| Date | |
|---|---|
| Lieu | Vergt |
| Issue | Victoire catholique |
| Catholiques | Huguenots |
| Blaise de Monluc Charles de Burie | Symphorien de Duras Guy de Montferrand |
| 2 000 Gascons 5 000 Espagnols[note 1] | 11 000 hommes dont 1 000 cavaliers |
| inconnue | au moins 4 000 morts |
Batailles
Prélude
Première guerre de Religion (1562-1563)
Deuxième guerre de Religion (1567-1568)
Troisième guerre de Religion (1568-1570)
Quatrième guerre de Religion (1572-1573)
Cinquième guerre de Religion (1574-1576)
Sixième guerre de Religion (1577)
Septième guerre de Religion (1579-1580)
Huitième guerre de Religion (1585-1598)
Guerre des Trois Henri
Rébellions huguenotes (1621-1629)
Révocation de l'édit de Nantes (1685)
| Coordonnées | 45° 01′ 14,5″ nord, 0° 41′ 44,1″ est | |
|---|---|---|
Labataille de Vergt (ou Ver, dans les textes de l'époque) est un affrontement militaire ayant eu lieu au cours de lapremière guerre de Religion, le9 octobre1562[note 2]. Il voit s'opposer à proximité deVergt les troupes du chef catholiqueBlaise de Monluc aux protestants menés parSymphorien de Duras etGuy de Montferrand[1].
En 1562, les chefs protestants, menés parLouis de Condé, mènent campagne sur différents fronts dans l’espoir de faire tomber le plus de villes possibles. LaGuyenne, où se trouveVergt, est l'un des bastions protestants où de nombreux hommes sont recrutés, notamment par le chef de guerre Symphorien de Duras, qui rassemble alors une armée d'environ 12 000 hommes. LesGascons ont une réputation d'hommes d'infanterie solides forgée dans lesguerres d'Italie, capable de résister auxpiquiers suisses présents en quantité dans l'armée royale catholique depuis 1516, et aux mercenaires allemands d'infanterie, leslansquenets. Cette « Armée réformée du Midi » semble indispensable pour Condé etColigny, qui ne pensent pas pouvoir lutter contre l'armée royale sans une grosseinfanterie. L'objectif de Duras est alors de remonter avec son armée jusqu'auPoitou rejoindre les effectifs réunis parFrançois III de La Rochefoucauld, forte, en plus de cette infanterie, d'un millier de nobles protestants à cheval[1].
Face à cette armée organisée, les catholiques n'ont pas de réponse à apporter. Leduc de Montpensier, chef de l'armée catholique du Midi, désigné par la cour dans l'urgence, n'a encore aucune autorité, et est en position àBergerac. Le lieutenant du roi, de Burie, est lui aux Mirandes, avec le gros de l'infanterie royale, et les maitres de camp fidèles à l'armée catholique, de Charry, d'Arne et de Massès. Mais il hésite à entrer en campagne contre les protestants, surtout après avoir appris que des renforts envoyés par la monarchie espagnole sont bloqués après des mutineries[1]. Le seul à faire figure de chef catholique, et qui a déjà affronté plusieurs fois ces chefs protestants, et vient de prendreLectoure, c'estBlaise de Monluc[1].
Ce dernier entre donc en campagne contre cette armée décidée à rejoindre le Poitou dans un contexte de guerre civile, et fait preuve d'une grande violence à l'encontre des populations, violence partagée par le camp adverse. Dans ce contexte, il se considère lui-même l'envoyé du roi, à l'époque le jeuneCharles IX, chargé de rétablir l’ordre dans ces terres sujettes au désordre et à la sédition[2].
Entre le 3 et le 4 octobre, Monluc apprend que l'armée réformée de Duras est en marche pour rallier les effectifs protestants duPoitou, et ainsi composer une force pouvant rejoindre celle du Nord. Il décide alors, avec ce qu'il a d'effectif, de rallier les 5 000 Espagnols qui se sont mutinés, en leur promettant une rétribution par le butin, et s'établit avec sa troupe àBelvès le. Le lendemain, il traverse depuisSiorac la Dordogne avec quelques cavaliers, mais apprend que Charles de Coucis, le seigneur de Burie, ne veut pas se rallier avant queMontpensier n'ait lui-même rejoint ses troupes, sans ordre royal. Monluc fait jouer son influence sur les lieutenants de l'armée de de Burie, qui avertissent ce dernier qu'ils s'engagent aux côtés de leur ancien chef[1].
