Belgrade (en serbecyrillique :Београд ; en serbelatin :Beograd) est laplus grande ville et lacapitale de laSerbie. Au recensement de2011, la villeintra muros comptait 1 233 796 habitants et, avec ledistrict dont elle est le centre, appeléville de Belgrade (Град Београд/Grad Beograd), 1 687 132 habitants[3] en 2017, cela représente 24 % de la population totale de Serbie[4].
Belgrade est l'une des plus anciennes cités d'Europe, avec une histoire qui s’étend sur plus de 7 000 ans. Selon les historiens, on évalue la destruction de la ville entre 28 et33 fois, sa position stratégique en Europe étant son bonheur et son malheur, d'où les vers duXVe siècle de Constantin le philosophe, « Pleure ville blanche, le noir de tes deuils »[5]. Les premières traces de présence humaine dans la région remontent à laPréhistoire et à la culture deVinča. Historiquement, Belgrade est l’antique cité deSingidunum, colonieromaine située dans la province deMésie. Le nom slaveBeograd apparaît pour la première fois le, dans uneépître envoyée par le papeJean VIII au princeBorisIer de Bulgarie. Il a pour signification la « ville blanche ». Au fil de son histoire mouvementée, Belgrade a été conquise par40 armées : elle a étéromaine et alors surnommée « La colline aux méditations »[6],byzantine,hongroise, serbe,autrichienne,ottomane, serbe,yougoslave puis de nouveau capitale de laSerbie indépendante depuis 2006.
Aujourd'hui, Belgrade dispose d'un statut qui la dote d'une assemblée et d'un gouvernement particuliers, à l'instar desdistricts de Serbie[7]. Sa zone métropolitaine, appelée « district de Belgrade » ou « ville de Belgrade », est divisée en17municipalités qui possèdent toutes leur propre conseil local[8]. Le district de Belgrade couvre ainsi 3,6 % du territoire de la Serbie et abrite 21 % de la population du pays (horsKosovo). Belgrade est le centre économique de la Serbie, mais aussi la capitale de laculture serbe et celui de l'éducation et des sciences du pays.
Dans la période de 1961 à 1990, Belgrade a reçu environ 684,3 mm deprécipitations par an[12] ; la moyenne a été de 661,9 mm entre1991 et2010[13]. La ville connaît en moyenne 2 096 h d’ensoleillement. Les mois les plus ensoleillés sont juillet et août, avec une moyenne de 10 heures de soleil par jour. Au contraire, décembre et janvier sont les mois qui reçoivent le moins de soleil, avec une moyenne de 2 à 2,3 heures d’ensoleillement par jour[12]. Le jour le plus pluvieux fut le, avec 94 mm enregistrés en une seule journée[11] ; les chutes de neige les plus importantes jamais enregistrées en une seule journée ont eu lieu le, avec une couverture neigeuse de 80 cm[11].
Relevés à la station météorologique de Beograd-Vračar (132 m)
Belgrade est située au confluent de laSave et duDanube. Cette position a souvent impressionné les voyageurs. C’est ainsi qu’en septembre1833 le poèteAlphonse de Lamartine, de retour d’une visite au princeMiloš Obrenović et évoquant le Danube, écrit dans son carnet de voyage :« Le fleuve, large et profond, a des vagues comme la mer »[15]. On trouve aussi, en1888, sous la plume ducomte d’Haussonville, cette description du fleuve observé depuis la hauteur deKalemegdan :« Après avoir promené son ruban de lumière autour de Semlin (Zemun), il décrit dans la plaine une courbe parfaite et cueille au passage les eaux plus vertes de la Save ; puis, grossi de son tributaire, emportant avec lui la fortune de vingt peuples souverains, il reprend sa course vers l’Orient »[16].
Comme beaucoup d’autres villes, Belgrade est considérée comme un carrefour entre l’Orient et l’Occident[9]. Par son histoire, Belgrade, au moins depuis la présenceromaine et particulièrement du fait de la longue présenceottomane, a souvent joué un rôle de ville frontière et de lieu de rencontre entre les civilisations.
Encore une fois, ce sentiment a souvent été exprimé par les voyageurs, notamment auXIXe siècle. Alphonse de Lamartine, toujours dans sonVoyage en Orient, décrit le contraste qu’il observe entre Belgrade etZemun[17] :« La ville (Belgrade), semblable à toutes les villes turques, descend en rues étroites et tortueuses vers le fleuve. Semlin (Zemun), première ville de la Hongrie, brille de l’autre côté du Danube avec toute la magnificence d’une ville d’Europe ; les clochers s’élèvent en face des minarets »[15]. Ce contraste était également exprimé parVictor Hugo dans « Le Danube en colère » : « Belgrade et Semlin sont en guerre. (...) Allons, la turque et la chrétienne ! Semlin, Belgrade, qu’avez-vous ? (...) Quoi ! ne pouvez-vous vivre ensemble, Mes filles ? faut-il que je tremble Du destin qui ne vous rassemble Que pour vous haïr de plus près, Quand vous pourriez, sœurs pacifiques, Mirer dans mes eaux magnifiques Semlin tes noirs clochers gothiques, Belgrade, tes blancs minarets »[18].
Les origines mythologiques de Belgrade font intervenir lesArgonautes, qui de lamer Noire (lePont-Euxin) devaient rejoindre le nord de l'Italie. Ayant décidé de passer par l'Istro (le Danube), ils remontèrent son cours à bord de l'Argo. Lorsqu'ils arrivèrent devant le promontoire où Belgrade est bâtie, ils s’installèrent au bord du Danube là où les eaux de la Save et du Danube se confondent pour fonder la Ville[23].
Vers600av. J.-C., des tribuscimmériennes puis desScythes traversèrent la région de l’actuelle Belgrade sans s'y installer. AuIIIe siècle av. J.-C., lesScordisques, un peuplecelte[24], s’établirent au confluent de la Save et du Danube et y bâtirent une ville fortifiée appeléeSingidūn (ces derniers sont un des trois groupes d'une armée gauloise conduite par Brennos, dans le but de piller Delphes, en octobre 278av. J.-C.) ; cette cité, fondée en298av. J.-C.[25], est mentionnée pour la première fois en279av. J.-C.[26]. La première partie du nom,Singi-, signifierait « rond », tandis quedun désigne la « forteresse » ou la « ville ». Selon une autre interprétation,Singi renverrait auxSings, un peuplethrace installé à cet endroit avant l’arrivée des Scordisques[26]. Une autre interprétation donne comme origine àSingi- un mot celte signifiant le « faucon » et Singidūn serait ainsi « laforteresse (ou la ville) du faucon »[27].
