Les réactions négatives à ce mouvement ont pris la forme du sloganAll Lives Matter (« toutes les vies comptent ») et du mouvement de défense de la policeBlue Lives Matter (« les vies bleues comptent »).
Le, lesurveillant de voisinage George Zimmerman, qui avait tué un adolescent noir,Trayvon Martin, au cours d'une altercation, est acquitté par la justice. En réaction, la militanteAlicia Garza écrit le jour même un billet qu’elle décrit comme une« lettre d'amour aux amisNoirs ». Celui-ci se termine par« Black People. I love you. I love us. Our lives matter. », ou enfrançais :« Personnes noires. Je vous aime. Je nous aime. Nos vies comptent »[2] et appelle à s'unir pour garantir que « les vies noires comptent » (« that black lives matter »)[3],[4].Patrisse Cullors, amie d'Alicia Garza et également activiste, republie le billet sur le média socialTwitter[3] et y joint lehashtag #BlackLivesMatter[4],[3],[2].
Garza etCullors créent ensuite, en compagnie d'Opal Tometi[5], une autre femme afro-américaine qui dirige à New York un groupe de défense des droits desimmigrantsafro-descendants[2],[6], des comptes sur lesréseaux sociauxTumblr et Twitter où elles appellent les internautes à partager des récits expliquant pourquoi « les vies noires comptent ». Les initiatrices du mouvement commencent à employer le slogan dans des manifestations, et ce dernier commence à se répandre[7].
En2014, peu après la mort aux mains de la police d'Eric Garner àNew York, qui s'exclamait « I can't breathe » (« je n'arrive pas à respirer ») lors de son placage au sol, expression qui devient un slogan de manifestants, un autre hommeafro-américain,Michael Brown, décède également aux mains de la police àFerguson dans leMissouri. Garza, Cullors et Tometi organisent un voyage militant pour rejoindre lesmanifestations à Ferguson au nom de leur campagne Black Lives Matter, suscitant un certain intérêt sur les réseaux sociaux, et le slogan commence à se diffuser sur place. La très forte médiatisation des manifestations et émeutes de Ferguson lance un mouvement et donne un retentissement au slogan à travers les États-Unis[8]. Il est notamment repris dans les revendications liées à de nombreuses affaires où des Noirs sont morts lors de leur détention par la police, notamment celles deJonathan Ferrell,John Crawford III,Ezell Ford,Walter Scott,Freddie Gray, ainsi queSandra Bland. Fin 2014, il est utilisé par la politicienneHillary Clinton[7], puis apparaît dans un épisode de lasérie télévisée afro-américaineEmpire. À partir de l’été 2015, les activistes du mouvementBlack Lives Matter s'impliquent dans la campagneprésidentielle de 2016[9].
En, il existait selon Patricia Cullors 23 sections locales du mouvementBlack Lives Matter auxÉtats-Unis, auCanada et auGhana[4],[10].
Le, après les meurtres de Philando Castle et Alton Sterling par la police, quatre joueuses duLynx du Minnesota enWNBA,Maya Moore,Rebekkah Brunson,Seimone Augustus etLindsay Whalen qui portent à l'échauffement les maillots "Change starts with us" et "Justice & accountability" sur l'avant, ainsi qu'au dos les noms de Castile et Sterling ainsi que le slogan "Black Lives Matter, ce qui est un événement fondateur dans le sport américain[11].
Durant l'été2016, un rapprochement enFrance est également fait avec le mouvementBlack Lives Matter dans le cadre de l'affaire Adama Traoré, qui donne lieu à son propre mouvement[12].
Le mouvement obtient une grande visibilité lors des manifestations et émeutes aux États-Unis et dans le monde liées aumeurtre de George Floyd, tué par le policierDerek Chauvin.
Cette section est liée à unévénement en cours. Les informations peuvent manquer de recul ou changer suivant l'évolution des événements et de l'actualité.
Dans le contexte de laguerre à Gaza depuis 2023, Black Lives Matter se joint aux manifestations qui dénoncent les bombardements d'Israël sur labande de Gaza et exige un cessez-le-feu[15].
En mars 2025, la fresque au sol « Black Lives Matter » peinte en lettres jaunes de très grande taille est enlevée de la place éponyme par la mairie de Washington DC, à la suite de menaces de certains Républicains de déposer un projet de loi visant à couper les financements fédéraux donnés à la ville de Washington DC, tant que la fresque est présente et tant que la place éponyme évoque le mouvement Black Lives Matter[16].
