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Le terme « blues » vient de l'abréviation de l'expressionanglaise « blue devils » ([bluˈdɛvəlz][2] « diables bleus »), qui signifie « idées noires ». Le terme « blue », d'où leblues, dérive de l'ancien français et signifie « histoire personnelle » (il reste dans lalangue française actuelle le terme « bluette », qui est, pour tous lesbluesmen[bluːzmæn][2], la signification du blues, à savoir une chanson à la première personne du singulier).
Les « blue notes » (notes bleues), caractéristiques du style et accentuant l'effet de lamentation, apportent une confusion entre les modes majeur et mineur. Voici les trois « blue notes » que l'on rencontre dans le blues :
la tierce, qui est souvent mineure dans un blues majeur. Un procédé courant est de passer de la tierce mineure à la tierce majeure par glissement d'un demi-ton vers l'aigu (bend à la guitare, glissando aux cuivres, etc.) ;
la quarte augmentée / quinte diminuée, qui crée une tension et avec laquelle on retrouve le même procédé que pour la tierce (+1/2 ton vers l'aigu de la quarte augmentée à la quinte) ;
la septième mineure qui, employée en mode majeur, contribue également à l’ambiguïté des modes et au son dissonant du blues.
L'utilisation de lagamme pentatonique mineure (voiremineure mélodique, qui augmente la tension) est très courante et on retrouve des plans et phrases typiques construits autour d'elle.
Trente ans après l'abolition de l'esclavage, les negro-spirituals et les chants de travail se fondent dans ces douze mesures. Dans le Mississippi, en Géorgie, au Texas, la musique bat au rythme des récoltes, dans l'ombre des nuits de danse. La célébrité des joueurs d'harmonica ou de la guitare se cantonne encore à la plantation. Au même moment, à la Nouvelle-Orléans ou à Memphis apparaissent lesminstrel shows, spectacle itinérants qui regroupent des chanteurs, des chanteuses, des musiciens et des acteurs noirs.
Il y eut d'autres formes de blues avec des instruments rudimentaires, tels lediddley bow (une corde fixée sur une planche), lejug (un cruchon en terre dans lequel on soufflait), lewashboard (uneplanche à laver sur laquelle on jouait des percussions), etc.
Puis le blues a évolué avec des instruments simples, tels que laguitare acoustique, lepiano et l'harmonica. La légende raconte que l'un des guitaristesbluesmen,Robert Johnson, aurait signé un pacte avec le diable qui lui aurait permis de devenir un virtuose du blues. Le blues était alors dit gouverné par desblue devils et devoir être fuit et rejeté car maléfique.
Robert Johnson ne serait pas le premier à propos de qui cette histoire a été racontée. Un autre bluesman,Tommy Johnson, la chante également dansCanned heat — titre repris comme nom de baptême par un célèbre groupe de Los Angeles à la fin des années 1960.
W. C. Handy fut l'un des premiers musiciens à reprendre des airs de blues, à les arranger et les faire interpréter par des chanteurs avec orchestres. Il fut également l'auteur de morceaux parmi les plus célèbres, tel le fameuxSaint Louis Blues.
Lesannées 1920 et1930 virent l'apparition de l'industrie dudisque, et donc l'accroissement de la popularité de chanteurs et guitaristes tels queBlind Lemon Jefferson etBlind Blake qui enregistrèrent chezParamount Records, ouLonnie Johnson chezOkeh Records. Le premier disque blues afro-américain à être commercialisé fut celui d'une femme,Mamie Smith, en 1920. Mais les années 1920 connurent également d'autres chanteuses de classic blues extrêmement populaires, telles queGertrude « Ma » Rainey,Bessie Smith,Ida Cox etVictoria Spivey. La plupart des enregistrements de l'époque furent connus sous le terme derace records (musique raciale), car ils étaient destinés exclusivement au public afro-américain.
Après laSeconde Guerre mondiale (1939-1945), l'urbanisation croissante et l'utilisation des amplificateurs pour la guitare et l'harmonica menèrent à un blues plus électrique tel que leChicago blues, avec des artistes commeHowlin' Wolf etMuddy Waters qui influencèrent le célèbreJack Mawell quand il écrivitBlack days. C'est ce blues électrique qui influencera, plus tard, une partie durock 'n' roll. Le blues urbain se développera dans le cabaret et les cafés bruyants, où l'on rencontrera une clientèle de plus en plus nombreuse.
