Lebirman (မြန်မာဘာသာစကား/mjàNmàzə/[1] en langue formelle ;မြန်မာစကား/bəmàzəgà/[1] en langue informelle) appartient à la familletibéto-birmane. Il est lalangue officielle de laBirmanie (république de l'union du Myanmar), où il est parlé comme langue maternelle par environ 42 millions de personnes (sur 55,7 millions d'habitants). Il trouve son origine dans les parlers de la dépression centrale du pays, se distinguant plus ou moins d'autres dialectes birmans comme lerakhine de la province d'Arakan qui en est très proche ou l'intha dulac Inle qui s'en distingue un peu plus. Le Birman étant langue obligatoire de l’enseignement, quelque 10 millions de personnes le parlent en seconde langue.
Le birman est la langue officielle de la Birmanie, pratiquement la seule enseignée, ainsi que la langue maternelle de la majorité des habitants natifs de la dépression centrale traversée du Nord au Sud par l'Irrawaddy ainsi que du delta et de lachaîne Tenasserim à l'extrême Sud.
Cette carte ne peut rendre compte de la multiplicité des langues parlées dans le pays, mais situe les trois grandes familles auxquelles elles appartiennent pour la plupart et distingue l'aire birmanophone des autreslangues tibéto-birmanes.
Le birman est unelangue isolante, mais aussi unelangue agglutinante où chaque mot est formé le plus souvent d'une seule ou de deuxsyllabes, mais à laquelle s'adjoignent desparticules et dessuffixes qui en masquent le caractère monosyllabique. La morphologie ancienne n'est plus détectable que dans le lexique, où l'on trouve des paires de verbes dérivés de la même racine par despréfixes aujourd'hui disparus, commekway3 « être cassé » etkhway3 « casser » (transitif).
Le birman est également unelangue tonale qui possède trois tons — haut, bas et descendant — pouvant affecter chacune des sept voyelles fondamentales. Le birman comprend trente-troisconsonnes et septvoyelles, celles-ci pouvant êtrenasalisées.
Comme d'autres langues, le birman présente de grandes différences deregistres (formels ou informels). Les différences peuvent porter sur le vocabulaire, mais aussi sur des marqueurs grammaticaux.
La plus ancienne inscription birmane actuellement connue date duXIIe siècle. Un pilier dustupa Mya Zedi àBagan constitue une sorte de « pierre de Rosette » des anciennes langues de la région, puisque chacun de ses côtés présente le même texte écrit enpâli,môn,birman etpyu (langue pré-birmane)[2],[3].
La forme ronde de ses lettres qu'on retrouve dans d'autres alphabets indiens comme ceux ducingalais ou de l'oriya s'expliquerait par la fragilité du support d'écriture utilisé à l'origine, les feuilles d'arbre, qui auraient été déchirées par les formes anguleuses dubrāhmi, ancêtre de tous les alphabets de l'Inde.
Le birman s'écrit de gauche à droite sans séparer le plus souvent les mots. Deux signes deponctuation, une barre ou deux barres, correspondent auxvirgules et auxpoints.
C'est une écriture complexe :
Comme dans les alphabets de l'Inde, une lettre employée seule correspond à la syllabe : /Consonne + a'/ (/a/ en premier ton, voir plus bas), des signes représentant les autres voyelles et les tons s'adjoignent aux consonnes, des symboles, les ligatures, combinent certaines consonnes. Il y a 33 consonnes simples.
Certaines consonnes font par ailleurs double emploi, utilisées surtout dans la transcription des motspālis. Par exemple :
Les signes adjoints à une lettre (au-dessus, au-dessous, à droite, à gauche) indiquent l'un des deux autres tons ainsi que les voyelles autres que le /a'/. Il y en a 20 pour les syllabes ouvertes et 32 pour les syllabes fermées (voir plus bas). Par exemple :
L'existence de consonnes pouvant se lier ensemble entraîne des graphies particulières appeléesligatures pour noter par exemple les sons /mw(a)/ ou /hmw(a)/ :
Voix tendue se maintenant au même niveau élevé; durée brève
Ton 2 - Bas
ma မာ
Voix détendue, se maintenant au même bas niveau un certain temps sans s'élever ni s'abaisser
Ton 3 - Haut-descendant
'ma မား
Voix commençant à un niveau élevé et s'abaissant régulièrement pendant un certain temps
Le ton détermine la hauteur mélodique de la voyelle de la syllabe.
Elle peut être le seul trait permettant de distinguer deux mots: /sa'/ (ton 1) signifie « commencer », /sa/ (ton 2) signifie « lettre » et /'sa/ (ton 3) « manger ». Écoutez la même voyelle /a/ aux trois tons[4]. De même, la même syllabe /myiN/[5] peut signifier :
« grand, haut » si elle est prononcée avec le ton haut,
Il existe deux types de syllabes, les syllabes ouvertes et les syllabes fermées :
Les syllabes ouvertes sont formées par une consonne suivie d'une voyelle orale.
