Pour la commune Palissy durant l’Algérie française, voirSidi Khaled.
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Bernard Palissy, probablement né à Saint-Avit (hameau deLacapelle-Biron,Lot-et-Garonne) vers 1510 et mort àParis à laBastille en 1589 ou 1590, est unpotier,émailleur,peintre,artisan verrier,écrivain et savantfrançais[1]. Il appartient à l'École française de la Renaissance.
La majeure partie de son œuvre est exposée au musée national de la Renaissance duchâteau d'Écouen.


Autodidacte issu d'une famille modeste – son père était peintre sur verre –, il se vantait de ne parler « nigrec, nilatin ». En 1539, après avoir appris le métier de son père et voyagé, il s'établit àSaintes, se marie et entame ses célèbres recherches sur l'émail blanc, qu'il arrive à mettre au point progressivement à partir de 1545.
En 1546, il se convertit au protestantisme[2],[3]. Protégé successivement parMichelle de Saubonne,Anne de Parthenay (membre par mariage de la famille de Pons) etAntoinette d'Aubeterre, dames deSoubise, il se lie avec le prêcheurPhilibert Hamelin. En1548, il devient le protégé du connétableAnne de Montmorency, qu'il suit à Ecouen.
Vers 1555, il séjourne àFontenay-le-Comte et se lie avec le sénéchal Michel Tiraqueau, fils dujuriste[4]. En 1557, il réside de nouveau àSaintes, où il a pour pasteur Charles de Clermont, dit La Fontaine. Ce dernier, qui succédait àPhilibert Hamelin, pasteur formé àGenève, allait devenir le premier pasteur deMarennes[5].
En 1559, l'édit contre les protestants, signé àÉcouen parHenri II, auquel Palissy avait offert de nombreuses œuvres, le mène en prison à Saintes. Son incarcération soulève une vague de protestations, alliantLouis Ier de Bourbon-Condé, le seigneurGuy de Chabot, baron de Jarnac,Antoine de Pons, le comte de la Rochefoucaud, François III.
En 1563, il est transféré à Bordeaux et son atelier est profané. Il est sauvé de la prison par l'action du connétable deMontmorency, son protecteur, qui présente promptement un placet à la Reine-mère et obtient du Roi l'ordre de lui rendre la liberté[6]. Sans lui, Palissy ne serait sorti de prison que pour marcher au supplice. La même année, il fait imprimer saRecepte véritable à La Rochelle.
À partir de fin 1566, il travaille à la réalisation d'une « grotte rustique » aux Tuileries à Paris, d'abord pour le Connétable, puis pourCatherine de Médicis. Deux de ses fils l'aident dans cette œuvre.
En 1572, protégé de Catherine de Médicis, il ne survit à laSaint-Barthélemy qu'en se réfugiant àSedan. De retour à Paris en 1574, il y donne l'année suivante des cours scientifiques et fait placarder des affiches à tous les carrefours pour annoncer leur commencement au Carême[7]. Ses conférences portent sur les eaux et les fontaines, les métaux, contre l'alchimie, contre l'or potable recommandé parRoch le Baillif, pour l'antimoine, à propos de l'arc-en-ciel.Il a alors pour discipleGuy Patin[Information douteuse].
En décembre 1586, il est arrêté commehuguenot sur ordre de laLigue et condamné au bannissement en juin 1587, mais il reste à Paris. Arrêté à nouveau en mai 1588, il est condamné à mort, va en appel et voit sa peine commuée en prison à vie. Emprisonné d'abord à laConciergerie, il meurt à laBastille en 1589 (ou 1590 ?) « de faim, de froid et de mauvais traitements ».
Il était marié et père de six enfants, trois garçons et trois filles.
À partir de 1530, cet autodidacte étudie la technique de cuisson desémaux. « Peintre sur verre et faïence », un métier appris auprès de son père, il compose de nombreuxvitraux.
« Il me fut montré une coupe de terre, tournée et émaillée d'une telle beauté, que dès lors j'entrais en dispute avec ma propre pensée[8]. »
— Bernard Palissy
La découverte d'une coupe de céramique émaillée, d'un superbe blanc, dans la collection d'un grand seigneur, lui cause une telle surprise qu'il décide de découvrir le secret de sa fabrication[8]. Certains historiens ont supposé que cette pièce de céramique blanche était unemajolique italienne. Il pourrait en effet s'agir d'une belle coupe ramenée d'Italie par son ami Antoine de Pons, ambassadeur à Ferrare en Italie[9]. Il pourrait également s'agir deporcelaine chinoise, déjà fort prisée par les amateurs de belles choses[9]. Il est également possible qu'il s'agisse defaïence de Saint-Porchaire[10]. Ignorant sa nature, sa composition et ses procédés de fabrication, il va alors s'acharner à percer le secret de la composition de cet émail blanc qui, disait-on, était la source des couleurs[8].

