La commune est dans lebassin versant du Rhin au sein dubassin Rhin-Meuse. Elle est drainée par le canal du Rhône au Rhin, le Grand canal d'Alsace, le Rhin, le canal de Neuf-Brisach, le ruisseau du Muhlbach de la Hardt et le Muhlbach de Schoenau[1],[Carte 1].
Au, Biesheim est catégorisée bourg rural, selon la nouvelle grille communale de densité à sept niveaux définie par l'Insee en 2022[16].Elle appartient à l'unité urbaine de Biesheim[Note 3], une unité urbaine monocommunale constituant une ville isolée[17],[18]. Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Colmar, dont elle est une commune de la couronne[Note 4],[18]. Cette aire, qui regroupe 95 communes, est catégorisée dans les aires de 50 000 à moins de 200 000 habitants[19],[20].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de labase de donnéeseuropéenne d’occupationbiophysique des solsCorine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (56,9 % en 2018), une proportion sensiblement équivalente à celle de 1990 (57,5 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante :terres arables (48,8 %), forêts (25,8 %), zones industrielles ou commerciales et réseaux de communication (7,2 %), zones agricoles hétérogènes (6,8 %), zones urbanisées (5,9 %), eaux continentales[Note 5] (3,2 %), prairies (1,3 %), espaces verts artificialisés, non agricoles (1 %)[21]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : lacarte de Cassini (XVIIIe siècle), lacarte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 3].
Carte des infrastructures et de l'occupation des sols de la commune en 2018 (CLC).
Vieux-Brisach est très bien fortifiée et défendue hors ses murs par le fort Mortier situé côté alsacien et réaménagé vers par Vauban. Cependant, elle est trop petite pour héberger à la fois le pouvoir militaire, le bailliage et la plus haute instance judiciaire d’Alsace.
De plus, Biesheim, rasé en par un incendie, de nouveau fortifié en comme en témoigne l'extrait d’un plan de Colmar de Mérian, est entièrement détruit ainsi queVolgelsheim pendant le siège de Brisach en par les impériaux (guerre de Hollande). Leurs habitants se réfugient sur une île du Rhin dans des huttes misérables couvertes de paille, ce qui donne le surnom encore actuel de ce lieu : Stroïstadt (ville de paille).
Ville Neuve Brisach devient rapidement une ville importante de près de 1 500 habitants composée des anciens habitants de Biesheim, des magistrats du conseil souverain et de leur personnel, de nombreux artisans et commerçants venus de plusieurs provinces de France, des immigrés venus en masse duBrisgau et de Suisse (calvinistes) attirés par les exemptions de taxes, des militaires, des fonctionnaires du bailliage et d'une communauté juive autorisée, contre subside, à s'installer à la Ville Neuve dès son origine.
Les principales régions de France à fournir des artisans et commerçants sont laPicardie, l'Auvergne[22], le Périgord[23] et surtout la Savoie[24].
De nombreux militaires issus de toute la France et même duLuxembourg et d'Irlande s’établissent dans la cité. Les différents régiments relevés au long des registres paroissiaux sont : le régiment deSuisse de M. Planta, des Vaisseaux, irlandais d'Adlone de M. Stapelton, des Fusiliers, du Roy, de Bourgogne, de la Couronne, de la Marche, de Gransé, de Champagne, de Picardie, le régiment étranger de Berincke, de Navarre, de Bossue, Dupontois, d'Anjou de M. Montflangin, du Piémont, de Barmende, de Bigorre, d'Arlon, d'Alsace, de Villiers, de Normandie, du Beaugerlois de M. Villette et le régiment de Guyenne.
Des signatures de parents illustres figurent dans les registres paroissiaux des naissances : Salomon Jean, procureur, neuf enfants ; d'Andlau François Humbert, conseiller, six enfants ; de Boisgauthier Antoine, conseiller, un enfant ; Brousse Jean Baptiste, huit enfants ; de Favier François, avocat général, neuf enfants ; de Guillemain de Corny André, conseiller, six enfants ; Le Laboureur Jean Augustin Claude, avocat général, deux enfants ; Nithard Joseph, procureur, trois enfants ; Triboux Toussaint procureur, trois enfants etc.
