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| Blanche de Navarre | ||
![]() Représentation de Blanche de Navarre dans leLiber Genealogiae Regum Hispaniae d'Alphonse de Carthagène,XVe siècle. | ||
| Autres noms | latin :comitissa Blancha Campaniensis | |
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| Titre | Comtesse de Champagne puisrégente ducomté de Champagne (1199 - 1222) | |
| Souverains | ||
| Suzerains | ||
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| Dynastie | ||
| Naissance | ||
| Décès | ||
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| Enfants | ||
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Blason des rois de Navarre | ||
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Blanche de Navarre, née en 1177 et morte en 1229, estcomtesse puisrégente deChampagne pendant la minorité de son filsThibaut au début duXIIIe siècle. Elle est la fille duroi de NavarreSanche VIle Sage et de son épouseSancha de Castille.
En 1199, elle épouse lecomteThibaut III et devient comtesse-consort de Champagne, mais il meurt deux ans plus tard et la laisse veuve avec une fille âgée d'un an et enceinte de leur second enfant. Elle s'empresse alors d'obtenir le soutien du roiPhilippe Auguste au prix de sévères conditions, mais également celui de ses autres suzerains :Guillaume aux Blanches Mains,archevêque de Reims ; le ducEudes III de Bourgogne. Elle est de retour peu après àTroyes, où elle met au monde le futurThibaut IV de Champagne. Quelques mois plus tard, le papeInnocent III prend également sous sa protection la jeune veuve ainsi que ses enfants.
Les années qui suivent, Blanche s'efforce d'assurer son pouvoir ainsi que la légitimité de son fils, jusqu'en 1213 où un de ses vassaux,Érard de Brienne, seigneur deRamerupt et deVenizy, projette de prendre la croix et de partir en Terre sainte auprès de son cousin leroi de JérusalemJean de Brienne afin d'épouser une fille d'un précédentcomte de Champagne et de revendiquer en son nom lecomté de Champagne aux dépens de Blanche et de son fils.
N'ayant pu empêcher ce projet, Blanche cherche à se faire confirmer les faveurs royales, renforce la défense de son comté et demande à ses vassaux de renouveler leur allégeance envers elle et son fils. Malgré tous ses efforts, Érard et sa nouvelle épouse,Philippa de Champagne, rentrent en Champagne et affirment leur droit sur le comté. Blanche les assiège aussitôt auchâteau de Noyers où ils se sont installés, mais en vain et doit lever le siège. S'ensuit alors une période de plusieurs années de guerres et de trêves, appeléeguerre de succession de Champagne, jusqu'en 1218 où une coalition entre Blanche, leduc de Bourgogne et lecomte de Bar réduit un par un les principaux partisans d'Érard, puis prend et brûle la ville deNancy, siège duduc de Lorraine, son soutien le plus puissant. Érard se voit alors forcé à la paix et à signer une trêve de quatre années avant d'abandonner finalement toutes prétentions en échange d'une lourde indemnité.
Thibaut atteint quelques années plus tard sa majorité et se charge de diriger le comté de Champagne par lui-même, laissant à Blanche la gestion de sondouaire. Elle fonde ainsi l'abbaye de femmes d'Argensolles, de l'ordre de Cîteaux, où elle semble s'être retirée par la suite. Morte en, elle y est inhumée.
Blanche de Navarre est née en 1177, probablement aupalais des rois de Navarre àPampelune. Elle est le troisième enfant deSanche VIle Sage,roi de Navarre, et de son épouseSancha de Castille, elle-même fille deAlphonse VII, roide Galice,de León et de Castille, et deBérengère de Barcelone[1].
Son frère aînéSanche VII de Navarre succède à leur père et règne sur laNavarre de 1194 à 1234. Quant à sa sœur aînéeBérengère de Navarre, elle épouseRichardCœur de Lion et devientreine consort d'Angleterre ainsi que duchessed'Aquitaine etde Normandie et comtessed'Anjou,du Maine etde Touraine, mais n'aura pas de postérité[1].

