| Date | - |
|---|---|
| Lieu | Ponte-Novo,Castello-di-Rostino |
| Issue | Victoire française décisive |
| Changements territoriaux | Disparition de laRépublique corse Annexion de la Corse à la France |
| 15 000 hommes | 15 000 hommes |
| 400 à 800 morts | 500 à 1 000 morts |
Guerres d'indépendance corse
Batailles
| Coordonnées | 42° 29′ 06″ nord, 9° 16′ 48″ est | |
|---|---|---|
Labataille dePonte-Novo (encorse :Ponte Novu ouPontenovu), qui eut lieu du 8 au, est le point final des affrontements entre les troupes dePascal Paoli — composées deCorses et de mercenairesallemands etsuisses — et les armées duroi de France,Louis XV, aidées de soldats corses du parti français. Ouvrant aux grenadiers français la route deCorte, capitale de laRépublique corse, cette bataille marque la fin de la seconde et dernière phase de la conquête[1] de laCorse par laFrance.
Après ladéfaite française de Borgo,Louis XV change sa tactique : il tente d'abord, à plusieurs occasions et sans succès, de faire assassiner Pascal Paoli et essaie de corrompre certains de ses lieutenants ; puis, sous le commandement ducomte de Vaux, il envoie un corps expéditionnaire de 22 000 hommes[2] avec une artillerie nombreuse.
Du côté corse, l'armée nationale peut compter sur 15 000 hommes, dont des mercenaires prussiens et suisses, mais disposant de très peu de canons.
Afin d'en finir avec legouvernement corse de Pascal Paoli, le commandement français décide de se porter surCorte en passant par le passage duGolo àPonte-Novo.
Le comte de Vaux décide d'engager dans cette action 15 000 hommes. Du1er au, il met en place son dispositif. Alors qu'il commande la force principale, au centre, son aile droite est commandée par lecolonel d'Arcambal[3] et son aile gauche est sous le commandement deMarbeuf.
Le, les opérations débutent par la prise deMurato etSan Nicolao brisant ainsi les défenses corses duNebbio. Pendant ce temps,Marbeuf prendBorgo et franchit dans le mouvement leGolu.
Le, les troupes françaises prennent laCostiera.
Le, après avoir prisSanto Pietro etLento le comte de Vaux y installe sonquartier général.
Pendant ce temps, 2 000 hommes des troupes corses, dont des mercenaires prussiens et suisses, sous le commandement d'Antoine Gentili (futur gouverneur militaire de Corfou sous leDirectoire), se positionnent àPonte-Novo pour bloquer la progression des troupes françaises[4].
Le 8 mai, voulant reprendreLento aux Français, Pascal Paoli décide d'attaquer le village de 3 côtés. Les troupes commandées par Pierre Colle[Note 1], deRostino, mènent l'attaque principale versTenda etLento dans la vallée duGolo où sont stationnées les troupes du comte de Vaux. Après un premier assaut acharné, les troupes françaises plient, les troupes corses progressent. Les renforts français venus de Lento etCanavaggia repoussent les troupes corses. Une contre attaque française oblige les Corses à se retirer, en ordre, sur la rive droite du pont, côté Rostino, où 1 200 soldats français avaient déjà pris place et les attendaient sur les hauteurs.
Assaillis de tous les côtés, les Corses tentent alors de repasser sur l'autre rive, mais dans le désordre, mêlé à la confusion dans le commandement ; les troupes en retraite de Pietro Colle se font tirer dessus par les mercenaires prussiens chargés de défendre le pont.
Assaillies d'un côté par les Français et empêchées de l'autre de passer le pont, les troupes corses sont laminées.
Voltaire, dansLe Précis du Siècle de Louis XV (1re édition en 1768)[5], écrit, admiratif, à l'occasion de ce combat :
« L'arme principale des Corses était leur courage. Ce courage fut si grand que dans un de ces combats, vers une rivière nommée Golo, ils se firent un rempart de leurs morts pour avoir le temps de recharger derrière eux avant de faire une retraite nécessaire ; leurs blessés se mêlèrent parmi les morts pour affermir le rempart. On trouve partout de la valeur, mais on ne voit de telles actions que chez les peuples libres. »
Pourtant les combats ne cessèrent pas après cette bataille. D'autres combats acharnés eurent lieu comme dans la région deVico, du1er au 5 juin, entre les troupes deClemente Paoli, frère de Pascal Paoli, et celles ducomte de Narbonne[6], commandant militaire d'Ajaccio. Dans la même période, les Corses s'opposèrent vainement à l'avance des troupes françaises, comme dans leFiumorbo ou àVivario.
Les Français cherchaient à capturer Pascal Paoli, qui réussit à s'échapper, avec 300 fidèles, en s'embarquant àPorto-Vecchio le pourLivourne.

À la suite de cette défaite, Paoli prendra le chemin de l'exil. Il faut noter que dans les mois qui suivirent, près d'une centaine de familles corses, parmi les plus influentes, furent anoblies par Louis XV, dont la plupart de celles qui avaient participé à la bataille aux côtés de Paoli (l'exemple desBonaparte est le plus connu). Ponte-Novo marque la fin de l'indépendance paoliste, qui aura donc duré quatorze ans, de1755 à1769. Ainsi s'achève le rêve d'une Corse indépendante, certes dépendante de l'aide de l'Angleterre, mais dotée d'une constitution, d'un drapeau (qui précède notamment ledrapeau tricolore[réf. nécessaire]), de sa monnaie, son armée, sa marine, son université, où sont admis des boursiers sélectionnés selon leurs mérites, et où, sous la condition d'être chef de famille, les femmes avaient ledroit de vote — alors qu'aucun peuple européen, sans distinction de sexe, ne disposait encore de ce droit.Pour ses réalisations, Paoli, ainsi tombé à Ponte-Novo, bénéficia de nombreux témoignages d'admiration et demeure connu, auxÉtats-Unis en particulier, comme l'un des principaux inspirateurs de laDéclaration d'indépendance de1776 et de laConstitution américaine.[réf. nécessaire].
Aujourd'hui encore, la bataille de Ponte-Novo est commémorée chaque année le 8 mai et donne le plus souvent lieu à des reconstitutions en costumes d'époque[7]. D'aucuns trouvent curieux que les patriotes corses ou déclarés tels célèbrent une défaite aux effets radicalement destructeurs pour une nation qui avait déjà pris corps à la suite de la première déclaration d'indépendance opérée le, avec l'aval des autorités religieuses locales (ceci à la suite d'une dispute théologique ayant duré quatre ans, de1731 à1735). À l'exception de l'éphémèreroyaume anglo-corse de1794, la Corse n'a plus été indépendante depuis.
Le pont génois reliant les deux rives duGolo àPonte-Novo, lieu d’affrontement direct entre troupes paolistes composées de Corses et de mercenaires prussiens, et les armées françaises auxquelles se rallient néanmoins de nombreux combattants corses, notamment des familles Boccheciampe d'Oletta, Casabianca deVescovato, Rossi d'Ajaccio, Buttafuoco, pour la plupart officiers du Royal Corse, a été détruit durant laSeconde Guerre mondiale.