Bitola est un important centre administratif, culturel, industriel, commercial et d'enseignement. Elle possède notamment une université. Elle se trouve dans la plaine dePélagonie, à 15 kilomètres de la frontière grecque, sur la route qui relie lamer Égée au sud de lamer Adriatique et à l'Europe centrale.
Bitola est connue depuis leXIXe siècle comme la « ville des consuls » car de nombreux pays européens y entretenaient des consulats. Elle possède également un riche héritage architectural, notamment ottoman, et son centre-ville est réputé pour son architecture typique de l'Europe centrale, datant de la seconde moitié duXIXe siècle.
La commune vue depuis le mont Baba, au fond, la plaine pélagonienne.
Bitola est située dans la vaste plaine dePélagonie, une des rares étendues non-montagneuses de laMacédoine du Nord. Cette plaine, située dans le sud-ouest du pays et ouverte sur laGrèce, est limitée par lemont Baba, qui culmine à 2 601 mètres d'altitude au picPelister[1], situé à l'ouest de la ville[2].
Bitola, située entre 590 mètres et 710 mètres d'altitude[1], est encadrée par les communes macédoniennes deDemir Hisar au nord,Mogila au nord-est,Resen à l'ouest etKrivogaštani au sud-ouest. Elle est frontalière de laGrèce par sa limite sud. La ville de Bitola se trouve par ailleurs à seulement 15 kilomètres de la frontière, et à 175 kilomètres deSkopje, 180 kilomètres deThessalonique[2].
La ville, qui regroupait en 2002 74 550 des 95 385 habitants que comptait alors la commune[2], fait environ 7 kilomètres de diamètre et couvre 24 kilomètres carrés, soit 9,7 % de la superficie totale de la commune[1]. Le reste de la population réside dans des villages, disséminés sur le territoire de la commune.
La commune, bien qu'étalée sur la plaine pélagonienne, est ponctuée de plusieurs collines, dont les quatreBaïr qui encadrent la ville de Bitola. La plus haute, appeléeKale, culmine à 890 mètres. Ces collines sont les contreforts de systèmes plus importants, le léger massif d'Oblakovo-Snegovo et les monts Baba, très différents l'un de l'autre au point de vue du relief[1].
La commune est traversée par la rivièreDragor, qui prend sa source dans lemont Baba puis rejoint laTsrna à l'est de la ville. La Tsrna se jette à son tour dans leVardar, le plus grand fleuve de laMacédoine du Nord, tributaire de lamer Égée.
La commune de Bitola, bien que située à seulement 155 kilomètres de lamer Adriatique et à 130 kilomètres de lamer Égée, ne connaît pas le climat méditerranéen. En effet, l'altitude et les hautes montagnes qui encadrent laPélagonie garantissent plutôt unclimat continental ou unclimat montagnard[3].
Les étés sont chauds et secs et les hivers, pluvieux, sont entrecoupés de périodes chaudes et froides. Les précipitations sont plus abondantes en automne et au printemps[3]. La ville de Bitola connaît, à cause de la pollution liée à la présence d'usines, des brouillards assez fréquents ainsi qu'une évacuation de la chaleur plus lente qu'à l'extérieur[3].
Le nomBitola remonte au vieux slaveObitel « monastère, domicile », parce que la ville était autrefois célèbre pour son monastère. Lorsque la signification du nom n'a plus été comprise, elle a perdu son préfixeo-[6]. Le nom deBitola est mentionné dans l'inscription de Bitola(en). La première mention écrite de Bitola date de 1014 ; elle figure sur un traité de l'empereurSamuelIer de Bulgarie[7]. Les variantesslaves modernes incluent lemacédonienBitola (Битола), leserbeBitolj (Битољ), et lebulgareBitolya (Битоля). LesByzantins ont hellénisé le nom enVoutélion (Βουτέλιον) ouVitólia (Βιτώλια). Le nomaroumainBituli est également dérivé du nom slave.Bituli,Bitola ouObitel ces noms sont tous la traduction slave du nom grecMonastiri (Μοναστήρι), car la ville fut fondée initialement parPhilippe II de Macédoine au milieu duIVe siècle av. J.-C. A cette époque la ville s'appelaitHeraclea Lyncestis. Néanmoins, avant l'arrivée des Macédoniens, la région et l'ancienne ville qui se trouve à 2 km de la ville actuelle, fut habitée par les Lyncestins. Les Lyncestins furent desIllyriens[8].
