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Bataille de Friedland

54° 27′ 00″ nord, 21° 01′ 00″ est
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Bataille de Friedland
Description de cette image, également commentée ci-après
LaBataille de Friedland, 14 juin 1807 parHorace Vernet.
Informations générales
Date
LieuPravdinsk
(Russie actuelle, oblast de Kaliningrad)
Issue

Victoire française décisive

Belligérants
Drapeau de l'Empire françaisEmpire françaisDrapeau de l'Empire russeEmpire russe
Commandants
NapoléonIer
Édouard Mortier
Jean Lannes
Michel Ney
Emmanuel de Grouchy
Jean-Baptiste Bernadotte
Jean-Baptiste Bessières
Levin August von Bennigsen
Piotr Ivanovitch Bagration[1]
Forces en présence
66 000 hommes84 000 hommes
Pertes
1 645 morts
8 995 blessés
2 426 prisonniers
400 disparus
12 000 morts et blessés
10 000 prisonniers
80 canons
70 drapeaux

Quatrième Coalition

Batailles


Campagne de Dalmatie (1806-1807)

Campagne de Prusse (1806)


Campagne de Pologne (1807)


Traité de Tilsit
Données clés
Coordonnées54° 27′ 00″ nord, 21° 01′ 00″ est
Géolocalisation sur la carte :Russie européenne
(Voir situation sur carte : Russie européenne)
Bataille de Friedland
Bataille de Friedland
Géolocalisation sur la carte :oblast de Kaliningrad
(Voir situation sur carte : oblast de Kaliningrad)
Bataille de Friedland
Bataille de Friedland
Géolocalisation sur la carte :Europe
(Voir situation sur carte : Europe)
Bataille de Friedland
Bataille de Friedland

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Labataille de Friedland () a vu l’armée française sous le commandement deNapoléon Ier s’imposer de manière décisive face à unearmée russe dirigée par le comteLevin August von Bennigsen. Elle eut lieu sur le territoire deFriedland, appelée depuis 1945Pravdinsk,exclave de Kaliningrad, à environ 43 km au sud-est deKönigsberg (depuis 1945Kaliningrad).

La bataille marqua la fin de laguerre de la Quatrième Coalition (1806-1807), au cours de laquelle les monarchieseuropéennes se liguèrent contre laFrance napoléonienne. Après près de 23 heures de combats, l’armée française se rendit maîtresse du champ de bataille, abandonné par une armée russe se retirant dans le chaos le plus complet au-delà de la rivièreAlle, où nombre de fuyards se noyèrent.

La conséquence directe de cette bataille fut la signature destraités de Tilsit, le, faisant des deux nations des alliés après deux ans de guerre. Deux jours plus tard, la France signa un traité de paix avec laPrusse. Il s'agissait pour laRussie d'une paix relativement clémente, en comparaison avec celle imposée à la Prusse, défaite à l'issue de lacampagne de Prusse et de Pologne. En effet, tous les territoires à l'ouest de l'Elbe lui sont amputés afin de former le nouveauroyaume de Westphalie dirigé parJérôme, frère de l'Empereur, tandis que ses possessions gagnées lors des deuxième et troisièmepartages de la Pologne constituent leduché de Varsovie, associé à laSaxe alliée de Napoléon.

Plusieurs historiens considèrent la bataille de Friedland comme l'une des plus brillantes victoires de Napoléon, à l'image d'Austerlitz. En effet, il a rarement pu défaire une armée de façon aussi totale qu'à Friedland[2]. De plus, Friedland et Tilsit sont souvent considérés comme coïncidant avec l'apogée de l'Empire français. En effet, à l'automne 1807, Napoléon se lance dans l'invasion du Portugal, qui mènera l'Empire dans le« bourbier » espagnol.

Contexte

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Deux années auparavant, laTroisième Coalition avait été dissoute après labataille d'Austerlitz du. La Prusse prit alors les armes et se dressa devant Napoléon, dans le but de regagner sa place de puissance continentale.

