passé composé | Conditionnel | |
| 1PS : je (j') / i (Morvan) | us | é aivu | airoos |
| 2PS : tu (t') | us | és aivu | airoos |
| 3PS : ai (el), ale | ut | é aivu | airoot |
| 1PP : je (j') / i (Morvan) | urens | (aiv)ons aivu | aireins |
| 2PP : vos | urens | (aiv)ez aivu | aireins |
| 3PP : ai (el), ales | urent | aivant / ont aivu | aireint |
| Subjonctif présent | Subjonctif passé | Impératif | |
| 1PS : je (j') / i (Morvan) | oos / aie | eusse | — |
| 2PS : tu (t') | oos / aies | eusses | oos / aies |
| 3PS : ai (el), ale | oot / aie | eusse | — |
| 1PP : je (j') / i (Morvan) | ains | usseins | ains |
| 2PP : vos | ains | usseins | ains |
| 3PP : ai (el), ale | aint | usseint | — |
Dans son vocabulaire, le bourguignon-morvandiau fait preuve d'une grande richesse, notamment dans leschamps lexicaux ayant trait à la vie quotidienne, la vie à la campagne, la nature, le temps etc. On trouve ainsi régulièrement plusieurs dénominations pour un même objet, être (par exemple unhêtre peut se dire :fôt,fotôt,fotâle,fouel(le),foïârd, etc.). Cette grande richesse du vocabulaire n'est pas un cas unique parmi les langues régionales qui, moins centralisées que les langues du pouvoir administratif (comme le français), ont moins eu l'occasion de centraliser leurs vocabulaires, ce qui favorise une foison de mots pour un même signifié sur un territoire réduit : c'est de village en village quasiment que les mots désignant une même chose diffèrent.
Une autre caractéristique, beaucoup plus singulière, du vocabulaire bourguignon-morvandiau est sonarchaïsme : beaucoup de mots courants en ancien français qui ont par la suite disparu dans la plupart des régions ont survécu dans le vocabulaire bourguignon-morvandiau jusqu'à nos jours, par exemple les mots « remaner », « écourre », « cuider », « escoeurre » et de nombreux autres n'ont souvent plus leur équivalents ni en français moderne ni dans les autres langues d'oïl.

Les parlers bourguignons duMorvan, qu'on rassemble sous l'appellation « morvandiau », sont en fait des variétés du bourguignon influencées par les parlers duCentre-Val de Loire, plus à l'ouest. Le « morvandiau » se divise en quatre grandes variantes :
La grande différence entre ces variétés est l'utilisation de« ç'ost » (c'est) au nord d'une ligneMontreuillon-Moux-en-Morvan et de « y'ost » (c'est) au sud de cette ligne, de même le son « j » se transforme en « y » au sud de cette ligne, par exemple« gauger » au nord (prendre l'eau) devient « gauyer » au sud.
De même, selon une ligne est-ouest deSaint-Brisson àLa Celle-en-Morvan, on différencie le parler : à l'ouest on dira un « cevau » et « eine çarotte » et à l'est un « chevau » (cheval) et « eune charotte » (charette), d'où l'utilisation du « ç » dans de nombreux textes morvandiaux.Ouvert largement aux influences extérieures (Bourgogne etNivernais), leMorvan a connu également des forces de conservation (nasalité de type médiévale, maintien de diphtongue de coalescence devant palatale, il constitue une butte témoin du bourguignon (Claude Régnier dansLes parlers du Morvan,académie du Morvan, 1979).
Le Morvandiau semble aussi apparenté au francoprovençal, en particulier par la présence d'un pronom neutre issu du latin « hoc » et par l'orientation du vocabulaire, ce qui confirme la thèse de Wartburg suivant laquelle la frontière Oc-Oïl était autrefois bien plus septentrionale que de nos jours (W. V. Wartburg,La fragmentation linguistique de la Romania, trad. Allières Slaka, Paris, Klincksieck, 1967, Bibliothèque française et romane).