Le, alors âgée d'environ 22 ans, elle épouse àChartres le comteThibaut III de Champagne, fils d'Henri Ier et de son épouseMarie de France, et dont le frère aînéHenri II, précédent comte de Champagne et égalementroi de Jérusalem, était mort le sans héritier mâle. Elle donne naissance à une première fille prénommée Marie l'année suivant le mariage, puis est une seconde fois enceinte l'année d'après[AJ 1].
Lors de son mariage, ledouaire de Blanche est constitué de septchâtellenies :Épernay,Vertus,Sézanne,Chantemerle,Pont-sur-Seine,Nogent-sur-Seine etMéry-sur-Seine ainsi que toutes leurs dépendances. Cette charte a pour témoinsAdèle de Champagne, reine de France, mère de Philippe-Auguste et tante de Thibaut,Bérengère de Navarre, reine d'Angleterre et sœur de Blanche, l'évêque de ChartresRenaud de Bar, l'évêque de ChâlonsRotrou du Perche, l'évêque de TroyesGarnier de Traînel, lecomte du PercheGeoffroy III, lecomte de JoignyGuillaume Ier, lecomte de BrienneGautier III, le sénéchalGeoffroy V de Joinville, lebouteillerGaucher III de Châtillon et lemaréchalGeoffroy de Villehardouin[AJ 1].

En àÉcry, son époux Thibaut III de Champagne organise ungrand tournoi où se rendent d'importants seigneurs ainsi que la fine fleur de lachevalerie française et champenoise. À cette occasion, le papeInnocent III charge leprédicateurFoulques de Neuilly, célèbre par sa piété et son éloquence, de prêcher unenouvelle croisade[AJ 2],[2].
Mais pendant les préparatifs liés au départ pour laTerre sainte, le comte Thibaut tombe gravement malade. Il est au plus mal en[AJ 3], mais semble aller mieux dans le courant du mois de et parvient même à monter à cheval[AJ 4]. Il est alors élu comme chef de la croisade, mais sa maladie revient de manière foudroyante et il doit alors faire face à sa mort prochaine en rédigeant son testament[AJ 5].
Thibaut meurt le à l'âge de 22 ans, laissant sa veuve avec une fille âgée d'un an environ et enceinte d'un second enfant[AJ 6]. Blanche fait alors construire pour son époux un sublime tombeau de pierre richement décoré dans lacollégiale Saint-Étienne de Troyes à côté de celui de son pèreHenrile Libéral (tous deux seront détruits lors de laRévolution française[AJ 7],[3]).

Blanche se retrouve alors seule dans un pays qu'elle ne connaît que depuis deux années environ et sans famille auprès d'elle pour la protéger ou la conseiller, portant un enfant encore à naître et face aux menaces liées à l’existence des filles du frère de son époux, l'ancien comte et roi de Jérusalem Henri II de Champagne, qui demeurent en Terre sainte mais qui pourraient aux yeux de certains avoir la primauté sur ses propres enfants. Sachant que le roi Philippe Auguste se trouve àSens, elle se rend alors auprès de lui dans la semaine suivant l'enterrement de son mari afin de lui présenter sonhommage, d'être reconnue commevassale et d'assurer son autorité sur lecomté de Champagne[AJ 8]. Philippe Auguste accepte de recevoir son hommage à condition que Blanche promette[AJ 9] :
Blanche s'empresse d'accepter ces conditions, de jurer hommage au roi et de se voir par la même occasion confirmée commerégente de Champagne. Le roi confirme également lors de cette rencontre le douaire de Blanche tel qu'il a été défini par Thibaut III[AJ 9]. Ses deux principaux suzerains après le roi, l’archevêque de ReimsGuillaume aux Blanches Mains, oncle de feu Thibaut III de Champagne, et leduc de BourgogneEudes III, également parent de l'ancien comte de Champagne, acceptent également de prendre Blanche comme vassale et confortent ainsi davantage sa légitimité[AJ 10]. Elle rentre ensuite àTroyes où elle met au monde le son filsThibaut qui sera surnommé par la suitelePosthume[AJ 10]. Quelques mois plus tard, en, le papeInnocent III prendra sous sa protection la personne ainsi que les biens de Blanche. Quelques jours après, il confirme également les dispositions prises par le roi Philippe Auguste[AJ 11].
