Issu d'une famille d'originelorraine etespagnole, Georges Bernanos passe sa jeunesse àFressin, enArtois, région duPas-de-Calais qui constitue le décor de la plupart de ses romans. Il suit des études de droit à l'Institut catholique de Paris. Il participe à laPremière Guerre mondiale dans les tranchées (brigadier à la fin de la guerre) et y est plusieurs fois blessé. Il obtient le succès avec ses romansSous le soleil de Satan, en 1926, etJournal d'un curé de campagne, en 1936. Membre de l'Action française lorsqu'il était jeune étudiant, Georges Bernanos va rapidement rompre avec les idées de ce type de partis politiques dont il ne manquera pas de dénoncer publiquement les travers.
Au cours de laguerre d'Espagne, il fut notamment témoin des exactions commises par les hommes de Franco avec le soutien du clergé local sur les populations civiles, un tout qu'il eut à cœur de dénoncer dansLes Grands Cimetières sous la lune (1938). Une blessure handicapant à vie l'une de ses jambes à la suite de la Première Guerre mondiale l'empêche de participer à la Seconde comme il l'aurait voulu. Il se retire donc auBrésil en 1938, et y soutient activementde Gaulle contrePétain. Ses deux fils (Yves etMichel) ainsi que son neveu (Guy Hattu) s'engagent dans laFrance libre dès 1940.
Dans ses œuvres, Georges Bernanos, catholique fervent, explore le combat spirituel du Bien et du Mal, en particulier à travers le personnage duprêtre tendu vers lesalut de l'âme de ses paroissiens perdus, ou encore par des personnages au destin tragique comme dansNouvelle histoire de Mouchette.
Au cours de sa vie, Bernanos a pris de la distance avec les idéesmonarchistes etantisémites qu’il revendiquait dans sa jeunesse. AinsiStefan Zweig (pour avoir rencontré Bernanos à plusieurs reprises au Brésil) mais égalementElie Wiesel,Alain Finkielkraut ou encoreBernard-Henri Lévy font partie de ces auteurs et philosophes qui apprécient la pensée et les combats de Georges Bernanos, menés notamment contre lefranquisme (condamné sans ambigüité dansLes Grands Cimetières sous la lune), lefascisme et letotalitarisme.
Plaque sur la maison natale à Paris, 28, rue Joubert.La maison des Bernanos àFressin.
Bien qu'une plaque commémorative soit placée auno 28 de larue Joubert, dans le9e arrondissement de Paris, Georges Bernanos est né en réalité au 26[1]. Son père, Émile Bernanos (à l'état civil Jean François[2] Bernanos, 1854-1927), est un tapissier décorateur d'originelorraine[3] (Bouzonville ou Busendorf, proche de la frontière allemande) etespagnole. Sa mère, Hermance Moreau (à l'état civil Marie-Clémence[2], 1855-1930), est issue d'une famille de paysansberrichons originaire dePellevoisin, dans l'Indre. Ses parents se rencontrent[4] au château de Montbel, propriété desLa Rochefoucauld-Montbel. Il garde de son éducation la foicatholique et les convictionsmonarchistes de ses parents[3]. C'est enplatt que sa grand-mère paternelle, née àMonneren, lui aurait appris ses prières. Il passe une grande partie de sa jeunesse àFressin enArtois. Cette région du Nord marque profondément son enfance et son adolescence[5] et constituera le décor de la plupart de ses romans.
À Paris, en 1897, il entre en sixième aucollège des pères jésuites de larue de Vaugirard[6]. Il y reste trois ans et n'en garde pas un bon souvenir, se plaignant de la liberté de penser remplacée par « le dressage du cirque », pour lui, des« bons élèves, dociles, studieux, appliqués [sont instruits par] le plus singe des singes, le plus effronté des singes, le prêtre humaniste, ou plutôt l'humaniste prêtre, tout grouillant de vers latins comme un cadavre d'asticots[7] ». Il fait sacommunion solennelle en 1899. Il a 13 ans quand il litHonoré de Balzac ; il déclare plus tard que cette lecture a été la découverte la plus marquante de son adolescence. En 1901, la loi sur les congrégations contraint les jésuites à fermer leur établissement. Georges Bernanos entre interne au petit séminaire deNotre-Dame-des-Champs, mais il ne s'y adapte pas et est orienté en 1903, pour son année derhétorique, vers un autre établissement, le petit séminaire de Bourges, où il se sent enfin à son aise. Il échoue cependant en juin et en octobre à l'oral dubaccalauréat. Sur la recommandation du curé de Fressin, il entre en 1904 aucollège Sainte-Marie d'Aire-sur-la-Lys, en Artois. Il est enfin reçu au baccalauréat en 1906. De retour à Paris, il obtient sa licence de lettres et de droit à l'Institut catholique[8].
Vers ses 17 ans, il correspond longuement avec l'abbé Lagrange. Il envisage un temps de devenir prêtre, mais abandonne par manque de vocation[10]. Catholique fervent et, dans sa jeunesse, monarchiste passionné, il milite au départ dans les rangs de l'Action française en participant aux activités desCamelots du roi pendant ses études de lettres. Dans cette période étudiante il fréquenteCharles Maurras, avec lequel il rompra après la Première Guerre mondiale.
