Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant lesréférences utiles à savérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références ».
La plus ancienne appellation est le terme historiqueBošnjanin (enlatin :Bosniensis), qui désignait un habitant de l'État médiéval de Bosnie. Lesbans (vice-rois) et rois de Bosnie ont toujours utilisé ce terme dans leurs missives pour désigner le peuple dont ils font partie. Les Ottomans reprirent cette dénomination qui devintBoşnak dans leur langue, le suffixe « ak » propre à la langue turque remplaçant alors le suffixe slave « anin ». Au cours du règneottoman, les habitants de Bosnie s'approprièrent la désignation turque qui devintBošnjak (pl.Bošnjaci), toujours pour désigner n'importe quel habitant de Bosnie, quelle que soit sa confession.
C'est ce terme qui fut repris auXIXe siècle par les Allemands (« Bosniake »), les Français (« Bosniaque ») et les Anglais (« Bosniak ») pour nommer l'habitant de Bosnie. Il garda ce sens premier jusqu'à l'éclatement de la Yougoslavie dans les années 1990.
En Bosnie en revanche, la dénominationBošnjak tomba en désuétude au début duXXe siècle pour céder la place àBosanac, car les catholiques et les orthodoxes ne se reconnaissaient plus dans le terme « Bosniaque /Bošnjak »[7],[8]. Aujourd'hui encore,Bosanac désigne tout habitant de Bosnie-Herzégovine. Bien qu'il ait été traduit en français par « Bosniaque » jusque dans les années 1990, la résurgence de l'appellationBošnjak pour désigner les seulsSlaves musulmans de Bosnie a conduit à l'utilisation en français du terme de « Bosnien » comme traduction deBosanac.
Étant une région éloignée et montagneuse, la Bosnie semble avoir été colonisée par un plus petit nombre de colons slaves que la région en général et a peut-être servi de zone de refuge pour les peuples autochtones[10]. Les tribus désignées sous les ethnonymes de « Serbe » et de « Croate » sont décrites comme une seconde migration de différentes tribus au cours du deuxième quart duVIIe siècle qui ne semblent pas avoir été particulièrement nombreuses[11],[12]. Les premières tribus « serbes » et « croates », dont l'identité exacte fait l'objet d'un débat savant[13], sont venues à prédominer sur les Slaves dans les régions voisines. La Bosnie proprement dite semble avoir été un territoire en dehors du royaume serbe et croate et n'est pas énumérée comme une des régions colonisées par ces tribus.
Au Moyen Âge, la Bosnie rassemble essentiellement des Bosniaques de religion patarine (Église bosnienne) et catholique. En 1232, le banNinoslav fait du patarinisme la religion d'État[17]. Après la conquête ottomane et la chute du royaume de Bosnie, les Bosniaques patarins se convertiront graduellement à l'Islam, promu par les Turcs. Au début des années 1600, environ deux tiers des Bosniaques étaient musulmans[18]. Les nouveaux maîtres ottomans feront venir desValaques de religion orthodoxe comme force de travail ainsi que pour repeupler les territoires désertés à cause de la guerre ou de divers fléaux. C'est à partir de ce moment que s'implante plus sérieusement le courant chrétien orthodoxe en Bosnie alors qu'il n'était que très peu présent auparavant[19]. Lors de la période de l'éveil des nationalismes, les catholiques de Bosnie vont commencer à s'identifier comme Croates alors que les orthodoxes vont rejoindre le camp serbe. Ces entreprises decroatisation(en) etserbisation(en) de la population chrétienne, menées par les idéologues et missionnaires des pays voisins, seront vivement décriées par le frère franciscainAntun Knežević(en), lui-même s'identifiant comme Bosniaque et étant partisan d'un nationalisme bosniaque multiconfessionnel[7],[8]. Ainsi, avec le temps, seuls les musulmans garderont un sentiment envers la Bosnie et resteront Bosniaques.
En 1918, lorsque la Bosnie est annexée par leroyaume de Yougoslavie, les Bosniaques deviennent des citoyens de seconde catégorie: leur peuple n'est plus reconnu par le pouvoir en place et leurs droits sont bafoués. À cause de leur adhésion à l'Islam, ils deviennent les boucs émissaires de la haine que certains peuples voisins avaient accumulée pour lesOttomans durant leurs quatre siècles de règne dans la région. Cette situation perdure jusqu'en1974, enYougoslavie communiste, où les Bosniaques obtiennent finalement un semblant de reconnaissance. En effet, à ce moment, s'il existait officiellement les nationalitéscroate,macédonienne,serbe,monténégrine etslovène, la nationalitébosniaque n'avait pas de reconnaissance officielle et lors des recensements, la plupart desmusulmans de Bosnie-Herzégovine en particulier et de Yougoslavie en général ne déclaraient pas d'appartenance nationale. En1974 cependant, la nouvelle constitution yougoslave introduit la nationalité deMusulman (leM majuscule indiquant bien qu'il s'agit d'une nationalité), qui sera adoptée par la très grande majorité des bosniaques de Yougoslavie. Malgré la volonté des intellectuels bosniaques à un retour au nom historiqueBosniaque, le président Tito refusa. Cette dénomination restera utilisée jusque dans lesannées 1990, lorsque les musulmans de Bosnie demandent la reconnaissance de leur peuple en tant que nation. Au début de laguerre de Bosnie-Herzégovine, les dirigeants des Musulmans de Bosnie choisissent de substituer à l'appellation « Musulman ».