LesRomains s’emparèrent de Singidūn au début duIer siècle de notre ère et ils latinisèrent le nom de la ville enSingidunum. La cité fut intégrée à la province deMésie supérieure (capitaleViminacium, aujourd’huiKostolac) et devint une ville de garnison située sur lelimes. À proximité se trouvait la ville deTaurunum, aujourd’huiZemun.
En86,Domitien, dans le souci de renforcer les frontières de l’Empire contre lesDaces, fit de Singidunum le lieu de cantonnement de laLegio IV Flauia Felix. Ce fut pour la ville le début d’une période de prospérité. Uncastrum fut édifié à l’emplacement de l’actuelleforteresse de Belgrade. Singidunum et Taurunum furent reliées par un pont.
Au début duIIe siècle, en105-106, les campagnes de l’empereurTrajan écartèrent la menace dace et la province romaine deDacie fut créée. La ville de Singidunum connut alors une période de tranquillité. Au milieu duIIe siècle, l’empereurHadrien lui conféra le statut demunicipe (municipium), ce qui lui accordait une plus grande liberté d’administration.
Mais, à la suite des attaques desCarpes et desGoths, la province de Dacie fut perdue par les Romains sous l’empereurGallien en268. L’empereurAurélien transféra alors les légions sur la rive sud duDanube et réorganisa la région en créant la province deDacia Ripensis (la « Dacie de la rive »).
Sous l’Empire romain, Singidunum se trouva intégré à un important réseau défensif. La ville et son castrum étaient situés sur unevia militaris qui, d’est en ouest allait deSirmium (Sremska Mitrovica) àViminacium (Kostolac),Trimontium (Plovdiv) jusqu’àByzance. Cette voie militaire était défendue par des forts, dont il reste des vestiges dans la région de l’actuelle Belgrade, comme ceux deMutatio ad Sextum (Mali Mokri Lug),Castra Tricornia (Ritopek) etMutatio ad Sextum Militare (Grocka). Une route reliait également les exploitations minières des montsAvala,Kosmaj etRudnik.
Ville militaire, Singidunum/Belgrade connut un important développement. Lesvétérans des légions, notamment, s’installèrent dans la basse ville, créant une véritable cité romaine. De nombreuses traces de cette période impériale ont été retrouvées un peu partout dans les environs (tombes, monuments, sculptures, céramiques, pièces de monnaie). La ville actuelle conserve encore en partie l’empreinte de l’urbanisme antique, comme on peut l’observer dans l’orientation des rues Uzun Mirkova, Dušanova etKralja Petra. LeStudentski trg (« place des Étudiants ») garde de l’ancienforum qu’il remplace sa forme rectangulaire ; des vestiges dethermes y ont été mis au jour dans les années1970[26].
En512, l’empereurAnastaseIer établit dans la région la tribugermanique desHérules pour protéger la région de Belgrade contre lesGépides. En535, sousJustinien, Singidunum fut entouré d’une puissante muraille qui lui assura quelques décennies de relative tranquillité[28].
En584, la ville fut prise et pillée par lesAvars, un peuplemongol allié desSlaves (et notamment desSerbes) qui s’étaient progressivement installés dans laplaine pannonienne depuis le milieu duVe siècle[29]. En630, sous le règne de l’empereurHéraclius, lesSerbes, appuyés par les Avars, s’emparèrent à leur tour de Singidunum/Belgrade. La prise de la ville est mentionnée dans les chroniques byzantines mais on perd ensuite toute trace écrite de Singidunum pendant deux siècles et demi. Par la suite, l'Empereur devient l'allié des Serbes et avec leur soutien, il libéra les territoires byzantins des Avars, Belgrade compris[30],[31]. Les fouilles archéologiques, de leur côté, montrent une slavisation progressive de la région[28].
Quelques dates marquent cette période agitée. En896, lesMagyars s’emparèrent de Belgrade. En971, l’Empire byzantin reprit la ville. Vers976, elle fut conquise parSamuel de Bulgarie. En1018, l’empereurBasile II réintégra Belgrade dans l’Empire byzantin. En1096, Belgrade fut détruite par les Hongrois, mais les Byzantins en gardèrent le contrôle.
En1076,Jérusalem était tombée entre les mains desTurcs. En1096 et en1147, lesCroisés, en partance pour laTerre sainte, passèrent à Belgrade. En1127, le roiÉtienne II de Hongrie détruisit la ville et en récupéra les pierres pour construire une forteresse àZemun. À son tour, en1154, l’empereur byzantinManuelIer Comnène détruisit Zemun et en récupéra les pierres pour reconstruire Belgrade ; legéographe etcartographe arabeAl Idrissi, de passage dans la cité, décrit Belgrade comme une ville« bien peuplée et animée »[28],[32]. En1182, les Hongrois, de nouveau, saccagèrent la ville mais, dès1185, les Byzantins la récupérèrent par la négociation. En1189, l’empereur romain germaniqueFrédéric Barberousse, un des chefs de latroisième croisade, passa lui aussi à Belgrade à la tête de 190 000 pèlerins ; la ville était devenue un champ de ruines[28]. En1230, Belgrade fut rattachée à laBulgarie puis, en1232, la ville passa à la Hongrie.
En1284, le premiersouverain serbe à régner sur Belgrade futStefan Dragutin, qui avait été roi deSerbie entre1276 et1282. Il reçut la ville en cadeau de son beau-père le roiLadislas IV de Hongrie. La cité intégra ainsi le royaume deSyrmie (Srem). Dragutin tenait sa cour à Belgrade ; il fit construire une cathédraleorthodoxe, symbole de la puissance et de la prospérité du nouvel État serbe[33].
À sa mort en1316, son frèreStefan Milutin régna à son tour sur Belgrade. Mais dès1319, les Hongrois s’emparèrent de nouveau de la ville et la détruisirent complètement. Belgrade devint une forteresse qui servait de tête de pont pour les Hongrois hostiles à l’expansion de l’État serbe situé plus au sud[33].
