Pour les articles homonymes, voirBeauce.
| Beauce | |
Champ d'orge entreDreux etChartres,Eure-et-Loir. | |
| Pays | France |
|---|---|
| Subdivision administrative | Centre-Val de Loire Île-de-France |
| Subdivision administrative | Essonne Eure-et-Loir Loir-et-Cher Loiret Yvelines |
| Villes principales | Chartres Châteaudun Étampes Vendôme Pithiviers |
| Coordonnées | 48° 12′ 00″ nord, 1° 42′ 00″ est |
| Superficie approximative | 5 740 km2 |
| Géologie | sous-sol calcaire |
| Relief | Plateaux |
| Production | céréales,oléagineux,betterave sucrière,pomme de terre |
| Communes | 450 |
| Régions naturelles voisines | Drouais Pays d'Yveline/Haute Vallée de Chevreuse Hurepoix Gâtinais Val de Loire orléanais Blésois Gâtine tourangelle Perche |
| Régions et espaces connexes | Pays d'Auneau Pays Chartrain Dunois Petite Beauce ou Beauce Vendômoise Pithiverais Pays stampien |
La Beauce en France métropolitaine (en vert) | |
| modifier | |
LaBeauce est unerégion naturelle française à vocationagricole très fertile qui couvre près de600 000 hectares (6 000 km2) répartis sur cinq départements duBassin parisien.
Elle est historiquement rattachée à la province de l'Orléanais.
Leshabitants de la Beauce sont lesBeaucerons et les Beauceronnes.
La Beauce est située au sud-ouest deParis et s'étend sur plusieurs départements : l'Est de l'Eure-et-Loir et les moitiés duLoir-et-Cher et duLoiret situées au nord de laLoire, ainsi qu'une petite partie de l'Essonne, desYvelines et deSeine-et-Marne. Elle est délimitée au nord par laforêt de Rambouillet, à l'est par l'Essonne et laforêt de Fontainebleau, au sud par leVal de Loire, et à l'ouest par leLoir[1].
L'altitude moyenne est de 140 m[2].
Territoire défriché dès leNéolithique, les arbres y sont depuis longtemps rares, dans une campagne au paysage de plaine, dominé au loin par lacathédrale Notre-Dame de Chartres.
| Départements | Petite région agricole (PRA)[3] | SuperficieSAU enha[4][réf. incomplète] |
|---|---|---|
PRA « Beauce - 28 » | 213.563 | |
PRA « Beaucedunoise - 28 » | 67.299 | |
PRA « Beauce dePatay - 45 » | 36.541 | |
PRA « Beauce riche - 45 » | 77.258 | |
PRA « Beauce - 41 » | 98 470 | |
PRA « Beauce - 91 » | 55.746 | |
PRA « Beauce - 78 » | 10.996 |
Le département d'Indre-et-Loire en occupe aussi une partie[Laquelle ?].[réf. nécessaire]
Leplateau de la Beauce[2] fait partie de la structure géologique duBassin parisien, et y correspond à une zone d'affleurement des calcaires (issu des dépôts sédimentaires d'un grand lac qui recouvrait la région durant l'ère Tertiaire) déposés entre l’Éocène moyen (43 millions d'années) et le début duMiocène (25 millions d'années).L'étude des roches et des fossiles permet de reconstituer l'environnement de l'époque : la Beauce est alors une vaste zone creuse couverte de lacs et de marécages. Le climat est subtropical (avec des périodes sèches alternant avec des périodes de pluie) comparable à celui de l'Afrique australe actuelle.
L'appellationcalcaire de Beauce recouvre principalement le calcaire de Pithiviers (aquitanien) et le calcaire d'Étampes (stampien).
Lesol recouvrant le tout est composé delœss oulimons[1] déposé à l'époque glaciaire du Würm ; cette couche est d'une épaisseur de l'ordre du mètre. C'est la très grande richesse en complexes argile-humus-calcium qui donne la fertilité au sol de la Beauce.
Le climat en Beauce est relativement sec avec une pluviométrie moyenne variant de 550 à 600 mm/an[6] selon les secteurs. En effet, les perturbations océaniques sont très atténuées l'hiver par la présence des collines normandes à l'ouest et sont en marge d'un certain nombre de dégradations orageuses estivales se produisant sur l'axe classique qui s'étend du sud-ouest au nord-est du pays. Ces deux effets conjoints forment une "bulle sèche" dans tout le Bassin parisien, comprenant donc la Beauce[7]. Néanmoins, les orages bénéficient de vastes terrains plats ne donnant aucune contrainte aux vents qui les structurent, ceux-ci ont donc la particularité d'être parfois très virulents. En 2014, les grêlons ont atteint jusqu'à 10 voire 13 cm sur le Loiret, l'Eure-et-Loir et l'Essonne[8]. Certaines villes, commeJanville ont été touchées durement plusieurs fois en deux ans, l'épisode de juin 2013 étant le plus violent en occasionnant plus de 450 000 € de dégâts[9].
