| Statut | Beylik de larégence d'Alger (Jusqu'en 1830) État vassal de l'Empire ottoman (1830-1837) |
|---|---|
| Capitale | Constantine |
| Langue(s) | arabe,berbère,Turc ottoman |
| Religion | Islam |
Lebeylik de l'Est (enarabe :bâylik ash-sharq), oubeylik de Constantine (bâylik qasentina) est l'un destrois beyliks (avec lesbeyliks du Titteri etde l'Ouest) de larégence d'Alger. Il est constitué auXVIe siècle et disparait avec laconquête française et laprise de Constantine en 1837. Ledépartement de Constantine sera formé sur les bases de celui-ci en 1848.
La province de Constantine avait un vaste territoire[1], elle est bornée au nord par laMéditerranée, et au sud par ledésert, à l'est par larégence de Tunis et à l'ouest par leBeylik du Titteri, séparé par la chaîne desBibans dans la partie septentrionale[2].
Elle mesure environ 430 km dans sa plus grande longueur et 330 km de largeur moyenne. La côte de la province, le Sahel depuisBéjaïa jusqu'àAnnaba est montagneuse[2].
Constantine, le siège du beylik, était la ville la plus importante suivie parAnnaba[3], les autres villes sontJijel,Collo,Béjaïa,Mila,M'Sila,Tébessa etBiskra[4].

Le beylik de Constantine était le plus peuplé de troisbeyliks de la régence, il regroupait près de 2/3 de la population algérienne[5].
Les tribus et des familles de grandes tentes alliées aux autorités, se partageaient le pouvoir par un jeu d'équilibre, symbolisé par l'investiture aucaftan que recevaient les chefs de tribus après le bey[1]. ÀConstantine, les notables citadins participaient activement à la gestion des affaires et possédaient des grands terrains agricoles dans la couronne céréalière autour de la ville[1].
Les populations rurales étaient divisées enarch (tribus), composées dekharouba (fractions de tribus) qui se subdivisait endouars[6]. La Sahel est habitée principalement par les tribus desZouaoua et desFerdjioua, les populations des montagnes échappaient à l'autorité duBey[2]. Plusieurs tribus nomadisaient dans le Sud, qui constitue la partie la plus importante du beylik, dont lesHaraktas, les Seghnia, et les Oulad Sultan[2].
Parmi les tribus importantes de la région occidentale, on distingue les Telaghma, les Oulad Abdenour, les Amar Gheraba et lesMedjana , gardiens desBibans. À l'est de Constantine, on rencontrait les Oulad Zenati, lesHanancha, lesNementcha et les Amar Cheraga[2].
AuXVIIIe siècle, huit grands fiefs tribaux d’organisation dynastique existaient dans le Constantinois. Ils descendent des anciennes tribus Sedwikich et Bni Thabet, de substrat berbéro-kutama, profondément arabisées au point oùIbn Khaldoun les qualifie de tribus arabes[7]. Ce sont : leMedjana, le Ksar Et Teîr, leBelezma, lesZibans, lesAurès, l’oued Righ, le Ferdjioua et le Zouagha. Les Zerdaza et les Hanencha étaient aussi à l’origine des groupes dynastiques, mais lebey de Constantine réussit à leur imposer des tribusmakhzen[7].
L'élément ethnique turc ne joua qu'un rôle négligeable, le nombre desTurcs qui y étaient installés resta toujours très réduit : la garnison permanente de la province ne comprenait que 300 hommes[8]. Ils étaient présents surtout à Constantine et dans les villes garnisons, il en était de même desKoulouglis, il y avait également desJuifs dans les villes[5].
Au début duXIXe siècle, Constantine comptait entre 25 et 30 000 habitants[4], à côté de la population autochtone de souche citadine diteHadar, la ville a attiré des populations venues de l'intérieur de l'Algérie, ditebarrâniyya, composée principalement deKabyles et deBiskris[9].Annaba est l'une des villes de l'époque précoloniale dont la population dépassait les 10 000 habitants, les autres villes avaient une population moins importante[3].

Le Beylik de l'Est était le plus important et le plus riche des troisbeylik de la régence d'Alger[10]. Le bey y faisait habituellement sa résidence àConstantine. La ville est bâtie sur un plateau, entouré de trois côtés par un ravin profond au fond duquel coule l'ouedRummel[11].
La période qui s'étend de 1514 à 1648, voit la fin à la dépendance de Constantine vis-à-vis desHafsides de Tunis et son rattachement définitif aupouvoir central d'Alger dans les années 1530. Toutefois, le contrôle de toute la province n'est acquis qu'après des affrontements avec les puissantes confédérations tribales[12].
AuXVIIIe siècle, Constantine connaît une période de grande stabilité politique, grâce notamment à la succession de quelques beys gouverneurs énergiques et administrateurs compétents :Hasan bey «Bou Kemia» (1713-1736),Hassan Bey Bou-Hanek (1736-1754),Hussein Bey Zereg-Aïnou (1754-1756),Ahmed Bey el Kolli (1756-1771) et surtoutSalah Bey (1771-1792), qui est considéré comme le plus remarquable des gouverneurs de la province[13]. C'est une période marquée par la consolidation du gouvernement, des travaux d'aménagement urbain, des expéditions intérieures demaintien de l'ordre et desexpéditions victorieuses contre Tunis[13].