Dans les poteries proches deLa Chapelle-des-Pots, il acquiert les bases de la poterie traditionnellesaintongeaise. De1536 à1556, il consacre vingt ans de sa vie à tenter de reproduire laglaçure de la coupe qu'il avait vue. Qui ne connaît l'histoire de Palissy, à court de bois, brûlant ses tables et son plancher pour y parvenir ?
« Le bois m'ayant failli, je fus contraint brusler les estapes qui soustenayent les tailles de mon jardin, lesquelles estant bruslées je fus contraint brusler les tables et plancher de la maison[11]. »
— Bernard Palissy
C'est en 1555, après une vingtaine d'années d'épreuves physiques et morales, endurant les reproches de sa femme et les moqueries de ses voisins, qu'il peut couvrir ses poteries d'un émail jaspé :le seul qui fasse le vrai mérite de ses ouvrages de terre.
S'il échoue cependant à découvrir le secret de la porcelaine chinoise, il innove en adaptant à la céramique le goût des grottes importé d'Italie vers le milieu duXVIe siècle. Ses pièces les plus connues sont des vases, statuettes, bassins, plats et ustensiles divers qu'il nomme sesrustiques figulines. Ces céramiques, évolution décorative de la céramique vernissée populaire, incluent des fruits, des feuilles ou des reptiles dans leurs décors naturalistes en relief. Elles resteront définitivement associées à son nom.
Ces travaux ont déjà attiré localement l'attention quand, en 1548, le connétableAnne de Montmorency est envoyé en Saintonge pour mater une révolte contre lagabelle[12].
Découvrant les talents de Palissy, Anne de Montmorency, grand esthète, le fait travailler à la décoration duchâteau d'Écouen, en cours de construction, et le protège comme de nombreux autres artistes tels queJean Goujon etMasseot Abaquesne.

Tout au long de ces persécutions, il subsiste grâce à son activité d'arpenteur-géomètre. Il effectue notamment le relevé des marais salants deSaintonge en1543 et dessine le parc duchâteau de Troissereux.
Bernard Palissy posséda uncabinet de curiosités qu’il mentionne dans sa dédicace au "Sire Anthoine de Ponts" au début deDiscours admirables de la nature des eaux et fontaines ... (1580)[n 1]: il l’avait constitué afin de réunir des preuves des faits qu’il défendait au sujet notamment des fossiles, qui étaient, selon lui, des débris d’animaux. (En réalité, ce qu'il a écrit sur l'origine organique des fossiles est plagié deJérôme Cardan[13].) On peut noter aussi qu’il oppose son approche en contact direct avec la réalité étudiée à celle des « philosophes » reconnus qui trouvaient leur science dans des livres écrits en latin[n 2].
Plus loin, il indique avoir pratiqué, pour faire avancer la science, une méthode par débat contradictoire : il avait invité dans son cabinet les scientifiques les plus prestigieux et les avait même poussés à lui fournir des contre-arguments en leur faisant payer l'entrée[n 3] !
Enfin, il forme le vœu que les livres scientifiques soient rédigés en français ou traduits en français pour être plus accessibles[n 4].