Le site web de l'organisation décrit celle-ci comme un réseau et indique que ses membres se voient comme membres de la« famille mondiale noire ». Il mentionne que son nom va au-delà des meurtres d'individus noirs par des policiers, et que le but de l'organisation est« d'éradiquer lasuprématie blanche et […] de créer un monde sans sentiment anti-noir, où chaque personne noire a le pouvoir social, économique et politique pour prospérer »[23],[19]. Le groupe d'activistes affirme que le mouvementBlack Lives Matter se préoccupe également des questions spécifiques des femmes noires, des membres noirs de la communautégay ettrans, des handicapés[24]. Le mouvement se décrit comme pro-famille mais voulant« perturber l’exigence de lastructure familiale nucléaire prescrite par l’Occident en se soutenant mutuellement en tant quefamilles élargies et « villages » qui s’occupent collectivement les uns des autres, en particulier de nos enfants »[19],[23].
Certains manifestants souhaitent se distinguer de la vieille génération de dirigeants noirs, telAl Sharpton. Le politologue Frederick C. Harris a ainsi souligné que le modèle d'organisation deBlack Lives Matter se distingue d'autres organisations de droits civiques dirigées par des leaders charismatiques commeRainbow/PUSH(en) deJesse Jackson ainsi que leNational Action Network(en) d'Al Sharpton[réf. nécessaire].
En 2014,Black Lives Matter se joint à d'autres organisations pour fonder leMovement for Black Lives(en) (M4BL). Ensemble, les organisations publient en 2016 un plan intitulé « A Vision for Black Lives: Policy Demands for Black Power, Freedom and Justice » (« Une Vision pour les Vies Noires : Revendications Politiques pour le Pouvoir, la Liberté et la Justice Noirs »). Le plan comprend six demandes centrales et quarante domaines de politique prioritaires. Les six demandes sont :
Mettre fin à la guerre contre les personnes noires.
Désinvestissement des institutions qui criminalisent, mettent en cage et font du mal aux personnes noires ; et investissement dans l'éducation, la santé et la sécurité des personnes noires.
Justice économique pour tous et reconstruction de l'économie pour assurer à nos communautés la propriété commune, et non le simple accès.
Contrôle communautaire des lois, institutions et politiques qui nous affectent le plus.
Un pouvoir noir indépendant et une autodétermination noire dans tous les domaines de la société.[26],[27]
Le mouvement socialBlack Lives Matter est décentralisé : ses meneuses mettent l'accent sur les structures locales.Alicia Garza le décrit comme une plateforme disponible en ligne dans l'objectif de rassembler les activistes partageant des buts et des valeurs similaires[28]. Ceux-ci doivent s'engager à suivre les principes de l'organisation, mais le mouvement n'a pas de structure centrale ou de hiérarchie.Alicia Garza a ajouté que le mouvement ne s'intéresse pas à mettre ses membres en vedette. En 2016, il existe trente groupes Black Lives Matter dans le monde, principalement auxÉtats-Unis mais aussi auRoyaume-Uni, auCanada, enAustralie et auGhana[29],[30].
Parmi les activistes et les soutiens deBlack Lives Matter, on compte la cofondatrice de la section de SeattleMarissa Johnson, l'avocate et présidente de la section de Minneapolis de laNAACPNekima Levy-Pounds ainsi que l'écrivainShaun King[31].
Le manque de structure deBlack Lives Matter a pu créer des confusions dans les médias traditionnels ainsi qu'au sein même des activistes[réf. nécessaire].
En 2015,Politico rapportait que des activistes du mouvement tenaient des rencontres secrètes avec le club de donateurs progressistesDemocracy Alliance(en), qui comprend certains des plus grands soutiens financiers duParti démocrate, comme Paul Egerman et le milliardaireTom Steyer[32].
L'organisation et des organisations apparentées œuvrant pour la communauté noire ou les droits civiques reçoivent des dons d'entreprises[33],[34],[35] . Certaines entreprises américaines soutiennent également le mouvement en doublant les dons de leurs employés[36].
En2021, la presse conservatrice commente la« frénésie d’achats immobiliers » dePatrisse Cullors : celle-ci a acquis quatre maisons haut de gamme pour 3,2 millions de dollars aux États-Unis, dont une villa estimée à 1,4 million de dollars àTopanga Canyon, une banlieue huppée deLos Angeles[37],[38].