Il prend ensuite la tête du journalL'Avant-garde de Normandie, jusqu'à laGrande Guerre. Réformé (Georges Bernanos avait été incorporé au6e régiment de dragons à partir d'octobre 1910 pour effectuer son service militaire mais avait été réformé dès novembre de la même année), il décide tout de même de participer à la guerre en se portant volontaire, d'abord dans l'aviation, en particulier àIssy-les-Moulineaux et sur la futurebase aérienne 122 Chartres-Champhol, puis dans le6e régiment de dragons[11]. Il est plusieurs fois blessé[12]. C'est après la guerre qu'il rompt définitivement avec l'Action française.
Ayant épousé en 1917 Jeanne Talbert d'Arc (1893-1960), descendante d'un frère deJeanne d'Arc, il mène à l'époque une vie matérielle difficile et instable (il est employé par une compagnie d'assurances), dans laquelle il entraîne ses six enfants et son épouse à la santé fragile.
Par nécessité ou par goût, il est longtemps un adepte de la moto comme moyen de transport quotidien, et cette pratique se retrouve dans ses œuvres. Ainsi, dansLes Grands Cimetières sous la lune, il évoque ses chevauchées à travers l'île deMajorque pendant laguerre d'Espagne, afin de porter aide et assistance aux populations civiles : « Comme à l'avant-dernier chapitre duJournal d'un curé de campagne, la haute moto rouge, tout étincelante, ronflait sous moi comme un petit avion[13]. »
Ce n'est qu'après le succès deSous le soleil de Satan que Bernanos peut se consacrer entièrement à la littérature. En moins de vingt ans, il écrit l'essentiel d'une œuvre romanesque où s'expriment ses hantises : lespéchés de l'humanité, la puissance du mal et le secours de lagrâce.
Sous le soleil de Satan est, selon Bernanos, un« livre né de laguerre »[15]. Il commence à l'écrire pendant un séjour àBar-le-Duc, en 1920, époque où pour lui« le visage du monde devenait hideux ». Il confie« être malade » et« douter de vivre longtemps », mais ne pas vouloir« mourir sans témoigner »[15].
Inspiré ducuré d'Ars[16], le personnage principal du livre, l'abbé Donissan, est un prêtre tourmenté qui doute de lui-même, jusqu'à se croire indigne d'exercer son ministère. Son supérieur et père spirituel, l'abbé Menou-Segrais, voit pourtant en lui un saint en devenir. Et en effet, cet« athlète de Dieu », tel que le définitPaul Claudel[17], possède la faculté de transmettre la grâce divine autour de lui. Plus tard, il recevra même le don de« lire dans les âmes »[18], au cours d'une rencontre nocturne extraordinaire avec Satan lui-même, celui dont la haine s'est« réservé les saints »[19]. Son destin surnaturel le confronte aussi à Mouchette, une jeune fille qu'il ne parviendra pas à sauver malgré un engagement total de lui-même.
Publié en 1931, ce livre polémique, considéré comme le premier pamphlet de Georges Bernanos, avait au départ comme titreDémission de la France. Bernanos commence par une condamnation sévère de la répression de laCommune, pour poursuivre sur un violent réquisitoire contre son époque, laTroisième République et ses hommes politiques, la bourgeoisie bien-pensante et surtout les puissances d'argent. Bernanos, qui a fait laguerre de 1914-1918, fustige aussi l'humiliation de l'Allemagne défaite après letraité de Versailles, considérant cela comme un patriotisme perverti et dangereux, dans la mesure où il hypothèquerait l'avenir.
En 1932, sa collaboration auFigaro entraîne une violente polémique avec l'Action française et sa rupture publique définitive avec Maurras.
Le, en se rendant en moto d'Avallon — où l'un de ses enfants est pensionnaire — àMontbéliard, il est renversé par la voiture d'un instituteur à la retraite qui lui barre le passage : le garde-boue de la voiture lui entre dans la jambe, celle-là même qui avait été blessée en 14-18[20].
Ce livre est l'expression d'une très profonde spiritualité. Le style en est limpide et épuré. La figure du curé d'Ambricourt rejoint celle desainte Thérèse de l'Enfant Jésus, portée sur les autels parPie XI en 1925. Il est possible qu'elle soit aussi inspirée par un jeune prêtre (l'abbé Camier), mort de tuberculose à 28 ans, que Bernanos a côtoyé dans son enfance. De Thérèse, son personnage suit la petite voie de l'enfance spirituelle. Le « Tout est grâce » final du roman n'est d'ailleurs pas de Bernanos mais de la jeune carmélite de Lisieux. Ce roman lumineux, baigné par « l'extraordinaire dans l'ordinaire », est l'un des plus célèbres de son auteur, probablement parce qu'il s'y révèle lui-même, de manière profonde et bouleversante, à travers la présence du curé d'Ambricourt. Il est vrai que Bernanos a la particularité d'être toujours très proche de ses personnages, tel un accompagnateur témoignant d'une présence extrêmement attentive et parfois fraternelle.