Au cours duXIVe siècle, lesTurcs firent leur entrée dans cette partie desBalkans. Après labataille de la Maritza en1371 et celle deKosovo Polje en1389, ils conquirent le sud de la Serbie tandis que le nord résista sous la forme dudespotat de Serbie. Conscient de la menace ottomane et du rempart que constituait le despotat, le roi de HongrieSigismond se rapprocha du despote serbeStefan Lazarević[29]. En1403, Stefan Lazarević, le fils duprince Lazar, fut autorisé à faire de Belgrade la capitale du despotat. De1403 à1427, la ville connut une nouvelle ère de prospérité. Une citadelle y fut construite, dont il subsiste latour du despote, encore visible dans laforteresse de Belgrade. De nombreux habitants, fuyant les Ottomans, vinrent se réfugier à Belgrade ; à cette époque, on considère que la ville comptait entre 40 000 et 50 000 habitants[33]. L’historienDušan T. Bataković commente ainsi la portée de cette période pour la ville :« La signification de Belgrade dans l’histoire serbe ne fit qu’augmenter à mesure que se rapprochait la chute du régime du despotat serbe. Belgrade devint le symbole des efforts conjugués afin d’empêcher les Turcs de pénétrer en Pannonie et jusqu’au centre du continent européen »[34].
À la mort de Stefan Lazarević en1427, le nouveau despoteĐurađ Branković, conformément aux accords passés en1403, dut restituer la ville à la Hongrie.Smederevo, non loin de Belgrade, devint la nouvelle capitale du despotat ; Đurađ Branković y fit construire une nouvelle forteresse[33],[35]. Néanmoins, sous son règne, le despotat tomba presque entièrement entre les mains des Ottomans.
En1440, le sultanMourad II, conscient de l’importance stratégique de Belgrade pour la conquête de l’Europe centrale, à la tête de plus de 100 000 Turcs, mit une première fois le siège devant la cité mais la ville résista[36],[37]. En1443, une armée fut levée et placée sous le commandement deVladislasIer Jagellon, roi dePologne et deHongrie, qui choisit pour le seconderJean Hunyadi et Đurađ Branković ; l’armée se rassembla à Belgrade. Ses succès contre les forces ottomanes contraignirent Mourad II à temporiser. Mais son successeur,Mehmed II, reprit l’offensive. En1453, il s’empara deConstantinople. Belgrade fut une nouvelle fois assiégée en1456 mais la ville put encore résister, notamment grâce à Jean Hunyadi[38] et au prêtrefranciscainJean de Capistran. Cependant, plus au sud,Smederevo tomba aux mains des Turcs en1459 et peu après, le despotat de Serbie se retrouva sous leur domination[39]
La ville fut touchée par une révolte serbe majeure qui eut lieu en1594, larévolte du Banat, et qui fut écrasée par les Turcs. Pour impressionner la population, lepacha de Belgrade ordonna que l’on fît venir les reliques desaint Sava qui reposaient aumonastère de Mileševa ; le, elles furent brûlées en public sur le plateau deVračar (aujourd’hui un quartier de Belgrade). À l’emplacement de ce bûcher s’élève l’actuelleéglise Saint-Sava[42]. Pourtant, certains contestent cette version, et notammentSreten Popović. D'après lui, l'endroit où les reliques de saint Sava ont été brûlées se trouve à l'emplacement actuel deTašmajdan, derrière l'église deSaint-Marc, là où les Turcs effectuaient habituellement les exécutions. À l'époque des événements, c'était cet endroit, d'où on voyait toute la ville, qui s'appelait Vračar, tandis que l'actuel Vračar n'était encore qu'une petite colline très éloignée des enceintes de la ville[43].
En1799, pour calmer l’agitation qui secouait son empire, le sultanSélim III autorisa le retour desjanissaires dans le pachalik de Belgrade. En1801, de plus en plus indépendants, ces janissaires tuèrent lepacha Hadji Mustafa et multiplièrent les exactions. Pour réprimer les révoltes naissantes, le, ils firent arrêter et tuer 70 notables serbes. Cet événement, connu sous le nom deMassacre des notables ouMassacre des Princes (enserbe :seča knezova), fut en fait à l’origine dupremier soulèvement serbe contre les Turcs (1804-1813)[46],[36]. Le, Belgrade fut libérée par les insurgés serbes commandés parĐorđe Petrović, plus connu sous le nom deKarageorges (Karađorđe, Georges le Noir). En1807, lePraviteljstvujušči Sovjet (gouvernement serbe) se réunit à Belgrade et, en1811, les ministres s’y établirent. En1808, l’écrivainDositej Obradović, y fonda la premièreHaute École, ébauche de ce qui allait devenir l’université de Belgrade. En revanche, après l’échec de cette première révolte, la ville fut reprise par lesTucs en1813[47].
La répression qui s’ensuivit donna lieu en1815 à unsecond soulèvement conduit par le princeMilošIer Obrenović. À l’issue des négociations, les Turcs conservèrent la forteresse duKalemegdan, mais la Serbie devenaitde facto une principauté autonome à l’intérieur de l’Empire ottoman[48],[47]. En1818,Kragujevac, et non Belgrade, fut choisie comme capitale de la nouvelle principauté de Serbie[49]. Le sultanMahmoud II reconnut officiellement l’autonomie de laSerbie en1830.
Le départ définitif des Turcs et l’indépendance accélérèrent l’occidentalisation de Belgrade, notamment sur le plan de l’urbanisme. Larue Knez Mihailova fut ouverte à la place d'anciennes rues tortueuses et elle relia leparc de Kalemegdan à la ville ; laplace de la République (Trg Republike) fut créée en1866. De nombreux bâtiments furent construits dans un style européen (banques, bâtiments officiels…). La ville connut un développement industriel important. En1884, elle fut reliée par chemin de fer àNiš, la deuxième ville de Serbie par son importance ; l’électricité y fut installée. D’importantes institutions culturelles virent le jour comme leMusée National en1844, leThéâtre national en1869 ou encore l'Académie serbe des sciences et des arts en1886[47].Auguste et Louis Lumière donnèrent à Belgrade la première séance de cinéma des Balkans et d’Europe centrale en juin1896.Johann Strauss II y joua la même année.