Le nomgrec de la ville estMonastiri (Μοναστήρι), le nomalbanaisManastir ouManastiri, le nomturcManastir (turc ottoman : مناستر).
Pendant laPréhistoire, une communauté, appeléeLyncestis, s'installe dans la région. La ville fut reprise plus tard par lesMacédoniens. AuVe siècle av. J.-C., sous l'impulsion du roiPhilippe II de Macédoine, une ville,Heraclea Lyncestis, est construite sur une petite colline se trouvant au sud-est de la ville actuelle[9]. Cette nouvelle cité est bâtie au carrefour de deux voies, l'une reliant la côte adriatique à la Thrace, l'autre, née dans le nord-est de laPélagonie, rejoignantStobi (actuelleGradsko), située dans la vallée duVardar[9].
AuIIe siècle av. J.-C., laMacédoine est envahie par les Romains[9]. Ceux-ci réorganisent l'ancien royaume enprovince et font de la route qui reliait lamer Adriatique à la Thrace une voie très importante, baptiséeVia Egnatia[9]. Un siècle plus tard, la ville sert de dépôt de ravitaillement pour l'armée deJules César lors de laguerre civile de César, qui se déroula de à Son nom apparaît ensuite dans divers écrits, autant officiels que privés[9].
La ville est évangélisée très tôt, dès leIer siècle, et devient un évêché[9]. Ses évêques desIVe siècle,Ve siècle etVIe siècle sont connus grâce à des textes de l'époque[9].Heraclea Lyncestis est alors une ville importante, elle possède notamment des fortifications, deux basiliques et un théâtre[9]. À partir duVe siècle, la ville connaît néanmoins des attaques barbares et est dévastée à plusieurs reprises. Le roi ostrogothThéodoric est le premier à lancer une attaque surHeraclea Lyncestis, en472[9]. Il recommence en479[9] et en518 la ville est à nouveau ravagée par un séisme[10],[11]. Elle est restaurée à la fin duVe siècle et au début duVIe siècle, peu de temps avant l'invasion desSlaves, qui anéantissent définitivement la ville[9].
AuVIe siècle, lesSlaves Dragovites et Berzites[7] s'installent durablement dans la région. Ils abandonnentHeraclea Lyncestis et s'installent à l'emplacement de la ville actuelle, qui fait partie de l'Empire byzantin.
Pendant les siècles suivants, la ville, éclipsée parOhrid, ne joue pas de grand rôle dans l'Empire[10]. Vers l'An Mil, cependant, elle redevient un carrefour commercial et de nombreux monastères et couvents sont construits. Ce sont ces établissements qui donnent son nom à la ville,Bitola, qui vient d'un mot slave signifiant « monastère ». Donc, le même que le nom attribué dans l'antiquité, mais en slave.
AuXIVe siècle, Bitola est conquise par les empereurs serbes qui l'incluent dans leur État[12].
À la fin duXIVe siècle, lesTurcs commencent à envahir lesBalkans et prennent Bitola en 1382[7] qu'ils conserveront définitivement après labataille de Kosovo Polje (1389). Ils la rebaptisentMonastir et en font le chef-lieu d'unsandjak (district). Monastir devient un grand centre commercial, qui commerce surtout avec l'Albanie et laGrèce[7].