Aujourd'hui, lesBosniaques sont quelquefois désignés par le termeBosniens, ouBosniens musulmans. Cependant dans ce contexte, ces termes sont imprécis carBosnien/ne(s) désigne les citoyens de Bosnie-Herzégovine, quelle que soit leur origine ethnique : Bosniaques,Serbes,Croates et les autres minorités de Bosnie-Herzégovine (Roms,Juifs...). Quant au termeBosnien musulman, il est souvent considéré comme péjoratif, car il implique une désignation religieuse malgré les revendications historiques desBosniaques pour une reconnaissance en tant que nation. Bien que le recensement de la population de 2013 montre les Bosniaques comme presque exclusivement musulmans (à cause de la politisation du recensement), il existe tout de même beaucoup de Bosniaques chrétiens et une petite minorité d'athées ou d'agnostiques, mais il est impossible d'en connaitre les chiffres exacts.
En français, le termeBochniaques (transcription phonétique du termeBošnjak) est apparu parfois en raison de la confusion fréquente entre Bosniaque et Bosnien pour désigner les Bosniaques lorsqu'il est question de musulman slave de langue bosnienne n'habitant pas laBosnie-Herzégovine, notamment dans leSandjak deSerbie, au Monténégro et auKosovo.
Selon le Congrès bosniaque mondial, tous ceux qui ont pour langue maternelle lebosnien sont, de fait, Bosniaques, peu importent leur religion ou leurs croyances[20].
Le principal haplogroupe présent chez les Bosniaques est l'haplogroupe I I2a (I2a1b3), né dans lesBalkans il y a plus de 30 000 ans, environ 55 % de la population en Bosnie-Herzégovine serait d'haplogroupe I avec la plus grande concentration mondiale enHerzégovine. Il est également l'haplogroupe dominant dans les pays de l'ancienne Yougoslavie.
La très grande majorité des Bosniaques sontmusulmanssunnites de traditionhanafite. Il existe cependant des Bosniaques adeptes de l'islamchiite, souvent des adeptes dubektachisme, et de la religionchrétienne bien qu'ils soient moins nombreux.
Premier drapeau de la République indépendante de Bosnie-Herzégovine (1992-1998) et symbole du peuple bosniaque.
Un symbole fréquent des Bosniaques est lafleur de lys représentant le lys bosniaque (ouLilium bosniacum). Il était présent sur le premierdrapeau de la Bosnie-Herzégovine indépendante mais ne figure pas sur le nouveau drapeau, plus ouvert vis-à-vis des autres composantes de la population deBosnie-Herzégovine. Cet emblème est en fait le blason du premier roi bosniaque,Tvrtko Kotromanić.
Kulin Ban : ban de Bosnie qui donna une grande indépendance à son pays et écrivit une charte considérée comme le plus vieux document en langue bosnienne. Cette charte délimite les frontières de la Bosnie.
Tvrtko Kotromanić : d'abord ban et devient ensuite le premier roi de la Bosnie. Il agrandit de façon notable le territoire de la Bosnie.
Ivan Franjo Jukić : moine franciscain qui lutta pour l'éveil national et les droits des Bosniaques. Il était partisan d'un nationalisme bosniaque multiconfessionnel.
Antun Knežević(en) : frère franciscain, historien et écrivain bosniaque.
Mehmed Spaho : homme politique qui défendait les droits des Bosniaques dans le royaume de Yougoslavie. Il fut empoisonné par des Serbes à Belgrade en 1939, à cause de son objection à une partition de la Bosnie.
Mak Dizdar : poète bosniaque, inspiré notamment par les écrits présents sur les tombes médiévales bosniaques (stećci) des patarins del'Église bosnienne
Muhamed Filipović : intellectuel et historien qui lutta pour le retour du nom historiqueBosniaque. Il est également président de l'Académie bosniaque des sciences et des arts.
Alija Izetbegović : premier président (1992-2000) de la République indépendante de Bosnie-Herzégovine. Il a redonné son indépendance à la Bosnie après cinq siècles d'occupations étrangères.
Christoph Pan, Beate Sibylle Pfeil, Michael Geistlinger,National Minorities In Europe, Purdue University Press, 2004(ISBN978-3700314431) : « The Peoples of Europe by Demographic Size », table 1,p. 11f.