En1900, la capitale ne comptait que 69 100 habitants[50] mais en1905 elle en comptait déjà plus de 80 000 et, à la veille de laPremière Guerre mondiale, elle dépassait déjà les 100 000 habitants, sans compterZemun qui appartenait encore à l’Autriche-Hongrie[51],[52].
Le, des monitors de la marine austro-hongroise bombardèrent Belgrade et, le 30 novembre, la ville fut prise une première fois par le généralPotiorek avant d’être libérée par le maréchalPutnik le 15 décembre. Le, Belgrade fut prise une nouvelle fois par les troupesallemandes et autrichiennes commandées parAugust von Mackensen ; la bataille avait fait rage plusieurs jours et la ville avait subi de nombreuses destructions[19].
Belgrade fut finalement libérée le, grâce à une armée franco-serbe commandée conjointement par le maréchalLouis Franchet d'Espèrey et le prince héritierAlexandre de Serbie[54]. À la fin de la guerre, la Serbie avait perdu 28 % de sa population, tandis que Belgrade était la ville du pays qui avait subi le plus de destructions[19].
En1918, Belgrade devint la capitale duroyaume des Serbes, Croates et Slovènes, qui fut proclamé sur la place deTerazije, puis, en1929, celle duroyaume de Yougoslavie[55]. La ville se modernisa et connut une importante croissance démographique. Elle incorpora la ville deZemun, qui était restéeautrichienne jusqu’à la guerre[19] ; en1931, elle comptait 239 000 habitants et, en1940, elle en comptait 320 000, la population augmentant en moyenne de 4,08 % entre1921 et1948[52]. En1927, fut ouvert le premier aéroport de Belgrade et, en1929, sa première station de radio commença à émettre. Lepont de Pančevo, qui franchissait le Danube, fut ouvert à la circulation en1935.
Le, sous la pression d’Hitler[56], le président du ConseilDragiša Cvetković et son ministre des Affaires étrangères signèrent àVienne l’adhésion de la Yougoslavie auPacte tripartite, rangeant ainsi le pays aux côtés des puissances de l’Axe ; par cet accord, leprince Paul, régent du royaume, espérait tenir le royaume à l’écart de laSeconde Guerre mondiale[57]. À Belgrade, cette décision suscita immédiatement de nombreuses et importantes manifestations de rue ; et, le 27 mars, avec l’appui de laGrande-Bretagne[57], uncoup d'État, conduit par le généralDušan Simović et organisé par le généralBorivoje Mirković[57],[58], força le prince Paul à quitter le pouvoir et installa sur le trône le roiPierre II avant sa majorité.
Par voie de conséquence, le, Belgrade, pourtant déclaréeville ouverte, fut bombardée par laLuftwaffe, bombardement qui fit au moins 2 274 morts ; laBibliothèque nationale de Serbie fut incendiée, ce qui provoqua la destruction de dizaines de milliers de livres rares parmi lesquels figuraient de précieux manuscrits du Moyen Âge[19],[59]. La Yougoslavie fut envahie et, le, la capitulation du royaume fut signée à Belgrade. LaSerbie centrale et leBanat furent placés sous l’autorité desnazis, l'État indépendant de Croatie satellite de l'Allemagne nazie fut créé, tandis que le reste du royaume fut partagé entre les diverses puissances de l’Axe ; le gouvernement royal partit en exil àLondres[60] et unGouvernement de salut national, dirigé par le généralMilan Nedić, fut installé à Belgrade par les nazis[61].
Très vite la résistance s’organisa autour de deux hommes :Draža Mihailović, un fidèle partisan de la monarchie, coordonna l’action destchetniks (à partir de mai1941)[62] ;Josip Broz Tito fut à la tête despartisans communistes (à partir de juillet1941)[63]. En représailles à la guérilla qui s’installait, à l’automne et au cours de l’hiver1941, le généralFranz Böhme, le gouverneur militaire de la Serbie, fit arrêter et tuer de nombreux Belgradois et, en particulier, des membres de lacommunauté juive ; sa « règle » était d’exécuter 100Serbes ouJuifs pour toutAllemand tué[64].
Le, lesAlliés bombardèrent Belgrade, faisant environ 1 160 morts[19]. La ville resta occupée par les nazis jusqu’au, date à laquelle, avec l’accord deChurchill[65], elle futlibérée par lesPartisans communistes et par l’Armée rouge. Pendant la guerre, Belgrade avait perdu environ 50 000 habitants et souffert d’importants dommages matériels[19].
En tant que capitale de cette nouvelle Yougoslavie, la ville connut un important développement industriel[19]. En1958, la première chaîne de télévision de Belgrade commença à diffuser ses programmes. Par sa relative indépendance à l’égard deMoscou, Tito fit aussi de la capitale de la Yougoslavie une importante ville internationale. En1961, la premièreconférence des chefs de gouvernement desPays non alignés se réunit à Belgrade sous la présidence du maréchal ; le pays tout entier en retirait un important prestige auprès des pays duTiers-Monde[67]. S’y tinrent aussi des assemblées de laBanque mondiale ou duFonds monétaire international, ainsi que de nombreuses manifestations culturelles et sportives[19].
En revanche, l’année1968 offrit un autre visage de Belgrade, avec de nombreuses manifestations contreTito qui se soldèrent par de violents affrontements entre les étudiants et la police ; tout cela révélait l’existence d’un réel malaise politique et social dans le pays[19]. En mars1972, uneépidémie de variole se déclara dans la ville, ce qui contraignit ses habitants à la quarantaine[68]. Elle est cependant rapidement maitrisée.
Le problème des nationalités couvait également[69]. En1974, une nouvelle Constitution fut proclamée à Belgrade. L’historien Dušan T. Bataković l’analyse en ces termes :« Chaque république, ainsi que chaque province autonome, apparaissait non seulement comme le représentant unique d’un peuple déterminé, mais aussi comme un élément constituant de la fédération. Ainsi était instaurée une souveraineté double. (…) La désintégration de la Yougoslavie fut, de ce fait, facilitée »[70].
La ville offre un certain niveau de vie. L'éducation et le système de santé étaient gratuits, et les logements étudiants étaient bon marché[71].