Vers la fin desannées 1940 et pendant lesannées 1950, les Noirs américains ont migré du Sud vers les villes industrialisées du Nord commeChicago etDétroit, pour y trouver du travail. Dans les villes comme Chicago, Détroit etKansas City, un nouveau style de blues « électrique » apparut. Il utilisait la voix, la guitare électrique, la basse électrique, la batterie et l'harmonica amplifié avec un micro et une amplification.J.T. Brown, qui jouait avec les groupes d'Elmore James etJ.B. Lenoir a également utilisé le saxophone, mais plutôt comme instrument d'accompagnement qu'instrument soliste.
Le style de blues urbain de Chicago, ouChicago blues, fut ainsi influencé par le blues du Mississippi d'où étaient venus des musiciens commeHowlin' Wolf,Muddy Waters,Willie Dixon, etJimmy Reed. Les harmonicistes commeLittle Walter etSonny Boy Williamson II (Rice Miller), originaires du Sud, étaient les plus connus dans les clubs de blues de Chicago et exerçaient leur influence. D'autres joueurs d'harmonica, commeBig Walter Horton,Snooky Pryor et John LeeSonny Boy Williamson I, avaient aussi beaucoup d'influence.Muddy Waters,Elmore James etHomesick James jouaient de la guitare électrique avec un « slide » ou « bottle neck » ; l'exercice consiste à jouer les notes sur le manche en posant un bout de métal ou un goulot de bouteille sur les cordes.B. B. King etFreddie King de leur côté n'utilisaient pas le « slide » mais inaugurèrent l'usage de la guitare comme instrument solo. Les chanteursHowlin' Wolf etMuddy Waters marquèrent le Chicago blues de leurs voix rauques et fortes. Enfin, le contrebassiste, compositeur prolifique, et découvreur de talentsWillie Dixon eut un grand impact sur le Chicago blues. Des chansons commeHoochie Coochie Man,I Just Want to Make Love to You (écrites toutes deux pour Muddy Waters),Wang Dang Doodle (écrite pourKoko Taylor), ouBack Door Man (écrite pour Howlin' Wolf) sont devenues des « standards » de blues. Nombres d'artistes de Blues enregistrèrent leurs disques sur les labels de ChicagoChess Records,Checker Records, ou d'autres labels locaux telsVee Jay etCobra Records.
Ce style de blues urbain du Chicago desannées 1950 eut finalement un grand impact sur la musique plus populaire de musiciens commeBo Diddley ouChuck Berry, — dont le style s'éloigna de la mélancolie du blues du Sud et s'apparenta auRock'n'roll —, aussi bien que sur d'autres styles comme celui de la Louisiane nommézydeco, représenté entre autres parClifton Chenier.
Sa naissance est contemporaine de celle duSouth Side Blues.
Sur la côte Ouest, des musiciens commeT-Bone Walker (originaire deDallas) créent leWest coast blues en Californie, style qui dérive duTexas Blues (dont un éminent representant estLightnin' Hopkins), plus policé et plus sophistiqué que le Chicago blues, dont Charles Brown et lesJohnny Moore's Three Blazers sont lecombo qui illustre le mieux cette tendance au milieu des années 1940.
Les styles d'artistes commeJohn Lee Hooker, interprétés seuls ou avec de plus petites formations que le style de Chicago blues, donnent naissance, à la fin des années 1950, au styleGuitar boogie.
Lejump blues est un autre développement du blues de cette période qui a influencé la musique populaire. Le jump blues était un hybride populaire duswing et du blues, mettant en vedette des chansonsup-tempo orchestrées pour desbig bands. Le musicien de ce genre qui a le plus influencé la musique populaire estBig Joe Turner, qui a enregistré la version originale deShake, Rattle, and Roll. Il y eut aussi àTiny Grimes,Ruth Brown, etLaVern Baker (Tweedle Dee).
Autre style, leswamp blues se développe en Louisiane, dans les années 1950, autour deBâton-Rouge avec des artistes comme Lightnin' Slim,Slim Harpo,Lazy Lester,Sam Myers etJerry McCain. Influencé par le style deJimmy Reed, le swamp blues est plus lent, avec un style d'harmonica moins complexe que dans le Chicago Blues. Les chansons du style les plus connues sontScratch my Back,She's Tough etKing Bee.