Dans cet extrait duJournal d'un curé de campagne, un vieux curé s'adresse à un jeune confrère.
La mission n'est pas une douce rêverie
« Une paroisse, c'est sale, forcément. Une chrétienté, c'est encore plus sale. Attendez le grand jour duJugement, vous verrez ce que les anges auront à retirer des plus saints monastères, par pelletées — quelle vidange ǃ Alors, mon petit, ça prouve que l'Église doit être une solide ménagère, solide et raisonnable. [...] Au premier essai, sous prétexte que l'expérience du ministère dément leur petite jugeote, [les jeunes] lâchent tout. Ce sont des museaux à confitures. Pas plus qu'un homme, une chrétienté ne se nourrit de confitures. Le bon Dieu n'a pas écrit que nous étions le miel de la terre, mon garçon, maisle sel. Or, notre pauvre monde ressemble au vieux pèreJob sur son fumier, plein de plaies et d'ulcères. Du sel sur une peau à vif, ça brûle. Mais ça empêche aussi de pourrir. Avec l'idée d'exterminer le diable, votre autre marotte est d'être aimés, aimés pour vous-même, s'entend. »
— Georges Bernanos.Journal d'un curé de campagne, Paris, Plon, 1936, p. 12-14[22].
Les Grands Cimetières sous la lune, violent pamphlet antifranquiste
C'est également lors de son exil que Bernanos rédigeLes Grands Cimetières sous la lune. Ce livre de 305 pages est un violent pamphlet antifranquiste. Il a en France un grand retentissement lors de sa publication, en 1938. Il se met ainsi volontairement et consciemment à dos les mouvements d'extrême droite du champ politique.
Bernanos séjourne àMajorque lorsque laguerre civile éclate. D'abord favorable au camp nationaliste pendant les trois premiers mois qui suivent le soulèvement (son fils Yves s'est engagé dans laPhalange), l'écrivain est rapidement horrifié par la répression franquiste et désespéré par la complicité du clergé local[23]. Rapidement, Georges Bernanos se place du côté des populations civiles. Mettant ainsi sa tête à prix par les hommes de Franco, il évita la mort de peu à deux reprises. En désertant la Phalange qu'il avait intégré quelques mois plus tôt et dont les agissements ne convenaient pas à ses convictions, son fils Yves évitait aussi de peu le peloton d'exécution. En, il évoque les arrestations commises par les franquistes :
« pauvres types simplement suspects de peu d'enthousiasme pour le mouvement. […] Les autres camions amenaient le bétail. Les malheureux descendaient ayant à leur droite le mur expiatoire criblé de sang, et à leur gauche les cadavres flamboyants. L'ignoble évêque de Majorque laisse faire tout ça[24]. »
DansLes Grands Cimetières sous la lune, qui paraît après une série d'articles sur l'Espagne dans l'hebdomadaireSept (entre mai 1936 et février 1937)[25], il ironise sur le « cardinal Goma » (Isidro Gomá y Tomás, archevêque de Tolède, qui identifiait le combat des franquistes à une véritable croisade catholique, dans une « guerre d'amour ou de haine envers la religion »[26]). Le prélat est dépeint prêt à bénir la légalité, pour peu qu'elle soit devenue militaire, ou vantant l'esprit dans lequel, à ses dires, les républicains envoyés au mur accueillent les secours du « saint ministère »[27].
Alors qu'il réside encore àPalma de Majorque, il apprend que sa tête aurait été mise à prix par Franco[28],[25]. Son pamphlet offre« un témoignage de combat » qui prend rapidement une actualité extraordinaire pour se révéler une prophétie des grandes catastrophes du siècle. Ce livre qui, commeL'Espoir d'André Malraux, est un témoignage important sur laguerre d'Espagne, lui vaut l'hostilité d'une grande partie de la droite nationaliste, en particulier de l'Action française, avec laquelle il avait rompu définitivement en 1932.
Au cours de cette période, la gauche, les communistes parlent de ceux qui considèrent que « mieux vaut Hitler que le Front populaire ». Georges Bernanos, venu d’un autre bord politique, écrit : « Ils sentent le sol qui tremble et rassemblent leurs dernières forces pour protester contre la semaine de quarante heures, cause de tout le mal. » « Si M. Hitler et M. Mussolini ne sont pas bien-pensants comme nous, ne le dites pas ! Le Front populaire serait trop content. » Et, dit-il : « Il n’y aura plus vraiment en Europe qu’un seul peuple et un seul maître[29]. »
Bernanos quitte l'Espagne en (se rendant notamment aux conseils deJosé Bergamin, un ami républicain espagnol, qui le convainc que cette guerre n'est pas sa guerre[30]) et retourne en France. Le, deux mois avant lesaccords de Munich, la honte que lui inspire la faiblesse des hommes politiques français face à l'Allemagne de Hitler et son handicap, l'empêchant de s'engager au front comme il l'aurait souhaité, le poussent à s'exiler en Amérique du Sud. Réalisant un rêve d'enfance, il envisage d'abord d'aller auParaguay. Il fait escale àRio de Janeiro, auBrésil, en. Enthousiasmé par le pays, il décide d'y demeurer et s'installe en àBarbacena, dans une petite maison au flanc d'une colline dénommée« Cruz das almas », la« Croix-des-âmes ». Il y reçoit entre autres l'écrivain autrichienStefan Zweig auquel il ne manquera pas d'apporter son soutien, cela peu de temps avant son suicide[31].
