Ne doit pas être confondu avecBataille de Marseille (49 av. J.-C.) ouRafle de Marseille.
Date | - |
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Lieu | Marseille |
Issue | Victoire française, libération de Marseille |
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3e division d'infanterie algérienne (3e DIA), 1er,2e et3eGroupements de Tabors marocains (GTM), CC1 (Combat Command 1) de la1re division blindée (1re DB) de l'Armée B (future1re armée française) (12 000 hommes), Forces françaises de l'intérieur | 244e division d'infanterie (13 000 hommes) |
1 400 à 1 800 tués, blessés et disparus | 2 000 tués, blessés et disparus, 11 000 prisonniers |
Batailles
Campagnes d'Afrique, du Moyen-Orient et de Méditerranée
Coordonnées | 43° 19′ 48″ nord, 5° 22′ 48″ est | |
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Labataille de Marseille est l'ensemble des actions et combats, du 21 au, qui conduisent à la libération deMarseille occupée par lesAllemands depuis novembre 1942. Ces combats opposent les forces françaises du généralMonsabert et lesForces françaises de l'intérieur (FFI) aux Allemands de la244e division d'infanterie du général Hans Schaefer.
Les combats dans Marseille sont une bataille urbaine qui se produit presque en même temps que lalibération de Paris. La grève générale est déclarée le et le 23,Gaston Defferre installe un pouvoir insurrectionnel à l'Hôtel de Ville. Les FFI contrôlent la ville mais ne sont pas en mesure de résister à un retour en force possible des Allemands. Ils réclament l'arrivée des troupes régulièresdébarquées le 15 août. La3e division d'infanterie algérienne (3e DIA) du général Monsabert arrive alors, aidée destabors marocains et des blindés de la1re division blindée (1re DB). Les soldats français entrent dans Marseille le 23 août. Le général de Monsabert propose au général Hans Schaefer, chef de la 244e DI allemande, decapituler. Il refuse. La résistance allemande est particulièrement localisée autour dufort Saint-Nicolas et de labasilique Notre-Dame-de-la-Garde. La bataille se développe autour du centre de la ville, où le7e régiment de tirailleurs algériens (7e RTA) et les blindés de la 1re DB mènent les combats, et en périphérie, où les tabors marocains combattent pour terminer l'encerclement de la ville. La marine et l’aviation bombardent également les batteries allemandes duCap Janet. Le 27 août, le fort Saint-Nicolas est pris et le 28 août, le général Schaefer capitule. Les Français comptent environ 1 400 tués, blessés et disparus et les Allemands en dénombrent 2 000 avec environ 11 000 prisonniers dans Marseille et ses alentours.
Le a lieu ledébarquement en Provence. À cette occasion, l'occupant se retranche dans ses bunkers, se terre mais continue de se battre contre la résistance et fait sauter les installations portuaires : plus de 200 navires sont coulés et le célèbrepont transbordeur de Marseille détruit.
Le 19 août 1944, le généralde Lattre de Tassigny reçoit l'ordre du généralPatch, commandant la7e armée américaine, de prendreToulon etMarseille. Deux groupements sont constitués afin d'attaquer les deux ports simultanément :
LesFFI de Marseille commandés parHenri Simon (et comptant dans leurs rangsGaston Defferre) préparent la libération de la ville. Le lundi, ils lancent l'insurrection accompagnée d'un mot d'ordre de grève générale. Ils occupent rapidement nombre de bâtiments et de carrefours mais, mal armés et peu nombreux, leur position est critique jusqu'à l'arrivée destirailleurs algériens de la3e division d'infanterie algérienne (3e DIA) du généralde Monsabert et desgoumiers marocains du généralGuillaume appuyés par le Combat Command 1 (CC1) de la1re division blindée (1re DB) qui pénètrent dans Marseille le mercredi 23. Les Allemands se méprennent tant quant à l'importance de l’insurrection qu'à celles des forces régulières en présence, bluffés par les actions des différents partis de la résistance et par la rapidité de l'extension de l'offensive depuis le débarquement qui les mènent à des erreurs stratégiques : le rapport de force serait de 4 pour un en faveur des Allemands si l'on s'en tient aux forces régulières selon certains.
Les combats avec l'armée allemande se poursuivront malgré tout plusieurs jours, jusqu'à la capitulation du généralSchaeffer le 28 août. Le bombardement de Marseille a été évité et s'est limité aux batteries des iles du Frioul. Le 29, le généralde Lattre assiste au défilé de l’armée d'Afrique sur laCanebière[1],
La prise deMarseille est anticipée du fait de la rapidité du déroulement des opérations sur Toulon. Ces deux batailles sont d’ailleurs très similaires dans leur déroulement en trois phases (investissement, resserrement et assaut final)[2].