Les syllabes fermées sont formées par une consonne suivie ou bien d'une voyelle nasale ou bien d'une voyelle + un arrêt glottal (« coup de glotte » noté [ʔ]).
Le sandhi (liaison entre syllabes) a pour effet de modifier la prononciation de la deuxième syllabe :
- L'initiale d'une syllabe suivant une syllabe ouverte ou fermée par une nasale est sonore.
Pour lire le birman dans son écriture comme en transcription, il est nécessaire de délimiter chaque syllabe, un mot étant composé le plus souvent d'une ou de deux syllabes. On distingue deux types de syllabes :
Syllabe ouverte :consonne + voyelle
Syllabe fermée :consonne + voyelle + arrêt glottal ou nasale
Les tableaux suivants indiquent les transcriptions courantes des phonèmes birmans.
« La transcription phonétique (entre crochets) adoptée dans cet article, qui est celle de M.H. Cardinaud et Yin Yin Mint dans leur méthodeParlons birman, correspond à la prononciation du français autant qu'il est possible (par exemple, lesa,e,é,è,ou,ch,tch doivent se prononcer comme en français). »
Consonnes
Les consonnes écrites et prononcées comme en français ne sont pas indiquées dans le tableau.
(h)pongyi (« moine ») (h)tan (« palmier à sucre »)
mʰ,nʰ,ðʰ ɲ̥ ,l̥
နှ၊လှ
(h)m-, (h)n-), (h)ng-, (h)ny-, (h)l-
mh-, nh- ngh-, gnh-, lh-
Les nasales sourdes sont réalisées en français dansisthMe, pNeu, pLi (Entendre[10]:)
hniq (« deux »)
ʔ
En début de syllabe :rien en finale : -k, -p, -q, -t
ʔ quand elle est indiquée
Indiquent un arrêt glottal comme dansEt_un ! prononcé d'une voix tendue. (Entendre en début de syllabe :5e colonne, dernière lettre[9]; en fin de syllabe[11]:)
Ces mêmes voyelles ainsi que les trois diphtongues /ei/, /ai/, /ao/ peuvent être suivies d'une consonne dont la prononciation se réduit à un arrêt glottal (Voir plus haut : Consonnes /ʔ/)ou à une nasalisation de la voyelle quand cette consonne finale est une nasale.Les diphtongues sont généralement transcrites comme précédemment ; leur prononciation est approximativement /ei/, la2e voyelle étant très peu marquée. (Entendre : [ei][12], [ai][13], [ao][14]
La nasalisation est transcrite par des terminaisons en :-in,-an,-on, etc. ou bien en :-ing,-ang,-ong. La prononciation est influencée par le ton de la syllabe. Il existe sept voyelles nasalisées :-in (Entendre[15]:),-an (prononcé comme le Françaisain)[16],-ein[17],-oun ou-on (prononcé comme le Françaison ouoôn)[18],-aun ou-aon[19],-ain[20],-un ou-oun (prononcé comme le françaison[21]
Quelques exemples d'une transposition usuelle en orthographe française
Voici quelques exemples avec l'indication entre crochets d'une transposition usuelle en orthographe française, certes approximative (impossible en particulier de noter les tons et les arrêts glottaux), mais beaucoup plus proche que la graphie usuelle de la prononciation en birman qui a comme le français des voyelles nasales et des voyelles réduites à une muet :
Une caractéristique principale du birman est l'existence de marqueurs postposés aux mots qui expriment aussi bien les fonctions, les temps ou les modes.
'ou tiN maoN twé bô' myaNma pyigô la -dè .
ဦးတင်မောင်တွေ့ဖို့ မြန်မာပြည်ကို လာတယ် (Les marqueurs en caractères gras indiquent le but, le lieu où l'on va, la forme affirmative) .
« Pour rencontrer M. Tin Maung, je suis venu au Myanmar. »
Il n'existe pas de marqueurs systématiques distinguantles genres. Il n'est pas obligatoire de marquerle nombre :
saʔoʔ chi'- dè signifie « j'ai le livre » ou « j'ai des livres ».
Mais si le sens le réclame, on emploieles marqueurst (w)é /d (w)é pour les pluriels ordinaires,tô' / dô' pour des pluriels collectifs d'êtres animés outo / do pour un groupement :
ke'léကလေ : « un enfant » ;ke'lé-dwé-nè : « avec les enfants ».
Le pronom personnel sujet n'est utilisé que si nécessaire
Le pronom ne change pas de forme avec la fonction : il, le, lui =θou သူ
Comme dans d'autres langues du sud-est asiatique, il est souvent remplacé par des termes de parenté : ainsi, pour s'adresser à quelqu'un ou même pour parler de soi, selon son âge ou celui de la personne, on emploiera:
« 'ʔou-'lé ဦးလေး » (Oncle) pour un homme âgé ou plus âgé que soi
« do-do » («Petite» tante) pour une femme âgée ou plus âgée que soi
« kô-kô ကိုကို» (Grand frère) pour un homme du même âge
« ma'-ma' မမ » (Grande sœur) pour une femme du même âge
Ainsi une mère dira à son fils : « mé 'θwa-mè » «Mère va s'en aller» = Je vais m'en aller
et le fils peut répondre : « 'θa laiʔ-mè သွားလိုက်မယ် » «Fils accompagne» = Je t'accompagne
Lesauxiliaires en birman sont des verbes qui peuvent être employés isolément avec leur propre signification ou comme marques prenant un sens éventuellement différent, un peu commeavoir qui perd son sens de « posséder » quand il est auxiliaire. AinsinaiN comme verbe signifie « vaincre » et sert d'auxiliaire dans le sens de « pouvoir ».