La ville accueille un très grand nombre de Turcs et devient la troisième plus grande ville de l'Empire ottoman. AuXVIe siècle, Monastir accueille également une importantecommunauté juive, originaire d'Espagne et duPortugal, pays alors soumis à l'Inquisition[12] (voir ci-dessous). Alors que les Turcs et lesJuifs s'installent dans la ville, les Slaves occupent surtout les villages alentour[12].
Un marchand vénitien décrit en 1591 la ville comme un centre de négoce développé, qui possédait unBezisten (bazar couvert) et uncaravansérail. Selon lui, Monastir comptait 200 maisons habitées par desJuifs et vivait principalement du commerce de la laine et du cuir[7].
Le voyageur ottoman duXVIIe siècle Hadji Khalifa décrit quant à lui la ville comme un important marché de coton et son contemporainEvliya Çelebi recense 3 000 maisons, plus de 900 magasins, 40 maisons de thé et de café, un bezisten fermé par des portes en fer et d'autres nombreux monuments publics[7]. À cette époque, Monastir est également un grand centre religieux musulman. La ville compte en effet beaucoup demédersas, quelques écoles de droit religieux et près de 70 mosquées[7].
Après laDeuxième guerre austro-turque, qui se déroule de 1683 à 1699 et qui s'achève par la défaite ottomane, Monastir, comme les autres villes macédoniennes, décline, et sa population tombe à 12 000 habitants[7]. LeXVIIIe siècle est une période de stagnation pour la ville. À la fin de ce siècle[13], elle accueille toutefois une nouvelle communauté ethnique, desValaques[12], peuple qui parle une langue proche duroumain et qui mène une vie pastorale transhumante[14].
Architecture à l'occidentale duXIXe siècle.École grecque à Bitola, fin duXIXe au début du XXe siècle.Manifestation du VMRO après la révolution jeune-turque en 1908.Académie militaire turque (1909).Réception du sultanMehmed V à la gare de Bitola, 1911.Conseil de l'Association Chetnik pour la Liberté.
En 1830, plusieurs centaines de dirigeants albanais sontmassacrés lors d'un banquet à Bitola par les troupes ottomanes.
AuXIXe siècle, le pachalik de Roumélie, trop vaste, est découpé en plusieurs provinces puis remplacé en 1864 par une nouvelle structure, levilayet de Monastir, qui ne couvre plus que l'ouest de laMacédoine.
Dès le début duXIXe siècle, Monastir connaît de profondes mutations et retrouve sa place de métropole dans l'Empire ottoman[12]. L'implantation d'ateliers d'artisanat offre du travail à la population grandissante et l'installation d'une garnison ainsi qu'une prestigieuse école militaire font venir de nombreux soldats qui s'installent dans la ville. En 1835, Monastir compte ainsi plus de 40 000 habitants[7] et est la seconde ville sur la partie européenne de l'Empire ottoman aprèsThessalonique. Ses commerçants traitent alors majoritairement avec des homologues deVenise,Vienne (Autriche),Paris,Londres etLeipzig.
En 1894, l'ouverture de la ligne de chemin de fer reliant Monastir àThessalonique permet un nouvel essor économique pour la ville, qui, plébiscitée par les négociants étrangers, reçoit lesconsulats de douze États européens[7] et s'occidentalise fortement. Monastir reçoit alors son surnom deVille des Consuls, qu'elle conserve encore plus de cent ans après[7],[15].
Pendant le début duXXe siècle, Bitola est un grand foyer d'associations autonomistes macédoniennes, notamment l'Organisation révolutionnaire intérieure macédonienne (VMRO), la principale organisation autonomiste macédonienne. Ces groupes aspiraient notamment à l'ouverture d'écoles de langue slave et à l'indépendance vis-à-vis du pouvoir ottoman. En 1903, la ville est d'ailleurs l'un des principaux foyers de l'insurrection d'Ilinden, conduite par les nationalistes macédoniens contre les Ottomans et qui soulève toute laMacédoine slave, et on y déplore de nombreux massacres suivis de violentes répressions principalement dans les campagnes ; « la région de Monastir, théâtre des combats, souffre particulièrement : 119 villages incendiés, 50 000 personnes sans abri »[16],[17],[18].