Hawk Newsome, le directeur de Black Lives Matter Greater New York City, organisation non affiliée à la Black Lives Matter Global Network Foundation dirigée par Patrisse Khan-Cullors, demande une enquête indépendante pour savoir comment le réseau mondial dépense son argent[37].
En janvier 2022,The New York Post évoque également le fait que Black Lives Matter a transféré des millions à M4BJ, un organisme de bienfaisance canadien dirigé par l'épouse de Patrisse Cullors, Janaya Khan. M4BJ a acheté un vaste manoir qui avait autrefois servi de siège au Parti communiste pour l'équivalent de 6,3 millions de dollars en espèces en juillet 2021. L'achat de la propriété de Toronto, nommée Wildseed Centre for Art and Activism, est révélé, selonThe New York Post, à un moment où existe des inquiétudes croissantes concernant le manque de transparence du groupe BLM dans ses finances[39].
En septembre 2022, Shalomyah Bowers, un dirigeant de la Black Lives Matter Global Network Foundation, est accusé par d’anciens collègues d’avoir volé plus de 10 millions de dollars de dons à l’organisation pour son usage personnel. Celui-ci, qui est à la tête de la Black Lives Matter Global Network Foundation depuis avril, est accusé d'avoir versé l'argent à son propre cabinet de conseil Bowers et d'avoir détourné les ressources d'un nouveau groupe appelé Black Lives Matter Grassroots, Inc. Il nie ces accusations. le conseil d’administration de la Black Lives Matter Global Network Foundation dans une déclaration commune dénonçant ceux qui « préfèrent suivre les mêmes méthodes que nos oppresseurs blancs et utiliser le système juridique pénal qui est soutenu par la suprématie blanche »[40],[41].
Selon un sondage de 2016, un tiers de la population américaine rapporte ne pas comprendre les objectifs du mouvement. Si le mouvement est très majoritairement apprécié desAfro-américains, 49 % desBlancs américains disent l'appuyer, alors que 28 % y sont opposés. Au sein de la population, le sujet sépare très clairement les électeursdémocrates desRépublicains : 64 % des personnes qui disent voter démocrate approuvent le mouvement contre seulement 20% des Républicains, qui s'y opposent à plus de 50%. Les électeurs indépendants blancs le soutiennent à 42 % et s'y opposent à 25 %[42].
LeNew-York Times fait observer que la mort deGeorge Floyd a catalysé un moment le soutien à Black Lives Matter. Les sondages montrent un pic de soutien dans la foulée immédiate de la mort de George Floyd qui décline par la suite rapidement. Notamment, les électeurs républicains font état d’un soutien beaucoup plus fort à Black Lives Matter qu’ils ne l’avaient fait avant, mais ce soutien ne dure pas et connaît un rapide déclin. Analysant par « groupe racial », le journal observe une évolution similaire chez lesBlancs américains qui sont devenus moins favorables à Black Lives Matter qu’ils ne l’étaient avant la mort de George Floyd. Selon Jennifer Chudy et Hakeem Jefferson, le déclin précipité du soutien, en particulier parmi les républicains et les Américains blancs, reflète la politisation accrue de la question par les élites[43].
De nombreuses entreprises partagent le hashtag #BlackLivesMatter, souvent accompagné d'annonces de donations à des organisations caritatives œuvrant pour la communauté noire et/ou les droits civiques, dont l'organisationBlack Lives Matter. Ces entreprises sont actives dans des domaines variés, comme l'Internet et les technologies numériques[33], le jeu vidéo[34] ou les cosmétiques[35]. En juillet 2020, plusieurs employés de l'entreprise américaineCisco, qui soutient le mouvement, sont licenciés pour avoir critiqué ce soutien sur une messagerie interne lors d'une discussion sur les questions raciales[44].
En février 2016, le fondateur et directeur général de FacebookMark Zuckerberg écrit à ses employés pour leur demander d'arrêter de barrer les mentions « Black Lives Matter » et de les remplacer par « All Lives Matter » (« Toutes les vies comptent ») sur les murs dédiés à l'expression des bureaux de l'entreprise. Il affirme que ce comportement est irrespectueux et même malveillant, après diverses réprimandes de sa part à ce sujet, et annonce que l'entreprise est en train d'enquêter ces incidents « profondément blessants et fatigants »[45].
