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Fondatrice duHollywood Canteen, actrice decinéma parmi les plus appréciées de l'âge d'or d'Hollywood, Bette Davis est connue comme un symbole de ténacité féminine, à cause de rôles de femmes impitoyables et caractérielles, mais aussi de sa turbulente vie privée, ponctuée d'orageux mariages et de conflits médiatiques avec certaines figures ducinéma américain.
Alternativement appelée la « reine d'Hollywood », la « reine des StudiosWarner » et la « première dame du grand écran américain », Bette Davis a longtemps détenu le record du plus grand nombre de nominations auxOscars en tant quemeilleure actrice (dix fois), avant d'être détrônée parKatharine Hepburn (douze fois) puis parMeryl Streep (dix-sept fois).
Ruth Elizabeth Davis grandit dans la banlieue deBoston, élevée avec sa sœur Barbara par leur mère, Ruth,photographe, qui se sépare de son mari en 1915. On dit que les deux prénoms de Ruth Elizabeth Davis ont été remplacés par celui de Bette, en référence au romanLa cousine Bette deBalzac[2]. Après le départ de leur père, avocat, la vie des Davis oscille entre leMassachusetts, leNew Jersey etNew York.
Bette fait ses débuts sur les planches dans le personnage d’une fée dansLe songe d'une nuit d'été pendant ses études à la Cushing Academy d’Ashburnham (Massachusetts). Elle prend ensuite des cours dedanse avecMartha Graham et suit pendant trois ans les cours de la John Murray Anderson’s Acting Dramatic School de New York.
En 1928, elle fait partie d’une troupe théâtrale dirigée parGeorge Cukor et, sous sa mise en scène, joueBroadway àRochester. Suivent d’autres pièces avec Cukor, avant le succès deThe Earth Between à New York, en 1929, puis le début officiel àBroadway dansBroken Dishes.
Remarquée au théâtre par un dénicheur de talents d’Universal Pictures, elle tourne son premier film,The Bad Sister, en 1931.Carl Laemmle, directeur d'Universal, s’écria en voyant ce film :« Comment peut-on tourner un film dans lequel un homme en voit de toutes les couleurs et le terminer en cadrant sur un tel visage ? »[3]. Bette ne tourne plus que deux films pour Universal qui ne renouvelle pas son contrat.
Après quelques rôles insignifiants avec d’autres studios,RKO,Columbia…, elle décide de rentrer à New York pour revenir au théâtre. C’est alors qu’elle reçoit un coup de téléphone deGeorge Arliss, grand acteur populaire de la Warner, qui lui propose un premier rôle auprès de lui dansL'Homme qui jouait à être Dieu (1932). Arliss écrit dans son autobiographie : « Je ne m’attendais qu’à une modeste prestation, mais ce petit rôle se transforma en une création vivante, profonde…, comme une lueur illuminant un texte banal et lui communiquant émotion et passion. C’était un talent qui ne pouvait rester longtemps dans l’ombre »[3]. En 1932, elle épouse Harmon O. Nelson, jazzman rencontré lors de ses études, dont elle divorce six ans plus tard.
À la suite de ce film, les frères Warner, de laWarner Bros., lui font signer un contrat de sept ans. Une période qui dure 16 ans et où l’actrice doit lutter quotidiennement pour obtenir de bons rôles dans une firme spécialisée dans les films de gangsters et qui privilégie essentiellement les personnages masculins.
Pourtant, Bette Davis n’arrête plus de tourner, on la voit dans vingt-cinq films en quatre ans, notamment avecSpencer Tracy dansVingt mille ans sous les verrous (1933) et avecJames Cagney dansJimmy the Gent (1935), deux films deMichael Curtiz. En 1934, Bette Davis harcèle, pendant des mois,Jack Warner, un des patrons de la Warner, pour obtenir le rôle de Mildred Rogers dansL'Emprise. Il finit par céder et la « prête » à laRKO. Elle racontera : « Mes employeurs considéraient que le fait de me confier le rôle d'une héroïne aussi détestable équivaudrait à un suicide artistique… Ils m'identifiaient, je suppose, au personnage, et retenaient que nous étions bien dignes l'une de l'autre »[4]. Bette obtint un grand succès critique mais le film fut un échec commercial.
Elle fait ensuite une autre composition remarquée de garce dansVille frontière (1935), avant d’être consacrée dansL'Intruse (1936) pour lequel elle décroche son premierOscar de la meilleure actrice. Les frères Warner lui refusent pourtant deux rôles auxquels elle tenait : la reineÉlisabethIre aux côtés deKatharine Hepburn dansMary Stuart et Alice dansAlice au pays des merveilles. Mais ils lui confient un bon personnage dansLa Forêt pétrifiée pour ensuite la reléguer dans deux films médiocres.
Commencent alors les conflits avec ses producteurs. Insatisfaite de ses scénarios et après avoir refusé de tourner un film, Bette claque la porte de la Warner et quitte Hollywood pourLondres où on lui propose deux films. Un procès s’engage alors entre elle et la Warner. Elle le perd mais Jack Warner, magnanime, lui pardonne et paie les frais du procès (Olivia de Havilland a plus de succès, elle aussi intente un procès en 1943 contre la Warner et le gagne en 1945). Bette Davis est finalement gagnante car, après ce procès perdu, la Warner lui confie des scénarios de meilleure qualité.