Après la révolution desJeunes-Turcs en 1908, profitant de concessions faites par les Jeunes-Turcs, ce sont les Albanais qui choisissent la ville comme foyer d'action autonomiste. En 1908 a d'ailleurs lieu le congrès de Monastir qui fixe l'alphabet albanais moderne[19].
En 1915, pendant laPremière Guerre mondiale, les Bulgares envahissent la totalité de la Macédoine serbe. Mais les pays de l'Entente débarquent uncorps expéditionnaire à Thessalonique et, avec l'appui de l'armée serbe reconstituée, avancent vers la Macédoine slave qui devient l'enjeu de labataille de Monastir entre le mois deseptembre et celui denovembre 1916[16]. Jusqu'en 1918, Bitola se retrouve sur la ligne de front et subit des bombardements presque quotidiens par l'aviation ou l'artillerie ; elle est presque entièrement détruite au sortir du conflit[16].
Bitola est, lors de laSeconde Guerre mondiale, la première ville de Yougoslavie à être attaquée par les forces de l'Axe. En effet, les Italiens la bombardent le3 novembre 1940, alors que la Yougoslavie n'entre officiellement dans le conflit qu'en. Bitola, occupée par la Bulgarie la même année, souffre ensuite de la déportation de plus de 3 000 Juifs enmars 1943 vers lecamp d'extermination de Treblinka, 606 arrestations, 251 condamnations pourrésistance, 600 habitants meurent lors de combats, 500 sont blessés[20]. La ville est libérée le4novembre 1944 par des Résistants communistes[22].
À la fin du conflit, en 1945, alors que larépublique socialiste de Macédoine est créée, Bitola est pressentie pour devenir capitale. Finalement,Tito imposeSkopje, l'autre grande ville macédonienne, située dans le nord du pays. Mais après la Seconde Guerre mondiale, Bitola demeure le second centre économique de la Macédoine. La ville compte par ailleurs encore dixconsulats, sur les douze qu'elle possédait à la fin duXIXe siècle.
De gauche à droite :grand-rabbin(Haham-bachi) deSalonique, bourgeois de Monastir (Bitola) et professeurmusulman de Salonique,1873
Durant la domination ottomane, les Juifs de Monastir s'activent dans l'exportation de produits de bouche et dans l'importation de tissus et métaux. Certains sonttanneurs,orfèvres, fromagers.
À cette époque, la communauté juive restante continue à parler le judéo-espagnol (ladino)[25] de ses ancêtres castillans, en plus des langues locales et vivent dans des maisons à l'architecture hispanique du quartier juif (non imposé) appelé « Jevrejska mala » (dynamité en 1947), plutôt en bonne intelligence avec leurs voisins, toujours active dans le commerce et intégrée dans la ville. Les Juifs appartiennent aux différentes classes sociales ; un tiers de la population juive la plus indigente vit dans des quartiers tels que « La Tabane » ou « Ciflik » et pire, à « Los Kortezus », un champ à côté de la ville où les conditions de vie sont très difficiles.
Association juiveladino des Jeunes amis du Monastir club, 1917
Une dizaine desynagogues sont présentes en ville[Note 1]. S'y ajoutent une synagogue pour la jeunesse construite dans une école juive, unTalmud Torah, une école de garçons et une école de filles subventionnées par l'Alliance israélite universelle (AIU) et l'Association anglo-juive(en), et des crèches. Ils ont aussi unmikveh pour le bain rituel et un bouchercasher mais seulement la moitié des Juifs de la ville peuvent s'acheter de la viande.
Mais de nouvelles violences durant laPremière Guerre mondiale, l'épidémie detyphus de 1915 et lafamine ont raison d'une partie de la ville : de nombreux habitants dont des Juifs fuient versSalonique. Après la guerre, les survivants restent démunis[26].