L’opération débute le matin du par la prise du carrefour du Camp au Nord Ouest de La Ciotat par le2e régiment de cuirassiers (2e RC) (CC1 de la1re DB) aux ordres du Général Bonjour qui luttaient depuis la veille, ouvrant ainsi la route d'Aubagne au7e régiment de tirailleurs algériens (7e RTA) du colonelLéon Chappuis, ainsi qu'aux troisgroupes de tabors marocains (GTM)[3].
Après de durs combats, les21 et 22 août, le2e RC et le3e bataillon porté dezouaves (CC3 de la1re DB), renforcés par le2e GTM, s’emparent d'Aubagne. Une partie des effectifs du7e RTA, le3e bataillon (Cdt FINAT-DUCLOS, qui tombera devant la batterie du Canet, à l'Ouest) a traversé le Garlaban à dos de mules un peu au Nord par le plan de l'Aigle et fait la jonction avec la résistance[4],[5] au col de Cante Perdrix (maquis Attila) avant d'atteindre Allauch.
Le 22 août, la ville dePeypin est investie par les CC1 (partiel), CC2 et le1er GTM. Une autre colonne du7e RTA, la11e est acheminée au carrefour de la pomme (La Bouilladisse) par camion puis gagne Mimet où il passe la nuit. Le lendemain, un parti passe la crête à dos de mules au niveau du pilon du Roi et contourne le verrou de la route des termes en passant la chaîne de l'étoile par Mimet et redescendra sur Plan de Cuques direction les Chartreux, tandis que le deuxième bataillon se porte sur la Gavotte etSeptemes.
Ce même jour, outrepassant les ordres, le colonelChapuis avec le1er bataillon du7e RTA et les chars d'un escadron du2e RC s’introduisent dans Marseille. Les2e et3e bataillons du7e RTA sont quant à eux sérieusement accrochés respectivement au nord et au nord-est de la ville[3] : les troupes passées par Simiane sont bloquées à Septemes par une petite garnison, jusqu'à ce que les troupes passées par les cols à l'Est du massif à Mimet ne les prennent à revers.
Malgré le soulèvement FFI et la pénétration du7e RTA et du2e RC jusqu’au centre de la ville (carrefour de la Madeleine), les Allemands résistent et leurs défenses restent intactes notamment en périphérie[2].
Après une tentative infructueuse de règlement à l’amiable le23 août, les combats reprennent dès le 24.De Lattre engage alors le3e régiment de tirailleurs algériens (3e RTA) en provenance de Toulon[2].
Les affrontements des jours suivants sont violents et meurtriers notamment pour la prise de lacolline de Notre-Dame-de-La-Garde le25 et 26 août (II/3e RTA, I/7e RTA,7e RCA,2e RC et FFI) et de lagare Saint-Charles (III/7e RTA).
Mais c’est au nord, au carrefour de la Gavotte, que les défenses sont les plus sérieuses avec l’ouvrage en béton de la « Feste » Fouresta à l'emplacement de l'actuelle cité du Plan d'Aou (1er GTM et II/7e RTA)[3]. Parois épaisses de 3 à 4m, DCA, barbelés, mines 6 pièces de flak de 88 desservis par des souterrains sur le plateau de Foresta : 1 an de travaux[6]. Ce n'est que le27 aout également que la position de Tante Rose/Verduron Haut/Moulin du Diable au dessus de la Gavotte/sud-ouest de Septèmes sera conquise.
Le 26,André Diethelm et le général de Lattre sont à Marseille. À la suite de sa réflexion sur la tenue des tirailleurs qui leur rendent les honneurs, le général Goislard de Monsabert dit au général de Lattre de Tassigny :« Ils sont beaux, mon général ! »[7].
Au sud, malgré quelques accrochages (6e Tabor marocain du2e GTM àSaint-Loup), la progression est plus aisée pour les2e et3e GTM. Ce dernier, après un dernier combat au Fort Napoléon ducap Croisette, contrôle le 28 août l’ensemble du littoral sud. Le2e GTM quant à lui remonte sur le centre-ville et vient renforcer les tirailleurs algériens[3].
Le27 août la plus grande partie de la ville est libérée, l’ennemi ne tient plus que les installations portuaires et quelques points au nord de la ville.
