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| Densité | 153,5 hab./km2 () |
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Bayt Nabala ouBeit Nabala est un villagearabe palestinien dusous-district de Ramle. Situé dans le territoire attribué à l’État arabe dans leplan de partage de la Palestine en 1947, rejeté par les Arabes et jamais mis en œuvre[2],[3],[4], il a subi unnettoyage ethnique en 1948, comme descentaines d’autres villages palestiniens. En 1945, il avait 2310 habitants.

Le village de Bayt Nabala était construit sur une colline rocailleuse, dominant vers le sud-ouest la plaine autour deLydda. Situé à une altitude de 100 mètres, il relevait dusous-district de Ramle, se trouvant à 10 kilomètres au nord-est du chef-lieu. La route principale allant deJaffa àJérusalem en passant parRamla et Lydda passait à l’ouest du village. Le village était également desservi par une gare située sur une ligne secondaire aujourd’hui abandonnée, qui était reliée à la ligne métrique deTulkarem à lagare de Lydda (en)[5]. Le village était placé entre trois vallées, celle d’al-Shami au nord, celles de Kereikah et duWadi Sarar au sud, dont les rivières connaissaient un écoulement l’hiver[6].
La superficie totale du village était de 15 051 dounams (15 kilomètres carrés)[7] dont 624 dounams (62 hectares) de terres publiques, le reste appartenant à des Arabes[5]. Sur ce total, 2892 dounams (289 hectares) étaient des terres incultes[5]. Les cultures de céréales occupaient 10 197 dounams (1020 hectares), les plantations d’agrumes et de bananiers 226 dounams, 1733 dounams étaient classés comme terres irrigables ou vergers[8],[9].
Deuxkhirbats se trouvaient au sud du village[5].

Le nom du village signifiela maison du tir à l’arc[10].
Bayt Nabala est identifié à l’antiqueBeth Nabala/Beth Nablata[11].


La Palestine est conquise par les armées de l'OttomanSélim Ier en 1517, grâce à leur victoire sur les arméesmameloukes à labataille de Marj Dabiq, et annexée à l'Empire ottoman.En 1526, Bayt Nabala relevait de lanahié (sous-district) deRamla et de laliwa (district) d’al-Quds (Jérusalem). Selon ledefter (registre fiscal), le village payait 500akçe par an[12]. Dans ledefter de 1596, Bayt Nabala est mentionné comme relevant de laliwa de Gaza ; le même document recense 54 foyers musulmans, soit environ 300 habitants. Ils payaient un impôt à taux fixe de 33,3 % sur plusieurs de leurs récoltes, dont le blé, l’orge, les olives, les fruits, les chèvres, les ruches et un pressoir à double usage, pour l’huile d’olive et le vin, plus d’autres revenus occasionnels. Le total des impôts s’élevait à 8688akçe[13].
AuXVIIe siècle, le village reçoit les réfugiés deBeit Qufa, qui durent abandonner leur village à cause des raids des nomades et desaffrontements entre les Qays et les Yaman (en)[14].
AuxXVIIIe et XIXe siècles, Beit Nabala appartient à la nahié deLydda (actuelleModiin-Maccabim-Reout), au sud de l’actuelleEl'ad, et qui allait du piémont à l’est jusqu’aux abords deJaffa à l’ouest. Cette région était peuplée de milliers d’habitants dans une vingtaine de villages, cultivant des dizaines de milliers d’hectares[15]. SelonRoy Marom,« Bayt Nabālā était au centre des affrontements entre Qays et Yaman ». Les premiers habitants de Bayt Nabala étaient le clan Qaysi "al-Sharāqa". Selon les traditions locales, Salām, un Yamani, arriva dans la région et s’installa dans les grottes près de Bayt Nabālā.« Quand un conflit éclata entre Bayt Nabālā etal-Ḥadītha, Salām profita de la situation critique des habitants de Bayt Nabālā pour les dominer, et ses trois fils – Zayd, Nakhla et Ṣāfī – s’installèrent au village. Les relations entre les clans étaient tendues, et elles tournaient souvent à l’affrontement violent. Un des chefs des Qaysī, ‘Ābid, du vieux clan des al-Sharāqa, menait ses forces et ses alliés deJayyous et deDayr Abū Mash‘al contre les soutiens des Yaman, àQibyā etDayr Ṭarīf (en). Avec l’aide des familles Yamanī, puissantes et influentes – les al-Khawāja deNi‘līn la famille desAbou Gosh – Ṣāfī réussit à persuader les autorités d’arrêter ‘Ābid et de l’éliminer. Ṣāfī réussit alors à faire passer Dayr Ṭarīf,al-Ṭīra,Qūla,Fajja (en) etMulabbis (en) sous son contrôle[16] ».
En 1870,Victor Guérin visite Bayt Nabala et estime sa population à environ 900 habitants. Il identifie Bayt Nabala avec l’antiqueNeballat, mentionné dans lelivre de Néhémie. Il note les citernes creusées dans la roche et lesoliveraies autour du village[17].Socin, dans une liste de villages ottomane de la même année ou environ, trouve que 108 maisons sont recensées à Bayt Nabala et une population masculine de 427 hommes, les femmes n’étant pas recensées dans ce document[18].Hartmann lit 118 maisons àBet Nebala[19].
En 1882, l’enquête duPalestine Exploration Fund décrit Bayt Nabala comme un village de taille moyenne, situé en bordure de plaine[20].
À partir de la fin duXIXe siècle, les habitants de Beit Nabala cultivent les terres du village abandonné deJindas[16].



