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Unbeffroi est une tourà usage séculier[pas clair], enEurope, le plus souventcommunale, hébergeant originellement descloches, mais ensuite aussicarillons,horloges ou même unphare aéronautique. Les beffrois peuvent être indépendants ou adjoints à un bâtiment public, tel un hôtel de ville. AuMoyen Âge, les beffrois symbolisent les libertés communales concédées par un suzerain qui peut le faire détruire en cas de punition[1]. Rythmant la vie civile, ou servant à alerter la population, les beffrois ont ensuite continué à contribuer au rayonnement politique ou commercial des villes.
Le mot « beffroi » est attesté à partir de 1155 sous la formeberfroi, au sens de « tour de bois mobile servant à approcher des remparts lors d'un siège » (Wace,Brut, Éditions I. Arnold, 5532 : « Dunc firent arbelastiers traire, Berfreiz lever, perrieres faire »), puis auXIIIe siècle au sens de « tour d'une ville contenant une cloche d'alarme » (Aymeri de Narbonne, Éditions L. Demaison, 315, dans T.-L. : « Ne les garra ne haut mur ne berfroi ») ; par extension,beffroy désigne la cloche elle-même (Villon,Testament, 1905, dansŒuvres, Éditions Longnon et Foulet : « Item, je vueil qu'on sonne a bransle le gros beffroy ») ;beiffroy signifie aussi auXVe siècle « charpente de moulin » (Arch. Nord, B 31, fol. 82, rodans IGLF Litt. : « On a entencion de faire faire ung nouvel beiffroy et autres ouvraiges de machonnerie au molin a blé a la Gorgue »[2]).
Beffroi est peut-être issu d'un mot gallo-roman*BERFREDU, lui-même duvieux bas francique*bergfriþu, non attesté, restitué d'après lemoyen néerlandais,berchvrede et lemoyen haut allemand,bërcvrit /bërvrit, « tour de défense » (> allemandBergfried, « donjon »). Ils remontent de manière ultime à l'étymonproto-germanique*bergafriþuz.
L'hypothèse d'un emprunt direct au moyen haut allemand ferait difficulté sur le plan phonétique, c'est pourquoi une autre étymologie par un hypothétique*bis-fridare composé dupréfixe péjoratifbes-, ber-, sur le modèle deex-fridare (« effrayer »), d'où*berfreer, d'oùberfroi littéralement « effroi, cloche servant à donner l'alarme[3],[2] », bien qu'aucune source ne fasse état d'un tel verbe.
Dans les villes duMoyen Âge, le beffroi est le symbole des libertés communales obtenues dusuzerain[4]. Sa tour abrite la cloche duban ou « bancloque », symbole de pouvoir destiné à appeler le peuple aux délibérations communales, auxexécutions capitales ou à signaler l'approche d'un ennemi[5]. Leschartes communales, qui confirment par écrit l'étendue des libertés et l'engagement du suzerain à les respecter, y sont conservées en lieu sûr[1].
À partir duXIe siècle, lescommunes libres font élever des beffrois[6]. Après l'obtention de leurs seigneurs du droit de s'administrer elles-mêmes par deschartes, l'érection de tels monuments marque leur autonomie et leur puissance. De plus, unehorloge sonnant les heures symbolise un changement dans le découpage du temps. Auparavant, la journée était rythmée par les huitheures canoniales sonnées par les clochers des églises et des monastères :matines,nones,vêpres, etc. Le temps que marquaient ces sonneries était un temps divin. Avec l'avènement de la bourgeoisie urbaine, la construction d'un beffroi sonnant les heures marque le passage à un tempsprofane, consacré au commerce ou à l'annonce d'un danger ou d'une alerte à destination des habitants de la commune[7].
Construits entre leXIe et le XVIIe siècle, leur style architectural est roman, gothique, Renaissance et baroque[8]. Le plus ancien beffroi de France est celui deMillau, construit auXIIe siècle, mais il n'a eu un rôle communal qu'auXVIIe siècle. Celui dePoitiers a été construit en 1199, suivi par lebeffroi d'Abbeville construit en 1209, à l'initiative ducomte de Ponthieu.
Les villes deBelgique et du nord de la France sont célèbres pour leurs beffrois.
Le plus ancien de Belgique est lebeffroi de Tournai, lui aussi construit auXIIe siècle.
Dans le nord de la France et en Belgique, les beffrois continueront d'être construits du Moyen Âge jusqu'auXXe siècle.
Dans certaines villes, des victuailles ou des objets sont lancés du beffroi à la foule massée à son pied lors d'une fête. Il s'agit souvent de traditions anciennes, interrompues puis remises à l'honneur. ÀComines, la foule se dispute de grosses cuillers en bois nommées « louches ». ÀArmentières, les spectateurs attrapent de petits biscuits appelés « nieulles ». ÀTournai, ce sont de petitespâtisseries en forme de bonshommes appelées « pichous ». Aucarnaval de Dunkerque, on jette desharengs fumés. ÀYpres, si la tradition voulait jadis qu'on lance des chats vivants, actuellement on se contente de lancer des chats enpeluche[9].
Lesbeffrois de Belgique et de France ont été inscrits sur laListe du patrimoine mondial de l'UNESCO en 1999 et 2005.
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