Toute cette population vit en parfaite harmonie, comme l'attestent les parrainages des personnages illustres cités plus haut, en faveur des enfants des habitants les plus modestes. Le seul conflit noté est celui opposant la communauté juive, expulsée de Vieux Brisach et autorisée à séjourner à la Ville Neuve pour approvisionner l'armée en chevaux et autres bestiaux, aux bourgeois laboureurs de l'ancien Biesheim[25] dont les pâtures étaient envahies par les « extraordinaires » troupeaux des juifs.
Cette communauté juive a été très tôt placée sous la protection de Louis XIV puisqu'une ordonnance du leur a fixé le même statut que les juifs du rabbinat deMetz, et Ville Neuve Brisach devient donc le siège juridique de tous les juifs d'Alsace (Aaron Wormser est le premier titulaire du rabbinat)[26]. Les juifs (trente-huit familles en) se dotèrent, le, d’un trio d'élus (Wolf Bloch, Isaac Netter, Meyer Rabys) responsables de la communauté, avec un budget de50 livres tournoi annuel. Ils ont pouvoir d'exclusion.
La ville comprend également un fondeur devenu célèbre : le Suisse Jean-Jacques Keller, inventeur du mortier (d'où le nom du fort). Ce fort Mortier, objetd'une étude en cours[Quand ?], est complété par le fort Saint-Jacques aussi nommé fort des Cadets ou fort entre les ponts (construit en sur l'île pour dominer le pont entre la ville neuve et Breisach). Il abrite une académie militaire de jeunes nobles instruits par des maîtres d'armes, des maîtres de danse et de peinture.
Fait remarquable, la ville est dotée d'un instituteur en français (Roger Jean, François Henrion puis Pierre Derlachaux) et d'instituteurs en langue allemande (Georg Brunner jusqu'à son décès en, Georg Buosch jusqu'à son décès en).
L'église et les registres paroissiaux sont tenus par Pierre Dulys curé de Vieux-Brisach, puis par Louis Petigot jésuite et enfin par le curé Jean-Jacques Schwartz originaire de Vieux-Brisach (sa sœur, Marie Françoise, est mariée avec un chirurgien deLimoges Jean Rousset).
Ils sont assistés ou remplacés par les pères Augustins de Vieux-Brisach : Jean Bonus Contus, Bernard Schorer, Joannes Bonus van Kindert, François Charles Ritter, François Frédéric Fillistorff, Denis Streit, Michel Philipponat, Jean Henri Halbysen et le père Edouard.
Les responsables des registres paroissiaux germanisent ou francisent allègrement au gré de leur humeur et origine les patronymes de leurs ouailles.
La particularité de cette ville éphémère est qu'elle peut être reconstituée entièrement par les différentes pièces retrouvées aux archives : nombre, situation, propriétaires et locataires des maisons ; nom, profession et religion des occupants ; recensements, demandes d'admission à la bourgeoisie, liste des veuves, des étrangers, des réfugiés etc. Seuls manquent un plan complet et des reproductions des principales habitations ou palais. Les vues présentées sont celles visibles au Stadtbauamt/Stadtarchiv et au musée de Vieux-Brisach.
L'histoire de la ville, en expansion continue et à l'avenir brillant, fut brutalement interrompue par letraité de Ryswick () qui rend au Rhin son rôle de frontière et provoque la perte des têtes de pont de Huningue, Fort Louis, Vieux-Brisach, du Brisgau et la destruction de la Ville Neuve.