Entre 1939 et 1940, depuis son exil brésilien, il écritLes Enfants humiliés, dans lequel il affirme son amour pour l'esprit d'enfance, synonyme de grâce et d’insoumission en se souvenant : « J’ai connu le temps où notre position n’était pas si différente de celle des anarchistes »[32].
Avant de rentrer en France en, Bernanos déclare aux Brésiliens :
« Le plus grand, le plus profond, le plus douloureux désir de mon cœur en ce qui me regarde c’est de vous revoir tous, de revoir votre pays, de reposer dans cette terre où j’ai tant souffert et tant espéré pour la France, d’y attendre la résurrection, comme j’y ai attendu la victoire. »
Lors de son retour en France, Georges Bernanos est, en fait, écœuré par l'épuration et l'opportunisme qui prévaut à ses yeux dans le pays. Reprenant la plume, il devient chroniqueur dansLa Bataille et dansCombat. Il lance un avertissement solennel aux Français : avec l'avènement de l'ère atomique et la crise générale de la civilisation, la France semble avoir perdu sa place en même temps que son rôle vis-à-vis de l'humanisme chrétien. Il voyage en Europe pour y faire une série de conférences dans lesquelles il alerte ses auditeurs et ses lecteurs contre les dangers du monde de l'après-Yalta, l'inconséquence de l'homme face aux progrès techniques effrénés qu'il ne pourra maîtriser, et les perversions du capitalisme industriel (voirLa Liberté pour quoi faire ? etLa France contre les robots, 1946).
Le général de Gaulle, qui l'a invité à revenir en France (« Votre place est parmi nous »[36], lui a-t-il fait savoir dans un câble daté du), veut lui donner une place au gouvernement. En dépit d'une profonde admiration pour le dirigeant, le romancier décline l'offre.
Pour la troisième fois, on lui propose alors la Légion d'honneur, qu'il refuse à nouveau. Lorsque l'Académie française lui ouvre ses portes, il répond :« Quand je n'aurai plus qu'une paire de fesses pour penser, j'irai l'asseoir à l'Académie[37]. »
En 1946 paraîtLa France contre les robots, aux éditions de la France libre, un essai dans lequel Bernanos dénonce la « civilisation des machines » et les nouvelles formes d'asservissement[38].
Dialogues des carmélites (ou La tragique destinée des carmélites de Compiègne)
Bernanos part pour laTunisie en 1947. Sur la suggestion dupère Bruckberger, Il y rédige un scénario cinématographique adapté du récitLa Dernière à l'échafaud, deGertrud von Le Fort, lui-même inspiré de l'histoire véridique descarmélites de Compiègne guillotinées à Paris, sur laplace du Trône, le. Bernanos y traite de lagrâce, de la peur et du martyre.
Bien plus qu'un scénario,Dialogues des carmélites est considéré comme le « testament spirituel de Bernanos ». Alors qu'il se sait malade et condamné à brève échéance, il n'hésite pas à faire dire à l'une de ses héroïnes :« Eh quoi ! À 59 ans, n'est-il pas grand temps de mourir ? » Publié de façon posthume en 1949, l'œuvre est d'abord adaptée au théâtre parJacques Hébertot et créée le authéâtre Hébertot, avant de devenir le livret de l'opéra homonyme du compositeurFrancis Poulenc, représenté avec un grand succès en1957 à laScala de Milan.
Sépulture de Georges Bernanos au cimetière dePellevoisin (Indre).
Issu d'une famille deMoselle-Est installé à Paris, Georges Bernanos épouse Jeanne Talbert d'Arc (1893-1960) àVincennes le[40]. Ils ont six enfants :
Chantal Bernanos (1918-1980) ;
Yves Bernanos ( -) ; il s'engage en 1936 dans laPhalange espagnole avant de déserter quelques mois plus tard. Aux côtés de son père, il apporta ensuite assistance aux peuples opprimés notamment par ces mêmes nationalistes. Il rejoint Londres en 1941 et s'engage dans lesForces Navales Françaises Libres en tant quefusilier-marin[41] ;
Jean-Loup Bernanos ( -), écrivain, a consacré sa vie à l'œuvre de son père ; il est l’auteur d'une biographie,Georges Bernanos, à la merci des passants (1986)[43]. Il a eu pour enfants :
Anne Caudry (1957-1991), pseudonyme d'Anne Bernanos, actrice.
