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Dans ce nom, lenom de famille précède lenom personnel.
Bo Xilai | |
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Fonctions | |
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Chef duParti communiste de lamunicipalité deChongqing | |
– (4 ans et 4 mois) | |
Prédécesseur | Wang Yang |
Successeur | Sun Zhengcai[1] |
Ministre du Commerce de larépublique populaire de Chine | |
– (3 ans et 10 mois) | |
Prédécesseur | Lü Fuyuan |
Successeur | Chen Deming |
Biographie | |
Date de naissance | (75 ans) |
Lieu de naissance | Dingrang (Shanxi,Chine) |
Nationalité | Chinoise |
Parti politique | Parti communiste chinois |
Conjoint | Li Danyu puisGu Kailai |
Enfants | Li WangzhiBo Guagua |
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Bo Xilai (薄熙来), né le à Dingxiang, dans la province duShanxi, est unhomme politiquechinois. Il est un membre important de la classe dirigeante chinoise jusqu'à sa chute en et son exclusion duComité central du Parti communiste chinois.
Il est, de à, ministre du Commerce du gouvernement de larépublique populaire de Chine (RPC) et, de à, chef du Parti communiste de laville-province deChongqing où il se rend populaire en 2009 par sa lutte virulente contre lamafia locale : plus de 2 000 personnes ont été mises en prison dont des directeurs de la police au plus haut niveau et 67parrains. Ses politiques répondent au nom de « modèle de Chongqing ».
Son ascension politique s'interrompt brusquement début 2012 dans le cadre d'affaires financières et criminelles, incluant celle du meurtre de l'homme d'affaires britanniqueNeil Heywood, dans laquelle son épouseGu Kailai est condamnée[2], et des écoutes téléphoniques illégales de hauts dirigeants[3].Il est démis de ses fonctions de chef du Parti communiste de Chongqing le, puis exclu du Comité central du PCC[4] le et emprisonné.
Ceprince rouge est le fils deBo Yibo, l'un deshuit immortels du Parti communiste chinois.Durant la révolution culturelle, sa mère se suicida (ou est poussée au suicide)[5]. Bo Xilai durant sa jeunesse fit partie du « comité d'action unie », l'une des factions les plus extrêmes desgardes rouges et surtout l'une des plus violentes. Il fera d'ailleurs plusieurs séjours en prison[6].
En 1977, il reprend des études, et est admis au départementhistoire de l'université de Pékin. Après avoir reçu un diplôme d'art, il reçoit unemaîtrise enjournalisme de l'Académie de sciences sociales dePékin en 1982[7].
Bo Xilai commencera à travailler en 1968, et ne rejoindra leParti communiste chinois (PCC) qu'en.Bien qu'étant entré au PCC relativement tard, Bo s'y consacre ensuite entièrement. De 1982 à 1984, il travaille pour le département « Recherche » du secrétariat duComité central du PCC.
Il part ensuite pour la province duLiaoning, où il passe une grande partie de sa carrière, évoluant à divers postes au sein du PCC[7].En, il devient maire deDalian. D' à, il est nommé secrétaire du Comité du PCC de Dalian, avant d'être investi gouverneur de la province du Liaoning. Son ascension vers la gloire est marquée par ses fonctions en tant que maire de la plaque tournante économique côtière de Dalian, puis par sa nomination au poste de gouverneur du Liaoning. Bo cultive une image décontractée dans les médias, un abandon de la nature normalement guindée de la politique chinoise.
Selon l'avocatDavid Matas, Bo Xilai serait impliqué dans lesprélèvements d'organes forcés sur des prisonniers membres du mouvement duFalun Gong[8].
En, il devient membre du16e Comité central du PCC. En 2007, il est nommé membre du politburo du17e Comité central du PCC[7].