Jack Warner lui propose alorsL'Insoumise (1938), film qui ressemble étrangement àAutant en emporte le vent. Avec un personnage taillé sur mesure, la star fait une composition des plus remarquables dans ce somptueuxmélodrame dirigé de façon magistrale par le perfectionnisteWilliam Wyler. Le film connaît un énorme succès. Elle reçoit un deuxième Oscar et là commence la grande carrière de Bette Davis. Une longue série de nominations aux Oscars s'ouvre.
Le sommet de cette période est sa collaboration avec William Wyler qui est des plus réussies. AprèsL'Insoumise, elle s’illustre dans les rôles de garces : dansLa Lettre (1940), elle incarne une meurtrière et dansLa Vipère (1941) elle interprète une femme monstrueuse, cupide et manipulatrice (elle a une nomination aux Oscars pour chacun de ces deux films), ce qui la consacre actrice populaire et reine de la Warner. Malheureusement des conflits éclatent entre le réalisateur et l’actrice et William Wyler, malgré ces chefs-d’œuvre tournés ensemble, ne tourne plus avec Bette Davis.
Elle crée également sa propre maison de production la « B.D. Incorpored » en 1946.La Voleuse (A Stolen Life) avecGlenn Ford est le seul film produit par la firme de Bette Davis.
Après quelques films mineurs, Bette Davis tourne son dernier film à la WarnerLa Garce (1949) deKing Vidor. Le tournage se passe mal avec le réalisateur, au point qu’elle demande un compromis à Jack Warner : elle finit le film à condition qu’il la libère de son contrat avec la Warner Bros. Lassé de ses exigences, le patron de la Warner finit par accepter.
Libérée de toute contrainte, la star se remet au travail et pendant le tournage deL’Ambitieuse en 1949 (film qui sort bien après), on lui propose le rôle magnifique de Margo Channing dansÈve (1950) deJoseph L. Mankiewicz. Sur un scénario cynique et subtil reconstituant l'univers des théâtres et la concurrence effrénée entre les artistes, le film est un chef-d'œuvre porté par des dialogues caustiques et savoureux, la justesse de ses notations psychologiques, la remarquable interprétation de tous ses acteurs (d'ailleurs 5 des 14 nominations du film aux Oscars vont à ses interprètes) et l'élégante mise en scène d'un cinéaste en état de grâce, véritable cheville ouvrière du projet.Ève est sans doute le plus parfait des films de Bette Davis qui y donne une prestation inoubliable unanimement saluée par la critique et couronnée par une pluie de récompenses dont lePrix d'interprétation féminine àCannes.
Après un tel sommet, la carrière de Bette s’effrite au fil des ans et, hormisLa Star, film pour lequel elle a une neuvième nomination, il lui faut attendre les années soixante pour connaître un renouveau.
Entre-temps elle a épousé, en 1940, Arthur Farnsworth, qui meurt en 1943, et William Grant Sherry en 1945 (naissance de son premier enfant Barbara en 1947, et divorce en 1949), elle se remarie en 1950, une quatrième et dernière fois, avec son partenaire d’Ève,Gary Merrill, avec qui elle adopte deux enfants : Margot en 1952 et Michael en 1953. Elle divorce en 1960.
En 1961, deux films viennent redorer son blason.Frank Capra, tout d’abord, lui offreMilliardaire pour un jour où elle est drôle, émouvante, grandiose en vieille clocharde au temps de laprohibition, et surtoutQu'est-il arrivé à Baby Jane ? deRobert Aldrich où elle compose, aux côtés d’un autre monstre sacré de la grande époqueJoan Crawford, un personnage grand-guignolesque qui lui vaut un immense succès dans le monde entier, bien que leur rivalité ait viré à l'affrontement lors du tournage. Elle est nommée une dixième et dernière fois aux Oscars, et a le déplaisir de voir Crawford aller chercher la récompense prévue en lieu et place de la lauréate,Anne Bancroft, alors absente[5].
« Mère de trois enfants âgés de 10, 11 et 15 ans, divorcée, de nationalité américaine, 30 ans d’expérience dans le domaine cinématographique, encore alerte et plus aimable que ne le prétend la rumeur publique, cherche emploi stable à Hollywood. Connaît Broadway. Bette Davis. Références à l’appui. »
C’est cette annonce que l’actrice fait paraître, par manque de travail, dans un hebdomadaire en.
La fin de sa carrière est moins brillante. Elle tourne dans beaucoup de films mineurs mais fait de nombreuses incursions au théâtre et à la télévision.
« Mon histoire favorite sur la direction d’acteurs concerne Monsieur Wyler. Il ne disait jamais rien. Ça me rendait folle. L’acteur a besoin de savoir s’il plaît à son metteur en scène. Au bout d’une semaine de tournage, je suis allée le voir et je lui ai dit : "Monsieur Wyler, j’aimerais vraiment savoir si je joue comme vous le désirez." "Ah je vois !" a-t-il répondu. Et le lendemain, après chaque prise, il applaudissait frénétiquement en criant : "c’est merveilleux, c’est merveilleux !" Je lui ai demandé ensuite de revenir à sa "première manière", car celle-là ne me convenait pas du tout ! [rires]. Il ne donnait aucune indication de jeu[2]. »