La ville est un important centre religieux. Latradition juive, qui l'appelle aussiÉphrata, en fait le lieu de naissance deDavid,roi d'Israël. Elle est également le siège d'unlieu saint dujudaïsme, letombeau de Rachel, situé à l'entrée de la ville. D'après laBible, c'est aussi le lieu de naissance deJésus de Nazareth. C'est un lieu depèlerinage qui génère une activité économique importante à la période deNoël.
Depuis 1995, aux termes desaccords d'Oslo, la ville est théoriquement sous administration de l'Autorité palestinienne, bien que la majeure partie de l'agglomération (85 %) soit en réalité administrée parIsraël.
En raison d'une évolution phonétique différente, le nomarabeبيت لحم,bayt laḥm a donné lieu à une autre étymologie populaire : sibayt correspond à l'hébreubeth et désigne la « maison »,laḥm a lui le sens de « viande » au contraire de l'hébreuleḥem, « pain ».
Dans laGenèse, Bethléem est le lieu où meurtRachel et où naîtBenjamin[4], second fils de Rachel et le benjamin des fils deJacob. La formule « Bethléem sur le chemin d'Ephrata » revient plusieurs fois dans les textes bibliques.
Dans lelivre de Ruth,Boaz, un riche propriétaire terrien de Bethléem, épouse la pauvre veuveRuth qui vient glaner dans ses champs. De leur descendance naîtra leroi d'Israël, David.
Dans leslivres de Samuel, le Roi David est le fils deJessé de Bethléem, c'est pourquoi leprophèteMichée en fait la patrie du futurMessie :« Et toi, Bethléem, Ephrata, bien que tu sois petite entre les milliers deJuda, de toi sortira pour moi celui qui doit dominer en Israël, et duquel les origines ont été d'ancienneté, dès les jours d'éternité »[5].
AuXIe siècle,Bernard de Clairvaux prolonge l'étymologie hébraïqueBethléem (maison du pain) dans une utilisation chrétienne : Jésus (né à Bethléem) devientle Pain vivant descendu du Ciel[7].
De nos jours, la part deschrétiens dans la population est en baisse dans toute la Palestine, notamment à Bethléem qui compte une communauté de plus de 11 000 chrétiens, ce qui équivaut à 20 % de la population de la ville et parmi eux, 40 % sontcatholiques[8],[9]. En 2016, les chrétiens représentent 12 % des habitants, selon le maire[9]. En 1950, 86 % de la population de Bethléem et des villages environnants était chrétienne[10],[9].
Concernant la localité qui aurait vu naître Jésus, les historiens[11] hésitent entre le berceau familial deNazareth, où il passera toute sa jeunesse, le village deCapharnaüm[a] (kfar Nahum, village de Nahum) qui apparaît dans lesÉvangiles comme le centre de sa mission, voire la bourgade deChorazeïn à laquelle Jésus semble particulièrement attaché[12].
Si les évangiles attribués à Luc et à Matthieu rapportent que Bethléem est le lieu de naissance de Jésus, ceux de Marc et de Jean commençant avec la vie publique deJean le Baptiste, puis de Jésus, ne disent rien deson enfance.
Si elles sont avérées dans le cas du Saint-Sépulcre, les affirmations de l'apologète chrétien ne sont pas corroborées par les découvertes archéologiques à Bethléem où aucune trace d'habitat contemporain de Jésus n'a été mise au jour jusqu'à présent[16]. Par ailleurs, un autre endroit de culte de laNativité/Épiphanie du Christ, avant la basilique constantinienne, semble avoir existé[d], cela en dépit des allusions des apologètesJustin de Naplouse etOrigène.
Entre 1992 et 2003, l'archéologue israélien Aviram Oshri a conduit des fouilles de sauvetage dans levillage homonyme de Bethléem en Galilée, à six kilomètres à l'ouest deNazareth. Il y a mis au jour les vestiges d'une occupation juive d'époque hérodienne (Ier siècles av. et ap. J.-C.) et, auVIe siècle, ceux d'une basilique chrétienne, associée à unmonastère et unehôtellerie. De ces indices, il a conclu à l'existence d'unpèlerinage chrétien et émis l'hypothèse que le village galiléen de Bethléem serait le véritable berceau de Jésus[17].
La basilique de la Nativité est restaurée parJustinien et est le seul sanctuaire épargné par lesPerses lorsqu'ils envahissent laPalestine. Elle est encore restaurée par lescroisés, auXIIe siècle.
La mosquée est construite en 1860 et est dédiée aucalifeOmar ibn al-Khattâb qui a conquisJérusalem et s'est rendu à Bethléem en l'an 637, selon la tradition musulmane[18][réf. incomplète]. Elle est rénovée dans les années 1950.
À la suite de l'Intifada et des nombreux attentats contre les civilsisraéliens desannées 2000, la ville est aujourd'hui partiellement entourée par labarrière de séparation israélienne sous la forme d'un mur de 8 mètres de haut construit par les autorités israéliennes.
Les habitants de Bethléem prennent le plus souvent position en faveur de la lutte palestinienne contre Israël ou l'établissement decolonies juives[9].
Bethléem a reçu en 2000 la visite dupapeJean-Paul II[e] pour commémorer le bimillénaire de la naissance duChrist et fut accueilli par la population chrétienne locale. À l'image de cette visite, les papes suivants se rendront aussi à Bethléem :Benoît XVI visite la ville durant le mois de mai 2009[19] et cinq ans plus tard, en mai 2014, le papeFrançois se rend aussi dans la ville[20].