Dans l'entre-deux-guerres, lesionisme devient la principale force d’attraction de la communauté juive de Monastir.Leon Kamhi(sh) de Bitola œuvre pour promouvoir l’immigration vers laterre d'Israël. En 1931, laHachomer Hatzaïr contrôle les organisations de jeunesse et le départ vers la Palestine qui s’accélère en 1932.
Durant laSeconde Guerre mondiale, les Juifs sont recensés et tenus de porter l'étoile jaune. Après leur rafle, ils sont d'abord enfermés dans de très dures conditions (les cinq premiers jours sans nourriture ni eau) dans l’entrepôt des tabacs (usine Monopoli), et gardés par des soldats bulgares puis, entre les 11 et 29mars 1943,déportés dans des wagons à bestiaux versTreblinka où on les assassine dès leur arrivée[27].
3 762 Juifs monastirlis sont tués dans cecamp d'extermination nazi, soit 69 familles juives[28],[29],[30]. Parmi elles : les Abolcher, Aroesti/Aruesti, Bejakar, Calderon/Kalderon, Hasson/Hason, Ischach, Kamchi/Kamhi, Kassorla/Kasorla, Kohen, Levi/Lewi, Meshulam, Nachmias, Ovadia, Pardo, Peso et Testa. Quatre Monastirlis parviennent à s'échapper entre les deux transports : Nico Pardo, Allegra Aroesti-Pardo, Joseph Kamhi et Albert Sarfati[18],[31],[32].
Lafamille Abravanel et le restant de la communauté juive à Bitola, fin des années 1950
Après laSeconde Guerre mondiale, le docteurHaïm Abarbanal(he) (1896 Bitola - 1984Bat Yam, Israël) est médecin et directeur de l'hôpital d’État de Bitola entre 1946 et 1963. Il travaille également avec les autorités pour aider à réhabiliter lecimetière juif de la ville. Sa famille juive est la dernière vivant à Bitola après la destruction de la communauté juive pendant laShoah.
Depuis 1958, une cérémonie commémorative rassemble des survivants et descendants de la communauté juive de Macédoine à Bitola, en présence desAbravanel, tous les11 mars en souvenir de l'extermination de la communauté à cette même date en 1943. Mais après letremblement de terre de Skopje de 1963, qui tue la famille du médecin juif, ce dernier quitte alors Bitola pour émigrer enIsraël avec sa petite-fille rescapée du séisme, pays qui vient d'ailleurs en aide à laYougoslavie pour aider les blessés et reconstruire la ville[36].
Cimetière juif de Bitola, 2018
Dans les années 1990, il ne reste plus rien des synagogues portugaise et aragonaise de Monastir. Les soldats bulgares et les paysans macédoniens ont utilisé les pierres tombales du cimetière juif fondé en 1497 pour des constructions militaires et civiles ; descroix gammées et des slogansnazis maculent des tombes sur lesquelles les paysans font paître leurs moutons, l'étoile de David à l'entrée du cimetière est brisée[27].
En 2018, l'hôpital de la ville prend le nom de « Haïm Abarbanel Hospital ».
En 2019, une cérémonie intitulée « Marche de la vie » se déroule dans le cadre de la Journée dumémorial de l'Holocauste à Skopje et à Bitola. L'Association pour le patrimoine juif de Bitola-Monastir, une délégation académique de l'université Bar-Ilan (BIU) et des centaines de membres d'organismes israéliens et venus du monde entier marquent des arrêts devant l'« usine Monopoli » et à la gare d'où les Juifs ont été déportés vers leur mort au camp deTreblinka, à l'hôpital Haïm Abarbanel, devant les ruines du cimetière juif, au « jardin d'enfants Esteria Ovadia »[37].