Le28 août il se rend finalement au1er GTM qui vient d’être renforcé par des éléments blindés du CC1 de la1re DB[3].
Seul résiste encore le commandant du fortin du Racati qui ne croit à la capitulation que lorsqu'on l'amène au QG.
Au cours des combats pour la libération de Marseille, le nombre de soldats de l'Armée française et FFI tués et blessés s'élèvent à entre 1 400 et 1 800 selon les sources, dont près de la moitié parmi les goumiers marocains (150 tués et 540 blessés)[8],[9]. Du côté allemand, on dénombre environ 2 000 tués et 11 000 prisonniers[2].
Le Général de Montsabert écrira dans son rapport sur la bataille de Marseille :« Onze mille prisonniers, un grand nombre de pièces d'artillerie intactes, des stocks de munitions et de vivres, les installations portuaires sauvées de la destruction totale sont le bilan de cette libération victorieuse pour laquelle se sont mêlés le sang des cavaliers, des goumiers, des tirailleurs, des vieux artisans de la Victoire d'Italie et des F.F.I. locaux »[3].
Au sein de ces unités combattent les :
« C'est avec le plus grand plaisir que je vous transmets les félicitations personnelles du Chef d'État-Major Général de l'Armée américaine, le général George Marshall, pour avoir anéanti si brillamment et si rapidement la résistance allemande à Toulon et à Marseille. Mes plus profondes félicitations à vous et à votre splendide Armée, pour un fait d'armes qui demeurera à travers l'histoire comme une épopée militaire. »
— Extrait de la lettre du 3 septembre 1944 dugénéral Patch, commandant laVIIe Armée américaine, transmettant les félicitations dugénéral Marshall, Chef d'État-Major Général de l'Armée américaine, au général de Lattre de Tassigny commandant la1re Armée française
L'inscription de batailleMarseille 1944 est attribuée aux drapeaux des :
« Marseille reconnaissante aux Tabors marocains. Sous les ordres des colonels Leblanc, Boyer de Latour et Masset du Biest, les1er,2e et3e Groupements de Tabors Marocains ont participé à la libération de Marseille du 21 au 28 août 1944. Au cours des combats : 7 officiers, 10 sous-officiers français, 150 gradés et goumiers marocains ont été tués. 17 officiers, 38 sous officiers français, 540 gradés et goumiers marocains ont été blessés. De l'Atlas au Danube, quatre GTM de l'Armée d'Afrique ont combattu aux côtés de la France et de ses alliés de décembre 1942 à la victoire du 8 mai 1945. »
— Texte de la stèle en hommage aux Goumiers marocains, avenue des Goumiers, Marseille, 2000
Les unités combattantes suivantes sont citées à l'ordre de l'armée (croix de guerre avec palme) pour ces faits d'armes[12] :
« Sous l'énergique impulsion de son chef, le colonel Leblanc Georges, n'a cessé d'être sur la brèche enTunisie, enItalie, enFrance […]. Dès son débarquement en France, poussé à marches forcées au nord deMarseille, il est engagé dans la bataille le 22 août et, après deux jours de combats, fait sauter le verrou de Marseille. Se heurtant constamment à une défense acharnée, il poursuit malgré des pertes sévères, la conquête de vive force des ouvrages de la Gavotte, du Moulin du Diable, de Tante Rose, qui constituent la dernière ligne fortifiée couvrant les batteries de côtes allemandes, cependant qu'il achève l'encerclement de la ville de Marseille en la débordant à l'ouest et en investissant les ouvrages du Rove. De ce fait, il oblige le commandant allemand du secteur à capituler avec toutes les forces relevant de son commandement. Durant cette période, il occasionne des pertes sanglantes à l'ennemi tout en s'emparant de 5 402 prisonniers, d'un butin considérable, perdant lui-même 281 hommes dont 27 officiers et sous officiers. »
— Extrait de la citation à l'ordre de l'Armée attribuée au1er GTM, décisionno 158, Paris, 1944.Charles de Gaulle
« Unité marocaine de la plus haute valeur guerrière […]. S'est montrée, en France, à la hauteur de son brillant passé. Débarquée le 20 août 1944 sur une dizaine de plages différentes dans la région de Saint Tropez, et engagée dès le lendemain à 120 km de là, devantAubagne, a enlevé la ville en moins de deux jours d'une lutte sévère et meurtrière. A poussé ensuite sans désemparer surMarseille, forçant du 23 au 28 août les défenses des faubourgs de la cité qui lui étaient opposées, et conquérant successivement, par une série de manœuvres hardies et d'assauts allant jusqu'au corps à corps,Saint Marcel,Saint Loup, la chaîne de Saint Cyr, leRoucas-Blanc, leparc Borély,Endoume, la Malmousque et lefort Saint Nicolas. En huit jours de combat a fait 4 009 prisonniers, dont un général, trois colonels et 104 officiers. »