En, des anciens employés deFacebook révèlent qu'à l'époque où ils travaillaient pour l'entreprise, les sujets remontés parmi les « contenus populaires » étaient sélectionnés par une équipe decurateurs qui écartaient délibérément les sujets politiques à tendance conservatrice. À l'inverse, certains sujets peu populaires, comme le mouvement Black Lives Matter, étaient remontés manuellement par l'équipe[46],[47]. Selon l'AFP, ce traitement éditorialisé n'aurait pas été le résultat d'instructions données par la direction mais serait venu de l'initiative de « jeunes journalistes orientés par leurs opinions politiques marquées à gauche ». En revanche, des consignes ont été données pour que des sujets, tels le mouvement militant Black Lives Matter, ne suscitant pas d'intérêt suffisant soient pourtant intégrés aux tendances[48].
Afin de protester contre ce qu'ils jugent être des incitations à la haine envers les forces de l'ordre de la part du mouvement Black Lives Matter, plusieurs membres duParti républicain et de syndicats de polices créent le mouvementBlue Lives Matter en référence a leur uniforme[49].
Keeanga-Yamahtta Taylor, militante du mouvement et professeure au département d'études afro-américaines à l'Université de Princeton, analyse le mouvement dans son livre,From #BlackLivesMatter to Black Liberation[50]. Elle y pose notamment une question qu'elle juge cruciale : pourquoi cette mobilisation afro-américaine contre les violences policières envers les Noirs est-elle née précisément pendant la présidence du premier président américain noir,Barack Obama, lequel semblait pourtant incarner une Amérique « post-raciale », c’est-à-dire « indifférente à la race »[51] ?
Cedric Johnson (professeur d'études afro-américaines et descience politique à l'université de l'Illinois à Chicago) soutient que« le prisme racial ne permet pas d’expliquer la crise de violence politique actuelle, dans laquelle les Noirs sont surreprésentés, mais ne forment pas la majorité des victimes. En 2015, 1 138 personnes ont été tuées par la police aux États-Unis, parmi lesquelles 504 Noirs, 306 Blancs, 195Latinos, 24Asiatiques ouautochtones des îles du Pacifique, 13Amérindiens et 27 personnes dont l’origine ethnique reste inconnue. (…) Les individus sans emploi ou sans domicile, ceux qui travaillent dans l’économie informelle ou qui vivent dans des zones où ce type d’économie domine sont les plus susceptibles d’être régulièrement surveillés, harcelés et arrêtés. Les militants deBlack Lives Matter postulent que les Noirs font l’objet d’une injustice ciblée, alors que la violence de l’État carcéral touche l’ensemble des classes populaires[52]. »
Certains leadeurs noirs des droits civiques, tels que le révérend Cecil « Chip » Murray, Najee Ali et Earl Ofari Hutchinson, ont critiqué les tactiques de BLM comme irrespectueuses et inefficaces, Ali affirmant que« tout ce qu’ils peuvent faire est de perturber et de faire du bruit »[53]. L'auteur et ministre Barbara Ann Reynolds a critiqué les tactiques de confrontation du BLM[54].
Les femmes du mouvement Black Lives Matter, y compris la professeure et défenseure des droits civiques Treva B. Lindsey, ont fait valoir queBlack Lives Matter a écarté les expériences des femmes noires au profit des expériences des hommes noirs. Par exemple, plus de manifestations ont été organisées pour protester contre les meurtres deMichael Brown et deTrayvon Martin que les meurtres de Kaylla Moore ou Rekia Boyd[58].
En réponse, le mouvement Say Her Name a été fondée pour se concentrer spécifiquement sur le meurtre de femmes noires par la police et pour faire entrer leurs noms dans la manifestation Black Lives Matter. Leur objectif déclaré est d'offrir un récit plus complet, mais sans entrer en concurrence, avec le mouvement global Black Lives Matter[59],[60].
Certains responsables politiquesnoirs américains se sont positionnés contre le mouvement, qu'ils considèrent comme étant déconnecté des personnes qu'il prétend représenter et défendre[61].
Le,Ben Carson, le seul afro-américain en lice pour l'investiture républicaine à la présidence, a déclaré queBlack Lives Matter devrait s'occuper de toutes les vies des Noirs, pas seulement de quelques-unes car selon lui, le plus grand nombre de vies noires est éliminée dans les cliniques d'avortement et quand il regarde dans les grandes villes des États-Unis, la première cause de décès des jeunes hommes noirs est l'homicide[62].