Outre les orages, le climat Beauceron est relativement stable, océanique dégradé et sec. Ainsi, même si les hivers sont globalement gris et frais (0 à +10 °C), les étés sont assez chauds, secs et ensoleillés permettant de nombreuses cultures.


Deux bassins versants s'y rencontrent : le bassin Loire-Bretagne et le bassin Seine-Normandie[1].
Le réseau hydrographique de surface se limite à quelques cours d'eau : l'Essonne et l'Eure (affluents de laSeine) s'écoulent respectivement vers le nord et vers le nord-ouest et leLoir (affluent de laLoire) s'écoule vers l'Ouest.
La nature perméable du sol ne retient pas l'eau en surface[10]. Le sous-sol calcaire, par contre, estaquifère et a permis la formation de lanappe phréatique de Beauce. Elle est à l'origine de nombreuses résurgences telles que la fontaine Sainte Radegonde àCour-sur-Loire, la source des Eaux Bleues àTavers ou la fontaine Rabelais àSaint-Ay.
Lanappe phréatique de Beauce est la réserve d'eau potable la plus étendue en Europe, avec une surface de près de 9 000 km2 s'étendant sur six départements. Ses réserves sont estimées à près de 20 milliards de mètres cubes, en quoi elle totalise beaucoup moins que la nappe phréatique de laplaine du Rhin (35 milliards de mètres cubes sur la partie alsacienne seulement - source APRONA).
Ses limites sont la Seine et laRémarde au nord, leLoing à l'est, la Loire au sud, et le Loir à l'ouest[1].
Le nom de Beauce n'est pas réservé au vaste plateau céréalier qui s'étend au sud de l'Île-de-France. En fait Beauce est le nom d'un certain nombre de parcelles ou lieux-dits, non seulement en Île-de-France, mais en Orléanais, en Berry : le terme désigne toujours des plateaux défrichés. Il est issu du mot gauloisbelsa cité notamment par un grammairien latin duVe siècle comme ayant le sens du latin « campus », c'est-à-dire « espace découvert »[11].
À l'époque de laGaule celtique puisromaine, la Beauce fait partie du territoire desCarnutes, puis de la civitas Carnutum et de la civitas Aurelianorum. AuMoyen Âge elle fait partie de la Neustrie, puis de la province de l'Orléanais durant les temps modernes, avant d'être démembrée en plusieurs départements.
Durant l'Antiquité puis le Moyen Âge, les plaines de la Beauce étaient parmi les plus importantes et les plus prospères d'Europe occidentale[12].
Les faucheuses-javeleuses, présentées à l'Exposition universelle de 1878, ne commencent à se répandre en Beauce que vers1890. Elles ne lient pas les javelles (gerbes)[13].
Le battage du grain s'effectue mécaniquement avec une « trépigneuse » ou « terpigneuse » : une charrette porte une sorte de tapis roulant entouré d'une cage. Un cheval placé dans la cage est contraint d'activer les rouleaux du tapis en marchant lorsqu'on incline la charrette - mais celui-ci se fatigue vite et il faut en changer souvent. Ce battage mécanique perdurera longtemps après les débuts de la batteuse à vapeur[13].


| Département | Petite région agricole (PRA) | Nombre d'intercommunalités | Nombre de communes | Pourcentage de communes |
|---|---|---|---|---|
| Eure-et-Loir | « Beauce - 28 » | 7 | 182 | 44 % |
| « Beaucedunoise - 28 » | 3 | 37 | 9 % | |
| Loiret | « Beauce riche - 45 » ouPetite Beauce (partie) | 5 | 50 | 12 % |
| « Beauce dePatay - 45 » | 3 | 22 | 6 % | |
| Loir-et-Cher | « Beauce - 41 » ouPetite Beauce (partie) | 5 | 70 | 17 % |
| Essonne | « Beauce - 91 » | 3 | 47 | 11 % |
| Yvelines | « Beauce - 91 » | 1 | 6 | 1 % |
| Total | 27 | 414 | 100 % |
Les villes principales sontChartres,Châteaudun etÉtampes.
En 2025, la Grande-Beauce regroupe 171 communes agricoles :


En 2025, la Beauce dunoise compte 35 communes.
