
Cet article traite de l'histoire, de la diffusion et de l'importance dubouddhisme au Népal. Lebouddhisme est aujourd'hui la deuxièmereligion du pays, après l'hindouisme, principalement du fait desTamangs. Environ 10 % de la population népalaise est bouddhiste, tendance en légère baisse[2].
Le bouddhisme auNépal est représenté depuis le règne d'Ashoka auIIIe siècle av. J.-C., et l'envoi de missionnaires indiens et tibétains[3]. LesKirantis semblent avoir été les premiers à se conformer aux enseignements duBouddha historique, suivis par lesLicchavi et lesNewars. La tradition rapporte également que Siddhartha Gautama (bouddha historique) serait né en 563av. J.-C. àLumbini, au sein du royaume desŚākyas, aujourd'hui au Népal.
On observe spécifiquement au Népal unsyncrétisme entre hindouisme et bouddhisme, au point qu'ils partagent certaines divinités et certains temples (letemple de Muktinath en est un exemple remarquable). En ce qui concerne les courants du bouddhisme en eux-mêmes, les branches newar,theravāda ettibétaine sont représentées[4].
Durant le règne d'Aṃsuvarmā, auVIIe siècle, la princesse népalaiseBhrikuti a joué un rôle déterminant dans la diffusion et le développement du bouddhisme auTibet. L'architecture tibétaine bouddhiste a longtemps été influencée par des sculpteurs népalais, tels qu'Araniko.
Lestextes bouddhiques sacrés dans le courantmahāyāna sont en majorité écrits enrañjanā, système d'écriture calligraphique népalais. Dans le bouddhisme népalais, neuf textes sont particulièrement considérés ; il s'agit des « neuf joyaux duDharma », ou plus sobrement les neuf travaux (navagrantha), à savoir[5] :
Chaque année, le Népal accueille environ 10 000 touristes venus visiter les sites deBodnath et deSwayambhunath notamment[1],[4].
La légende rapporte que le princeSiddhartha Gautama, qui deviendra par la suite le Bouddha historique, serait né au Népal, àLumbini, probablement vers leVIe siècle av. J.-C. En effet, son nom Śākyamuni (littéralement « sage des Śākyas ») indique qu'il provient du clan desŚākyas, dont le territoire s'étendait sur l'actuelUttar Pradesh enInde, ainsi que sur leTerraï népalais.
Il est à noter que le clan Śākya est également présenté dans la littérature bouddhique comme l'origine de l'empereurAshoka et des rois deCeylan.

L'empereurAshoka de l'empire maurya, auIIIe siècle av. J.-C., semble avoir érigé despiliers à Lumbini, lieu de naissance du Bouddha. Après letroisième concile, Ashoka envoie des missionnaires au Népal. La tradition voudrait que cet empereur ait aussi construit les quatrestūpas dePatan ; de même, sa fille, Charumati, aurait fondé le village de Chabahil, situé entre Katmandou etBodnath.
La période desLicchavi voit prospérer indifféremment le bouddhisme et l'hindouisme au Népal. Les meilleurs exemples de l'art bouddhiste de cette époque sont à trouver dans le bouddha à demi immergé dePashupatinath, leVishnou endormi de Budhanilkantha et la statue de Bouddha associée à diverses représentations de Vishnou àChangu Narayan.
Untexte bouddhique, leManjushri mulakalpa[6], fait mention d'un roi du Népal mandala (soit ce qui serait l'actuelle vallée de Katmandou[7]), MānadevaIer. Des chercheurs pensent que le Mulasarvastivadavinaya, qui comporte une mention similaire, fut rédigé durant leIIe siècle[6], et que le Manjushriulakalpa le fut à l'époque de Mānadeva, soit à la fin duVe siècle[8]. Le Svāyambhū Purāṇa, antiquepurāṇa bouddhiste, ainsi qu'une inscription de l'époque Licchavi[9] font également référence au Népal mandala.
Des inscriptions bouddhistes, des chroniques et des sources tibétaines évoquent un petit nombre de divinités tantriques bouddhistes, commeAkshobhya,Amitābha,Vajrayogini, Vajrabhairava,Usnisavijaya etSamantabhadra. L'influence marquée de l'animisme conduit au culte de divinités bouddhistes telles que les Pancaraksas.
La tolérance religieuse et le syncrétisme ont été mis en exergue au cours de la période Licchavi. Le roi Mānadeva considéra tout autant les sites bouddhistes qu'hindous. Par conséquent, sa famille put trouver dans diverses croyances leur expression.
Les cultes deschaityas ont également été introduits durant cette période. De nombreux sites antiques furent reconnus comme des chaityas majeurs, comme ceux deSwayambhunath, deBodnath, deKatmandou, ainsi que les quatre stūpas dits d'Ashoka àPatan et deux cents pierres datant de la période Licchavi.
Il est possible que cette pratique, dans des manifestations antérieures, était reliée au culte de pierres remarquables, qui aurait pu prendre leur source chez les Kiratas habitant auparavant la vallée de Katmandou. Selon l'une des plus anciennes inscriptions Licchavi, le culte des chaityas se composait d'une déambulation autour du site et en l'offrande d'objets rituels tels que l'encens, de la poudre de couleur, des lampes à huile et des libations. Quelquefois, il pouvait même impliquer de redécorer un chaitya existant avec force peintures et motifs.