Les anciens habitants de Biesheim (en majorité laboureurs ou journaliers) reconstruisent leur village et leur église avec les matériaux récupérés, les cabaretiers s'en vont à Neuf-Brisach, une grande partie des juifs, non autorisés, ainsi que les protestants, à s'établir àNeuf-Brisach, s'installent à Biesheim et y fondent une des communautés les plus prospères de Haute Alsace (1/3 de la population auXIXe siècle).
La décision de la construction de Neuf-Brisach est relatée dans le journal du marquis de Dangeau[27] :
« Monseigneur courut le cerf et au retour de la chasse il joua chez Madame La Princesse De Conty au brelan. -le roi fait travailler à Neuf-Brisach ; ce sera une place qui coûtera du moins cinq millions. Il n'y a aucune habitation ; on la fait en plein champ. On la place environ à trois quarts de lieues de Brisach. Il nous reste encore quelque ouvrage en deçà du Rhin que nous communiquerons à la place nouvelle par de grosses redoutes »[28]
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers lesrecensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations de référence des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[36]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2005[37].
En 2022, la commune comptait 2 519 habitants[Note 6], en évolution de −1,87 % par rapport à 2016 (Haut-Rhin : +0,66 %,France horsMayotte : +2,11 %).
Dominique Toursel-Harster, Jean-Pierre Beck, Guy Bronner,Dictionnaire des monuments historiques d’Alsace, Strasbourg, La Nuée Bleue,, 662 p.(ISBN2-7165-0250-1)
Biesheim, p. 53
Paul Carl,Biesheim : au fil des ans, Impr. Ch. Mack, Meyenheim, 1994, 344 p.
Christiane Gomy,Étude sur l'approvisionnement en céramique sur le site de Biesheim : importations, productions régionales et locales, EPHE, Paris, 2005, 2 vol., 78 + 60 p. (mémoire de DEA d'Archéologie)
Astrid Kuhn-Schubnel,La communauté juive de Biesheim : 1667-1870, Université Strasbourg 2, 1994, 139 p. (mémoire d'Histoire des religions)
Louis Schlaefli, « Notes relatives à la communauté juive de Biesheim », inAnnuaire de la Société d'histoire de la Hardt et du Ried, 1997,no 10,p. 65-72
↑Une unité urbaine est, en France, une commune ou un ensemble de communes présentant une zone de bâti continu (pas de coupure de plus de200 mètres entre deux constructions) et comptant au moins 2 000 habitants. Une commune doit avoir plus de la moitié de sa population dans cette zone bâtie.
↑Les eaux continentales désignent toutes les eaux de surface, en général des eaux douces issues d'eau de pluie, qui se trouvent à l'intérieur des terres.
↑Population municipale de référence en vigueur au 1er janvier 2025, millésimée 2022, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2024, date de référence statistique : 1er janvier 2022.
↑a etbDaniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale »,Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography,no 501,(DOI10.4000/cybergeo.23155,lire en ligne, consulté le)
↑Arbaret Mathias, Bachelard André, Chusset Jean, Fougerousse Jacques, Garnier Jean, Martin Jean, Perissel Jean, Poirier Georges scieurs de long
↑Bompignat dit La Poussière - Chaigne Bernard scieurs de long
↑Bald dit La Ferté Jean François grenadier et Aurill Armand soldat au régiment des Vaisseaux, Briancon Jacques - Culla François - Dubourg Louis - Muss Jean Martin - Grandjean François - Bellosa Mathieu marchands, Roll Pierre-François - Cuquat Jacques chaudronniers, Deville Jean mercier, Blanc François - Miege Michel aubergistes, Bonnet Pierre directeur de l'hôpital militaire, Donnat Marin hôtelier, Minet Pantaléon verrier, etc.
↑Joseph Eyraut, Jean-Georges Goetmann, Adam Maire, Gervais Vogtein, Jean Roursch, Jean Schouster, Menrad Keller, Blaise Zimerman, Jean Houque, Andres Kerman, François Dubuisson, Andres Beringer, Martin Duremberger, Christian Hourst, Andres Schleé et François Blanc)