Issu de parents immigrantsjuifs, il a une enfance et une jeunesse assez mouvementées et ne fait que des études très irrégulières. Son grand-père paternel était untalmudiste et érudit, mais le jeune Ben est surtout élevé par deux tantes sans enfants, qui disputèrent à ses parents la direction de son éducation. Il étudie leviolon àChicago, où sa famille emménage, et il y demeure jusqu'à l'âge de 12 ans. Il progresse avec assez de succès pour donner un récital.
À seize ans, sa famille s'installe au bord dulac Michigan, dans la petite ville deRacine, auWisconsin. Ayant déménagé chez un oncle à Chicago, Ben Hecht songe à entrer à l'université, mais se forge une réputation de « chasseur d'images » en volant dans les maisons des portraits (photographies, dessins ou peintures à l’huile) dont ont besoin leChicago Journal lorsqu'il veut se procurer l’image exclusive d’un tueur, d’une victime ou de toute autre personne qui fait l’actualité[1]. Dès l'âge de dix-sept ans, il devient chroniqueur judiciaire et écrit des nouvelles pour ce journal, devenant six mois plus tard le premier reporter de cette publication importante, grâce à sa fantaisie aussi hardie qu'imperturbable et à son imagination féconde et sans scrupules.
À 25 ans, en 1919, il élargit ses horizons, voyageant enAllemagne et enRussie, où il travaille comme correspondant étranger pour 75 journaux dont les principaux sont leDaily News et leGlobe. C'est à son retour qu'il s'essaie aux romans, débutant avec éclat avecErik Dorn ; dès le début des années 1920, il devient un romancier satirique à succès.
Après une laborieuse retraite de quatre années, il reparaît en1931 avec un nouveau romanUn juif amoureux (A Jew in Love), qui est, de l'avis unanime, son chef-d'œuvre, et dont le triomphe fait sensation dans tous les pays de langue anglaise. Il est alors choisi parJosef von Sternberg qui lui confie le scénario desNuits de Chicago, film qui inspire les premiers films de gangsters parlant, commeScarface, dont Ben Hecht sera également le scénariste.Les Nuits de Chicago permet à Ben Hecht de remporter son premier Oscar du meilleur scénario (Oscar de la meilleure histoire originale). Par la suite, ce faux cynique devient l'un des scénaristes deHoward Hawks,Otto Preminger,Henry Hathaway ou d'Alfred Hitchcock et de l'éblouissantLa Dame du vendredi (d'après sa pièce de théâtreThe Front Page). Il gagne le surnom de « Shakespeare d'Hollywood »[2]« Ben était le plus grand de tous les scénaristes », déclare le producteur de films à succèsDavid O. Selznick[3].
Lorsque les nouvelles faisant état du sort des Juifs en Europe occupée parviennent aux États-Unis, leReader's Digest de février 1943 publie un article de Ben Hecht « Souvenez-vous de nous »Condensed fromThe American Mecury, dans lequel il dresse un tableau pathétique des persécutions qui sont subies par les Juifs dans tous les pays d'Europe, et qui ont déjà fait 4 000 000 de victimes, prévoyant page 109 qu'il y aurait six millions de Juifs exterminés à la fin du conflit. Beaucoup d'éléments sont imaginaires, mais dans un article autobiographique publié après la guerre, « A Child of the Century », Ben Hecht expliquera que pour les chiffres son article « "Remember US" » se basait surDr Greensberg's data[4]. Il crée une pièce de théâtre intituléeNous ne mourrons jamais, destinée aussi à attirer l’attention du public américain sur l'holocauste. Le chanteurFrank Sinatra se mobilise et, en 1943, participe à la tournée nationale de cette pièce.
Il est également connu pour son engagementsioniste, devient membre de l'Irgoun[5], et crée la pièce de théâtre nationaliste « Un drapeau est né » dans laquelle David, un survivant du camp d'extermination deTreblinka, fait un drapeau israélien de son châle de prière. Son rôle est joué parMarlon Brando[5]. C’est lui qui réalise l’achat du navire l’Altalena pour le compte de l’Irgoun, qui compte s’en servir pour de la contrebande d’armes[6].
Dans son livrePerfidy[7] à charge contreRudolf Kastner, notable juif hongrois qui négocia l'envoi enSuisse de 1 600 Juifs hongrois contre une rançon et, croyait-il, le maintien du reste de la communauté dans l'ignorance dusort final qui l'attendait.
Publié en français sous le titreL'Ombre, Paris,Le Figaro, édition du 11 novembre 1934 ; réédition dans l'anthologieCrime sans passion, Paris, UGE,coll. « 10/18. Grands détectives »no 1819, 1986(ISBN2-264-00797-4) ; réédition dans l'anthologieLes Magiciens du crime, Paris, Minerve, 1990
↑David M. Castlewitz, « The Altalena affair brought the newborn state of Israel to the brink of a minor civil war »,Military History, Décembre 2006, Vol. 23, Edition 9.