Durant son mandat àChongqing de à, Bo s'est fait une réputation pour avoir mené une campagne de longue haleine contre le crime organisé, le rétablissement des programmes sociaux égalitaires pour la classe ouvrière de la ville, s'appuyant sur les deux chiffres de croissance duPIB, et pour avoir initié des campagnes « néomaoïstes » afin de faire revivre l'époque de larévolution culturelle. La politique conservatrice et sociale de Bo Xilai a donné naissance à un nouvel achétype politique chinois nommé le "modèle de Chongqing". Cette rhétorique populiste et les réalisations de son « modèle de Chongqing » font de lui le champion de la nouvelle gauche chinoise déçue par les réformes du marché économique du pays et par l'écart de richesse croissant. Fort de ces soutiens, il cherche ouvertement (ce qui ne se fait pas habituellement) à être promu dans leComité permanent du bureau politique du Parti communiste chinois et qui doit être renouvelé lors duXVIIIe Congrès national du Parti communiste chinois en automne 2012[9].
En, il est nommé ministre du Commerce de la république populaire de Chine. Il a ainsi la tâche de guider la Chine, puissance commerciale montante, dans le jeu économico-diplomatique de l'économie globalisée. À la suite de son accession à l'OMC en2001, la Chine a obtenu la fin des barrières douanières, en ce qui concerne l'exportation de produits textiles manufacturés, au.
Face à la forte progression des importations qui, selon eux, menace l'industrie textile locale, l'Union européenne et lesÉtats-Unis ont rapidement réagi en instauranttemporairement des quotas limitant la quantité de vêtements chinois autorisée à rentrer sur leurs territoires. S'ensuivit une série de négociations bilatérales entre les représentants des deux puissances occidentales et le ministère de Bo Xilai.
En tant que Secrétaire du Parti de Chongqinq, Bo Xilai fait revivre « l'idéal révolutionnaire » deMao Zedong en engageant une campagne de propagande avec des slogans et des « chants rouges » patriotiques[10].
Pour l'universitaire Willy Lam, le renouveau dumaoïsme en Chine commence en 2008 et culmine le lors du90e anniversaire de la création du PCC. L’épicentre de la revitalisation des normes maoïstes se situe dans lamunicipalité de Chongqing, avec Bo Xilai à sa tête depuis 2007. Des statues de Mao sont alors remises en place dans les bureaux du gouvernement local, les usines et les universités alors qu’elles avaient été retirées en 1978. Une statue de sept étages de Mao fut édifiée dans le quartier des universités[11].
En, lors du procès de Bo pour corruption, ses partisans ont manifesté en brandissant des portraits de Mao Zedong[12].
La fortune politique de Bo Xilai connaît un tournant abrupt début 2012 avec l'incident Wang Lijun (en), dans lequel son premier lieutenant, vice-maire de la ville et chef de la police, aurait demandé l'asile à un consulat des États-Unis, après avoir découvert l'implication de l'épouse du dirigeant, Gu Kailai, dans le meurtre d'un consultant britannique, Neil Heywood, en[13].
En avril de la même année, il apparaît que Bo Xilai aurait recouru à des écoutes de haut-dirigeants du Parti communiste, incluant le présidentHu Jintao[14].
Dans le cadre de cette affaire, Bo est démis de ses fonctions du parti de Chongqing en[15], puis le exclu du Comité central du PCC[16], et son épouse Gu Kailai mise en garde à vue[17].
Gu Kailai a été condamnée à la peine de mort avec sursis le[18].
Le procès de Bo Xilai s'ouvre le àJinan, capitale de laprovince chinoise deShandong[19], loin des villes où Bo Xilai a eu des responsabilités, avec comme accusation « corruption,détournement de fonds et abus de pouvoir ». Bo Xilai est le dirigeant le plus haut placé à comparaître devant la justice depuis 1980 avec le procès de labande des Quatre et deJiang Qing, la veuve deMao Zedong[20].
La défense de Bo Xilai a été désignée d'office[21]. Li Xiaolin, un avocat proche de la famille, constate qu'il n'a pas été choisi pour assurer la défense de Bo. Selon lui, les avocats désignés (Wang Zhaofeng et Li Guifang du cabinet Deheng) se sont certainement mis d’accord avec les autorités chinoises au préalable[22]. Les journalistes étrangers n'ont pas été admis dans la salle d'audience du tribunal.
Son fils, Bo Guagua, affirme être sans nouvelle de ses parents depuis 18 mois et espère « que lors de son procès mon père se verra offrir la possibilité de répondre à ses détracteurs et de se défendre lui-même sans entraves d’aucune sorte »[23].