Yves Bernanos (1963-), réalisateur de documentaires[44],[45], qui lui-même est le père de :
Dans l'immédiat après-guerre, Georges Bernanos est devenu une figure tutélaire pour une nouvelle génération d'écrivains. Ceux queBernard Frank a baptisés lesHussards[48] ont ainsi placé dans leur Panthéon, aux côtés deStendhal,Joseph Conrad ouMarcel Aymé, celui à quiRoger Nimier dédia son livreLe Grand d'Espagne (La Table ronde, 1950)[49], dont le titre est une allusion et un hommage à la position iconoclaste que Bernanos adopta face à laguerre d'Espagne, à rebours de celle de son ancienne famille intellectuelle et politique dont il ne fit finalement partie que peu de temps.
Bernanos a donné le nom de Mouchette à deux personnages de son œuvre romanesque. La première « Mouchette », qui figure dansSous le soleil de Satan (1926), a pour nom Germaine Malhorty. C'est une adolescente de seize ans, vive et orgueilleuse, victime de l'égoïsme des hommes qui la désirent sans parvenir à l'aimer, ce qui attise son mépris d'elle-même et sa révolte envers l'ordre établi. La seconde « Mouchette » n'a pour appellation que ce surnom. Elle a treize ans et apparaît dansNouvelle histoire de Mouchette (1937).
En ce personnage s'incarnent tous les misérables qui subissent l'acharnement du sort sans jamais parvenir à comprendre le malheur de leur condition. Mouchette n'existe ici que par sa seule et unique sensibilité, aussi aiguë que douloureuse pour elle-même. Le miracle, pour ainsi dire, de cette « Mouchette »-là, c'est la vérité qui en émane. Une vérité d'autant plus étonnante qu'elle est l'œuvre d'un homme qui avait cinquante ans lorsqu'il conçut ce personnage, découvrant les mouvements les plus profonds et les plus inexprimables d'une féminité qui s'éveille et s'affirme.
Bernanos signe ici un portrait intemporel et poétique de gamine « désespérée ». Seul le regard de l'écrivain, dans sa justesse et son humanité, semble laisser entrouvrir une perspective de salut possible pour la jeune fille. En réalité, « Mouchette » (malgré l'absence de toute référence religieuse directe) rejoint la figure des martyrs de Bernanos, ceux qui, écrira-t-il plus tard dansDialogues des carmélites, ne peuvent « tomber qu'en Dieu ». En dépit des apparences (celles du réel), on peut considérer que Mouchette suit le même parcours.
Nouvelle histoire de Mouchette a été adaptée au cinéma parRobert Bresson en 1967, sous le titreMouchette.
Bernanos situe souvent l'action de ses romans dans les villages de l'Artois de son enfance, en faisant ressortir leurs traits sombres. La figure duprêtre catholique s'avère très présente dans son œuvre. Elle en est parfois le personnage central, comme dansJournal d'un curé de campagne. Autour de lui, gravitent les notables locaux (châtelains nobles ou bourgeois), les petits commerçants et les paysans. Bernanos fouille la psychologie de ses personnages et fait ressortir leur âme en tant que siège du combat entre le Bien et le Mal. Il n'hésite pas à faire parfois appel au divin et au surnaturel. Jamais de réellediabolisation chez lui, mais au contraire, comme chezMauriac, un souci de comprendre ce qui se passe dans l'âme humaine derrière les apparences.
Georges Bernanos est un auteur paradoxal et anti-conformiste. Pour lui, la France est fondamentalement dépositaire des valeurs humanistes issues du christianisme, dont elle est responsable à la face du monde. Royaliste, il applaudit pourtant « l'esprit de révolte » de 1789 : un « grand élan [...] inspiré par une foi religieuse dans l'homme » et développe une pensée qui constitue, selon les mots deJacques Julliard[50], « un rempart de la démocratie, même à son corps défendant ». Un moment proche de Maurras, il déclare ne s'être « jamais senti pour autant maurrassien », et dit du nationalisme qu'il « déshonore l'idée de patrie »[réf. nécessaire]. Catholique, Bernanos attaque violemment Franco et l'attitude conciliante de l’Église d'Espagne à son égard dansLes Grands Cimetières sous la lune.
Il ne manquera pas de sujets durant les dix dernières années de sa vie et avouera lui-même que« les livres […] peuvent se faire tuer à la guerre »[51] car il lui faut témoigner coûte que coûte. Considérant la France déshonorée par sa signature desaccords de Munich, il fustige ensuite legouvernement de Vichy qu'il définit comme le promoteur de « la France potagère »[52]. DansLa France contre les robots, il alerte sa patrie, et le monde à travers elle, sur les dangers de l'aliénation par la technique et l'argent[53] : convaincu que le monde moderne est une « conspiration contre toute espèce de vie intérieure », il y dénonce « la dépossession progressive des États au profit des forces anonymes de l’Industrie et de la Banque, cet avènement triomphal de l’argent, qui renverse l’ordre des valeurs humaines et met en péril tout l’essentiel de notre civilisation ».