Pendant ce temps, les filles d'Henri II de Champagne grandissent enTerre sainte et deviennent potentiellement une menace pour la légitimité de son fils. Aussi, Blanche envoie sonchambrier Garnier de Lagny àSaint-Jean-d'Acre afin de s'assurer que ses nièces soient fiancées à des nobles établis enOrient, ce qui les empêcherait de venir en Champagne pour revendiquer leurs droits sur le comté[AJ 12]. Alors que les trois filles d'Henri II, Marie,Alix etPhilippa, sont promises aux trois fils duroi de ChypreAmaury II de Lusignan depuis 1194, la mort prématurée de Marie ainsi que de Guy et Jean de Lusignan, tous trois avant 1205, laisse une des filles libre de tout engagement. L'agent de Blanche s'assure alors moyennant finance que l'aînée Alix soit fiancée àHugues, le troisième fils d'Amaury de Lusignan, et que la dernière fille, Philippa, reste en Orient afin de prendre la place de sa sœur au cas où il lui arrive malheur. Le mariage entre Alix de Champagne et Hugues de Lusignan a finalement lieu en 1210 et Philippa se retrouve par conséquent libre de tout engagement[AJ 12],[1].

Afin de faire face à ces futures menaces, Blanche se rapproche de nouveau du roi Philippe Auguste et conclut avec lui un second accord dès 1209. Il est alors convenu que le roi garde son fils Thibaut auprès de lui jusqu'en, conserve les châteaux de Bray-sur-Seine et de Montereau-Fault-Yonne jusqu'à la majorité de Thibaut en 1222, et que Blanche lui verse la somme de15 000 livres. En échange de quoi le roi s'engage à recevoir l'hommage de Thibaut à sa majorité pour tous les fiefs alors en possession de son père au moment de son décès, et que Thibaut ne pourrait être attaqué en justice pour lecomté de Champagne avant sa vingt-et-unième année[Note 1]. Ce traité est également ratifié par le fils aîné et successeur du roi,Louis VIIIle Lion[AJ 13]. Le pape Innocent III, le ducEudes III de Bourgogne, l’archevêque de ReimsAlbéric de Humbert et l'évêque de LangresGuillaume de Joinville confirment ces dispositions et promettent de recevoir également l'hommage de Thibaut[AJ 13].
De même, Blanche cherche à assurer son autorité en Champagne et demande à ses vassaux de renouveler leur allégeance, et de jurer de prendre parti pour elle et son fils contre les filles d'Henri II. Son sénéchalSimon de Joinville est le premier à faire cette promesse dès 1214, suivi par la suite par Pons de Grancey,Anséric de Montréal,Milon de Bar-sur-Seine, Gaucher de Nanteuil,Jean d'Arcis,Gaucher de Châtillon,Archambaud de Dampierre,Gautier de Vignory, Henri de Grandpré, Renier II de Nogent et bien d'autres[AJ 14]. De plus, afin de se préparer au mieux pour de futures guerres, Blanche fait également fortifier son château deSainte-Ménéhould[Note 2],[4], fait bâtir une forteresse aumont Aimé près deVertus[5],[AJ 15] et renforce les défenses de plusieurs villes, particulièrementIsle-Aumont etProvins[Note 3],[AJ 16].