Sur une population d'environ 11 000 Juifs (sur 60 000 habitants, soit près de 18 %) en 1900, la communauté juive de Monastir est tombée à 8 900 personnes en 1912, à 3 750 en 1931, à 3 240 (sur 28 000 habitants) en 1940, à 3 350 en 1941, à 57 en 1945 et à 1 en 2002[18],[38],[33]. Après un demi-millénaire d'existence, la communauté juive de Monastir-Bitola n'existe plus.
Quelques anciens Juifs monastirlis vivent actuellement àSkopje.
Traces de la communauté juive de Bitola
Équipe de jeunes footballeurs juifs, v. 1930.
SynagogueKal di Aragon à Bitola dans l'entre-deux-guerres.
Le blason et le drapeau de Bitola ont été adoptés en 2006. Ils remplacent d'anciens emblèmes dessinés à l'époque socialiste et ont été choisis pour leur absence d'inspiration idéologique. La frise d'or et d'azur du blason symbolise l'histoire de la ville et les triangles degueules et d'or représentent la modernité[39]. Le drapeau reprend le blason sur un fond blanc.
La devise de la ville,Bitola, babam, Bitola (Битола, бабам, Битола), qui signifie « Bitola, grand-mère, Bitola » vient du titre d'une chanson traditionnelle, qui célèbre la ville[40].
La commune de Bitola est administrée par un conseil constitué de 31 membres élus au suffrage universel direct pour une période de quatre ans. Le conseil s'occupe principalement des décisions budgétaires, des grandes orientations et assure les rapports entre le gouvernement national et la ville. Plusieurs commissions se répartissent les tâches plus concrètes. Il y a ainsi la commission des finances, du développement local, de l'urbanisme, de l'environnement...
À la suite des élections locales de 2013, le conseil de Bitola est composé de la manière suivante[41] :
Le maire de Bitola est lui aussi élu au suffrage universel direct pour un mandat de 4 ans. Le maire actuel est Vladimir Taleski (Владимир Талески). Il est en outrecomédien etdramaturge[42]. Le maire représente la commune de Bitola et il est responsable des activités du conseil auprès des habitants. Il doit également veiller à l'application des actes du conseil et peut lui-même soumettre des textes aux conseillers. Enfin, c'est lui qui gère les organes d'administration de la ville et ses fonctionnaires et qui nomme ou révoque les directeurs de ces organes[43].
La commune ne possède pas d'aéroport ; le plus proche, celui d'Ohrid, n'est cependant distant que de quelques dizaines de kilomètres. Il est régulièrement relié à plusieurs villes d'Europe, commeBelgrade,Amsterdam,Vienne etDüsseldorf[44].
La commune possède également une gare ferroviaire, située sur la ligne qui relieSkopje à Niki, un village grec frontalier dunome de Flórina. Cette ligne passe notamment parVeles etPrilep[45]. La première ligne de chemin de fer, de Bitola àThessalonique, construite en 1894, n'existe plus. Le train, pour relierThessalonique àSkopje, emprunte désormais la vallée duVardar, située plus à l'est[46].
Bitola est également reliée àSkopje,Prilep,Kičevo,Ohrid,Struga,Resen,Demir Hisar, ainsi que d'autres nombreuses villes macédoniennes par des lignes régulières de cars. Les différents quartiers de la ville ainsi que les villages de la commune sont desservis par la compagnie locale, qui possède seize lignes différentes[47].
L'approvisionnement en électricité de la commune est garanti par la centrale thermique de Bitola, située à 7 kilomètres à l'est de la ville. Le combustible utilisé est du charbon, extrait dans une mine des environs. La centrale, qui employait 250 employés en 2000 et participait à 6,52 % de la production nationale[48], fournit entre 529 et 638mégawatts par mois. Des études sur la qualité de l'air aux abords de la centrale menées en 2002 ont montré que la pollution émise par celles-ci est en dessous du seuil maximum autorisé et que les gaz qui s'échappent des cheminées ne se répandent pas sur le territoire grec voisin[49].