Dans les vocables des villages le long de laSaône, on retrouve des sonoritésfrancoprovençales introduites par lebrionnais-charolais, dialecte d'oïl de transition avec le domainefrancoprovençal.
| Français | Brionnais | Sud-Morvandiau | Bourguignon |
| cheval | [ʦᵊvo] | [çᵊvo] | [ʃəvo,ʃəvaʊ] |
| genou | [ʣᵊnø] | [zᵊnoː] | [ʒənɔ̃,ʒəno] |
| gerbe | [ʣɑbrə,ʣᵊvɛlɔ̃] | [zarbə] | [ʒarbe] |
Celexique donne les formes les plus courantes en bourguignon-morvandiau.
| Bourguignon-morvandiau | Français | Ancien français | Bas latin |
|---|---|---|---|
| lou / le(les deux formes se rencontrent dans toute la Bourgogne) | le | le / lou, lo / lu (formes plus anciennes) | (il)lu(m) |
| i / je (dijonnais) | je | je / jeo / jo / jou | ego |
| lai vaiche | la vache | la vache | *illa vacca |
| lou viaige | le voyage | le viage / le veiage / le voiage | illu(m) viaticu(m) |
| lai târre | la terre | la terre | illa terra |
| lou chevau | le cheval | le cheval / le chevau | illu(m) caballu(m) |
| lai cheivre | la chèvre | la chievre | illa(m) capra(m) |
| l’home (brg.) / l'houme (mrv.) | l'homme | l'on / l'ome | ille homo /illu(m) homine(m) |
| lai fanne (brg.) / lai fome (mrv.) | la femme | la fame / la famne | *illa femina |
| bon(fém. bone ouboune) | bon, bonne | bon, buene | bonu(m), bona |
| mau(fém. maule) | mauvais, mauvaise | mal, male | malu(m), mala |
| beâ(fém. bâleouquelquefois bièle) | beau, belle | biau / bel, bele | bellu(m), bella |
| grand(fém. grand) | grand, grande | grant, grant | grande (grandis) |
| petiôt(fém. petiôte) | petit, petite | petit, petite | *pittitu(m), pittita |
| froos(fém. froîche) | frais, fraîche | fres, fresche | frescu(m), fresca |
| époos(fém. époosseou époisse) | épais | espois, espes | spissu(m) |
| roide(fém. roide) | raide | roit(fém. roide) | rigidu(m) |
| douc(fém. douque) | doux | douz, dolz, dulz | dulce(m) |
| douçot(fém. douçotte) | « doucet », doux | doucet, dulcet, dolcet | *dulcettu(m) |
| quei(fém. queiou quâle) | quel, quelle | quel / queu | quale(m) |
| tei(fém. teiou tâle) | tel, telle | tel / teu | tale(m) |
| tot, tote, tos, totes | tout, toute, tous, toutes | tot, tote, tuit / toz, totes | totu(m), tota, toti / totos, totas |
| trétos | tous(pronom) | trestoz / trestouz | trans totos |
| nun | nul, personne(pronom nég.) | neün | *ne unu(m) |
| roin | rien | rien(s) | *rem |
| aucun(fém. aucueuneou aucueugne) | aucun, aucune | aucun, aucune(sens positif) | *aliquunu(m), aliquuna(sens positif) |
| moîme | même | mesme, meïsme | *metipsimus de *met-ipse-issimus |
| ein(fém. eine) | un, une | un / ung, une | *unu, una |
| ein heus / eine pote | une porte | un uis / une porte | *unu(m) ostiu(m) / una porta |
| lou jor | le jour | le jor(n) | illu(m) diurnu(m) |
| lai neut | la nuit | la noit | illa nocte |
| remaignai / remaner | rester | remanoir, remaindre | remanere |
| toillai / toiller | enlever | tolir, tollir | tollere |
| écourre / écourer | battre(du blé ou autre) | escourre, escoudre | excutere |
| escoeure(même origine que écourre) | secouer | escourre, escoudre | excutere |
| accueudre | accueillir | acoillir, acoillier | accolligere |
| cueudre / cueiller | cueillir | cueildre, cueldre, keudre, cuedre, cueudre, coillir | colligere |
| côdre | coudre | cousdre, queusdre, keusdre | consuere |
| toinre | teindre | teindre, toindre | tingere |
| poinre | peindre | peindre, paindre, poindre | pingere |