Pendant lesannées 1960, de nouveaux genres de musique créés par des musiciens noirs américains, comme lerhythm and blues et lamusique soul, ou par des musiciens blancs comme lerock'n'roll deviennent populaires auprès du public blanc américain après que des musiciens blancs, américains et européens, ont popularisé les styles plus anciens des noirs américains auxÉtats-Unis, — John Hammond est le plus éminent de ceux-ci —, et auRoyaume-Uni, -Chris Barber etCyril Davies en étant deux des plus influents.
Enfin, l'ère des combats pour les droits civiques des noirs du Sud des années 1950 et 1960 rend un auditoire, noir puis blanc, au blues acoustique traditionnel, et des festivals tels que leNewport Folk Festival programment des prestations de « grands » du blues des débuts commeSon House,Mississippi John Hurt,Skip James,Big Joe Williams ou leReverend Gary Davis, pendant que d'autres, plus jeunes, commeJ.B. Lenoir enregistrent des chansons qui touchent aux thèmes du racisme et de la guerre du Viêt Nam.
L'interprétation que les artistes de cette génération donnent du blues a une influence très forte sur le développement de lamusique rock proprement dite.
Le styleTexas blues rock blanc, fortement influencé par les Blues-Rockers anglais (comme John Mayall) apparu dans les années 1970, qui utilise guitares solo et d'accompagnement en même temps, continue à évoluer depuis cette époque. Parmi les artistes et groupes importants de ce style :Johnny Winter,The Allman Brothers Band,ZZ Top,Point Blank,Derek Trucks, etc.
Pendant les années 1990, de nombreux anciens retrouvent une popularité ; noirs commeJohn Lee Hooker grâce à son albumThe Healer dans lequel il collabore avecCarlos Santana, et blancs commeEric Clapton, ancien desBluesbreakers et du groupeCream, qui redevient populaire avec son album pour MTVUnplugged, dans lequel il joue quelques chansons traditionnelles sur une guitare acoustique. C'est le début pour lui d'un retour au blues tant acoustique qu'électrique, ce en quoi il est suivi par des artistes et groupes commeGary Moore,Leslie West,The Blues Band (composé d'anciens deManfred Mann) et jusqu'àPeter Frampton, etc.
Le blues connaît ainsi un regain de popularité et, pendant ces années 1990, des revues de blues sont créées partout aux États-Unis, au Canada, et en Europe. Le succès de ces publications s'accompagne de la création de sociétés de blues, de festivals de blues, et de salles où est joué du blues.
Depuis le début des années 2000, ce sont, à nouveau, à la fois des anciens et une nouvelle génération de musiciens qui continuent de faire vivre et évoluer le blues.
D'un point de vue technique, le blues repose sur trois éléments : unrythme souventternairesyncopé, uneprogression harmonique de type I-IV-V (c'est-à-dire les degrés principaux dans l'harmonie tonale), et lamélodie qui utilise lagamme blues et lesnotes bleues. Le blues a eu une influence sur une très large variété de styles musicaux, qui intégrèrent dans des proportions variables l'un ou plusieurs de ces éléments. Si l'on ne peut alors plus parler deblues on utilise fréquemment le qualificatifbluesy (en anglais : rythmique) pour indiquer cette coloration particulière. Au-delà de stricts canons techniques, le blues se caractérise souvent — mais pas toujours — par une humeur teintée d'une certaine langueur ou mélancolie.
Le rythme le plus employé du blues repose sur une division ternaire de chaque temps appeléeShuffle où chaque temps est divisé en trois croches dont on ne marque que la première et la troisième. Pour des raisons pratiques, la métrique est donc le12/8 la plupart du temps. (8 étant le symbole de la mesure à la croche, et le 12 le nombre de croches par mesure). C'est une mesure ternaire, chaque temps ayant une valeur de noire pointée, donc de trois croches. On crée ainsi une impression de décalage quant à l'emplacement « naturel » des notes. Les temps forts, comme dans la majorité des musiques issues du blues, sont le « 2 » et le « 4 », contrairement à la musique traditionnelle européenne. Le terme deshuffle est souvent employé pour désigner ce rythme quand il est joué à un tempo rapide. Le tempo est plutôt medium voire lent.
Dans le jazz[3], à partir des années 1940 (bebop), des musiciens commeCharlie Parker ont poussé la sophistication harmonique et mélodique de laforme blues à un degré élevé, qui contraste avec les enchaînements rudimentaires du blues originel ("early blues"). DansBlues for Alice, Charlie Parker multiplie les accords de passage et altérations au point que, malgré les 12 mesures caractéristiques, il est parfois difficile pour des oreilles novices de détecter la forme harmonique du blues.