Lesinologue David Goodman (université de Sydney), considère que le verdict a dû faire l’objet de tractations en coulisses[24].
Le procès a permis de découvrir le dispositif conçu pour financer les études du fils de Bo Xilai à l'étranger[25]. Le corrupteur est le milliardaire chinoisXu Ming arrêté peu après le limogeage de Bo[26]. Xu aurait aussi financé une villa àCannes où était domicilié la sociétéRésidences Fontaine Saint Georges[27] créée en 2001 et propriétaire de la villa.
Le verdict est rendu public le, Bo Xilai est condamné à la prison à vie, ses droits politiques sont supprimés et ses biens seront saisis[28]. Il déclare ensuite qu'il compte faire appel de cette décision[29].
Bo Xilai a refusé cette condamnation et a interjeté appel. La justice a accepté d'étudier l'appel du condamné[30], puis le, le tribunal rejette la demande de Bo Xilai et confirme la condamnation[31]. Bo Xilai purge sa peine dans laprison de Qincheng, une installation réservée aux « élites » et disposant d'un grand confort[32]. Sa femme, Gu Kailai, purge aussi sa peine dans une « prison de luxe »[33].
Par le biais de l'agence Chine nouvelle, en mars 2020, en pleine crise du Coronavirus en Chine, il critique la gestion de la pandémie dans la province duHubei, et laisse entendre par la même occasion que sa disgrâce ne pourrait être que provisoire, et qu'il pourrait revenir à l'un des postes clés du régime, pour gérer l'économie, ainsi que le commerce extérieur, et gérer ainsi la crise économique en Chine liée aux conséquences désastreuses du virus sur le secteur économique.
Le sinologueFrançois Godement indique que Bo Xilai et son épouse formaient un couple alliant la politique et les affaires, fréquent dans l'entourage des dirigeants chinois et « facteur de corruption ». Mais le problème essentiel de ce procès est l'absence de preuve. La chute de Bo Xilai « traduit aussi la volonté des membres du comité central d'écarter un homme dont le charisme et le populisme contrastaient avec les habitudes des cadres du régime ». De plus François Godement considère que l'éviction de Bo Xilai résulte d'une lutte entre factions, Bo Xilai revendiquant un « idéal néomaoïste controversé au sein du Parti »[34].
Mao Yushi considère que l'affaire Bo Xilai a le mérite de montrer au grand jour les luttes entre les factions rivales[35].
Ai Weiwei, artiste et contestataire chinois, considère que le procès de Bo Xilai a pour vocation de distraire le peuple chinois. La véritable problématique concerne la légitimité du Parti communiste chinois. Ce dernier, s'il veut continuer à gouverner devra s'appuyer sur la « Constitution et un État de droit véritable »[36].
L'historien et réformateurZhang Lifan considère que le procès fait partie d’une stratégie politique permettant de renforcer l’autorité de l’équipe au pouvoir, mais avec le risque de raviver des conflits au sein du Parti communiste. Depuis la fin du procès de Bo, de nouvelles procédures ont été engagées en particulier contre le « groupe des pétroliers » dontJiang Jiemin, un proche deZhou Yongkang, lui-même inquiété et ancien allié de Bo[37].
La première femme de Bo Xilai est Li Danyu. Ils se sont connus en 1975, à la fin de laRévolution culturelle. Leur fils Li Wangzhi, également appelé Brendan Li[38], est né en 1977. Bo a divorcé de Li Danyu en 1984. Li Wangzhi est diplômé de l'université américaine de Columbia et travaille dans la finance àPékin[39].
Puis Bo Xilai épouseGu Kailai. Leur filsBo Guagua (en), diplômé deHarvard, vit aux États-Unis[40],[41]. Gu Kailai a été condamnée à la peine de mort avec sursis pour avoir commandité l’assassinat d’un homme d’affaires britannique.
SelonApple Daily, un journal deHong Kong, l'actriceZhang Ziyi a été la maîtresse de Bo Xilai avant sa chute[42]. Il aurait rencontré celle-ci, dans un cadre vénal, par l'intermédiaire de l'homme d'affairesXu Ming, lui-même un proche de l'actrice. Celle-ci réfute ces allégations de prostitution[43].