La ville possède depuis 1979 sa propre université, l'université Saint-Clément d'Ohrid. Son campus principal se trouve à Bitola, mais elle a aussi des annexes àOhrid etPrilep. À Bitola se trouvent notamment les facultés de médecine, de pédagogie, de technologie et d'administration. La ville compte aussi sept lycées et dix écoles primaires.
La ville possède un centre hospitalier qui couvre une région peuplée par 100 000 personnes. En 2011, il a reçu des fonds s'élevant à 5,6 millions d'euros pour se moderniser et acheter du nouveau matériel. Il devrait ainsi devenir un véritable centre de santé régional et concurrencer les cliniques privées[50].
L'économie de Bitola repose principalement sur le secteur agricole, notamment la production et la vente dutabac, ainsi que sur l'industrie textile. La commune, grâce à sa proximité avec laGrèce, reçoit beaucoup d'investissements étrangers[51]. En 2008, les plus grandes entreprises étaientPelister d.o.o. une entreprise de construction,Vest d.o.o.e.l., spécialisée dans l'agroalimentaire, l'imprimerieKiro D. Dandaro a.d. etKonington d.o.o.e.l., une usine de textiles[52]. La ville est également le siège de laStopanska banka Bitola, une entreprise qui entre dans la composition duMBI 10, principal index de laBourse macédonienne.
Portrait d'un couple de négociants grecs de Bitola vers 1900.
Selon une estimation de 2010, la commune de Bitola compte 93 585 habitants[53]. Le dernier véritable recensement, effectué en 2002, fait lui état de 95 385 habitants[54], dont 74 550 pour la ville en elle-même, la commune comptant alors également dix-huit villages ; le plus grand,Boukovo, comptant 3 494 habitants[55]. En 2004, la commune s'est agrandie puisqu'elle a récupéré le territoire d'autres communes considérées trop petites, commeBistritsa etKoukouretchani.
Selon le recensement de 2002, la composition ethnique de la ville est[55] :
Le football et le handball sont les sports les mieux représentés à Bitola. LeFK Pelister Bitola est le principal club de football de la ville. En handball, le RK Pelister était le club phare mais l'arrivée du RK Eurofarm Rabotnik a changé la donne : les clubs ont conclu un accord d'union et la ville est désormais représentée par leRK Eurofarm Pelister (ancien Eurofarm Rabotnik) et leRK Eurofarm Pelister II. Ces deux clubs partagent lepalais des sports Boro-Čurlevski(en) avec le club de basket-ball, leKK Pelister(en).
Bitola possède un théâtre national, installé dans un édifice datant de 1981. Le premier théâtre de la ville a ouvert au début duXXe siècle, mais laPremière Guerre mondiale a mis fin à son activité. Il a toutefois été remplacé par d'autres institutions avant laSeconde Guerre mondiale. Le théâtre actuel a été fondé en 1944[56].
Bitola a aussi son musée, installé dans l'ancienne école militaire ottomane, construite en 1848, où a notamment étudiéMustafa Kemal Atatürk. Il présente notamment les artefacts retrouvés lors de fouilles àHeraclea Lyncestis. La ville compte enfin un centre culturel, établi dans lesannées 1980. Cette institution nationale se charge d'organiser diverses manifestations culturelles et accueille festivals, artistes, activités artistiques[57]... Une galerie d'art,Magaza, est aussi installée dans un ancien magasin duXIXe siècle. En plus d'expositions, elle propose des lectures publiques, de lamusique de chambre, etc.[58].
Les ruines d'Heraclea Lyncestis, situées en périphérie, présentent de beaux exemples d'architecture antique, notamment un théâtre et des basiliques paléochrétiennes, dont les restes conservent de vastes mosaïques[59]. Également à la périphérie, il y a lezoo de Bitola et laforteresse, construite auXIXe siècle.