Aṃsuvarmā, roi Licchavi duVIIe siècle, maria sa filleBhrikuti au dirigeant du Tibet, le roiSongtsen Gampo. On crédite à cette dernière la diffusion du bouddhisme au Tibet. Elle est aussi considérée comme la réincarnation de laTara verte, représenté dans de nombreuxthangkas. Cet âge peut être perçu comme une période dorée pour le bouddhisme dans la région[10].
Sous lesMalla, on peut remarquer un développement des paubhās, peintures religieuses des Newars. Pendant le règne de Jayasthiti Malla, les moines célibataires furent chassés du Népal, ce qui conduisit à l'introduction du mariage monacal dans le bouddhisme newar. De ce fait, lebouddhisme theravāda ne fut plus représenté au Népal jusqu'auXXe siècle.
La dynastie Shah a connu le déclin du bouddhisme au Népal, qui s'est finalement confondu avec les pratiques hindoues. Au nord, le royaume Mustang dirigé par le bouddhiste Lopa et les Thakali ont vu l'épanouissement dubouddhisme vajrayāna (celui propre au Tibet).
Il est souvent admis que le bouddhisme newar moderne aurait, à cause de nombreux traits similaires avec l'hindouisme tantrique, été en grande partie absorbé par ce dernier. En réalité, le bouddhisme newar possède ses caractéristiques propres dans de nombreuses pratiques et formes artistiques. Au nord, les populations d'origine tibétaine perpétuent leurs pratiques propres, et ce particulièrement chez les Nyimbas. D'autre part, les Thakalis, connus pour leur rôle de première importance dans la société népalaise tout en conservant un bouddhisme tibétain, ont commencé à embrasser l'hindouisme également dans les années plus proches de nous.
Il est à remarquer que, durant le régime autocratiqueRānā, plusieurs bouddhistes theravādas furent bannis du Népal, notamment en 1926 et en 1944, en réaction à un retour de cette branche dans les années 1920.
C'est également à cette époque qu'est redécouvert le site de Lumbini, lieu de naissance traditionnel du Bouddha historique.

Au Népal, la majeure partie de la population est hindouiste. Le bouddhisme a néanmoins une importance affirmée dans la sphère culturelle, au point que de nombreux lieux de cultes soient partagés par les bouddhistes et les hindouistes. La distinction entre ces deux religions n'est donc pas toujours évidente au Népal, contrairement aux autres pays.
Au sein des locuteurstibéto-birmans, lebouddhisme tibétain est la forme la plus répandue. Le bouddhisme newar est une forme duvajrayāna influencé par letheravāda. Plusieurs courants bouddhistes sont aussi marqués par des apports hindouistes. Le bouddhisme est ainsi la religion dominante des contrées quasi-vides d'hommes du nord du pays, où se trouvent lesSherpas, les Lopas, les Managis, les Thakalis, les Lhomis, les Dolpas et les Nyimbas.
Au centre du pays, lesGurungs, lesLepchas, lesTamangs, lesMagars, lesNewars, les Yakkhas, les Thamis, les Chhantyals et lesChepangs, comptant plus de population, sont également bouddhistes. Du fait de leur contact récurrent avec lesystème de castes hindou, certains d'entre eux sont allés jusqu'à adopter l'hindouisme et à se fondre dans cette société.
LesKirantis, en particulier les Limbus et lesRais, ont eux aussi adopté des pratiques bouddhistes à leurs voisins. Les Jirels, considérés comme des Kirantis, en ont fait de même.
Depuis 2006, le Népal est un pays laïc, où toutes les religions sont regardées à égalité[4]. Selon le recensement de 2011[2], les bouddhistes népalais se détaillent comme suit :
| Groupe ethnique | Recensement de 2001 (en %) | Population totale en 2011 | Bouddhistes recensés en 2011 | Part de bouddhistes en 2011 (en %) |
|---|---|---|---|---|
| Tamang | 90,26 | 1 539 830 | 1 344 139 | 87,29 |
| Magar | 24,47 | 1 887 733 | 340 608 | 18,04 |
| Gurung | 69,03 | 522 641 | 327 813 | 62,72 |
| Newar | 15,35 | 1 321 933 | 141 982 | 10,74 |
| Sherpa | 92,83 | 112 946 | 111 068 | 98,34 |
| Bhote | 59,40 | 13 397 | 13 173 | 98,33 |
| Ghale | non recensé | 22 881 | 11 451 | 50,05 |
| Hyolmo | 98,45 | 10 752 | 9 819 | 91,32 |
| Thakali | 65,01 | 13 215 | 8 995 | 68,17 |
| Chhantyal | 64,2 | 11 810 | 0 | 0 |
| Jirel | 87 | 5 774 | 0 | 0 |
| Lepcha | 88,8 | 3 445 | 0 | 0 |
| Autres groupes | 0,81 | 21 028 147 | 87 051 | 0,41 |
| Total | 10,74 | 26 494 504 | 2 396 099 | 9,04 |
Durant la décennie 2001-2011, la population se déclarant bouddhiste a décru de 10,74 % à 9,04 %. Il est à noter qu'en 2011, aucun des Chhantyals, des Jirels et des Lepchas ne s'est déclaré bouddhiste. À titre de comparaison, en 1954, environ 700 000 bouddhistes étaient recensés[2].