Belgrade vécut les contrecoups de la crise que connut la Yougoslavie.
Le, la capitale fut le théâtre d’importantes manifestations de rue conduites parVuk Drašković contre le pouvoir deSlobodan Milošević[72]. Selon les médias, entre 100 000 et 150 000 personnes défilèrent dans les rues. Les chars furent déployés pour ramener le calme[73]. Il y eut deux morts, 203 blessés et 108 personnes furent arrêtées[74].
Après le retour au pouvoir deSlobodan Milošević, de nouvelles manifestations eurent lieu à Belgrade de novembre1996 à février1997 ; le gouvernement était accusé de fraude électorale[75]. Ces manifestations conduisirent à l’élection deZoran Đinđić, membre duParti démocratique[76].
Après les élections de2000, Belgrade fut le théâtre de nouvelles manifestations qui amenèrent des centaines de milliers de personnes dans les rues (800 000 selon la police, plus d’1 000 000 selon le journaliste britannique Misha Glenny). Cesmanifestations contre le régime contraignirent Milošević à démissionner le[78]. Cette démission mit un terme à ce qu’on appelle familièrement larévolution des bulldozers.
La ville connait au printemps 2016 d'importantes manifestations contre des projets immobiliers perçus comme destructeurs et visant à enrichir des hommes d'affaires proches du pouvoir. Le centre de la ville a été vidé de sa population et rasé pour laisser place à un luxueux complexe au bord du Danube. Les expulsions sont grandement facilitées par la loi serbe, en cas d'endettement, de loyers impayés ou pour restituer un bien à ses propriétaires d'avant 1945[79].
Belgrade dispose d’un statut particulier qui fait de la capitale une unité territoriale à part entière. De fait, Belgrade est aussi le centre administratif d’un district appeléville de Belgrade, enserbecyrilliqueГрад Београд. Ce district est divisé en17municipalités[80]. Dix d’entre elles possèdent le statut de municipalité « urbaine » : elles sont partie intégrante de la ville-capitale. Les sept autres ont le statut de municipalité « périurbaine » : elles sont situées à proximité de la capitale.
La plupart de ces municipalités sont situées au sud duDanube et de laSave dans la région de laŠumadija (Choumadie). Trois municipalités,Zemun,Novi Beograd etSurčin, sont situées au nord de laSave dans la région deSyrmie, la municipalité dePalilula est, elle, située sur les deux rives duDanube, dans la région de Šumadija et dans leBanat.
LeStari dvor, siège de l’assemblée de la ville de Belgrade.
En tant qu’unité territoriale à part entière, la ville de Belgrade est dotée d’un gouvernement municipal autonome. Elle possède un maire élu pour quatre ans, qui exerce des fonctions représentatives et exécutives. Il est assisté par un maire adjoint[82]. La ville de Belgrade possède aussi une Assemblée[83], composée de110 membres. Cette assemblée, élue pour quatre ans en même temps que le maire, se réunit selon les circonstances et au moins une fois tous les trois mois ; elle représente lepouvoir législatif de la ville.
Dans la période récente, le premier maire de Belgrade à avoir été désigné démocratiquement estZoran Đinđić, élu en1996.Nenad Bogdanović fut maire de Belgrade à partir de2004 et jusqu’au, date de sa mort[84],[85] ; il était membre duParti démocratique. Zoran Alimpić lui a succédé en tant que maire par intérim.
Les17 municipalités de Belgrade, quant à elles, disposent d'un président et d'une assemblée[80] et, comme dans le reste de laSerbie, elles sont elles-mêmes divisées encommunautés locales (enserbe :Месна заједница etMesna zajednica), qui dans Belgradeintra muros recoupent généralement (mais pas toujours) les quartiers de la ville et qui, dans les faubourgs, correspondent souvent à des villages ; ces communautés sont gouvernées par des « conseils » (enserbe :савети etsaveti) élus tous les quatre ans auxélections locales et dotées d'un président.
La ville de Belgrade s'est progressivement étendue auxXIXe et XXe siècles, englobant des localités autrefois indépendantes ; de ce fait la capitale serbe offre des quartiers architecturalement divers, conservant du passé leur centre historique. C'est particulièrement net dans le cas de l'ancienne ville deZemun,autrichienne avant laPremière Guerre mondiale, et devenue une municipalité urbaine : elle conserve un centre ancien et des bâtiments typiques de l'Europe centrale.
Autour de ce premier centre, s'organisent d'autres quartiers, divers par leurs fonctions et l'origine sociale de leurs habitants. La municipalité la plus densément peuplée de Belgrade, juste à côté du centre, est celle deVračar, à la fois résidentielle et commerçante ; en2011, elle comptait 55 463 habitants, répartis sur 3 km2[3]. On y trouve notamment l'église Saint-Sava et laBibliothèque nationale de Serbie. À l'ouest de Stari grad, s'étend la municipalité deSavski venac, qui compte 38 660 habitants[3] ; le secteur est à la fois résidentiel et administratif. La forêt-parc deTopčider y est située, ainsi que le quartier deDedinje, souvent considéré comme le plus élégant de la capitale serbe, avec ledomaine royal (enserbe :Краљевски комплекс etKraljevski kompleks), de nombreuses résidences et ambassades.
