Le nom « Belfast » provient de l'irlandaisBéal Feirste, qui signifie « l'embouchure de la Farset », la Farset étant un affluent de la Lagan, fleuve qui traverse Belfast.
Le site de Belfast a été occupé depuis l'âge du bronze, et on peut y trouver des ruines de fortifications datant de l'Âge du fer, ainsi que le célèbreanneau du Géant (Giant's Ring).
Au début duXVIIe siècle, Belfast a été occupée par des colonsanglais etécossais, selon un schéma d'implantation élaboré parArthur Chichester, ce qui n'a pas manqué de créer des tensions avec la population autochtone qui s'est rebellée en1641. Leshuguenotsfrançais s'y sont également établis pour y faire le commerce dulin.
En 1907, le dirigeant d'un syndicat de dockers,James Larkin, déclenche une grève massive rassemblant catholiques et protestants, qui provoqua la colère jusque dans les rangs policiers[6].
C'est à Belfast que leTitanic, le plus grand paquebot transatlantique du monde de l’époque, fut construit par les chantiers navalsHarland and Wolff entre 1909 et 1911. Belfast possède l'une des plus grandescales sèches du monde, et les grues géantes (Samson & Goliath) du chantier naval deHarland and Wolff dominent l'horizon. Belfast était historiquement la ville industrielle la plus importante enIrlande.
Lors de laSeconde Guerre mondiale, Belfast a été l'une des plus grandes villes duRoyaume-Uni à être bombardée par les forces allemandes. Dans un premier premier temps, le gouvernement britannique avait estimé que l'Irlande du Nord serait à l'abri des bombardements grâce à sa distance par rapport à l'Allemagne, et donc l'île n'a pas été protégée des bombardements aériens. Peu d'abris ont été construits et les quelques canons que possédait Dublin ont été envoyés enAngleterre pour protéger celle-ci. Belfast a été visée en raison de son importance pour la construction navale et aéronautique, et pour prouver qu'aucune ville britannique n'était à l'abri des bombardements de la Luftwaffe.
C'est deux jours après Pâques, le mardi 15 avril1941, que deux cents bombardiers de la Luftwaffe allemande ont attaqué la ville, notamment les quartiers ouvriers et les chantiers navals.Ce bombardement a tué environ un millier de personnes et a fait plusieurs blessés, laissant environ 100 000 personnes sans abri. Ce fut, après Londres, un des plus grands bombardements de l'histoire duRoyaume-Uni[réf. nécessaire][7].
Les quartiers de Belfast en 2011 selon leur population : catholiques à plus de 80 % (vert foncé), catholiques de 60 à 80 % (vert clair), catholiques de 50 à 60 % (gris), protestants de 50 à 60 % (jaune), protestants de 60 à 80 % (orange clair), protestants à plus de 80 % (orange foncé).Fouille britannique à l'entrée d'un quartier protestant de Belfast en 1978.
en secteurs catholiques républicains, fiefs de l'IRA provisoire : une grande partie de Belfast Ouest notammentFalls Road, ainsi qu'Ardoyne etNew Lodge au nord etShort Strand à l'est;
en secteurs protestants loyalistes : une grande partie de Belfast Nord et Belfast Est,Shankill Road à l'ouest, ainsi queSandy Row etOrmeau Road au sud.
Ces différents quartiers étaient séparés par des barricades, depuis consolidées par lesMurs de la paix (Peace Lines). Belfast a ainsi vécu durant 30 ans entre attentats et émeutes. Lesguérillas urbaines étaient quotidiennes dans certains quartiers où les deux communautés s'affrontaient. La ville vivait en outre quadrillée par l'armée britannique avec de nombreux check-points et le centre-ville retranché dans une zone sécurisée. On estime que plus de 1 500 personnes ont été tuées et 20 000 blessées dans toute la ville[8].
Le retour de la paix, enjeux et difficultés actuelles
Un mur de la paix séparant catholiques et protestants.
Londres avait chargé dès1989 la Laganside Corporation, une société publique, de la revitalisation du centre-ville et des abords de laLagan, la rivière qui traverse la ville, en créant des logements, des bureaux et des infrastructures de commerce et de loisirs. Le processus de paix et la sécurisation (postes de police, caméras de surveillance) aidant, le centre-ville est redevenu un lieu particulièrement animé, où les bars, les restaurants et les clubs se multiplient[9].