En 1205 enTerre sainte, letrône de Jérusalem revient àMarie de Montferrat, fille deConrad de Montferrat et d'Isabelle de Jérusalem, et donc belle-fille de l'ancien comte Henri II de Champagne, puis en 1210, tandis que Marie atteint sa majorité et que le besoin d'un roi se fait sentir, elle épouse le le champenoisJean de Brienne, qui devient également le tuteur des filles du comte Henri[6],[AJ 15].
Inspiré par la réussite de son cousin, un autre chevalier champenois,Érard de Brienne, seigneur deRamerupt et deVenizy, issu d'une branche cadette de laMaison de Brienne, choisit de prendre la croix et de partir àSaint-Jean-d'Acre en 1213 où il projette d'épouser une des filles du comte Henri. Avant son départ, il demande la permission du roi Philippe Auguste, qui ne s'y oppose pas. Blanche est alors rapidement informée de cette situation et envoie sonconnétableGuy de Dampierre auprès d'Érard afin de le convaincre de renoncer à ses projets, arguant qu'un vassal ne pouvait avoir une conduite contraire aux intérêts de son suzerain sans manquer à ses obligations, mais en vain[AJ 17].
Devant ce refus, Blanche annonce alors qu'elle ne le considère plus comme son vassal et confisque les terres qu'il tenait d'elle, malgré la protection papale pour les croisés, puis envoie également ses agents afin de l'arrêter pendant son voyage vers Saint-Jean-d'Acre tout en demandant au pape de faire interdire ce mariage pourconsanguinité[AJ 18]. De plus, Blanche cherche à confirmer l'appui du roi Philippe Auguste et signe un nouveau traité avec lui le dans lequel elle promet qu'elle et son fils lui seront toujours loyaux, s'engage à ne pas faire de travaux de fortification sur les villes deMeaux,Lagny,Provins etCoulommiers sans son autorisation, à reconnaître au roi le droit de conserver Bray-sur-Seine et Montereau-Fault-Yonne jusqu'à la majorité de Thibaut et à lui verser la somme de 20 000 livres parisis en échange de son soutien[Note 4],[AJ 19]. Puis, en 1214, conformément au traité de 1209, le roi permet au jeune Thibaut de repartir auprès de sa mère, même si elle doit s’acquitter d'une somme probablement très importante pour cela, et accepte de recevoir son hommage en, huit ans avant sa majorité, reconnaissant ainsi qu'il est le légitime héritier du comté de Champagne[AJ 20].

Blanche travaille ensuite à faire discréditer la légitimité des filles du comte Henri II en affirmant que le mariage de leurs parents n'est pas légal. En effet, avant d'épouser Henri II en troisièmes noces, leur mèreIsabelle de Jérusalem a épousé en premières nocesOnfroy de Toron qui a ensuite été écarté au profit de son second mariConrad de Montferrat, sans que le divorce soit prononcé par l'Église. Les mariages suivants et les enfants qui en sont issus sont donc jugés illégitimes, ce qui fait par conséquent d'elles desbâtardes[AJ 21].
De plus, Blanche certifie qu'avant de partir pour la troisième croisade,Henri II a nommé lors d'une assemblée àSézanne son frèreThibaut III, époux de Blanche, comme successeur dans le cas où il ne reviendrait pas vivant de Terre sainte, et a fait jurer aux barons présents de le reconnaître commesuzerain[AJ 22].
Mais comme tous ses efforts pour empêcher cette union sont finalement vains, Blanche s'attache à faire arrêter le couple sur le chemin du retour vers la Champagne en envoyant de nouveaux agents. Cependant, c'est encore un échec, et Érard et sa nouvelle épouse, Philippa de Champagne, arrivent en afin de réclamer le comté de Champagne[AJ 23].