Les mélodies blues classiques sont fréquemment basées sur lagamme pentatonique mineure à laquelle on a ajouté une note. C'est cette dernière (la quarte augmentée), ajoutée à la superposition d'une gamme mineure sur la grille d'accords majeurs, qui donne partie la couleur blues au morceau, d'où son nom deblue note (note bleue). Elle n'est pas systématiquement utilisée, et parfois seulement comme note de passage, ou bien, à la guitare par un tiré de corde d'un demi-ton au lieu d'un ton au-dessus de la quarte, ce qui produit une tension. Certains auteurs, notammentLeRoi Jones dans son livreLe Peuple Blues, avancent la théorie que ce serait là une tentative d'adaptation d'une gamme propre à la musique traditionnelle africaine. D'autres relient cela aux musiques amérindiennes, notamment Cherokees, qui proviennent très largement des musiques de l'Asie du Sud Est.
Ainsi, la plupart des Blues sont basés sur une grille d'accords majeurs (accords de septième de dominante) pour l'accompagnement alors que la mélodie est chantée sur la gamme pentatonique mineure avec — souvent, mais pas toujours — la note bleue. L'autre gamme fréquemment utilisée en Blues est la diatonique majeure (très utilisée par exemple parBB King), qui produit des mélodies plus enjouées.
Il existe également de fameux Blues « mineurs » par exemple :As the Years Go Passing By parAlbert King, dont la grille est similaire à celle du blues "classique", mais utilisant des accords mineurs (le I IV V devenant un i iv v ; par exemple, en La : Lam7, Rém7, Mim7, le turnaround devenant parfois Fa7/Mi79+). Cette variété a donné lieu à moins de créations, en particulier car elle ouvre à moins de possibilités mélodiques.
Toutes ces caractéristiques techniques sont essentiellement une base de composition, mais pas nécessairement applicables à l'ensemble des blues joués dans l'histoire. Et il faut encore souligner qu'aucun des grands créateurs du blues, lorsqu'on a pu les interviewer, n'a jamais défini le blues comme un ensemble de notations musicologiques (il est vrai le plus souvent simpliste et donc réducteur). À la question "Qu'est le blues ?", la réponse était le plus souvent du genre : "The blues ain't nothing but a good man feelin' bad".
Au sens large, letimbre est la « couleur » du son : même s'ils jouent les mêmes notes, une guitare ou un saxophone se distinguent par leur timbre. Cela est également vrai d'un être humain à l'autre. On a coutume de dire que les chanteurs classiques essaient d'imiter les instruments, alors que les instruments de blues essaient d'imiter la voix humaine (ou parfois celle deDonald Duck, d'unbombardier ou d'unemitraillette).
Les bluesmen ont beaucoup exploré le timbre : ils ont notamment été les premiers, pendant les1950, à employer desamplificateurs pour laguitare et l'harmonica. Les voix fortes et graves de chanteurs commeHowlin' Wolf etMuddy Waters jouent également beaucoup sur le timbre. La technologie et les effets de mode ont plus tard ajouté d'autres éléments au son blues, comme les guitaresdirty et saturées desRolling Stones ou d'Eric Clapton ou les effetspsychédéliques employés, entre autres, parJimi Hendrix : le feedback (effet Larsen contrôlé), la distorsion style « Fuzz », la pédale Wha-Wha et des effets plus étranges encore comme « l'effet Leslie ouUniVibe », constitué d'unhaut-parleur en rotation.
Levibrato est un effet appliqué à une note de musique. Très employé notamment par les musiciens , cet effet consiste à provoquer une variation rapide de la hauteur de la note. Comme tous les effets de nuance, le vibrato apporte une expressivité particulière selon la façon dont il est effectué : vite ou lentement, de façon fluide ou saccadée. Le vibrato est un élément essentiel du son blues, que cela soit pour les voix ou sur des instruments tels que laguitare ou l'harmonica. Pour cette dernière, divers moyens ont été utilisés depuisB. B. King, surtout les moyens mécaniques qui modifient légèrement la longueur de la corde vibrante. Plusieurs techniques existent donc, qui donnent chacune des effets sonores légèrement différents : faire vibrer les doigts de la main gauche, ou le manche de la guitare lui-même, ou encore grâce aux différents systèmes de cordier vibrato.