Sa vie géniale et tumultueuse est à l'origine d'un véritable « mythe palisséen ». Les Lumières et les révolutionnaires verront en lui le type même « du génie persécuté par l'Église ».
Si Palissy est mentionné dans de nombreux documents duXVIe siècle, aucun de ses confrères, scientifiques et artisans, n'a formulé un quelconque avis sur son travail. Pourtant, sa légende naît presque dès sa disparition et est dramatisée par des chroniqueurs contemporains aussi éminents qu'Agrippa d'Aubigné.
AuXVIIe siècle, Palissy est connu comme le « paysan du Saintonge » et ses connaissances enhydrologie ou enagriculture semblent surpasser celles des savants de l'époque. Ses écrits sont cependant censurés.
Il faut attendre leXVIIIe siècle pour les voir réédités. Loin de faiblir, cet engouement va en augmentant. Ainsi, en 1777,Barthélemy Faujas de Saint-Fond, géologue et volcanologue, publia lesŒuvres de Bernard Palissy, revues sur les exemplaires de la Bibliothèque du Roi.
AuXIXe siècle, il inspire àBalzac la figure deBalthazar Claës dansLa Recherche de l'absolu. LeXIXe siècle donne à Palissy une dimension imposante et amorce même la naissance d’un véritable culte. Son art connaît un prodigieux regain d’intérêt. On trouve des artistesnéo-palisséens tels queCharles Avisseau etAuguste Chauvigné à Tours,Georges Pull etVictor Barbizet à Paris, enfinAlfred Renoleau à Angoulême. Il suscite également l’intérêt des grands collectionneurs européens.
À l'étranger, de nombreuses productions s'inspirent de son style naturaliste exubérant, comme les céramiques d'António Alves Cunha (1856-1941) àCaldas da Rainha (Portugal).
À titre d'exemple, desfaïences de Bernard Palissy firent partie de la vente à Paris du 16 au 19 mai 1865 en 401 lots de la collection d'objets d'art et de curiosité du baron et diplomate Paul (Perrée) de La Villestreux (1828-1871), domicilié à Paris. Le plat ovale qui fut alors lithographié par Lemercier (arch. pers.) présente un décor similaire à ceux du plat et du bassin dits "rustiques" reproduits supra. En 1871 et 1872 eurent lieu d'autres ventespost-mortem de ses collections.
« La renommée des œuvres de Palissy leur fit subir l'imitation et la contrefaçon, d'autant plus que les formes ainsi que les matrices originales, à l'aide desquelles les fils et successeurs de l'inventeur continuèrent à travailler, s'usèrent et donnèrent desexemplaires empâtés (...) les imitations se continuent pendant tout le dix-septième siècle, pour reprendre au dix-neuvième (... ). À l'époque où les Palissy furent recherchés, des artisans improvisés réparateurs modelèrent des cols, des anses et des pieds dans (sa) manière, pour remettre à neuf de nombreuses pièces authentiques, sans se rendre compte que les tons dont ils couvraient les parties réparées étaient, pour un grand nombre, de pure fantaisie, Palissy n'ayant guère employé que quatre tons : le bleu de cobalt, le vert de cuivre, le violet de manganèse et le jaune de fer. Pull l'imita d'une façon tellement remarquable que ses premières copies furent vendues à des prix très élevés comme fayences originales (...). Le père Porthiot était le plus célèbre vieillisseur de céramique française et étrangère; il imitait admirablement les Palissy et avait en outre vieilli plus de quatre mille assiettes, vases, etc. Sa fortune fut estimée à plus de 300 000 francs[14]. »
En 2009, la figure de Palissy est évoquée par les personnages du roman de la romancière britanniqueA. S. Byatt,The Children's Book.
AuXXe siècle, le « style Palissy » s'adapte, à partir de 1920, aux tendances contemporaines desArt nouveau etArt déco.
Une dizaine d'établissements portent le nom de Bernard Palissy :
Unerue porte son nom àTarbes, dans le6e arrondissement de Paris, àTours,Limoges,Lille,Roubaix,Tourcoing,Wasquehal,Oignies et de nombreuses autres communes.
Uneavenue porte son nom dans la ville deSaint-Cloud (Hauts-de-Seine).
Un quartier porte son nom dans la ville deJoinville-le-Pont (Val-de-Marne)[15]).
LaBase Palissy,base de données sur lepatrimoinemobilier de la France, créée en 1989, porte son nom.

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