Néanmoins, en dehors du centre-ville, du quartier des affaires et des zones étudiantes à l'Est, les tensions demeurent et des émeutes éclatent de manière sporadique aux abords des interfaces etmurs de la paix qui séparent les communautés, émeutes que certains n'hésitent pas à qualifier de "récréatives"[10].De plus, force est de constater que les Accords du Vendredi Saint n'ont pas refréné l'hostilité et le sentiment d'insécurité ressentie par la population dans sa majorité. Ainsi, on recense actuellement 99 cloisons immuables séparant les deux communautés[11] ; dont 48 véritablesMurs de la paix (peace lines), contre seulement 18 avant lesaccords de Paix[12].
Cave Hill, une colline de basalte surplombant la ville.Le fleuveLagan dans Belfast.
Belfast est située sur la côte nord-est de l’île d’Irlande. La ville est entourée d’une série de collines, dontCave Hill. Elle se trouve à l’extrémité occidentale duBelfast Lough et à l’embouchure de laLagan, faisant de ce site un emplacement privilégié pour l’établissement d’une industrie de constructions navales. Quand leRMS Titanic est construit en 1911-1912,Harland and Wolff est le plus grand chantier naval au monde[13].
En1994, unseuil est construit sur la Lagan pour élever le niveau du fleuve et noyer définitivement les marais qui ont donné leur nom à la ville[14] (le nom de Belfast signifie le banc de sable à l’embouchure du fleuve).
Belfast a unclimat océanique, caractérisé par des hivers relativement doux et des étés frais. Les précipitations sont bien réparties tout au long de l'année.
L'hôtel de ville (« City Hall »), œuvre d'Alfred Brumwell Thomas (1868–1948), datant de 1903, laQueen's University (1849) et d'autres constructions de stylevictorien ouédouardien sont ornés de nombreuses statues. On peut aussi y découvrir deux autres imposants bâtiments abritant des banques : l'Ulster Bank (1860) et la Northern Bank (1769).
Lebâtiment de l'Assemblée d'Irlande du Nord (« Parliament Building »), œuvre de l'architecteArnold Thornely, situé dans le quartier Stormont, fait également partie des édifices remarquables et propose une très belle vue sur la ville et ses environs. Il a été inauguré le par le princeÉdouard VIII.
À Belfast, les épisodes de la guerre civile se lisent sur les murs. Et les cicatrices mal refermées desTroubles attirent désormais les touristes. Chaque année, ils sont plus de trois millions à participer à l'un des nombreux « tours » consacrés à cette guerre[réf. nécessaire]. Avec pour attraction principale les « murals », fresques partisanes recouvrant les façades des maisons ou les murs qui séparent, encore aujourd'hui,protestants etcatholiques.
L'Ulster Museum est l'un des principaux musées de la ville. Ses expositions couvrent les beaux-arts, les arts appliqués, l'archéologie, l'ethnographie, l'histoire locale, la numismatique, l'archéologie industrielle ainsi que l'histoire naturelle avec la botanique, la zoologie et la géologie.
La ville offre également depuis 2012 le muséeTitanic Belfast, qui représente aujourd'hui la plus grosse exposition mondiale sur leTitanic, et est situé à l'endroit même où celui-ci a été construit, en 1909[15].
Depuis 2001, de nombreux quartiers culturels ont été créés. Le quartier de la Cathédrale "Cathedral Quarter" s'est développé autour de lacathédrale Sainte-Anne, et constitue le centre artistique de la ville, notamment depuis l'ouverture du MAC, centre des arts métropolitains. Le quartier botanique "Botanic Quarter" est l'un des quartiers les plus vivants, avec de nombreux bars, restaurants, la Queen's University, et les jardins botaniques de la ville.Le Titanic Quarter est le plus récent des quartiers, et constitue aujourd'hui l'un des plus gros projets de redéveloppement urbain[17] en Europe.
Le style architectural des bâtiments varie beaucoup, de l'architecture édouardienne de la mairie, aux bâtiments modernes comme le Waterfront Hall, ou le musée du Titanic. Comme pour la majorité des villes duRoyaume-Uni, plusieurs bâtiments ont unstyle victorien, dont la bibliothèque Linen Hall et également l'université de la Reine (Queen's University), qui ont été dessinés par l'architecteCharles Lanyon.
C'est à Belfast que se trouve la plus haute tour de toute l'Irlande, l'Obel Tower, qui culmine à près de 100 mètres.
La ville se développe considérablement et a de nombreux projets de construction, comme les quais de la ville (City Quays) dont les travaux ont débuté en 2014, ou les quais du Sirocco (Sirocco Quays).
Les nombreux parcs, jardins et forêts font partie du patrimoine historique de Belfast. La ville possède plus de 40 parcs publics, comme leVictoria Park. Le plus célèbre est lejardin botanique (Botanic Garden) qui abrite des centaines d'essences naturelles.