Le quartier compte aussi plusieurs mosquées remarquables, comme lamosquée Yeni (yeni signifie « neuf » enturc). Son minaret fait quarante mètres de haut et elle a été construite vers 1558 sur les ruines d'une église. Elle sert aujourd'hui de salle d'exposition. Lamosquée Ishak Çelebi date de 1506, son minaret mesure cinquante mètres et son jardin conserve des tombes anciennes en forme de sarcophages. Elle est encore utilisée pour le culte islamique. Enfin, lamosquée Haydar-Kadi a été construite de 1561 à 1562[62].
La rue piétonne principale, Širok Sokak, ainsi que ses abords, ont été construits pendant la seconde moitié duXIXe siècle dans un style typique de l'Europe centrale. C'est dans ce quartier que se concentrent les consulats. Sur Širok Sokak se dresse notamment l'église catholique du Saint-Cœur de Jésus, construite en 1909 dans le style néogothique français. Les premiers missionnaires français sont arrivés à Bitola auXVIIIe siècle. Le clocher a été construit de 1938 à 1940, grâce aux dons deSlovènes[63].
L'église orthodoxe Saint-Dimitri a été construite en 1830. Elle possède trois nefs et une richeiconostase en bois sculpté. L'église de la Sainte-Mère de Dieu a été consacrée en 1876 et l'église Saint-Panteleimon est connue pour sa fête de la Saint-Clément, pendant laquelle les viticulteurs de la région mangent leurs premières grappes de raisin[63].
Tous les ans se déroule leBit Fest, qui propose des représentations théâtrales, musicales et des expositions tout au long de l'été. Lesjournées d'Ilinden commémorent quant-à-elles l'insurrection macédonienne de 1903 par des représentations de danses et de chants folkloriques. En septembre a lieu lefestival international du film, qui rend hommage auxfrères Manakis, pionniers ducinéma dans lesBalkans et qui ont organisé la première projection de la péninsule à Bitola. Il est l'occasion d'un concours de documentaires et possède un public international. Le festivalBitola Open City organise des représentations théâtrales et musicales dans la rue, des ateliers de graffiti et des camps et des ateliers pour les jeunes.Interfest est un festival demusique classique etSi-do, un festival permettant aux enfants de chanter devant le public. LePetit Montmartre de Bitola est aussi un événement organisé pour les enfants, et, présidé par un jury, il est consacré au dessin[64].
Vilmos Zsigmond reçoit un diplôme lors du Festival Manaki de 2010.
↑Cessynagogues portent les nomsjudéo-espagnols deEl Kal de Portugal (brûlée lors de laPremière guerre mondiale),El Kal de la Havra Kadisha (détruite pendant laSeconde guerre mondiale),El Kal de Aragon (dynamitée en 1947),El Kal de Haham Jichak Levi (près de la maison du donateur),El Kal de Shlomo Levi (maison-même du donateur qui n'a pas survécu à la guerre),El Kal de Jahiel Levi,El Kal de Ozer Dalim (dans un bâtiment offert par la famille Aruti, mais tombé en ruines en 1950) et le temple deLos Kurtizos.El Kal signifie « la communauté ».
↑AdrianRoom,Placenames of the world: origins and meanings of the names for 6,600 countries, cities, territories, natural features, and historic sites, Jefferson, N.C., McFarland & Company, Inc.,,2eéd.(ISBN0786422483),p. 60.
↑Une présence aroumaine dans la ville uniquement à partir duXVIIIe siècle reste à débattre. Les sources historiques byzantines (Jean Skylitzès, Kékauménos, etc.) attestent la présence constante, à partir duXe siècle, des Valaques dans les environs de la ville. Selon Kékauménos, ils s'y seraient réfugiés quelques siècles plus tôt, de la région de Sirmium, près du Danube, devant les invasions des Avars et des Slaves. Selon d'autres théories, moins acceptées (Capidan, Schramm), les Valaques de la région seraient même les continuateurs de la population urbaine romaine qui habitait les villes situées le long de la Via Egnatia.