Celui dontAntonin Artaud disait qu'il était son « frère en désolation » et qui fut taxé parfois de pessimisme dans l'après-guerre, notamment parRaymond Aron dans ses18 leçons sur la société industrielle, a été considéré plus récemment et par d'autres comme un visionnaire, associé sur ce plan à l'écrivainGeorge Orwell. Jacques Julliard écrit ainsi, en 2008 :« Lorsque Bernanos prédit que la multiplication des machines développera de manière inimaginable l'esprit de cupidité, il tape dans le mille[50]. » La dénonciation, dansLa France contre les robots, de la« Civilisation des Machines » et de sa« tyrannie abjecte du Nombre » vaut aussi à l'écrivain d'être cité parmi les inspirateurs de ladécroissance[54].
Georges Bernanos s'adresse souvent directement, dans une écriture nerveuse, parfois véhémente, à des lecteurs futurs (les fameux« imbéciles »[55] qu'il cherche à sortir de leur léthargie par cette « injure fraternelle »), interpellés parfois comme des contradicteurs, tel le clergé complice de Franco dansLes Grands Cimetières sous la lune. Passionné souvent[56], excessif voire injuste à ses heures[57], son style est engagé, incisif et percutant, souvent dicté par la révolte et l'indignation.
Se détachant progressivement des clivages hérités pour affirmer sa liberté de conscience, Bernanos affirme ne pas se reconnaître dans les notions de « droite » et de « gauche » et déclare : « Ni démocrate ni républicain, homme de gauche non plus qu’homme de droite, que voulez-vous que je sois ? Je suis chrétien ». Il revendique laCommune et vitupère la bourgeoisie, mais dénonce le communisme comme un totalitarisme. Il se dit monarchiste, mais tournera le dos à la droite en se plaçant du côté du peuple républicain lors de la guerre d'Espagne, notamment en rédigeantLes Grands Cimetières sous la lune, et à l'Action française après sa rupture avec Maurras. Il règle ses comptes avec certains mots en vogue chez les politiques, comme« conservatisme » (« Qui dit conservateur dit surtout conservateur de soi-même »[57]) ou« réalisme » (« Le Réalisme est précisément le bon sens des salauds »[58]).
L'antisémitisme ne constitue pas un thème directeur de la pensée et de l'œuvre de Georges Bernanos (aucun de ses romans n'y fait référence). Cependant, on relève chez lui quelques propos dans les années 1930 lors de ces premières et brèves fréquentations avec les mouvements de l'Action française alors qu'il était encore jeune étudiant. Après avoir vécu les premières années de la guerre d'Espagne, ses écrits contre l'antisémitisme, entre 1938 et 1946 notamment, révèleront une véritable évolution.
Selon l'historienMichel Winock[59], les premiers propos de Bernanos s'analysent comme« la combinaison de l'antijudaïsme chrétien et du social-antisémitisme » qui associe les juifs à la finance, aux banques et au pouvoir de l’argent. Présent déjà dans certains articles de l'Avant-garde de Normandie, c'est dansLa Grande Peur des bien-pensants, publié en 1931 dans une France déchirée à ce sujet, qu'il trouve véritablement son expression. Dans cet ouvrage, Bernanos, alors influencé par les lectures de son père lorsqu'il était encore adolescent, affiche son admiration pourÉdouard Drumont :« Le vieil écrivain deLa France juive fut moins obsédé par les juifs que par la puissance de l'Argent, dont le juif était à ses yeux le symbole ou pour ainsi dire l'incarnation ».
Ses pensées politiques évolueront dans un tout autre sens par la suite.
À partir de 1938, Georges Bernanos, alors en Espagne, apporte son aide aux républicains contreFrancisco Franco avant d'avoir rompu tout lien avecMaurras et les membres de l'Action Française par sa précédente collaboration volontairement assumée, avec leFigaro. C'est ainsi qu'on pourra lire chez Bernanos les prémices d'une profonde évolution quant à ses précédents propos :« Aucun de ceux qui m’ont fait l’honneur de me lire ne peut me croire associé à la hideuse propagande antisémite qui se déchaîne aujourd’hui dans la presse dite nationale, sur l’ordre de l’étranger[60]. »
En 1939, il écrit dansNous autres Français :« J’aimerais mieux être fouetté par le rabbin d’Alger que faire souffrir une femme ou un enfant juif ».
Qu'il s'agisse de son engagement en en faveur deGeorges Mandel[61] ou de sa rencontre au Brésil avecStefan Zweig[62], les actions de l'écrivain témoignent de son changement d'attitude. Mais plus significative encore, peut-être, est la netteté avec laquelle il mesure lui-même le chemin parcouru en reconnaissant que la chrétienté médiévale n'a pas compris l'honneur juif :« Elle fermait obstinément les yeux sur les causes réelles de la survivance du peuple juif à travers l'Histoire, sur la fidélité à lui-même, à sa loi, à ses ancêtres, fidélité qui avait pourtant de quoi émouvoir son âme[63]. » Pourtant, lorsque Bernanos affirme en 1944« Antisémite : ce mot me fait de plus en plus horreur.Hitler l'a déshonoré à jamais. Tous les mots, d'ailleurs, qui commencent par “anti” sont malfaisants et stupides[64] », on s'interroge sur le sens de la formule, demeurée célèbre[65].