De 1915 à 1918, les combats de lacampagne du Sinaï et de la Palestine permettent auRoyaume-Uni de faire la conquête de laPalestine. La région de Bayt Nabala est conquise en novembre 1917 et la Palestine est administrée commeterritoire conquis jusqu'en 1923 puis sous l'autorité d'unmandat de la Société des Nations.
Le vieux puits du village était creusé à 100 mètres de profondeur[6]. Une école primaire est créée en 1921 ; elle avait 230 élèves en 1946–47[21]. Elle était dotée d’une bibliothèque et huit instituteurs y enseignaient. Quelques filles se mêlaient aux garçons[6]. À cette époque, le village avait une forme rectangulaire, avec deux rues principales se croisant au centre et des rues secondaires parallèles. La mosquée, l’école et les boutiques étaient regroupées à cette intersection centrale. Les maisons étaient construites en pierre. Les habitants tiraient leurs revenus de l’agriculture, principalement du blé, des olives, du raisin et des agrumes. Despuits artésiens permettaient d’irriguer les plantations d’agrumes[5]. L’économie était largement non-monétaire, des paiements se faisaient en nature entre habitants du village. Une clinique se trouvait à proximité, à Lydda et un barbier assurait les soins de base[6]. Lemoukhtar du village,Hadj Mahmoud Hussein, possédait une radio, grâce à laquelle le village fut au courant des évènements des débuts de lapremière guerre israélo-arabe via la radio britanniqueNear East Broadcasting Station (en)[6]. Les vergers étaient plantés defiguiers,amandiers etfiguiers de Barbarie[6].
Aurecensement de la Palestine mandataire de 1922 conduit par lesautorités britanniques, Bait Nabala a une population de 1324 inhabitants, dont 1321 musulmans et 3 chrétiens[22]. Aurecensement de 1931, Bayt Nabala est recensé avecKafr Jinnis ; ensemble, les deux villages ont 1758 habitants, tous musulmans, dans 471 maisons[23],[5].
L’Empire britannique installe un camp militaire au pied du village[5] où quelques habitants travaillent[6]. Ce camp servait de base logistique, avec entrepôts et usines de fabrication d’équipements militaires (jerrycans pour l’eau et le carburant). Ils construisent également une voie ferroviaire secondaire reliant cette usine au réseau deschemins de fer de Palestine. Cette base est réutilisée par l’armée israélienne après 1948. L’usine a été abandonnée et les voies ferrées ont été démantelées.
Le camp britannique était doté d’une piscine et d’unYMCA, réservés aux Britanniques.
En 1934, l’aéroport de Lydda est construit à proximité du village ; doté de quatres pistes, il offre un spectacle aux enfants de Bayt Nabala qui l’observent du haut de leur village[6].
Quelques hommes du village participent à lagrande révolte arabe en 1936-1939 sous le commandement d’Hassan Salameh,sabotant lignes électriques et voies ferrées[6].
Dans lesstatistiques de Village de 1945, le village a une population de 2310 musulmans[24],[7].