| étoinre | éteindre | esteindre, estoindre | exstinguere |
| apponre | joindre | apondre | apponere |
| mainger | manger | mangier | manducare |
| chainger | changer | changier | cambiare |
| cuider | penser | cuidier | cogitare |
| soinger | penser (songer) | songier(ou panser) | somniare ("rêver, imaginer") |
| comançai | commencer | comencier | *cominitiare |
| connoître | connaître | conoistre | cognoscere |
| aivoi | avoir | avoir, aveir | habere |
| étre | être | estre | *essere (deesse) |
| peuvoi | pouvoir | pooir, poeir, podeir | *potere (deposse) |
| veuloi | vouloir | voloir, voleir | *volere (develle) |
| beuvre / boivre / borre | boire | boivre, beivre | bibere |
| faire(dans le Morvan fâre) | faire | fere, faire | facere |
| voi | voir | veoir, veeir, vedeir | videre |
| nôveau | nouveau, nouvelle |
SelonJean-François Bazin dansL’Almanach bourguignon (émission de la radioRCF en Bourgogne),Buxy est le seul nom d’une commune située sur le territoire de l’ancienne province bourguignonne comportant unX en milieu de nom où ce X se prononce /ks/ (le X dans Aloxe-Corton, Auxant, Auxerre, Auxey-Duresses, Auxonne, Auxy, Bissy-sous-Uxelles, Fixin, Franxault, Maxilly-sur-Saône, Semur-en-Auxois, Uxeau, etc. se prononçant /s/). Ce même Jean-François Bazin écrit dansLe Vin de Bourgogne :« le Bourguignon a en horreur lesx gutturaux. Il adoucit tout : Fixin se prononceFissin, AuxeyAussey, AuxerroisAusserrois, etc. En revanche, on bute sur lex de Buxy :Buk-sy ».
AuXXIe siècle le bourguignon-morvandiau ne se parle plus en dehors duMorvan et de ses marges. Les locuteurs sont souvent âgés mais il existe toujours une forme de transmission familiale. On entend toujours le timbre de cette langue dans les cafés des bourgs du Morvan, sur les marchés et aussi lors de veillées ou de festivals[réf. nécessaire].
Le bourguignon-morvandiau connaît une certaine vitalité dans le domaine écrit[4]. On le lit régulièrement dans les revuesVent du Morvan etle carnet du Ménétrier ainsi que dans les journaux locaux, on peut également l'entendre sur certaines ondes (Radio Morvan FM 95.8.).
Les conteurs Rémi Guilleaumeau,Pierre Léger, Jean Luc Debard, Jacques du Loup, Nanou Pichon, Guillaume Lombard, Laurent Desmarquet, des chanteurs comme Jean Michel Bruhat, BBM, Daniel et Marie France Raillard, Gaspard Malter, Vincent Belin, Rémi Guilleaumeau et des groupes comme les Ragoûts, ou les Traîne-Bûches utilisent fréquemment cette langue puisée dans une base de données importante d'archives sonores de la Maison du patrimoine oral basée à Anost[5].
Toutefois, les différents dialectes comme le brionnais-charolais, l'auxois, les parlers du val de Saône, même s'ils sont moins vigoureux sont toujours utilisés par une minorité de personnes vivant dans un milieu rural[réf. nécessaire].
Les différents parlers locaux comme le montcellien ou le creusotin sont eux toujours parlés ou compris par toutes les générations les plus âgées et par une minorité de personnes plus jeunes. Mais, malgré la disparition progressive de cette langue, ses intonations continuent d'imprégner le parler régional. De ce fait, le français tel qu'il est parlé peut être difficile à comprendre pour une personne peu habituée à cetaccent.

Le morvandiau-bourguignon fait l'objet d'une riche production littéraire depuis leXVIIe siècle :
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