— Extrait de la citation à l'ordre de l'Armée attribuée au2e GTM, décisionno 158, Paris, 1944. Charles de Gaulle
« Sous les ordres du capitaine Guérin, a pris part aux opérations sur le front d'Italie et en France. S'y est depuis le début affirmé unité d'élite par ses qualités manœuvrières et son ardeur au combat. […] À Marseille, le 24 août, en se ruant sur une compagnie allemande qui interdisait la route d'Aix, vers Cadolive, en la culbutant et en ramenant plus de quarante prisonniers ; le 25 août, en attaquant par surprise leChâteau la Nerthe dont il anéantit la garnison forte d'une compagnie; le 27 août, lors de l'assaut des fortifications de Tante Rose et du Venturon en pénétrant avec nos chars si profondément dans le dispositif de l'ennemi et en lui infligeant de telles pertes que le lendemain il capitulait. »
— Extrait de la citation à l'ordre de l'Armée attribuée au64e goum du1er GTM, décisionno 7498, Paris, 1945. Charles de Gaulle
« Régiment d'élite, déjà deux fois cité pendant lacampagne d'Italie, et qui vient de se couvrir d'une nouvelle gloire, au lendemain même de sondébarquement sur la terre deFrance. Magistralement commandé depuis le début des opérations par un chef doué des plus belles qualités militaires, le colonel Gonzales de Linares, le3e R.T.A. a, par ses trois bataillons, pris une part capitale aux opérations deToulon et deMarseille. Son1er bataillon, énergiquement commandé par le commandant de Rocquigny, a enlevé la position clé du Croupatier, au nord de Toulon, puis s'est jeté au cœur de la ville, sans tenir compte de son infériorité numérique, coupant à l'ennemi tout itinéraire de repli, lui faisant 200 prisonniers et capturant un énorme butin. Son3e bataillon, sous les ordres d'un chef dynamique, le capitaine Ruault, s'est frayé un passage dans les défenses avancées du nord de Toulon, les 19, 20 et 21 aout, portant par une habile manœuvre ses éléments au Revest, puis à Dardennes et le Moulins. A ensuite pris une part importante dans l'attaque en force exécutée contre la poudrière de Saint-Pierre le 22, enlevant sans un impétueux élan le quartier de Saint-Anne, en dépit d'une résistance acharnée de l'adversaire, lui prenant plusieurs centaines de prisonniers. A enfin coopéré à la chute de Marseille, grâce à l'action décisive de son2e bataillon qui, sous les ordres d'un chef ardent, le commandant Valentin, s'est emparé de la colline deNotre-Dame-de-le-Garde, fortement organisée et tenue, pivot de la défense adverse. A ainsi prouvé à la France retrouvée, l'étonnante vitalité et l'esprit de sacrifice immuable de la vieille armée d'Afrique. »
— Citation à l'ordre de l'Armée attribuée au3e R.T.A lors de lacampagne de France en 1944, décisionno 158, le 21 novembre 1944, général de Gaulle
« Magnifique Régiment, héritier des plus belles traditions de l'Armée d'Afrique, sous les ordres de son chef, le colonel Chapuis, vient de prendre une part capitale dans les opérations qui ont amené la libération deMarseille. Engagé dans la région d'Aubagne, le 20 août 1944, contre un ennemi encore solide et combatif, grâce à une audacieuse et habile manœuvre, a réussi à trouer son dispositif, en n'hésitant pas à escalader les massifs difficiles du Plan de l'Aigle et de la Grande Etoile. Faisant preuve d'une très belle endurance, malgré l'ennemi, a poussé sans désemparer surMarseille, dont il a été le premier à atteindre les faubourgs à Camoins, à la Valentine et à la Rose. Le 23 au matin, s'est jeté seul dans la ville défendue par une garnison forte d'une dizaine de milliers d'hommes. A mené courageusement et méthodiquement un difficile combat de rues, traquent sans arrêt l'ennemi et l'a acculé au port. A capturé de nombreux prisonniers et un important matériel. »
— Citation à l'ordre de l'Armée attribuée au7e R.T.A, Décisionno 158, le 21 novembre 1944 - général de Gaulle