À la suite de la confiscation de ses fiefs par la comtesse, Érard de Brienne et son épouse s'installent alors auchâteau de Noyers, demeure de son beau-frèreMiles VI de Noyers, et prend les armes contre Blanche sous le prétexte de la spoliation dont il a été victime alors qu'il avait le statut decroisé. Blanche envoie alors une armée faire lesiège de Noyers, mais ne parvient pas à prendre la ville et se contente de ravager la campagne environnante avant de lever le siège, commençant ainsi laguerre de succession de Champagne[AJ 24].
Informé de ces faits par Érard, le roi envoie enGuillaume des Barres etMathieu de Montmorency auprès de Blanche afin de l'inviter à faire une trêve et de la convier devant un tribunal lors d'une assemblée àMelun[AJ 25]. Blanche, Érard et Philippa se présentent alors devant le roi en, mais Blanche réclame que le procès ne soit pas jugé sur le fond et demande l’exceptiondilatoire de minorité pour son fils face aux prétentions de ses adversaires, ce qui est accepté par le tribunal[AJ 26].
Érard accepte la sentence, mais reprend les armes quelques mois plus tard, au motif qu'il n'a pas eu restitution de ses biens confisqués lors de son départ en croisade, ravage plusieurs villages et attaque des marchands venant auxfoires de Champagne[AJ 27]. Blanche porte alors l'affaire devant l'assemblée du roi réunie à Melun en qui condamne Érard à indemniser les dégâts occasionnés. Or, celui-ci refuse de payer et continue de soutenir sa cause par les armes[AJ 28]. Blanche demande alors l'aide du roi et lui envoie deux cents fromages en cadeau, mais le roi choisit de ne lui envoyer qu'un très faible secours[AJ 28]. En même temps, Blanche appelle l'aide du papeHonorius III, récent successeur d'Innocent III qui avait déjà accordé son soutien à Blanche, et lui envoie en cadeau deux pièces deperse et un morceau de toile pour la réalisation de deuxsurplis[AJ 29]. Honorius renouvelle la protection offerte par son prédécesseur, convie Érard et Philippa à comparaitre devant lui et les interdit sous peine d'excommunication de continuer leurs revendications par les armes[AJ 30]. S'ensuit alors une période entrecoupée de guerre et de trêves entre les belligérants qui voit l'excommunication d'Érard et de tous ses partisans[AJ 31].
La trêve expirée, Blanche reprend les armes, fait la jonction àWassy avec les troupes du ducEudes III de Bourgogne et du comteHenri II de Bar et marche sur la ville deNancy, où se trouve le ducThiébaud Ier de Lorraine, un des principaux soutiens d'Érard, qui est prise et brûlée le[AJ 32],[P 1]. Vers la même période, Blanche et ses alliés prennent successivement les châteaux deJoinville,Clefmont etChâteauvillain, réduisant considérablement les forces d'Érard qui voit le nombre de ses partisans se réduire[AJ 33],[P 2]. Le, il est contraint de se soumettre et de signer une paix d'une durée de quatre ans[AJ 34].
Érard et son épouse abandonnent définitivement leurs droits par traité du où ils renoncent à toutes leurs prétentions sur le comté de Champagne, contre la somme de4 000 livres et une rente de1 200 livres[AJ 35].

Une fois l'héritage de son fils assuré à l'issue de cette guerre de succession, Blanche s'attache par la suite à trouver une épouse pour son filsThibaut. Elle choisit tout d'abordMarguerite d'Écosse, sœur du roi écossaisAlexandre II, mais ce mariage ne se réalise finalement pas[AJ 36]. À la place, Blanche organise en une union entre son fils etGertrude de Dabo, fille d'Albert II de Dabo et de Gertrude de Bade, récente veuve du duc Thiébaud Ier de Lorraine, qui avait été battu par Blanche deux ans auparavant à Nancy et qui était mort plus tôt dans l'année, mais contre les intentions de l'Empereur du Saint-EmpireFrédéric II[Note 5]. Gertrude est alors de son propre chefcomtesse de Metz et possède commedouaire les villes deNancy et deGondreville[AJ 37].