En 2017, la « Beauce riche » ou « Petite Beauce » du Loiret regroupe 50 communes, réparties dans 5 communauté de communes :
En 2017, la Beauce dePatay est composée de 22 communes :

Le département comprend la plus grande partie de laPetite Beauce. En 2017, cette « petite région agricole » regroupe dans le département 70 communes dans 5 intercommunalités, dont 2 communautés d'agglomération,Blois etVendôme :
Depuis 2006, une partie de la Petite Beauce est classéeZone de Protection Spéciale dans le réseau Natura 2000 pour la conservation des espèces d'oiseaux sauvages. Cette zone s'étend sur le territoire de 49 communes du département, 21 communes en totalité et 28 communes partiellement[14].
En 2017, cette PRA regroupe 47 communes dans 3 intercommunalités :

Cette petite région agricole se situe à l'ouest de la pointe sud du département, limitrophe de l'Eure-et-Loir. Les six communes figurant dans la PRA « Beauce - 78 » (code 78342) font partie ducanton de Rambouillet et de la communauté d'agglomérationRambouillet Territoires[3] :Ablis,Allainville,Boinville-le-Gaillard,Orsonville,Paray-Douaville,Prunay-en-Yvelines.
Traditionnellement appelée le « grenier de la France »[13] (grenier àblé), la Beauce est toujours essentiellement une vaste étendue de culturescéréalières, oléagineuses (colza) et protéagineuses (pois,féverolle,lupin), avec également de labetterave sucrière, et de lapomme de terre.
La partie céréalière de la production est diversifiée sur plusieurs types de cultures[15] :
La production des autres céréales, comme leseigle, ou l'avoine, largement moins répandue en Beauce, est destinée auxsemenciers et à la meunerie. La production de semences, en Beauce, est plus tournée vers le secteur des plantes potagères.Elle constitue l'exemple d'un espace consacré aux cultures intensives et industrielles.
L'élevage n'est pas absent de l'agriculture beauceronne, avec la productionbovine,équine, et devolailles[15].
Les premiers tracteurs agricoles à moteur à combustion interne apparaissent après laPremière Guerre mondiale. Lemachinisme agricole motorisé atteint son apogée dans la seconde partie duXXe siècle et se substitue à la force humaine et animale pour les travaux des champs.
Basé sur la disponibilité abondante d'hydrocarbures fossiles à très grande densité énergétique et soutenu par le génie chimique et agronomique, le système productif modernisé permet d'une part de produire industriellement et transporter à faible coût de nombreuxintrants dont l'usage se généralise pour doper la croissance des plantes et lutter contre lesbioagresseurs (vecteurs de maladies,ravageurs etadventices), et d'autre part de labourer, semer, traiter et récolter efficacement avec une main-d'œuvre très réduite chargée de piloter le travail des puissantes machines agricoles. Grâce à la sélection variétale et la multiplication des apports azotés, le rendement annuel moyen en blé tendre à l'hectare, d'une valeur stable de 12 quintaux duXIIe siècle au milieu duXIXe siècle, passe de 16 quintaux en 1946 à 25 en 1950, 45 en 1975, 70 en l'an 2000[16],[17].
| Culture | Charges d'exploitation (€/ha)[Note 3] | Rendement moyen (q/ha) ± 20 % | Seuil de rentabilité à bas cours (q/ha) | Seuil de rentabilité à rendement moyen (€/q) | CoursFOB (€/q) | Prix moyen(€/ha) | Excédent brut d'exploitation moyen (€/ha) | Amort. (€/ha) | Frais fin. et rémun. des capitaux propres (€/ha) | Résultat net moyen (€/ha) hors aides à la production |
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| Blé tendre | 1 319 | 77 | 95 | 17 | 14 à 23 | 1 078 à 1 771 | −241 à +452 | 290 | 80 | −611 à +82 |
| Blé dur | 1 382 | 65 | 77 | 21 | 18 à 29 | 1 170 à 1 885 | −212 à +503 | 261 | 85 | −558 à +157 |
| Orge et escourgeon | 1 181 | 71 | 66 | 17 | 15 à 25 | 1 065 à 1 775 | −116 à +594 | 286 | 68 | −470 à +240 |
| Maïs grain | 1 806 | 109 | 106 | 17 | 15 à 20 | 1 635 à 2 180 | −171 à +374 | 276 | 68 | −515 à −30 |
| Colza | 1 331 | 36 | 38 | 37 | 35 à 40 | 1 260 à 1440 | −71 à +109 | 276 | 75 | −422 à −242 |
| Betterave sucrière | 2 038 | 780 à 950 | 1 200 | 2.6 | 1,7 à 2,8 | 1 326 à 2 660 | −712 à +622 | 398 | 177 | −1 287 à +47 |
| Pommes de terre | 3 229 | 450 (300 à 500) | 807 | 7 | 4 à 33 | 1 880 à 14 850 | −1 229 à +6 671 | 1 971 | 47 | −3 247 à +4 653 |
L'investissement financier nécessaire pour atteindre le seuil de rentabilité d'une production céréalière à grand rendement est soutenu par lapolitique agricole commune (PAC). L'intervention publique est portée par lefonds européen d'orientation et de garantie agricole (FEOGA) qui assure un prix minimal et subventionne les exportations tandis que le prix des terres agricoles est maintenu bas par chaquesociété d'aménagement foncier et d'établissement rural (SAFER). Cette politique de subvention publique est réduite lors de l'entrée en vigueur de l'accord instituant l'organisation mondiale du commerce en 1992, le soutien des prix est démantelé et remplacé par des aides directes à la production.