La campagne de Prusse de 1806

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Les Prussiens commencèrent à mobiliser leurs forces le, et envoyèrent un ultimatum à Napoléon le 26 : ils sommaient les Français de se retirer au-delà duRhin avant le. Napoléon ignora l'ultimatum. Son plan était simple : il devait écraser l’orgueilleuse armée prussienne avant l'arrivée des renforts russes, la Russie n'ayant toujours pas fait la paix après Austerlitz[3]. 180 000 Français marchèrent alors sur la Prusse le, déployés en bataillon-carré qui leur permettaient d'affronter toute menace sur leurs flancs ou arrières[4]. Le 14 octobre, Napoléon et lemaréchal Davout écrasaient à l'issue de deux batailles distinctes, labataille d'Iéna et labataille d'Auerstaedt, les forces prussiennes. La campagne de Prusse s'achevait rapidement, par la prise de nombreuses villes et citadelles et la capitulation des unités prussiennes ayant pu s'échapper du désastre du : une force de 165 000 soldats a été dissoute, avec 140 000 prisonniers (25 000 tués) et plus de 2 000 pièces d'artillerie saisies. Quelques unités prussiennes parvinrent à se replier àKönigsberg, sous le commandement du généralAnton Wilhelm von L'Estocq, tandis que les Français s'emparent deBerlin et s'avancent vers les provinces orientales de la Prusse. La Russie devait à présent affronter à nouveau la France, au plus près de ses propres frontières.

La campagne d'hiver 1806-1807 en Pologne

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L'arrivée des Français enPologne suscita l'enthousiasme de la population locale, considérant Napoléon comme un libérateur[5]. L'armée russe commandée parBennigsen abandonnaVarsovie pour se replier sur la rive droite de laVistule dans la crainte de voir les Français s'interposer entre lui et l'armée deBuxhoeveden qui était placée en relais vers le nord pour rester en contact avec l'armée prussienne de Lestocq située vers Königsberg. Le, lemaréchal Murat entrait dans Varsovie. Labataille de Pułtusk eut lieu un mois plus tard, au cours de laquelle Bennigsen et ses 50 000 Russes durent subir l'assaut de 24 000 Français avant de se replier, évitant toutefois l'encerclement prévu par Napoléon.

Avec cette bataille commence également la série de mensonges de Bennigsen auTsar. En effet, ce qui n'opposa que deux avant-gardes devint sous la plume de Bennigsen une bataille épique où il défit 60 000 Français. Pour cet habile camouflage, il reçut du Tsar le commandement général des armées russes en Pologne, et l'ordre d'en finir au plus vite avec l'armée française de Napoléon. Les renforts russes, 50 000 hommes avec Buxhovden et 30 000 de laGarde impériale russe, étant arrivés, Bennigsen dispose alors de 140 000 hommes en Pologne.

Après une série de manœuvres des corps d'armées français qui les ont peu à peu séparés, Bennigsen prend l'offensive, en plein hiver, le. Labataille d'Eylau, le, marque la rencontre de l'ensemble des forces, rameutées de tous les côtés, et constitue une terrible hécatombe, coûtant 25 000 hommes à chaque belligérant sans apporter aucun avantage stratégique[6]. Bennigsen, qui se retire en bon ordre du champ de bataille, alla prétendre qu'il venait d'écraser une force française commandée par Napoléon lui-même, allégeant laGrande Armée de 25 000 soldats. Napoléon reste sur la région d'Eylau durant une semaine avant de se retirer pour placer ses troupes dans desquartiers d'hiver nécessaires pour la perspective d'une campagne de printemps. Bennigsen réoccupe alors cette région, accréditant son succès aux yeux du Tsar : il conserve le commandement des troupes russes.

Bataille de Heilsberg

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Article détaillé :Bataille d'Heilsberg.

L'armée russe de Bennigsen occupait des positions défensives fortes àHeilsberg, sur la rivière Alle. Les corps d'armée desmaréchaux Murat etSoult attaquèrent seuls le[7]. Bennigsen repoussa plusieurs attaques, notamment une charge de cavalerie de Murat. Les pertes sont lourdes des deux côtés, mais Napoléon arrive avec des renforts pour limiter les dégâts côté français. 6 000 Français y laissèrent la vie, et Bennigsen se replia sur Friedland, afin de pouvoir repasser la rivière Alle et se rapprocher de Königsberg.

L'armée française, sous les ordres de Napoléon, poursuit deux buts : à Murat, Davout et Soult, la conquête de Königsberg, pour mettre à bas le royaume de Prusse ; àVictor,Ney,Mortier et Lannes, la poursuite des Russes. Napoléon souhaite livrer une bataille décisive contre les Russes, et vise le pont deFriedland, qui selon lui permettrait à Benningsen de repasser sur la rive gauche de l'Alle, afin de devancer l'armée française sur la route de Königsberg[8].

