Elle se déroule sur la partie ouest duChemin des Dames, théâtre de l'offensive dirigée par le généralNivelle au printemps. À la suite d'une préparation d'artillerie particulièrement violente, les troupes françaises s'emparent des différentes lignes allemandes, dufort de la Malmaison. Elles atteignent les rives de l'Ailette obligeant les troupes allemandes à quitter le plateau du Chemin des Dames jusqu'àCraonne du fait de leur exposition aux nouvelles positions de l'artillerie française.
17 au 22 octobre : le pilonnage d'artillerie est quasi ininterrompu, 2 800 000 obus soit 70 000 tonnes d'acier et de gaz sont déversés ; les Allemands ne sortent qu'entre8 h et9 h, heure à laquelle les artilleurs français prennent leur café ; dans la vallée de l'Ailette, il leur est impossible d’enlever leur masque à gaz, donc de boire et de manger, empêchant le ravitaillement, l'évacuation des blessés, l'acheminement de munitions ou l'évacuation du matériel lourd. Les tirs de contrebatterie allemands cessent rapidement, notamment faute de munitions. Les premières lignes allemandes sont isolées et leur moral atteint. Les tirs des plus grosses pièces, dirigés par des observateurs aériens, sont assez précis pour frapper le même point et, à la longue, percer les toits des abris souterrains allemands.
nuit du 20 au 21 octobre : les unités qui vont participer à l'attaque montent en ligne ;
21 octobre à11 h : l'attaque prévue au matin du 22 est reportée au matin du 23 pour parfaire la préparation d'artillerie ;
22 octobre au soir : l'attaque prévue le lendemain à5 h 30 est avancée à5 h 15 pour devancer la contre-préparation d'artillerie allemande ;
23 octobre à5 h 15 : début de l'attaque par nuit noire mais sans pluie, ni brouillard ;
23 octobre fin de journée : 17 000 tonnes d'acier supplémentaires ont été déversées sur les Allemands ; plus de 7 000 prisonniers dont trois colonels et leurs états-majors sont ramenés vers les lignes françaises ; plus de100 canons ont été pris ; des patrouilles atteignent l'Ailette en certains points. Les Allemands se replient sans désordre ; des batteries allemandes commencent à repasser au nord de l'Ailette ;
24 octobre : les replis allemands permettent de pousser vers le mont des Singes etPinon ;
nuit du 24 au 25 octobre : certaines unités allemandes reçoivent des ordres contradictoires de se replier et de tenir jusqu'au bout ;
25 octobre : dès l'aube l'attaque française reprend ; de nombreux prisonniers sont faits ; la66e division s'empare dePargny ; au soir la boucle de l'Ailette peut être considérée comme acquise ;
jours suivants : les Français s'emparent deFilain, de l'épine de Chevregny, de la ferme de Froidmont et occupent le plateau et les pentes jusque vers l'éperon des Vaumaires ;
Colonne de prisonnier allemands capturés à la bataille de la Malmaison.
La bataille de la Malmaison est du point de vue français un grand succès, avec des pertes minimes sauf pour la66e division (le24e bataillon de chasseurs alpins perd à lui seul450 chasseurs). Pour la première fois leschars d'assaut Schneider etSaint-Chamond ont été correctement employés et ont pesé sur l'issue de la bataille. L'artillerie française trois fois plus forte que l'artillerie allemande a été correctement utilisée pendant les combats, sauf au11e corps. Le plan d'engagement de l'artillerie de ce corps d'armée pour la journée du, trop minutieux et trop rigide, ne comporte pas moins de75 pages[2] ! LaCaverne du Dragon est reprise.
À l'arrière, dans les journaux français, après avoir, à l'annonce des résultats de la première journée, espéré une percée versLaon, la victoire est tout de suite éclipsée par ledésastre italien de Caporetto. La décision de conduire une bataille avec des objectifs limités est critiquée en mettant en regard les résultats avec ceux obtenus par les Allemands lors de la poursuite de l'armée italienne en déroute. Le choix de l'état-major français de faire une longue et coûteuse préparation d'artillerie est à nouveau critiqué par les journalistes lorsque les Anglais percent le front par surprise avec leurs tanks un mois plus tard à Cambrai.
Le résultat final de labataille de Cambrai, un sanglant match nul, prouve néanmoins que la doctrine de conduite des opérations offensives de l'état-major français est bien la bonne face à un ennemi qui ne s'est pas encore effondré moralement[3].