En s'opposant aux coupes budgétaires d'août 2020, le conseiller municipal de New York I. Daneek Miller, co-président ducaucus noir, latino et asiatique (BLA) du conseil, s'est opposé à la réduction du financement de la police et a déclaré : "Les Noirs veulent être en sécurité comme tout le monde… nous ne pouvons pas permettre à des personnes extérieures à notre communauté de nous faire la leçon sur la vie des Noirs"[63].
Le maire deNewark, dans leNew Jersey, Ras Baraka, a qualifié le "définancement de la police" prôné par le mouvement Black Lives Matter de solution "bourgeoiselibérale" face au racisme[61].
La perception de la population américaine face au mouvementBlack Lives Matter varie considérablement selon la race (de recensement)[65] à laquelle l’individu s'identifie. La phraseAll Lives Matter a été créée en réponse au mouvementBlack Lives Matter.
Toutefois, le mouvementAll Lives Matter a été critiqué parce qu’il remet en question le message du groupeBlack Lives Matter[66],[67]. Après la fusillade qui a tué deux membres du corps de police de Ferguson, le hashtag #Blue Lives Matter a été créé en solidarité à la police[68].
Dans le sillage du mouvementBlack Lives Matter, des personnes militant contre les discriminations et violences racistes s'en sont prises au cours du mois de juin 2020 à diverses statues représentant des personnes liées à l'esclavage, lacolonisation ou leracisme. Parmi les statues ayant fait l'objet de dégradations, déboulonnées ou retirées figurentEdward Colston, marchand d'esclaves britannique àBristol,Léopold II, possesseur de l'État indépendant du Congo àAnvers,Henry Dundas, homme politique ayant travaillé à retarder l’abolition de l’esclavage àÉdimbourg,Robert Milligan(en), un planteur esclavagiste du XVIIIe siècle àLondres. Selon Fabrice Bensimon, professeur d'histoire et de civilisation britannique à l'université Paris-IV-Sorbonne, ces actions « sont en rapport avec l’indignation générale après la mort de George Floyd aux États-Unis (...) contre les hommages qui sont rendus à de tels personnages historiques ». Pour lui « l y a un enjeu de mémoire important. Maintenir et préserver ces monuments dans l’espace public, cela signifie rendre hommage à des dirigeants confédérés ou à des colonisateurs. Ceux que l’on honore par des statues, par des noms de rues ou par des monuments sont ceux dont l’héritage apparaît positif, ou mérite d’être salué »[69].
Selon le journaliste Philippe Bernard, ce mouvement considère comme inacceptables ces symboles de personnes ayant participé auxtraites négrières ou les ayant défendues. S’appuyant sur un court métrage de 1953 réalisé parAlain Resnais etChris Marker, il considère qu’un observateur d’une statue porte sur elle un regard qui dépend de sa propre culture. Ainsi, pour lui, les enjeux sont de« cesser la souffrance engendrée par des hommages blessants, [de] permettre l’appropriation par les descendants des victimes d’une histoire complexe […], [et de] faciliter l’émergence d’un récit partagé, acceptable par tous »[70].
↑Certaines sources traduisent littéralementBlack comme adjectif, d'autres essaient d’être plus idiomatiques en considérant qu'il désigne les personnes noires (« les Noirs » ou, en écriture inclusive abrégée, « les Noir·e·s »).
↑Traduction de:"1. End the war on black people.2. Reparations for past and continuing harms.3. Divestment from the institutions that criminalize, cage and harm black people; and investment in the education, health and safety of black people.4. Economic justice for all and a reconstruction of the economy to ensure our communities have collective ownership, not merely access.5. Community control of the laws, institutions and policies that most impact us.6. Independent black political power and black self-determination in all areas of society."
↑« Le mouvement «Black Lives Matter» accusé d’attiser la haine raciale »,Le Temps,(ISSN1423-3967,lire en ligne, consulté le)
↑Keeanga-Yamahtta TAYLOR,Black Lives Matter, le renouveau de la révolte noire américaine, trad.Celia Izoard, Marseille,Agone, coll. « Contre-feux », 2017. Présentation de l'ouvrage sur le site de l'éditeur (en ligne).
↑K.-Y. Taylor,op. cit, « Aujourd’hui, la naissance d’un nouveau mouvement contre le racisme et la police révèle une fois de plus l’illusion d’une société américaine indifférente à la race ou post-raciale »,p. 27.
↑Philippe Bernard, « Du sud des États-Unis à la France, des statues déboulonnées pour une histoire partagée »,Le Monde.fr,(lire en ligne, consulté le).