Belfast possède également ungrand zoo, avec 1200 animaux et 140 espèces.
Une coulée verte part parcourt Belfast-Est, la "Cornswater Greenway", longue de 9 km et inaugurée en 2017[18].
Plusieurs centres commerciaux sont situés dans le centre-ville. Le plus récent estVictoria Square, qui réunit près de cent boutiques, d'un très grand cinéma et de nombreux restaurants et fast-foods. L'autre grand centre commercial de Belfast est leCastle Court, qui accueille près de 16 millions de visiteurs chaque année[réf. nécessaire].
Depuis le premier gouvernement d'union élu en 1999, et le cessez-le-feu de l'IRA en 2005, le tourisme est un secteur en plein essor à Belfast. En dix ans, le nombre de visiteurs est passé de 1,5 million à plus de 9 millions en 2011. Les visiteurs sont notamment attirés par le parc botanique et sa serre, ainsi que par l'ambiance des pubs où sont souvent jouées des musiques traditionnelles.
Le tourisme à Belfast s'est intéressé très tôt aux nombreusespeintures murales nord-irlandaises de la ville. Comme àLondonderry, des visites guidées ont lieu, commentées par d'anciens militants[19].
La ville compte de nombreux clubs defootball parmi lesquelsLinfield, le club ayant remporté le plus grand nombre de fois au monde son championnat domestique,Glentoran,Cliftonville,Crusaders,Donegal Celtic.La ligue de football de haut est bien connue dans la région pour favoriser les clubs protestants et les régions protestantes dans les décisions importantes, un grand exemple étant l'expulsion de Derry City FC, qui sont d'un quartier catholique de Derry. Ils ont ensuite rejoint la Ligue de l'Irlande, la première division dans la république d'Irlande.
La société de transports publics en Irlande du Nord est leTranslink qui se compose de trois principaux services, le Metro, le NI Railways, et l'Ulsterbus. Le Metro gère le réseau d'autobus du Grand Belfast, tandis que NI Railways assure quelques liaisons ferroviaires de banlieue.
Le réseau d'autobus Translink Metro (anciennement Citybus) est composé de 12 lignes principales, avec plusieurs autres lignes. La carte du réseau et les plans des lignes sontici
La gare principale est lagare de Belfast Central (terminus pour les grandes lignes). La gare la plus proche au centre-ville est le Great Victoria Street, où se trouve aussi la gare routière (Europa Bus Centre). Les horaires se trouventici.
L'Ulsterbus propose des liaisons routières avec presque chaque ville en Irlande du Nord et plusieurs à l'autre côté de la frontière irlandaise, à partir de Belfast (du Europa Bus Centre dans le centre-ville, et du Laganside Bus Centre à l'est du centre-ville).
Il existe aussi des compagnies d'autocar privées, par exemple l'Aircoach (qui offre un service vers Dublin, via l'aéroport de Dublin).
Belfast fait aussi l'objet d'une chanson du groupe rockSimple Minds, intituléeBelfast Child.
Une chanson du groupe de musique discoBoney M. s'intituleBelfast.
La chanteuse d'origine géorgienneKatie Melua, ayant vécu à Belfast de 1993 à 1998, lui rend hommage dans l'albumCall off the Search.
Le chanteur françaisRenaud parle de la crise économique dans sa chansonBelfast mill tirée de son albumMolly Malone, Ballade irlandaise.
Le chanteurVan Morrison, né à Belfast, a écrit une chanson intituléeCyprus Avenue (présente dans l'albumAstral Weeks), une authentique rue de la ville.
Une chanson deU2 (dans le morceauStay (Faraway, So Close!),figurant sur l'albumZooropa, paru en 1993) :
"Faraway, so close Up with the static and the radio With satellite television You can go anywhere Miami, New Orleans London, Belfast and Berlin''
Le vidéoclip du titreEvery Breaking Waves deU2 présente une histoire d'amour dans le Belfast des années 1980.
Le vidéoclip du titreHalf Light du groupe Wilkinson décrit la jeunesse d'un Belfast actuel.
L'ouvrageBelfast Confetti de Ciaran Carson, recueil de poèmes, est une promenade à travers la ville, il évoque également les Troubles liés au conflit catholiques vs. protestants.
Georges Baguet,Irlande la rebelle : Belfast, 1969-1999, L'Harmattan, 2002,223 p.(ISBN2-7475-2268-7)
Florine Ballif,Les peacelines de Belfast : du maintien de l'ordre à l'aménagement urbain (1969-2002), Université Paris 12, 2006,544 p. (thèse de doctorat d'urbanisme et aménagement)