L'essentiel des richesses du beylik provenait des prélèvements opérés sur les productions agricoles. Les agents de l'administration maintenaient leur pourvoir au prix de privilèges accordés aux élites locales citadines et rurales. Lesoulémas de la ville, n'hésitent pas à légiférer en fonction de leurs intérêts et de nouvelles alliances se font également via des stratégies de pratiques matrimoniales courantes chez les grandes familles[12]. Ainsi, Ahmed Bey el Kolli avait épousé une des filles Bengana et, en secondes noces, une fille des Mokrani, Ali Bey a marié ses trois filles aux Mokrani. La mère du dernier bey était une Bengana et il avait épousé l'une des filles des Mokrani[12].
En outre des intrigues liées au pouvoir et entretenues par les rivalités et ambitions des prétendants aux différents postes du gouvernement. Le Beylik a connu de nombreuses révoltes populaires dues aux rigueurs de la pression fiscale sur fond de difficultés socio-économiques[12]. En effet, cette instabilité est mise en corrélation avec la conjoncture économique, les productions agricoles, les périodes de sécheresse, des famines et des maladies[12].
A fin duXVIIIe siècle, la régence connait la pire crise de son histoire. C’est une puissance en décadence, attaquée de partout et minée de l’intérieur par les luttes pour le pouvoir et la volonté d’autonomie des Beyliks. Onze beys se succédèrent ainsi à Constantine, entre 1792 et 1814[14]. Crise politique, mais également crise économique due principalement au tarissement des revenus de la course, qui obligea Alger à se tourner vers les provinces pour en exiger une plus grande contribution. Au début duXIXe siècle, la grande révolte deDerkaoua secoua laKabylie orientale. L’événement était tellement considérable, puisqu’un bey y est tué[14].
Après laprise d'Alger par les Français en 1830, les Constantinois investissentAhmed Bey du pouvoir[15]. Le Bey organise le combat contre les troupes françaises. Il fallait deux sièges pour venir à bout de la résistance des habitants de la ville qui tombe en1837. Par la suite, Ahmed Bey trouve refuge dans lesAurès et continue la lutte jusqu’à sa reddition en 1848[12].
La plus haute autorité dans le beylik était lebey de Constantine qui était désigné par ledey d'Alger, parmi les milieux ottomans etkouloughlis surtout, les beys exerçaient un pouvoir autonome dans les provinces qui leur étaient confiées[1].
Le bey était assisté d'un certain nombre d'administrateurs (qui pouvait aussi avoir un rôle militaire)[10] dont[6] :
Constantine disposait d'autorités véritablement urbaines[16]. Il y avait un préposé appelécaïd ed-dar doté d'attributions « municipales », chargé de l'administration et de la police de la ville, il avait un grand nombre de fonctionnaires municipaux[10] :
Les familles locales ont joué, pendant toute l'époque ottomane, un rôle actif et où elles animent les partis qui se partageaient la ville[15].
La justice civile s'exerçait par les soins de deuxcadis, unmalékite et unhanafite. Les deux cadis, lesmuftis, lesadoul, composaient leMedjelés. Ce tribunal se réunissait tous les vendredis et jugeait les affaires les plus graves. Il était présidé par le bey ou par le caïd ed-dar[6].
Constantine comptait une centaine d'établissements religieux dont de nombreusesmosquées. À chaque mosquée, était attaché unimam, destalibs, unmuezzin, uncheikh an-nadher (administrateur des bienshabous) et desoukils ou agents chargés de la gestion du culte[6]. LeCheikh al-Islam, considéré comme le chef de la religion[6], qui portait également le titre deAmir rakb al hajj (porte-drapeau de la caravane de pèlerinage) est une institution politico-religieuse majeure de la vie locale, qui a beaucoup évolué[1]. Avant la période ottomane, elle était aux commandes de la famille Abdal-Muman, puis elle est passée à lafamille Lefgoun en 1572, où elle s'est conservée jusqu'à la conquête coloniale[17].
Le bey disposait d'une milice composée de Turcs et deKoulouglis. Elle se divisait, en service denouba (garnison), et en service demahalla (colonne expéditionnaire). Lesnoubas étaient réparties en 22sefra dans les villes deConstantine,Bône,Biskra,Bougie,Tébessa,Djidjelli etHamza qui comptaient au total 333 hommes. Pour compenser ce faible effectif, le pouvoir s'appuyait sur lestribus makhzen[18].
Lazmala, constituait dans la province la plus ancienne et la plus redoutablecavalerie du Makhzen, elle formait une tribu guerrière établie dans la plaine d'Aïn M'lila , dont le chef portait le titre decaïd ez-zmala[18]. Tous les autres gens de guerre des tribus sont appelésDaïra et avaient pour chef militaire et administratif l'agha ed-Daïra, installé à Constantine, toutefois les cheïkhs étaient les vrais administrateurs des tribus. Outre ces tribus, chaque grandcheïkh oucaïd avait auprès de lui un certain nombre de cavaliers[18]. Les tribuskabyles, pouvaient mettre sous les armes de 15 à 20 000 fantassins[18].
« Huit grands fiefs existaient dans le Constantinois au XVIIIe siècle. Ils descendent tous des anciennes tribus Sedwikich et Bni Thabet dont on connaît le substrat berbéro-kutama, »