Alors queJacques Julliard ironise en se demandant s'il y a jamais eu« un antisémitisme honorable »[66],Adrien Barrot, reprenant une réflexion d'Alain Finkielkraut[67], répond :« C’est vraiment comprendre la formule de Bernanos à l’envers. Celle-ci marque indubitablement une véritable crise et une véritable prise de conscience chez Bernanos et ne mérite pas un tel procès d’intention[68]. »Elie Wiesel, dans un livre d’entretiens avecMichaël de Saint-Chéron, salue en Bernanos un écrivain« qui eut le courage de s'opposer au fascisme, de dénoncer l'antisémitisme et de dire justement ce qu'il a dit et écrit de la beauté d'être juif, de l'honneur d'être juif, et du devoir de rester juif ». Il explique :« J'admire beaucoup Bernanos, l'écrivain. […] Un écrivain de « droite » qui a le courage de prendre les positions qu'il a prises pendant la guerre d'Espagne fait preuve d'une attitude prémonitoire. Il était clair que Bernanos allait venir vers nous. Sa découverte de ce que représentent les Juifs témoigne de son ouverture, de sa générosité[69]. » Malgré tout, le débat demeure entre des historiens commeAlexandre Adler ou des essayistes commeJean-Paul Enthoven d'une part, qui accordent une attention unique sur les opinions de Georges Bernanos antérieures à 1930, et ceux qui insistent au contraire sur l'évolution de sa pensée, commeElie Wiesel, l'académicienAlain Finkielkraut, le journalistePhilippe Lançon[65] ou l'historienSimon Epstein d'autre part.
Bernard-Henri Lévy, notamment, reviendra sur ses propos tenus au sujet de Georges Bernanos dans son réquisitoire intituléL'idéologie Française, par un article du[70] :
« Si j’avais un regret, un seul, ce serait d’avoir, dans ce livre de colère et de vérité, été peut-être vite en besogne dans mon jugement sur Bernanos. Je lis, aujourd’hui, le vibrantOù allons-nous ? publié, en septembre 1943, à Lyon, dans lesCahiers du Témoignage chrétien clandestins et que reproduisent leséditions du Seuil. Je dévore ce court texte, ce tract, lancé, depuis la ferme de la Croix-des-Âmes, au Brésil, […] d’où il pilonne de ses mots de feu, jour après jour, depuis cinq ans, l’obsession de la paix à tout prix, le renoncement à la liberté et la « moisissure vichyste ». Et j’y découvre un appel magnifique, contre les totalitarismes du jour et de demain, à l’insurrection des « hommes d’Europe », à la résurrection de l’« esprit d’héroïsme » qui sommeille en chacun et à la consolidation du seul front qui vaille et qui est celui des « âmes ». […] Le vieux lion, devenu un catholique errant et conscient de son vrai lignage, pense que chaque goutte de sang juif versé par la canaille nazie vaut plus que toute la pourpre du manteau d’un cardinal fasciste »
Croix de guerre- avec citation à l'ordre du6e Dragons,no 286 du :« Brigadier très brave. Les et a parfaitement assuré la liaison entre la compagnie et sa section, sous des feux violents de mitrailleuses »
L'Esprit européen [contre le nouveau monde totalitaire], avant-propos de Fr. Bernanos, préface de Benoît Castillon du Perron, ARCADES AMBO, Nice, 2022.
La Liberté, pour quoi faire ? (cinq conférences prononcées en 1946 et 1947[74]), Paris, Gallimard, 1953.
Le Crépuscule des vieux, Paris,Gallimard, NRF, 1956 (recueil de textes qui s'échelonnent de 1909 à 1939 : explication de son œuvre de romancier, commentaires de lecture, notes sur la poésie, sur l'histoire contemporaine...)
Français, si vous saviez... (Recueil d'articles écrits entre 1945 et 1948), Paris,Gallimard, 1961 ; rééd. coll. « Idées nrf », 1969.
Le lendemain, c'est vous !, Paris,Plon, 1969 (recueil d'articles et de textes extraits de divers journaux et publications, 1940-1947)
Brésil, terre d'amitié, choix de lettres et de textes consacrés au Brésil présentés parSébastien Lapaque, Paris,La Table Ronde, coll. « La petite vermillon », 2009.
La révolte de l'esprit, Paris, Les Belles Lettres, 2017, 426 p. Livre rassemblant des articles de presse et radiodiffusés de Georges Bernanos.
Bernanos. Scandale de la vérité, recueil d'essais, de pamphlets, d'articles et de témoignages, préface de Romain Debluë, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2019, 1376 p.
↑a etbGilles Bernanos, « Chronologie », dans Georges Bernanos,Œuvres romanesques complètes, Paris, éd. Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », tome I, p.xxxvii etxxviii.
↑Gilles Bernanos, « Chronologie », dans Georges Bernanos,Œuvres romanesques complètes, Paris, éd. Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », tome I, p.xxxviii.