La municipalité la plus peuplée de Belgrade est celle deNovi Beograd[92], la « Nouvelle Belgrade », construite après laSeconde Guerre mondiale pour faire face à l'augmentation de la population urbaine. En2011, elle comptait 212 104 habitants[3]. Cet ensemble est l'un des plus récents de Belgrade, ainsi que l'un des plus contrastés. Il est relié à l'ancienne ville par cinq ponts : lePont de Gazela, lePont de Branko, l'Ancien pont de la Save, l'Ancien et leNouveau pont ferroviaire. De toutes les municipalités urbaines de Belgrade, Novi Beograd est celle qui dispose des plus vastesespaces verts, couvrant au total 3,47 km2, soit 8,5 % de son territoire[93]. Le plus important d'entre eux est le parc de Novi Beograd-Ušće et le dernier en date est lePark Republika Srpska, qui a ouvert en2008[94]. La construction de Novi Beograd a commencé en1948 et, sur le plan architectural, typique de cette période est le quartier desBlokovi (les « blocs »), avec ses barres et ses immeubles destyle brutaliste ; certains bloks ont développé uneculture urbaine, véhiculée par des films serbes commeRane (« Les Blessures ») deSrđan Dragojević (1998),Apsolutnih sto deSrđan Golubović (2001),Jedan na jedan (2002) deMladen Matičević (2002),Sutra ujutru d'Oleg Novković (2006) etSedam i po deMiroslav Momčilović (2006). Ungraffiti duBlok 70 parodie une célèbre chanson serbe pour enfants :« Cveće je ukras bašte,/Leptir je ukras cveta,/A deca punagandže,/Deca su ukrasgeta » (« La fleur est la parure du jardin, /Le papillon est la parure de la fleur, /Mais les enfants pleins d'herbe, /Les enfants sont la parure dughetto »). Ce quartier informel offrait un contraste total avec les constructions ultra-modernes du secteur, comme le centre de congrès duSava Centar, l'hôtel de luxeHyatt Regency Belgrade et l'Hôtel International CG, le complexe futuriste de latour Genex (dans le quartier deSavograd), dePark Apartments et de l'Avenue 19[95]. La municipalité de Novi Beograd est en fait l'une des plus dynamiques de la capitale serbe, accueillant le siège social de nombreuses entreprises, de nombreuxcentres commerciaux et d'importants secteurs résidentiels. Des quartiers entiers sortent de terre, commeAirport City Beograd, la zone commerciale deDelta City ou le quartier deBelville, également connu sous le nom deUniverzitetsko selo, le « village universitaire ».
En raison des découpages administratifs, certaines municipalités urbaines de Belgrade, commePalilua, englobent des faubourgs de la capitale, villes ou villages. C'est le cas de la municipalité deČukarica, qui, outre une partie de la ville de Belgrade proprement dite, comprend des « localités urbaines » (enserbe :Градска насеља etGradska naselja, communément appelées « villes ») commeOstružnica (4 132 hab.),Pećani (559hab.),Rucka (316 hab.) etUmka (5 103 hab.)[3]. Ce statut leur a été accordé au cours de l'histoire, indépendamment de leur peuplement ; c'est ainsi que la localité deSremčica, qui, avec 20 343 habitants, est la plus peuplée de la municipalité, est officiellement classée parmi les « villages » deSerbie (enserbe :село etselo, au pluriel :села etsela). C'est également le cas de la municipalité deVoždovac, avec les villes deBeli Potok (3 574 hab.) etPinosava (3 136 hab.), la localité la plus importante du secteur étant le village deRipanj qui, en2011, comptait 10 918 habitants[3].
D'autres municipalités, intégrées au grand ensemble de la ville de Belgrade, sont entièrement situées dans les faubourgs de la capitale. La ville deGrocka, siège d'une municipalité éponyme, compte 83 398 habitants ; formant en partie une continuité urbaine avec Belgrade, elle est aussi une zone rurale, dont la production de fruits a donné naissance à une importanteindustrie agro-alimentaire, principalement développée à Grocka,Vinča etBoleč (PKB Beograd). Parmi les municipalités « périurbaines » de Belgrade, on peut aussi citer celle deLazarevac, au sud de laville de Belgrade (58 224 hab.) et celles deMladenovac (53 050 hab.),Obrenovac (71 419 hab.),Sopot (20 199 hab.) etSurčin (42 012 hab.)[3].
À la fin desannées 1990, Belgrade et sa région ont accueilli de nombreuxSerbes venus des diverses régions de l’ancienne Yougoslavie, notamment ceux qui fuyaient les guerres et leurs conséquences[97]. Si l’on tient compte des réfugiés venus deCroatie et deBosnie-Herzégovine, de ceux duKosovo, si l’on tient compte aussi des étudiants, la population de Belgrade et de sa zone urbaine (laville de Belgrade) pourrait dépasser les deux millions d’habitants ; dans la ville de Belgrade, un sondage réalisé en2007 indiquait un accroissement d'environ 400 000 habitants par rapport au recensement de2002 qui en comptabilisait 1 576 124[98] ; le, l'Institut d'informatique et de statistiques de la capitale enregistrait officiellement 1 542 773 électeurs inscrits, soit autant que la population totale recensée en2002[99].
Avec 1 417 187 personnes, lesSerbes constituent la majeure partie de la population de la ville de Belgrade (89,92 %), mais on y rencontre également toutes les nationalités officiellement reconnues dans l'ancienneYougoslavie, comme lesYougoslaves (22 161), lesMonténégrins (21 190), lesRoms (19 191),Croates (10 381) ou encore desMusulmans de nationalité, desHongrois et bien d'autres[101],[102]. La capitale serbe accueille également plusieurs milliers de Chinois, venus s’installer dans le milieu desannées 1990[103] ; c’est ainsi que leBlok 70, un quartier situé dans la municipalité deNovi Beograd, est devenu le « quartier chinois » de Belgrade[104],[105]. Belgrade possède également des habitants venus duMoyen-Orient, principalement deSyrie, d’Iran, deJordanie et d’Irak ; beaucoup sont arrivés dans les années1970 et1980 pour effectuer leurs études, puis se sont installés dans la capitale et y ont fondé des familles[106],[107].
Répartition de la population par nationalités dans laville de Belgrade
Leschrétiens serbes orthodoxes constituent la plus importante communauté religieuse de la ville de Belgrade, avec 1 429 170 fidèles. Il y a aussi 20 366 musulmans, 16 305 catholiques et 3 796 protestants. Il y avait autrefois une importantecommunauté juive, mais après l’occupation de la ville par lesnazis et l’émigration de nombreux Juifs enIsraël, la communauté ne comptait officiellement que415 membres en 2002[108].
Répartition de la population par confessions dans laville de Belgrade
Le musée le plus important de Belgrade est leMusée national, créé en1844 ; il abrite une collection de plus de 400 000 pièces[119], parmi lesquelles figure le célèbreÉvangile de Miroslav (Miroslavljevo Jevanđelje) qui date de1180 et qui a été inscrit en2005 sur lalisteMémoire du monde de l’UNESCO[120],[121] ; le musée présente également d’importantes collections de peintures. Lemusée d'art contemporain de Belgrade rassemble environ 8 540 œuvres créées enYougoslavie depuis1900[122]. Avec environ 95 000 copies de films nationaux et internationaux, lesArchives du film yougoslave de Belgrade figurent parmi les dix archives cinématographiques les plus riches du monde[123] ; cette institution fonctionne aussi comme un musée, avec sa salle de cinéma et son hall d’exposition ; en2007, un dépôt rénové a été inauguré[124].
