| Date | |
|---|---|
| Lieu | Région des Vosges Sud de l'Alsace[1] ? Plaine de l'Ochsenfeld[1]? |
| Issue | Victoire romaine |
| République romaine Éduens | Suèves |
| Jules César | Arioviste |
| 6Légions : 30 à 40 000 hommes | > 80 000 hommes |
Batailles
| Coordonnées | 47° 45′ 00″ nord, 7° 20′ 00″ est | |
|---|---|---|
Labataille de l'Ochsenfeld — aussi appeléebataille des Vosges oubataille en Alsace au vu de l'incertitude sur sa localisation — en voit la victoire desRomains commandés parJules César, général et proconsul des Gaules, sur le roisuèveArioviste, selon certaines sources en Alsace[2] ou enFranche-Comté, chassant lesGermains de l'autre côté duRhin. C'est la deuxième bataille majeure de laguerre des Gaules après celle deBibracte contre lesHelvètes et lesBoïens.
Il semble qu'Arioviste ait traversé leRhin vers72 av. J.-C., ainsi que despopulations suèves des vallées duNeckar et duMain. Au fil des ans, lespeuples germaniques traversent leRhin et atteignent près de 120 000 personnes.
LesÉduens et leurs alliés affrontent les Germains aidés de leurs alliés gauloisArvernes etSéquanes, mais sont sévèrement battus, perdant une grande part de leur aristocratie. Les Séquanes sont pourtant les principales victimes de l'invasion germanique, Arioviste s'étant emparé de leurs terres pour les siens et 24 000 Harudes, peuplade germanique alliée. Ainsi, petit-à-petit, de nombreux Germains s'installent en Gaule, où les terres sont plus fertiles que celles d'outre-Rhin.
LesSéquanes s'unissent alors auxÉduens et d'autres peuples gaulois pour leur faire face. Mais cette coalition est défaite le15 mars60 av. J.-C.[3] à la sanglantebataille de Magetobriga ou Admagetobriga[4]. Après ces événements,Arioviste se conduit en despote envers ses vassaux gaulois.
LesÉduens envoient alors des ambassadeurs à Rome réclamer de l'aide. Dans l'espoir d'amadouer Arioviste et de calmer ses appétits de conquête, le Sénat lui octroie le titre d'« Ami du peuple romain ».Jules César, nomméConsul des Gaules en59 av. J.-C. s'efforce de convaincre le roi germain de suspendre ses interventions en Gaule[5],[6],[7],[8]. Cependant ce dernier continue de harceler ses voisins gaulois. Cette menace incite Éduens et Séquanes à en appeler à César, récent vainqueur desHelvètes. Il est le seul à pouvoir empêcher militairementArioviste d'étendre sa domination sur le nord-est de la Gaule depuis ses bases alsaciennes et franc-comtoises[9].
Jules César décide de repousser Arioviste, estimant qu'il est dangereux pour l'avenir de laisser desGermains traverser leRhin en grand nombre, et craignant qu'une fois la Gaule soumise, les Germains ne s'en prennent à laTransalpine et à l'Italie même, comme lesCimbres et lesTeutons l'avaient fait quelque quarante années auparavant. Tout d'abord, il envoie des ambassadeurs àArioviste, lequel refuse un entretien en terre gauloise et déclare que les Romains n'ont pas à s'occuper des affaires germano-gauloises. De plus, il fait valoir son droit de rester enGaule sur des terres qu'il a conquises. César envoie alors un ultimatum au roi germain, davantage pour l'irriter que pour l'effrayer et l'amener à s'exposer[10],[9], lui signalant qu'il ne serait encore considéré comme un « ami du peuple romain » que s'il respecte les exigences suivantes :
S'il refuse ces conditions, César lui fait également savoir que leSénat autorise leproconsul à défendre lesÉduens et les autres alliés deRome.Arioviste répond avec hauteur que lesÉduens sont ses vassaux par le droit de la guerre, il met au défi César de l'emporter sur lui en lui rappelant la valeur de son armée, jamais défaite à ce jour[11]. De plus, desSuèves pourraient encore grossir ses rangs.
Arioviste se met en marche en direction deVesontio (aujourd'hui Besançon), la capitale desSéquanes. C'est le prétexte que souhaitait César pour partir en campagne. Il s'avance à marche forcée pour rejoindre l'oppidum gaulois avant le Germain[11]. Une fois entré dans la ville, il y installe une garnison[10]. À ce moment, l'armée romaine est saisie d'une vive inquiétude à l'idée d'affronter des ennemis précédés d'une redoutable réputation et qui se renforcent de jour en jour. César doit haranguer ses soldats pour leur redonner courage[7],[12].