↑GeorgesBernanos,Les Grands Cimetières sous la lune. Saint Dominique. Jeanne, relapse et sainte. Scandale de la vérité, Paris, Genève,Plon ; La Palatine,, 312 p.(OCLC420648562,présentation en ligne),p. 73.
↑André Malraux, préface auJournal d'un curé de campagne, Paris, éd. Plon, 1974.
↑a etbEntretien avec Frédéric Lefèvre dansEssais et écrits de combat, Paris, éd. Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », tome I.
↑Georges Bernanos,Œuvres romanesques complètes, Paris, éd. Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade »,p. 1774.
↑Lettre de Claudel à Bernanos du 25 juin 1926 inCorrespondance, Paris, éd. Plon.
↑Don que d'autres prêtres partageront d'ailleurs chez Bernanos, comme dansJournal d'un curé de campagne.
↑GeorgesBernanos,Les Grands Cimetières sous la lune. Saint Dominique. Jeanne, relapse et sainte. Scandale de la vérité,Plon,(lire en ligne),p. 72, 105.
↑Jacques Allaire,« Georges Bernanos », dans Cédric Biagini, David Murray et Pierre Thiesset (coordination),Aux origines de la décroissance : Cinquante penseurs, L'Échappée - Le Pas de côté - Écosociété,, 312 p.(ISBN978-23730901-7-8),p. 26-31.
↑Préface deLa France contre les robots,Essais et écrits de combat, t. II,p. 977.
↑Le Siècle des intellectuels, Le Seuil, 1999 ;Dictionnaire des intellectuels, coécrit avecJacques Julliard, Le Seuil, 2002).
↑Variante deScandale de la vérité, Gallimard, 1939.
↑« Si vos maîtres ne nous rendent pas Mandel vivant, vous aurez à payer ce sang juif d'une manière qui étonnera l'histoire »,Le Chemin de la croix-des-âmes (articleNous vous jetterons sur le parvis, février 1943, p. 513 de l'éd. de 1987). Mandel sera malgré tout assassiné par laMilice le.
↑« Bernanos parle à Stefan Zweig avec une infinie douceur, et lui propose d’unir leurs efforts pour dénoncer et condamner, dans un appel à la conscience universelle, la barbarie hitlérienne contre les Juifs, et que lui, Bernanos, qualifiait de crime contre l’humanité. » Géraldo França de Lima,Bernanos no Brasil.
↑« Au lieu de combattre, il suffisait au Juif de survivre, poursuit Bernanos, fût-ce dans l'injustice et le mépris, jusqu'à ce que l'ombre du Très-Haut couvrît la terre […]. Oui, voilà ce que nous n'avons pas nous-mêmes toujours compris. »inL'honneur est ce qui nous rassemble,Français, si vous saviez, Folio-Gallimard,pp. 328-329.
↑Le Chemin de la croix-des-âmes, éditions du Rocher.
↑« Je peux aussi ajouter une chose sur ce mot d’antisémitisme. Il faut l’employer avec d’autant plus d’exigence et de parcimonie qu’il n’y a pas plus monstrueux. Après tout Bernanos l’a dit, et il l’a dit avec une très grande profondeur même si cette expression peut nous paraître odieuse aujourd’hui : « Hitler a déshonoré l’antisémitisme ». Oui, d’une certaine manière. Il n’y a plus d’antisémitisme acceptable, il n’y a plus d’antisémitisme innocent, tout antisémitisme doit se penser dans cet horizon-là du cimetière. Raison de plus. » Alain Finkielkraut, Conférence-débat àScience-Po,.
Monique Gosselin-Noat, Max Milner,Bernanos et le Monde moderne, Lille, Presses universitaires de Lille,1989 (actes du colloque organisé pour le centenaire de la naissance de Bernanos)
Juan Asensio,La Littérature à contre-nuit, Paris, Sulliver, 2007 (contientMonsieur Ouine de Georges Bernanos etLes Ténèbres de Dieu.)
Éric Benoit,Bernanos. Littérature et théologie, Éditions du Cerf, 2013, 257 p.
Henri Debluë,Les Romans de Georges Bernanos ou Le défi du rêve, La Baconnière,1965, 294 p ; rééd.2013.
Michel Estève, « Le Christ, les symboles christiques et l'incarnation dans l'œuvre de Bernanos »,Dissertation Abstracts International. C. European Abstracts, Vol. 48,no 1, printemps 1987.
Odile Felgine (sous la dir. de),L'Écriture en exil, préface deJoëlle Gardes, Paris, Dianoïa, coll. « Litteraria », 2014.
Marie Gil,Les Deux Écritures. Étude sur Bernanos, Paris, éditions du Cerf, 2008.
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Philippe Le Touzé,Le Mystère du réel dans les romans de Georges Bernanos, Paris, Nizet, 1979.
La chanteuse de jazz Mélanie Dahan dit un extrait desGrands cimetières sous la lune dans son albumLe Chant des possibles, sorti en. Il s'agit de la phrase célèbre :« C'est la fièvre de la jeunesse qui maintient le reste du monde à la température normale. Quand la jeunesse se refroidit, le reste du monde claque des dents. »