Les nouvelles des horreurs de la guerre menée par lessionistes pourvider la Palestine de ses habitants arabes parviennent à Bayt Nabala. Ils apprennent ainsi l’attaque surAl-'Abbasiyya village voisin de Bayt Nabala, le 13 décembre 1947, qui fait plusieurs morts arabes[6]. Un habitant du village qui travaillait à la base militaire britannique est tué peu après : des combattants palestiniens conduisent une opération en réponse[6]. Le village décide de se joindre à la résistance : une collecte rassemble 100livres palestiniennes (les femmes vendent leurs bijoux pour contribuer), et des fusils sont achetés à Gaza et en Égypte. Quelques hommes avaient aussi conservé des fusils britanniques de laSeconde Guerre mondiale[6]. Le 9 avril, c’est lemassacre de Deir Yassin, le 13 mai,celui d’Abou Shousha, très proche de Bayt Nabala, etbien d’autres. Les réfugiés expulsés de leurs villages et fuyant vers l’est racontent les atrocités commises par les Israéliens[6].
Benny Morris écrit que les habitants de Bayt Nabala abandonnent le village en suivant les ordres des autorités arabes le 13 mai 1948. SelonWalid Khalidi, cela ne peut être confirmé[8]. SelonAl Jazeera, les responsables de l’armée arabe souhaitaient faire du village une base de combats, et une partie des habitants est partie à ce moment-là, d’autres sont restés[6].
Le village de Bayt Nabala fait partie des cibles données à l’armée israélienne lors de l’opération Dani (qui s’achève le 18 juillet)[5]. Celle-ci nettoie la zone autour de Bayt Nabala : les villages deQoula,al-Tira,Dayr Tarif,Khirbat al-Duhayriyya,Jimzu etDaniyal sont vidés de leur population le 10 juillet, sans compterLydda etRamle ;al-Haditha etJindus le 12 juillet,Dayr Abu Salama le 13 juillet[6].
Le 11 juillet, des commandos israéliens prennent le village d’assaut pour contrer une offensive arabe surWilhelma, occupée par les forces israéliennes. Le 12 juillet, les forces arabes reprennent Bayt Nabala et y installent des positions d’artillerie pour défendreLydda. Des blindés participaient à l’opération. Le lendemain 13 juillet, les Israéliens, avec chars et voitures blindées, reprennent Bayt Nabala. Le 14 juillet, le village est situé dans unno man's land[5]. Un bombardement aérien a lieu entre Dayr Tarif et Bayt Nabala en juillet, avant l’expulsion du village[6].
Lors de l’expulsion de Lydda, les soldats israéliens forcent une partie des habitants à aller à Bayt Nabala[5]. Après lachute de Lydda et Ramle, l’armée de libération arabe place unecompagnie à Bayt Nabala[5]. Sans que la date précise soit connue, il est probable que Bayt Nabala tombe entre ce jour et la fin de l’opération Dani, le 18 juillet[5]. À cette date, lenettoyage ethnique de la Palestine s’est déjà traduit par l’expulsion de plus de 300 villages arabes[6].
Les habitants, quelque soit la date de leur départ, partent en marchant vers les villages voisins, parfois en ne portant que les vêtements qu’ils avaient sur eux en partant. Certains font étape dans une oliveraie du village : d’autres marchent jusqu’à Budros (à 4,5 kilomètres),Deir Ammar (15 kilomètres),Shuqba. Certains reviennent chercher leurs titres de propriété ou leur argent : il y a eu des tués parmi ceux-là. Parfois leur errance se poursuit pour vivre dans une bergerie pendant des années. Pendant laNakba, des familles et des voisins sont séparés, certains n’ayant plus jamais de nouvelles les uns des autres[6].
Le village est détruit par l’armée israélienne le 13 septembre 1948[25], après une demande formelle deDavid Ben Gourion aucomité ministériel des propriétés abandonnées[5]. Les réfugiés de Bayt Nabala furent dispersés vers lescamps de réfugiés deDeir 'Ammar,Ramallah, Bayt Tillow,Rantis etJalazone. Parmi les clans qui vivaient à Bayt Nabala se trouvent les AlHeet, les Nakhleh, les Safi, les Al-Sharaqa, les al-Khatib, les Saleh et les Zaid.
Les colonies deKfar Truman[8] et deBeit Nehemia[8] (ouBeit Nechemya) sont installées sur les terres de Bayt Nabala, respectivement en 1949 et 1950[5]. L’aéroport international de Tel Aviv-David Ben Gourion, extension de l’ancien aéroport de Lydda, occupe 116 dounams (11 hectares) des terres de Bayt Nabala. Une autre partie des terres du village ont servi à la plantation de la forêt de Shoham par leFonds national juif, qui a planté des amandiers et des oliviers à l’emplacement des vergers et des oliveraiese du village[6].
Voici comment Walid Khalidi décrit ce qui subsiste du village en 1992 :« Le site est envahi d’herbes, d’épineux, de cyprès et de figuiers. Il se situe à l’est de la colonie de Beyt Nechemya, vers l’est de la route vers l’aéroport de Lod (Lydda). Sur les lisières, on trouve les restes de carrières et de maisons écroulées. Des pans de murs sont encore debout. Les terres autour du village sont cultivées par les villages israéliens[8]. »
Selon la Palestinian Heritage Foundation, les robes de Beit Nabala (tout comme celles deDayr Tarif)« étaient habituellement confectionnées dans des tissus de coton, de velours ou de soie kermezot. Des ajouts de taffetas brodés dans le style deBethléem au point couchant avec des fils d’or et d’argent sur les empiècements, le panneau de poitrine, les manches et la jupe. Dans les années 1930, le velours noir devint populaire, et les robes furent brodées directement sur le tissu avec du fil marron ou orange brodé en fil couché, technique qui devint célèbre ensuite[26]. »
Lors des danses de mariage, les habitants de Bayt Nabala avaient une façon particulière de danser le sahjeh, la danse des mariages : elle était appellée le sahjeh nabaliyeh, pour lequel ils étaient connus dans la région. Ils pratiquaient aussi les courses de chevaux à ces occasions[6].
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