Monluc s'avance avec quelques cavaliers à proximité de l'endroit où Duras fait reposer sa cavalerie, àCendrieux, et apprend par des locaux que les protestants font pointer des canons surVergt.
Les protestants ne sont pas au courant que l'armée de Monluc s'est approchée de leurs troupes, pensant ce dernier toujours àLectoure. Monluc se déplace alors avec un 50 chevaux jusqu'àSaint Alvère, où il peut apercevoir l'armée huguenote. Il apprend alors que deux chefs protestants, de Salignac et de Moncaut, se sont attardés en arrière de l'armée protestante pour chasser, avec vingt-cinq cavaliers. Il les fait capturer, sans éveiller les soupçons de Duras. Ce dernier fait rapatrier sa cavalerie dans les prés de Vergt, avec son armée.
Suivant le mouvement de ses lieutenants, de Burie rejoint Monluc à Saint-Alvère, et la bataille est fixée pour le lendemain, le[1],[3].

Le déroulement de la bataille n’est relaté que par quelques auteurs anciens, dontBlaise de Monluc lui-même, qui en fait le récit dans sesCommentaires publiés en 1592[2],[4],[5].
C'est dans les prés en vallée duVern, à l'ouest deVergt, au lieu-ditPonromieux[note 3],[6] que la bataille commence le matin, quand les catholiques trouvent l'armée protestante en ordre de bataille.
De Burie lance la bataille avec une décharge de quatre canons d'artillerie. Monluc fait rassembler ses troupes gasconnes autour de lui après avoir harangué les effectifs espagnols[7], craignant une nouvelle mutinerie de leur part. La première charge de cavalerie catholique est repoussée par les nobles protestants dirigé par de Bordet.
Duras, sur les conseils de de Bordet, décide cependant de ne pas s'engager dans une longue bataille, qui lui ferait perdre du temps et surtout des effectifs, et donne alors l'ordre de retraite. Les catholiques, assistant à celle-ci, décident d'accélérer le pas pour pouvoir prendre l'armée protestante par l'arrière avant qu'elle ne puisse atteindre des collines, où l'affrontement ne pourrait avoir lieu. Duras fait alors protéger ses pièces d'artillerie par un millier de vieux soldats. La distance entre les deux armées réduit progressivement et, à environ 200 pas, les catholiques sonnent la charge de cavalerie royale sur les protestants. Ils s'emparent des canons des réformés.
La déroute des protestants devient générale, les catholiques massacrant les troupes en fuite, et après14 h, les catholiques s'emparent de Vergt, où ils récupèrent des bœufs pour faire tirer les pièces d'artillerie prises aux protestants. Duras perd dans cette bataille dix-neuf de sesenseignes d'infanterie sur vingt-trois, et huitcornettes de cavalerie sur treize. Il n'a plus qu'une centaine d'hommes lorsqu'il atteintMontmorillon.
Pendant les jours suivants, les fuyards de l'armée protestante sont poursuivis dans les bois où ils ont trouvé refuge par les troupes espagnoles et gasconnes, mais aussi par la population locale, et sont tués en nombre, d'après Monluc[8].
Cette défaite est catastrophique pour les effectifs des armées protestantes. Leprince de Condé et l'amiral de Coligny n'ont d'autre choix que de remplacer cette infanterie gasconne par des mercenaires allemands recrutés d'urgence et qui constituent le gros des effectifs pendant labataille de Dreux, le. Le comportement de ceslansquenets et cesreîtres, pendant cette bataille, est l'un des éléments qui permet la victoire duduc de Guise sur l'armée protestante, ces mercenaires s'étant précipités sur les bagages catholiques au lieu de rester sur le champ de bataille. En outre, de nombreux chefs gascons de la bataille de Vergt s'engagent avec l'armée royale à la suite de cet affrontement[1].
LaGuyenne continue de subir des raids de chefs protestants après cette bataille, essentiellement cantonnés autour deBergerac[9].
À la suite de cette série de victoires, Blaise de Monluc obtient le partage de la lieutenance de laGuyenne, avec de Burie[2].