Lemusée militaire présente plus de 25 000 pièces, dont les plus anciennes datent de laPréhistoire, de laGrèce antique et de lapériode romaine[125]. Lemusée de l'aviation possède plus de200 appareils, dont une cinquantaine sont exposés ; certains d’entre eux sont l’unique exemplaire de leur type subsistant au monde, comme leFiat G.50. Le musée présente également les épaves d’avionsaméricains de l’OTAN abattus dans lesannées 1990 ; on peut y voir, notamment, un avion furtif d’attaque au solF-117 abattu par les forces yougoslaves.
Lemusée ethnographique, créé en1901, abrite plus de 150 000 pièces présentant au public la vie quotidienne dans les campagnes et les villes desBalkans et notamment dans les pays de l’ex-Yougoslavie[126]. Lemusée Nikola-Tesla, créé en1952, conserve des objets et des documents ayant appartenu àNikola Tesla, l’inventeur qui a donné son nom à l'unité de mesure dutesla ; la collection est riche d’environ 160 000 documents originaux et de 5 700 autres pièces[127]. On peut encore citer leMusée de Vuk et Dositej, qui présente la vie, l’œuvre et l’héritage deVuk Stefanović Karadžić, le grand réformateur de lalangue serbe auXIXe siècle, ainsi que ceux deDositej Obradović, un écrivain qui fut le premier ministre de l'Éducation du pays[128].
Ada Ciganlija est une ancienne île sur laSave et le plus grand centre de loisirs de la capitale ; l'île est aujourd'hui reliée à la terre ferme par des digues qui ont créé un lac artificiel bordé de plages. Ada Ciganlija est un lieu de promenade qui attire de nombreux Belgradois, notamment pendant les journées chaudes de l'été. On peut y pratiquer legolf, lefootball, lebasket-ball, levolley-ball, lerugby, lebaseball et letennis[135]. On peut aussi y pratiquer les sports extrêmes comme lesaut à l'élastique, leski nautique et lepaintball. De nombreuses pistes permettent aussi de pratiquer le vélo ou le jogging[135].
En plus d'Ada Cingalija, Belgrade possède en tout16 îles, certaines demeurant inoccupées. Lagrande Île de la guerre, au confluent même de la Save et du Danube, constitue une réserve pour la vie sauvage (et particulièrement pour les oiseaux)[136]. De ce fait, les autorités de la Ville l'ont transformée enréserve naturelle, ainsi que lapetite Île de la guerre, située juste à côté[137].
Belgrade a la réputation d'offrir une vie nocturne particulièrement animée, avec des clubs ouverts jusqu'à l'aube un peu partout dans la ville. Le long des rives de laSave et duDanube se succèdent de nombreusesbarges (splavovi) qui figurent parmi les lieux les plus appréciés des noctambules[138],[139],[140].
De nombreux visiteurs, venant particulièrement deBosnie-Herzégovine, deCroatie et deSlovénie, viennent passer une nuit à Belgrade en raison de l'atmosphère festive qui règne dans la capitale serbe et pour profiter des grands clubs et des bars[141].
On y trouve des clubs alternatifs célèbres comme l'Akademija et le KST (Klub studenata tehnike), situé dans les sous-sols de la Faculté de génie électrique de l'université de Belgrade[142],[143],[144]. L'un des lieux les plus célèbres pour les événements culturels alternatifs de la ville est leSKC (Centre Culturel des étudiants), situé juste en face de la tourBeograđanka. Des concerts donnés par des groupes venus de Serbie mais aussi du monde entier sont souvent organisés dans ce centre. Le SKC propose également des expositions d'art, des débats et des discussions[145].
Les nuits belgradoises peuvent également être rythmées par une musique plus traditionnelle connue sous le nom deStarogradska (la « musique de la vieille ville »), typique des zones urbaines de la Serbie. On l'entend surtout dans le quartier deSkadarlija, lequartier bohème où les poètes et les artistes de la capitale se retrouvaient auXIXe siècle et au début duXXe siècle ; ce quartier est situé autour de la rue de Skadar (Skadarska ou, familièrement, Skadarlija). On y trouve aussi de nombreux restaurants traditionnels appeléskafanas, qui pour la plupart datent de cette époque. L'une des plus anciennes kafanas de la capitale est laTaverne « ? » (Znak pitanja, le « point d'interrogation »), ouverte en1826[146],[147]. Dans ce quartier se trouve également la plus ancienne brasserie de Belgrade, la brasserieBIP, créée dans la première moitié duXIXe siècle[148].
Belgrade possède aussi un embryon descène gay. En 2008, la ville dispose d’un club gay et de quelques cafés gays ou ouverts aux gays ; ils sont situés dans le centre de la capitale[149]. L'intolérance à l'encontre des minorités sexuelles n'est pas rare, à Belgrade comme dans le reste du pays[150].
Belgrade est, économiquement, la partie la plus développée de laSerbie. En revanche, dans lesannées 1990, Belgrade, comme le reste du pays, fut gravement touchée par l'embargo international sur le commerce. L'hyperinflation dudinar yougoslave, le plus haut taux d'inflation jamais enregistré au monde[158],[159], ravagea l'économie de la ville. En revanche, depuis2000, la croissance est de retour et elle se maintient à un rythme élevé ; désormais, plus de 30 % duPNB serbe provient de Belgrade, et la capitale concentre plus de 30 % de la population active du pays[160].
En septembre2008, le salaire mensuel brut à Belgrade s'élevait en moyenne à 56 508 dinars serbes[184] (soit environ 668 € ou 848 US$), contre une moyenne de 46 015 RSD, dans reste du pays, la capitale obtenant ainsi la moyenne la plus élevée de toute la Serbie[185]. Le budget de la ville de Belgrade pour2007 était d'environ71,37 milliards,de dinars[186].