La bataille

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Préparatifs

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L'armée française, le corps de Lannes à l'avant-garde, part d'Eylau le. Elle doit partir surDomnau, Lannes devant porter ses troupes sur Friedland même. Rencontrant dans la nuit les Russes à mi-chemin entre Domnau et Friedland, Lannes réunit les troupes arrivées (Oudinot, Grouchy et la cavalerie saxonne), et se porte au contact de l'armée russe, àPosthenen (de), afin de l'empêcher de se déployer avant l'arrivée du reste de l'armée. Il dispose son artillerie sur le plateau dominant Posthenen, une partie des voltigeurs au centre de la plaine, dans un bois entre l'Alle à droite et Posthenen à gauche, demande à Grouchy de garder la droite du bois, le reste de la troupe (grenadiers et voltigeurs) gardant la plaine entre le bois et Posthenen.Nansouty arrive un peu plus tard avec ses carabiniers et ses cuirassiers, et occupe sur ordre de Lannes l'espace proche de la route entre Friedland et Königsberg, à gauche de Posthenen[9].

Champ de bataille

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La description d'Adolphe Thiers dépeint le lieu où va se dérouler l'affrontement :

« Le cours de l'Alle, près du lieu où les deux armées allaient se rencontrer, offre de nombreuses sinuosités. Nous arrivions par des collines boisées, à partir desquelles le sol s'abaisse successivement jusqu'au bord de l'Alle. Le pays est couvert en cette saison de seigle d'une grande hauteur. On voyait sur notre droite l'Alle s'enfoncer dans la plaine en décrivant plusieurs contours, puis tourner autour de Friedland, revenir à notre gauche, et tracer ainsi un coude ouvert de notre côté, et dont la petite ville de Friedland occupait le fond. C'est par les ponts de Friedland, placés dans cet enfoncement de L'Alle que les Russes venaient se déployer dans la plaine vis-à-vis de nous. On les voyait distinctement se presser sur ces ponts, traverser la ville, déboucher des faubourgs, et se mettre en bataille en face des hauteurs. Un ruisseau dit le ruisseau du Moulin, coulant vers Friedland, y formait un petit étang, puis allait se jeter dans l'Alle, après avoir partagé cette plaine en deux moitiés inégales[10]. »

Forces en présence

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Les états de la situation sont basés sur les rapports respectifs des deux commandants le.

Armée russe

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Bennigsen dispose en Pologne de 80 000 hommes. Le corps du comteKamenski détaché par Bennigsen pour renforcer L'Estocq près de Königsberg est exclu. Sont également exclues les pertes subies à Heilsberg. Ainsi, en ôtant les 14 000 pertes russes et les 6 000 hommes séparés de l'armée de Bennigsen à l'issue de détachements divers, Bennigsen dispose de 60 000 hommes prêts à combattre à Friedland, et répartis comme suit[11] :

Armée française

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« Vive l'Empereur! » parÉdouard Detaille, 1891. Le4e régiment de hussards français à la bataille de Friedland.

Laquasi-totalité des sources[Lesquelles ?] concernant les effectifs français s'accordent à évaluer leur nombre à 80 000 hommes qui, progressivement, s'engagèrent dans la bataille. Ils sont sous le commandement suprême de Napoléon à partir de midi, le maréchal Lannes ayant commandé depuis le petit matin par l'engagement initial de son corps d'armée. Ces effectifs se répartissent ainsi :

Début des combats

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Charge des cuirassiers français à Friedland le 14 juin 1807 parErnest Meissonnier.
Manœuvres française et russe du 5 juin au 14 juin 1807.

La cavalerie du généralGalitzine repoussa avec succès les avant-postes français de Friedland le 13 juin, et le gros de l'armée russe commença à occuper la ville dans la nuit. L'armée française marchait sur Friedland, mais demeurait dispersée, et ce, en partie à cause de la multitude de routes et de l'étroitesse de ces dernières (de longues colonnes étant des cibles de choix pour la cavalerie de harcèlement cosaque). Sachant que Napoléon était à proximité et avec au moins trois corps (en fait quatre : ceux de Ney, de Victor, de Mortier et la Garde), Lannes dépêcha des messagers afin de demander à l'Empereur de se hâter. Avec au mieux 26 000 hommes, Lannes obligea Bennigsen à envoyer de plus en plus de troupes à travers l'Alle pour le défaire, usant ainsi ses hommes. En étirant au maximum ses lignes pour les faire paraitre plus grandes, il expose tout son front à la fragilité caractéristique de la stratégie de laligne mince (mise en œuvre parVillars àMalplaquet notamment). Il engage dans un premier temps les tirailleurs russes dans le bois de Sortlack avec ses propres troupes légères, qui se feront relever par lesgrenadiers d'Oudinot, puis sur le front de Posthenen. Il est 3 heures du matin en ce 14 juin.

Les Russes ne pouvant prendre pied sur la rive défendue par Grouchy regroupent leurs efforts sur la route de Friedland ; