Pour l'abri de certains mammifères, voirBauge (zoologie).
Labauge est une technique de construction servant à monter des ouvragesmonolithiques enterre crue. La terre, tirée généralement du site de construction, est mélangée à de l'eau pour atteindre un état plastique, puis empilée par motte pour former des ouvrages. Les surfaces verticales de ces ouvrages sont retaillées après un court temps de séchage, avant que la terre ne durcisse complètement. La bauge peut constituer des murs porteurs de plusieurs étages[1].
La bauge est l'une des techniques de construction les plus anciennes, et reste aujourd'hui utilisée dans de nombreux pays. Elle s'inscrit dans la famille des techniques deconstruction en terre, au côté dupisé, de la maçonnerie enbrique de terre (adobe), dutorchis, des enduits de terre, ou de techniques plus récentes tels que la terre allégée, la terre coulée, ou laBTC.
La bauge désigne une technique composite, du fait de son ancienneté et de son universalité.
Pays | Noms traditionnels |
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Afghanistan | pakhsa |
Belgique | tourton |
Rep. Tchèque | nakladani, valek, války |
Afrique de l'est | daga |
France | bauge, bigôt, bouzillage, caillibotis, coque, daube, gachcoul, mâsse, mâssé, mur d’argile, paio-bard, paillebart, paillebort, palhobard, pâtons de mâssé, terre, torchis |
Allemagne | lagenlehmbau, lehmweller, wellertechnik |
Hongrie | vályog |
Iran | chinch |
Irak | tawf |
Irlande | tempered clay |
Italie | atterati, maltone, massone |
Madagascar | tamboho, tovam-peta |
Portugal | terra empilhada, terra modelada |
Espagne | chamizo, muro amasado, pared de mano,terra apilado, terra amassado, fang[Quoi ?] |
Slovaquie | lepanice, nakladana stavba, vykladanie, valok |
Soudan | jalous |
Turquie | pasha |
Royaume-Unie | clay dab, clay dabbin, clob, clom, cob, dab, daubin, dung wall, korb, mudwall, mud walling, puddled earth, tai clom, tai mwd, tai prid, witchert, wychert |
Afrique de l'Ouest | banco, banko, terre de bar, swish |
Yémen | zabour, zabur |
Le termebauge en France a été généralisé par les écrits savants[2],[3] afin de pouvoir y regrouper l'ensemble des techniques similaires et mieux communiquer à échelle nationale. Ainsi, certaines mises en œuvrevernaculaires qualifiées de bauge se rapprochent beaucoup del'adobe, dutorchis ou dupisé.
La bauge est répandue enEurope,Afrique,Asie etAmérique[4]. On compte au moins 200 000 bâtiments en bauge en Europe, dont 50 000 enAllemagne, 40 000 dans leDevon (Grande-Bretagne), 30 000 enIlle-et-Vilaine et 20 000 dans laManche[2]. Cependant, d'autres études relatent 300 000 bâtiments en bauge rien qu'en France[5]. En France, on rencontre de la bauge principalement enBretagne (pays deRennes)[n 1] et enNormandie (marais du Cotentin et du Bessin[6],Eure), mais aussi dans lemarais breton vendéen[7], dans laSarthe[8], dans laVienne[9], ou encore dans lePas-de-Calais[10].
En Europe, on la retrouve principalement dans les milieuxruraux, du fait de l'espace nécessaire à sa mise en œuvre, de l'épaisseur conséquente des murs, ainsi que du temps de séchage pouvant constituer une gène en milieu urbain[11].
Les plus anciennes traces de la bauge remontent auNéolithique[12], mais celles-ci sont difficilement détectables du fait de sa grande ressemblance avec le sol, et de la faible connaissance des archéologues pour les techniques de construction en terre[13]. Lamicromorphologie peut aider à mieux reconnaître les techniques de construction en terre sur les sites archéologiques[14].
EnFrance, les bâtiments les plus anciens encore debout datent duXVIe siècle[10], mais la plupart ont été édifiés auxXVIIIe et XIXe siècles. Le bauge connait un déclin vers la fin duXIXe siècle du fait de la transformation de la sociétépaysanne et de l'industrialisation des techniques de construction[15]. Les techniques de terre sont délaissées progressivement jusqu'à la disparition de leur savoir-faire vers le milieu duXXe siècle. Depuis le milieu des années 1970, la bauge (comme l'ensemble des techniques de terre) fait l'objet d'un intérêt de la part d'architectes et de scientifiques, pour diverses raisons (potentiel écologique, social, patrimonial). Sensibilisées, des associations régionales (Tiez Breiz, Biomasse Normandie) ont commencé à "redécouvrir" et réapprendre les mises en œuvre locales de la bauge. Diverses formations à destination d'artisans et d'habitants ont été mises en place autour des années 1980, afin de créer un tissu d'acteurs sensibilisés et capables d'entretenir le bâti en bauge. Puis, des institutions telles que leParc naturel régional des Marais du Cotentin et du Bessin ont intensifié le développement de la bauge, en finançant des programmes de conservation du bâti en terre local. En parallèle, des expérimentations pour « moderniser » la technique ont été menées, telles que lapréfabrication, lecoffrage des murs, la mécanisation de la mise en œuvre, ou l'amélioration thermique des murs en bauge.
EnBretagne, la construction débute par l'édification d'unsolin en pierre de hauteur variable (selon les ressources locales et la richesse des propriétaires). La largeur dusolin (et donc du mur) peut varier de 50 cm jusqu'à 1 m. Lesfondations dépassent rarement 50 cm de profondeur.
La terre est généralement extraite sur le lieu de la construction (d'où les nombreusesmares autour des maisons en bauge) sous la couche de terre végétale. Cette terre doit être moyennementargileuse : suffisamment pour qu'elle possède une bonne cohésion, pas trop pour qu'elle ne fissure pas. La terre est ensuite piétinée par les hommes ou des animaux afin d'y incorporer les végétaux (paille,bruyère,ajonc,fougère, etc.) ou des poils ou crins animaux.
Une fois ce mélange réalisé, on dresse (à la fourche en général) des couches successives sur le mur qui sont tassées au fur et à mesure à coup de trique (sorte de manche en bois). Ces couches dépassent largement de la largeur finie du mur. On réalise ainsi une levée d'environ 60 cm de hauteur. On laisse ensuite deux semaines s'écouler afin que la levée se tasse puis on rectifie ensuite le mur grâce à un outil tranchant, leparoir (sorte debêche plate), en se tenant debout sur le haut de la levée et en tranchant l'excédent de terre. Les encadrements de fenêtres et les poutres sont placés au fur et à mesure de la construction.
Enmaçonnerie, la bauge pouvait aussi désigner unmortier de terre. Composé deterre franche (au sens de terre argileuse) ou d'argile, depaille hachée ou defoin, ou même de l'un et de l'autre, il servait à faire l'aire (la chape) sur lesplanchers, ou lehourdage (remplissage) entre lespoteaux descloisons[16].
La bauge possède beaucoup de qualités pour répondre aux enjeux de l'architecture contemporaine :
Cependant, son développement vers une utilisation plus conventionnelle est freinée par plusieurs nœuds :
Cela ne l'empêche pas de trouver son public et d'être utilisée par nombre de personnes, notamment des auto-constructeurs, des associations militantes, des entreprises de patrimoine, des institutions publiques ou des habitants sensibles à ses qualités.
Autres dénominations | |
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Catégorie : Construction en terre crue |