S'inscrivant dans la croissance desTrente Glorieuses soutenant les grandes exploitations productivistes dans une société de consommation devenue majoritairement urbaine, la filière agricole se transforme en un système agro-industriel intégré, tandis que l'emploi agricole se réduit et qu'est marginalisée la petite propriété agricole qui avait été la base des politiques agrariennes de la Révolution française à laQuatrième République.« Dans cette grande transformation de l'agriculture que le sociologueHenri Mendras qualifie de « fin des paysans », l'énergie, la fertilisation des sols, les semences, la protection des plantes, comme la reproduction et la santé des bêtes, autrefois autoproduites à la ferme, sont désormais achetées au secteur industriel (tracteurs, pétrole, engrais, semences et variétés certifiées, pesticides, etc.) ; la terre est dorénavant conçue comme outil de production commerciale, plutôt que comme rente ou comme terroir rattachant à une tradition[23]. » Sous laCinquième République et dans le contexte des politiques coordonnées à l'échelle européenne, la chaîne de valeur se déplace vers l'aval où opèrent, loin du territoire de récolte, les conglomérats agro-alimentaires mondialisés.
L'irrigation par aspersion des surfaces agricoles fait son apparition en Beauce dans les années 1960, coïncidant avec l'introduction de la culture du maïs[16].« L'irrigation s'est développée depuis la sécheresse de 1976 et a augmenté avec les années de sécheresse de 1989 à 1992. (…) En 1995, on estime que 2/3 des surfaces cultivées sont irriguées : de l'ordre de 20 % pour l'orge, 60 % pour le blé, 80 % pour le maïs, 100 % pour la betterave. (…) Après d’importants problèmes de sécheresse avec une très faible recharge (1988-1994) et la surexploitation des nappes[Note 4] », l'altitude piézométrique de la nappe de Beauce a subi une baisse importante.
Au début duXXIe siècle, les externalités négatives induites par l'agriculture productiviste (telles que les pollutions parexcès de nitrates etproduits phytosanitaires déversés par l'industrie agricole et qui se retrouvent présents dans les eaux superficielles[16] et les résistances croissantes des pathogènes aux produits phytopharmaceutiques) et l'appauvrissement en matière organique des sols[16] (ce qui nuit à leur aptitude à la production végétale) mettent en exergue l'agroécologie et l'agriculture biologique en France, dont un enfant ducanton d'Orgères-en-Beauce, André Birre[24],[25], cofondateur de l'associationNature et Progrès[26], avait été le promoteur depuis 1948 avec sa « Croisade pour l’humus »[27],[28],[29]. Une place centrale est alors donnée à la durabilité dessystèmes agricoles[30], visant à ce qu’« à travers les pratiques déployées, les agrosystèmes intègrent les fonctionnalités écologiques qui garantissent leur propre pérennité, notamment en termes de reconstitution de stocks de nutriments et de maintien du potentiel productif[31]. »
Le séquençage du génome des plantes cultivées apporte une compréhension nouvelle des voies métaboliques qui gouvernent leur rendement, l’économie de l’eau, la résistance aux maladies, au chaud ou au froid, et conduit à des hybridations performantes.
La région est traversée par de grands axes de communication comme les autoroutesA10 etA11, et laligne de Paris-Austerlitz à Bordeaux-Saint-Jean et laLGV Atlantique. L'autoroute A154 et la ligneLGV Paris Orléans Clermont-Ferrand Lyon traverseront également la région, lorsque ces projets arriveront à leur terme. Lavoie d'essai de l'aérotrain d'Orléans y subsiste au nord d'Orléans.
Depuis2005, la Beauce accueille, notamment enEure-et-Loir le long de l'autoroute A10, un important parc d'éoliennes[32].
Parmi les édifices remarquables, sont notamment à citer lacathédrale Notre-Dame de Chartres et les châteaux deMaintenon et deChâteaudun.