En2008, selon l'Office de statistiques de la république de Serbie, 53 % des foyers belgradois étaient équipés d'un ordinateur, contre 40,8 % dans l'ensemble de la Serbie, et 47 % des habitants disposaient d'une connexion internet[187].
Belgrade est le plus important centre médiatique de Serbie. La ville abrite les studios de laRadio Télévision de Serbie (RTS), qui est progressivement devenue la chaîne publique du pays[188]. Le label d'enregistrement de la RTS,PGP RTS, est également situé à Belgrade[189]. La chaîneRTV Pink, populaire et commerciale, est connue pour ses programmes de divertissement et ses émissions à sensations. Son principal concurrent s'appelleB92 ; il dispose de sa propre chaîne de télévision, d'une station de radio ; il édite de la musique et des livres et propose le site le plus populaire de l'internet serbe[190],[191]. D'autres chaînes de télévision diffusent depuis Belgrade, commeTV Košava,TV Avala, ainsi que d'autres chaînes qui ne couvrent que Belgrade et sa région, commeStudio B etRTV Politika. De nombreuses chaînes spécialisées sont également proposées aux téléspectateurs, commeSOS Kanal (sport),TV Metropolis (musique),Art TV (art),TV Sinemanija (cinéma) etHappy TV (programmes pour les enfants).
Parmi les quotidiens à gros tirages publiés à Belgrade, on peut citerPolitika,Večernje novosti,Blic,Glas javnosti et leSportski žurnal. D'autres quotidiens sont également publiés dans la capitale, commePress,Danas etKurir. Un nouveau quotidien distribué gratuitement,24 sata, a été créé en octobre2006. Les magazinesNIN etVreme sont également imprimés à Belgrade.
Belgrade possède deux universités publiques et plusieurs institutions privées d'enseignement supérieur. La « Haute École », fondée à Belgrade en1808, fut le premier établissement d'enseignement supérieur en Serbie[192]. Vint ensuite le lycée en1841, qui fut déplacé deKragujevac à Belgrade. En1905, il devint l'université de Belgrade[193], l'une des plus anciennes institutions éducatives du pays (le « Collège des professeurs », àSubotica, date de1689). Environ 60 000 étudiants suivent des cours dans cette université[194].
La capitale compte en outre195 écoles primaires (élémentaires) et 85 établissements d'enseignement secondaire. Parmi les écoles élémentaires, quinze sont spécialisées dans les arts et quatre sont réservées aux adultes. Le système d'enseignement secondaire compte51 écoles professionnelles,21 lycées d'enseignement général, huit écoles d'art et cinq écoles spécialisées. 230 000 élèves sont encadrés par 22 000 adultes, répartis dans plus de500 bâtiments[195].
Selon le recensement de2002, la ville de Belgrade (c'est-à-dire ledistrict de Belgrade) comptait 1,34 % d'illettrés et Belgradeintramuros 0,77 %, la moyenne nationale s'établissant à 3,45 % dans la population âgée de10 ans et plus ; 27,2 % des habitants de plus de15 ans avaient effectué des études supérieures dans la zone urbaine de Belgrade et 35,1 % de la population de la ville au sens restreint du terme, contre 15,9 % en moyenne pour la population de la Serbie dans la même classe d'âge[196].
Belgrade possède un dense réseau de transports, fondé sur lesautobus (118 lignes urbaines et plus de300 lignes de banlieue), lestramways (12 lignes) et lestrolleybus (huit lignes)[197]. Il est principalement géré par lasociété publiqueGSP Beograd[198], en coopération avec plusieurs sociétés privées dont la plus importante estSP Lasta. Belgrade possède également un réseau detrains de banlieue et demétro,Beovoz, géré par lesChemins de fer de Serbie[199] ; un réseau demétro léger appeléBELAM est en cours de construction, avec trois lignes prévues à l'horizon2021[200]. La gare de la ville la relie aux autres capitales européennes et à de nombreuses villes de Serbie. Le voyage parautocars est aussi un moyen rapide et efficace de se rendre dans chaque ville du pays.
En novembre 2011,Dragan Djilas, maire de Belgrade, et Gian-Luca Erbacci directeur d'Alstom Transport pour l'Europe du Sud, ont signé, devant le président de la république de Serbie,Boris Tadic et du secrétaire d'État français chargé du commerce extérieurPierre Lellouche, un accord sur la construction de la ligne L1 du métro de Belgrade, pour un coût d'un milliard d'euros[201]. Cette ligne comportera 25 stations et sera aussi suivie par la conctruction de deux autres lignes, la L2 et L3[202]. La ligne L1 aura la forme d'un Y et sera construite sur la rive sud duDanube[202],[203].
Avec l'expansion de la ville et l'accroissement important du nombre de véhicules, les encombrements sont devenus un des problèmes majeurs de la capitale serbe ; pour pallier cela, unpériphérique est en cours de construction, qui reliera lesroutes européennesE70,E75 etE763[208]. Une rocade intérieure est en projet, impliquant la construction d'un nouveau pont sur la Save, lepont d'Ada Ciganlija, qui soulagera le trafic sur les ponts de Branko et de Gazela[209],[210]. Un nouveau pont sur le Danube a également été achevé en 2014, lePupinov most (anciennement dénommé Pont de l’amitié sino-serbe) : il relieZemun àBorča, dans la banlieue de Belgrade[211],[212].
La ville de Belgrade a reçu plusieurs honneurs nationaux et internationaux, notamment laLégion d'honneurfrançaise en1920[217], la Croix de Guerre deTchécoslovaquie, l'Étoile deKarađorđe et l'Ordre du héros national de l'ex-Yougoslavie[218]. Cette dernière récompense lui a été attribuée le, pour l'anniversaire de la fin de l'occupationnazie lors de laSeconde Guerre mondiale. En2006, le magazineForeign Direct Investment duFinancial Times lui a décerné le titre deVille de l'Avenir en Europe du Sud[219].
↑Zemun est aujourd’hui une municipalité urbaine faisant partie de Belgrade ; à l’époque où écrit Lamartine (1833), elle faisait partie duroyaume de Hongrie
La version du 18 décembre 2008 de cet article a été reconnue comme « article de qualité », c'est-à-dire qu'elle répond à des critères de qualité concernant le style, la clarté, la pertinence, la citation des sources et l'illustration.