Plus récemment, les musiciens de blues ont commencé à utiliser des techniquesnumériques pour créer du vibrato, comme les boîtiers programmables équipés deprocesseurs de traitement du signal, qui permettent de paramétrer aussi bien le timbre que l'attaque ou le vibrato. Les instruments principaux sont les instruments à cordes (la basse, la guitare, steel guitare, la contrebasse, le violoncelle, l'alto, le violon) mais également le saxophone, l'harmonica, la batterie, lap steel, le bottleneck et le piano.
Bien que le blues puisse être interprété sur tout type d'instrument, certains sont traditionnellement plus utilisés que d'autres :
laguitare : guitare acoustique pour le blues traditionnel ou, à partir desannées 1930 guitare à résonateur etguitare électrique, branchée à unamplificateur qui ajoute des caractéristiques tonales comme la distorsion (à partir desannées 1950). Pour la guitare électrique, l'utilisation d'un amplificateur à lampes est de loin la plus répandue, depuis les premiers amplificateurs, car les lampes apportent une chaleur supplémentaire et un grain au son de la guitare, caractéristique que le transistor n'a point ;
l'harmonica — diatonique principalement — joué acoustique ou utilisé avec unmicrophone et un amplificateur ;
labatterie, dont le rythme doit être lent et précis ;
lawashboard (planche à laver), utilisée comme instrument de percussion, frappée par les doigts coiffés de dés à coudre. Utilisée telle quelle ou agrémentée d'une cymbale, d'unwood-block, d'une cloche, etc. ; parfois remplacée par une tôle finement ondulée portée en plastron.
À l'origine les bluesmen étaient des métayers noirs perdus au fin fond du « delta duMississippi », plainecotonnière qui n'est pas le vrai delta mais se situe plus au nord. Ils chantaient souvent pendant des événements locaux tels que la crue du Mississippi (High Waters Blues), la construction des digues (Levee), l'incendie d'une ferme de coton. À la rigueur on parle d'une grande ville pas trop éloignée commeLa Nouvelle-Orléans,Memphis,Saint Louis. Mais il y a fatalement des incursions ou des espoirs de voyages dans d'autres villes des États-Unis, que ce soit pour trouver du travail, faire le service militaire ou participer aux luttes d'émancipation.
Un bluesman peut donc être amené à parler de l'actualité nationale. Une anecdote montre le second degré des bluesmen et l'utilisation d'un langage propre. DansSweet home, Chicago, Robert Johnson rêvait d'aller« back to the land of California, to my sweet home, Chicago » ; en1980, lesBlues Brothers corrigeront cette erreur« back to that good old place, sweet home, Chicago » croyant que Johnson avait fait une erreur géographique. En fait la Californie dans l'imaginaire blues signifie pays de richesse, de laruée vers l'or, ce que représentait Chicago à l'époque pour les bluesmen pauvres du Mississippi. Enfin, l'horizon ne manquera pas de s'élargir au globe avec la participation de certains appelés à laSeconde Guerre mondiale, aumur de Berlin, à laguerre du Viêt Nam. On retrouve tout ceci dans des blues comme ceux deJ.B. Lenoir. Mais avant tout, le blues est le moyen d'expression musical le plus direct concernant la détresse de l'âme, ainsi, le thème de la dépression (Hard Time Killing Floor Blues, de Skip James), ou bien encore ce thème qui revient souvent dans les standards, celui de la femme quittant son homme (How long, How long Blues, de Leroy Carr & Scrappy Blackwell).
Un aspect à ne pas négliger est la dimension politique, revendicative, anti-ségrégationniste (dans les années 1960), de certains textes. De nombreux titres sont à double sens: un sens littéral, fréquemment connoté sexuellement, et un deuxième niveau, clairement politique. Ainsi, un titre aussi célèbre queI'm a man a deux niveaux : je suis un homme, classique chanson plus ou moins d'amour, et je suis un homme, non pas un demi homme, je veux ma place dans la société, etc. Le thème de la dépression dans les années 1930 ou de la crise depuis des années est naturellement politique.
Cet aspect est bien entendu amoindri lorsque les titres sont chantés par des Britanniques ou des Américains blancs.Notons toutefois que le thème de l'amour, amour bien entendu perdu, est nettement plus fréquent, même si on pourrait se hasarder à faire une métaphore de la femme perdue : femme = dignité, honneur… Enfin les allusions sexuelles, voire salaces, les calembours, sont fréquents : un des exemples typiques pourrait être Dust my broom dont le début est : je me lève le matin et je nettoie (j'épousette) mon balai… la métaphore est claire.