Début août, peu de jours après son entrée à Vesontio, César reprend sa progression versArioviste qui se situe peut-être à une quarantaine de kilomètres. C'est alors que le roi germain demande à son tour une entrevue à César dans une vaste plaine, à mi-distance des deux camps. César y réitère ses exigences et Arioviste lui rappelle que ce sont lesGaulois qui l'ont initialement appelé sur leurs terres, qu'il a vaincu lesÉduens sur le champ de bataille, et que le droit de la guerre l'autorise à en faire ses vassaux. César refuse ces arguments et se retire, aussi parce que les cavaliers germains provoquent la garde qui l'accompagne[14],[15].
Arioviste déplace son camp et s'approche à une dizaine de kilomètres de César. Le lendemain, il tente de couper le ravitaillement romain en traversant la forêt. De nombreuses escarmouches ont lieu mais Arioviste refuse le combat en ligne et préfère envoyer 6 000 cavaliers et autant de fantassins pour déstabiliser son ennemi. Après plusieurs journées d'escarmouches, César fait édifier un second camp plus proche de celui des Germains tandis que les efforts de ces derniers pour l'en empêcher échouent. Des deux côtés, des affrontements de cavaliers entraînent d'importantes pertes, et les Germains manquent de s'emparer du camp romain par surprise[16].

Le lendemain, César veut en finir. Il déploie ses troupes, lesauxiliaires devant le second camp, et les sixlégions s'étendant jusqu'au premier camp, sur trois lignes. Puis il fait avancer son armée forte d'environ 35 000 hommes. Arioviste, qui en a presque le double, dispose ses guerriers regroupés par leur nation d'origine :Harudes,Marcomans,Triboques,Vangions,Némètes,Sédusiens etSuèves. Autour de ses troupes, des chariots interdisent aux hommes la fuite[17].
Le combat s'engage sur l'aile droite romaine et tourne immédiatement à un furieux corps à corps, les soldats n'ayant pas eu le temps d'envoyer leurs armes de jet avant le contact. Les Germains se regroupent enphalanges. Ils sont enfoncés sur leur aile droite mais se renforcent à gauche et, sous le nombre, les Romains plient. Le jeune lieutenant de César qui mène la cavalerie,Publius Crassus, prend l’initiative d’envoyer la troisième ligne des légions à l’appui de l’aile gauche qui perd pied. Cette initiative assure la victoire.
À partir de ce moment, les restes de l'armée ennemie sont massacrés avec une partie des femmes et des enfants qui étaient en arrière, ou rejetés au-delà du Rhin. Arioviste, blessé, réussit à repasser le fleuve sur une barque[18], le Rhin étant une frontière naturelle difficilement franchissable[17].Appien parle de 80 000 morts du côté des Germains, chiffre probablement exagéré[19], mais repris cependant parCarcopino[15].

Après cette victoire, César ajoute à son proconsulat les territoires évacués par les Germains[20]. Ayant mis fin en une seule campagne à la migration desHelvètes puis à l'invasion germanique, il installe les quartiers d'hiver de son armée chez lesSéquanes puis regagne laGaule cisalpine, laissant àTitus Labienus le commandement des légions[21]. Cette campagne de 59 av. J.C. donne à Rome un droit de regard sur les terres reconquises, que César ne réclame ni ne rejette.
À Rome, ses adversaires réagissent négativement : son affrontement contreArioviste, qui a la qualité d’« ami du peuple romain », accordée d'ailleurs sous leconsulat de César, scandaliseCaton qui proclame qu’il faut laver cette trahison de la parole romaine en livrant César aux Germains[22]. César se justifiera longuement dans sesCommentaires en détaillant ses négociations avec l’agressif Arioviste, lui faisant même dire que« s’il tuait [César], il ferait une chose agréable à beaucoup de chefs politiques de Rome, ainsi qu’il (Arioviste) l’avait appris par les messages de ceux dont cette mort lui vaudrait l’amitié[23],[24] ».
Par le passé, des historiens situent la bataille dans laplaine d'Alsace, soit tout près de Belfort, soit au pied des Vosges entreMulhouse etAspach[25]. La distance donnée par César de 50 000 pas jusqu'au Rhin[26] correspondrait à la Haute-Saône voir àVesontio d'après certaines sources[27].
Des fouilles entreprises entreCernay etWittelsheim ont permis dans lesannées 1970 de mettre au jour les vestiges d'un camp romain sur la plaine de l'Ochsenfeld[28],[1]. Cette localisation dans la plaine d'Alsace est aujourd'hui acceptée par la majorité des historiens[29]. Mais la localisation précise de la bataille reste indéterminée[30].
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