En 1886, la ville comptait 5 600 habitants selon Pierre Auguste Raboisson, dont 5 000 chrétiens (3 000 catholiques, 1 600 Grecsschismatiques et 400Arméniens)[21].
En 2017, la population s'élève à près de 31 000 habitants avec une part chrétienne (12 %) qui ne cesse de s'étioler[9],[8],[22].
Inauguration de l'hôtelYMCA à Bethléem, avril 1944.Fermephotovoltaïque de Bethléem, 2015.
« Le tourisme joue un rôle capital dans le développement de l'économie locale. Plus de 20 % de la main-d'œuvre est employée dans le secteur du tourisme »[22]. Selon le ministère palestinien du Tourisme, 1,16 million d'étrangers ont visité l'église de la Nativité, place Manger, en 2013[9]. « La ville compte 14 églises et 7 mosquées qui attirent des touristes de tous les pays en raison de son importance historique religieuse »[22]. « Tous les touristes à Bethléem arrivent d'Israël via l'un des 29points de contrôle qui mènent à la ville et aux villages environnants »[9]. 55 hôtels peuvent accueillir les visiteurs à Bethléem[9].
« Les activités industrielles produisant des objets d'art orientaux, les carrières de pierre, le béton et le textile, en plus des activités commerciales, jouent un rôle majeur dans le développement de l'économie locale »[22].
En 2025, en conséquence de la multiplication des checkpoints qui empêchent la population de se déplacer et de la suppression des permis de travail en Israël, le taux de chômage est de près de 50 %. Le maire de la ville témoigne par ailleurs d'une « explosion de la pauvreté »[23].
Bethléem abrite l'Université de Bethléem, la plus ancienne université deCisjordanie, qui fut fondée en 1973 bien que le site était occupé par une école catholique depuis 1893.
S'y trouve aussi un institut catholique de co-éducation chrétienne d'enseignement supérieur fondé en 1973 dans la tradition lasallienne (Frères des écoles chrétiennes), ouvert aux étudiants de toutes confessions ; les Frères chrétiens de La Salle ont fondé des écoles dans toute laPalestine et enÉgypte auXIXe siècle.
La ville de Bethléem bénéficie d'une étude pour la préservation de sonpatrimoine[25] et est inscrite à l'inventaire du patrimoine mondial de l'UNESCO.
L'église de la Nativité n'est pas le seul site culturel de la ville mais il est celui qui attire le plus de touristes chaque année principalement des pèlerins chrétiens, ce qui aide à l'économie de la cité dont c'est la ressource principale. Il y a donc une cinquantaine d'hôtels pour accueillir les touristes. La ville qui était à majorité chrétienne, il y a 50 ans, est aujourd'hui à majorité musulmane[10],[26],[9].
Les rites deNoël ont lieu à Bethléem sur trois dates différentes : le 25 décembre, date traditionnelle par l'Église catholique romaine etprotestante mais les grecs, coptes et orthodoxes syriens chrétiens fêtent Noël le 6 janvier et les orthodoxes arméniens chrétiens le 19 janvier. La plupart desprocessions de Noël passent par la place de la Mangeoire où trône un imposant sapin illuminé. Les offices catholiques ont lieu dans l'église Sainte-Catherine et les protestants se chargent souvent des services aux champs des Bergers. D'autres établissements catholiques existent tels que le monastèremaroniteSaint-Charbel dans le quartier de Wadi Maali.
D'autressaints sont fêtés lors de la fête annuelle de Saint-George (al-Khadr) les 5 et 6 mai. Pendant les célébrations, les chrétiensgrecs orthodoxes de la ville défilent en procession à la ville voisine deal-Khader pour les nouveau-nésbaptisés dans les eaux près du monastère de Saint-Georges où un mouton sera sacrifié. La fête deSaint-Élie est commémorée par une procession aumonastère orthodoxe grec de Mar Elias, au nord de Bethléem.
Bethléem est aussi réputé pour la qualité de sesbroderies et son travail artisanal sur les pierres et autres incrustations.
Manifestation de partisans duHamas à Bethléem, 2006.
Depuis 1995, aux termes desaccords d'Oslo, la ville de 35 000 habitants est théoriquement sous administration de l'Autorité palestinienne. Pratiquement, à la suite de ces accords, Bethléem a été divisée, à l'instar de toute laCisjordanie, en 3 zones administratives : la zone A est entièrement aux mains des Palestiniens, qu'il s'agisse de l'administration ou de la sécurité. Dans la zone B, les Palestiniens sont chargés de l'administration, tandis que la sécurité est assurée par les Israéliens. La zone C est entièrement gérée par les Israéliens. La définition des zones est telle qu'au total, les Israéliens ont le contrôle exclusif de 82 % de la ville[27], 85 % du gouvernorat de Bethléem (650 km2, 200 000 habitants) se trouvant en zone C[28]. La ville compte une vingtaine deChecks Points[9].
En 2012, la chrétienne palestinienneVera Baboun est élue au conseil municipal de la ville et choisie comme mairesse; c'est la première femme à occuper ce poste[29],[30]. Elle est remplacée en 2017 par Anton Salman.Le 14 avril 2022, Hanna Hanania succède à Anton Salman. Nader Rahil devient le nouveau maire adjoint.
↑« À Bethléem le pape François évoque le « droit de deux États à exister et à jouir de la paix » »,Le Monde,(lire en ligne, consulté le).
↑Pierre Auguste Raboisson,En Orient ; récits et notes d'un voyage en Palestine et en Syrie par l'Égypte et le Sinaï, 2de partie, Paris : Librairie catholique de l'oeuvre de Saint-Paul, 1886, p. 142 (lire en ligne).