Lesmarques ne s'emploient que comme suffixes.
Auxiliaires et marques sont nombreux. Voici les principaux :
Il n'existe pas une catégorie d'adjectifs en birman sauf ceux empruntés aupali ; ce qui y correspond peut être un nom, une proposition subordonnée, mais aussi un verbe de qualité (comme enchinois) : 'koN- se traduit par « bon » ou « être bon » :
L'origine et la diffusion des langues sino-tibétaines. L'ovale rouge représente la fin des cultures Cishan et les premières cultures de Yangshao. Les flèches noires représentent les voies présumées de l'expansion non sinitique. Après avoir appliqué la méthode comparative linguistique à la base de données de données linguistiques comparatives développée parLaurent Sagart en 2019 pour identifier des correspondances sonores et établir des apparentés, des méthodes phylogénétiques sont utilisées pour déduire des relations entre ces langues et estimer l'âge de leur origine et de leur patrie[22].
La majorité du vocabulaire est d'origine birmane, monosyllabique s'il est constitué d'un seul radical, bi- ou tri-syllabique quand il est formé de la réunion de plusieurs mots, ce qui est très fréquent : ainsi yoʔchiNyoN ရုပ်ရှင်ရုံ ("cinéma") a pour premier composant le mot "image". Par ailleurs, le préfixe ʔe permettant de substantiver des verbes est très productif : loʔ("travailler"), ʔeloʔ Un certain nombre de mots, relevant en particulier du domaine religieux, philosophique ou abstrait ont été empruntés au Pāli et sont polysyllabiques d'origine, ainsi :kala'ကာလ (« époque »), 'yoga ရောဂါ (« maladie »),pyiNgna ပညာ (« éducation »),yedena ရတနာ (« trésor »),ʔandeyé အန္တရာယ် (« danger »)… Depuis l'époque de lacolonisation, nombreux sont les termes anglais passés en birman, ainsi :baN (banque),kafi (café),ka'touN ကာတွန်း (decartoon, « bande ou dessin animé »,kouNpyoota ကွန်ပျူတာ (decomputer, « ordinateur »).
Nom + verbe pour exprimer un phénomène atmosphérique
Il pleut = 'mo yue-né-dè မရယ်နဲ့တဲ့ (« la pluie pleut »)
Il grêle = 'mo 'θi tcha-né-dè မသိချင်နဲ့တဲ့ (« les fruits de la pluie tombent »)
Richesse des termes de parenté
Le birman dispose, par exemple, de termes différents pour les frères (kô) et sœurs (ema) plus âgés d'une part, pour les plus jeunes d'autre part, en distinguant de plus pour ces derniers le motnyi, « jeune frère », employé par un locuteur masculin etmaouN, par une locutrice et, de même, le mot(H)nema, employé par un locuteur etnyi-ma par une locutrice.
Le tableau ci-dessous donne les nombres cardinaux entibétain, en birman, enkaren (même famille que le birman) et leur traduction en français, la photo présente quelques chiffres en écriture birmane :
Lettre «Wa» / Chiffres : 5, 3, 8, 7 မြန်မာအက္ခရာများ ထ/၅၃၈၇Kyats dans une boîte de dons pour une pagode| ဘုရားကျောင်းကန်များရှိ အလှူခံပုံးများအတွင်းမှ မြန်မာကျပ်ငွေများ
Bonjour/bonsoir ဘွန်းချိုး =miNg(e)la ba မင်္ဂလာပါ ; on peut ajouter :kH(e)'mya ခင်ဗျား (homme qui parle)/chiN ရှင် (femme qui parle)[23]
Au revoir = selon le cas : 'θwa mè သွားမယ် (je pars), 'θwa do' mè သွားတော့မယ် (nous partons),pyaN do' mè ပြန်တော့မယ် (je dois repartir),twé' mè တွေ့မယ် (nous nous rencontrerons)
Je m'appelle… =tcheno (masc.) /tchema'(fém.)…lô'kHo ba dè
Je comprends / je ne comprends pas =နားလည်ပါတယ် 'na lè ba dè / nga na lè ba ði[29] (nga=je entre camarades, "ði" littéraire pour "dè")/ နားမလည်ပါဘူး 'na me lè ba 'bou
Ici / là-bas =ဒီမှာ/ဟိိုမှာdi Hma / hô Hma
Hier / aujourd'hui / demain =နေ့ကné' ga' / ဒီနေ့ di né' / မနက်ဖြန် mené' pHyaN[30]