Plus qu'une influence du blues sur lamusique country, réelle, il faut parler plutôt d'interinfluence tant ces deux genres qui représentent les deux facettes (pauvres blancs, pauvres noirs) du sous-prolétariat sudiste sont à la fois issus des mêmes racines (musique des plantations, des migrants en Amérique) et se sont fécondées l'une l'autre tout au long de leur histoire. Une forme deHillbilly blues (comme l'a finement baptisé l'auteur anglais Tony Russell) a existé dès lesannées 1920, véritable premier blues blanc (Jimmie Rodgers, Cliff Carlisle, Gene Autry, Jimmie Davis…). Le blues en tant que tel est resté alors un élément important de toute la Country Music, particulièrement avec le Western Swing puis le Honky Tonk, personnalisé parHank Williams.
Le blues est d'abord l'élément principal du« mariage » avec lamusique country qui a donné naissance aurock 'n' roll, auxÉtats-Unis, au milieu desannées 1950[5]. Ensuite, on retrouve facilement des racines blues dans nombre de groupes britanniques de rock et dehard rock : les débuts desRolling Stones, desBeatles deUriah Heep, ou même la chansonSmoke On The Water deDeep Purple, doivent beaucoup au blues. Même un groupe progressif commePink Floyd (dont le nom lui-même vient de l'association des prénoms des bluesmenPink Anderson etFloyd Council), a fait appel à plusieurs reprises à la forme blues, non seulement à ses débuts avecSyd Barrett, grand admirateur deBo Diddley, mais également par la suite, au milieu de morceaux plus psychédéliques (Biding My Time,Seamus,Money,Dogs Of War sont des blues plus ou moins camouflés). Des artistes commeChris Rea,Snowy White etGary Moore ou un groupe commeThe Doors revendiquent l'influence que le blues a sur leur création.
EnFrance, des artistes commeAlain Giroux, Mike Lécuyer,Benoit Blue Boy,Patrick Verbeke,Bill Deraime, ouPaul Personne incarnent une vision francophone du blues, mais très influencée par la musique américaine. Côté instrumental, l'harmonicisteJean-Jacques Milteau est un musicien de session et unperformer internationalement apprécié depuis les années 1970, ayant enregistré plusieurs albums qui font référence. Plus récemment, d'autres harmonicistes,Nico Wayne Toussaint, Vincent Bucher et Greg Zlap ne sont pas en reste et tournent inlassablement dans les meilleurs festivals.
Depuis les années 1980 de nombreuses individualités ou formations continuent de faire vivre le blues hexagonal, comme en témoigne régulièrement les médiasSoul Bag,Blues Magazine ouBlues Actu. En parallèle, l'augmentation très significative des émissions de radios spécialisées a contribué à offrir une nouvelle vitrine au blues hexagonal. Le Collectif des radios blues (CRB), créé en 2003, réunit de nombreux animateurs en France, Belgique, Québec. Il réalise chaque mois le PowerBlues, classement des meilleurs sorties CD blues et l'Airplay, regroupement des albums les plus diffusés par les radios.
En, plusieurs membres de la communauté blues française ont créé l'association France Blues. Elle vise à promouvoir leblues français et leurs acteurs, notamment à l'échelle internationale. L'association désigne, via un jury, les formations musicales qui participent chaque année à l'European Blues Challenge et à l'International Blues Challenge (Memphis).
Aujourd'hui, la France compte un réseau dynamique de festivals de blues, comme le Cognac Blues Passions et le Festival Blues sur Seine, ainsi que de nombreux groupes et artistes nationaux. La scène française du blues continue d'évoluer, intégrant des influences variées, du rock au jazz, et attire des amateurs de tous horizons, contribuant ainsi à l'enrichissement et à la pérennité de ce genre musical en France.
Le blues a également influencé le cinéma, surtout aux États-Unis. Le filmCrossroads (Walter Hill) (1986) montre le mythe sulfureux du pacte avec le diable. Bande son deRy Cooder et duel mythique entre le héros du filmRalph Macchio etSteve Vai en personne. Le pacte deTommy Johnson (plus tard repris et rendu célèbre parRobert Johnson) est évoqué dans le filmO'Brother, deJoel Coen. Les deux films deJohn Landis,The Blues Brothers (1980) etBlues Brothers 2000 (1998), qui dressent un panorama de différents styles et mettant en scène une pléthore de vedettes, ont eu une importante influence sur l'image du blues.