Par ce mariage, Blanche et Thibaut espèrent probablement s’approprier lecomté de Metz et une partie duduché de Lorraine, mais en vain et Thibaut répudie son épouse en 1222, se plaignant de sa possible stérilité et prétextant une consanguinité trop proche entre eux. Le mariage est donc annulé par le clergé pour cause de parenté et Gertrude récupère son douaire et le comté de Metz, mais Thibaut garde toutefois lamouvance deNeufchâteau, situé sur la rive droite de laMeuse, et deGondrecourt, qui est déjà tenu par une branche cadette de la famille champenoisede Plancy[AJ 38].
À partir de cette période, Thibaut atteint sa majorité et peut donc administrer le comté de Champagne par lui-même et Blanche n'a plus que son douaire à diriger[AJ 39].

Vers 1222, Blanche acquiert de l'abbaye Saint-Pierre d'Hautvillers un terrain près deMoslins, sur lequel elle fonde l'abbaye de religieuses d'Argensolles de l'ordre de Cîteaux, qu'elle place sous la filiation deClairvaux, et un groupe de trente-cinq religieuses provenant de l'abbaye du Val Notre-Dame de Antheit s'y installe, mené par labienheureuse Ide qui en devient la premièreabbesse[8]. Puis, ayant fondé cette abbaye pour« le salut de son âme et celle de son fils Thibaut, comte palatin de Champagne et de Brie, ainsi qu'en souvenir de son époux et de tous ses prédécesseurs », elle obtient en de son fils la permission d'acheter desdîmes où bon lui semble afin d'augmenter les revenus de l'abbaye[9].
Blanche meurt le 12 ou le selon les chroniques[Note 6], et est inhumée dans l'abbaye d'Argensolles qu'elle a fondée et où elle s'est possiblement retirée[AJ 39].
Blanche a des goûts très prononcés pour la littérature, qui sont constatés par une lettre d'Adam,abbé de Perseigne qui, sur sa demande, lui envoie ses sermons[AJ 41].
Après son veuvage, Blanche ne s'est jamais remariée. Toutefois, elle aurait fait l'objet en 1212 de tentatives de séduction de la part de Gautier de Mussy, un chanoine deLangres qui avait grande réputation. Blanche le fait traduire devant lajuridiction ecclésiastique devant laquelle Gautier se présente mais qui, dans la crainte d'une condamnation, déclare en appeler au pape avant de disparaitre[AJ 42].
De plus, selon une rumeur répandue en Orient, Blanche aurait été éprise deJean de Brienne alors que le roiPhilippe Auguste l'était de Blanche. Aussi, par jalousie et afin d'éloigner son rival, il l'aurait désigné aux barons de Terre Sainte afin qu'il devienneroi de Jérusalem[AJ 42].
Alors que Blanche était à l'abbaye d'Argensolles avec l'abbesse Ide, celle-ci aperçoit au-dessus de la comtesse un ange armé d'une épée s’apprêtant à couper le fil de sa vie. La religieuse prie alors Dieu de pardonner à la comtesse et de l'épargner afin qu'elle puisse mieux préparer la fin de sa vie. Il lui est alors proposé de laisser la comtesse à son destin ou de mourir à sa place. Ide choisit de se sacrifier afin de sauver la comtesse qui avait fondé cette abbaye[AJ 42],[8].
La mort de la bienheureuse Ide, première abbesse d'Argensolles, survient le et aurait donc donné un répit de trois années à la comtesse Blanche[AJ 39],[8].

Le àChartres, elle épouse lecomte de ChampagneThibaut III, fils d'Henri Ier de Champagne et de son épouseMarie de France, dont elle a deux enfants[1] :
Mais Thibaut III tombe gravement malade moins de deux ans après leur mariage et Blanche devient veuve le puis estrégente du comté de Champagne jusqu'en 1222 pendant la minorité de son fils qui naîtposthume.
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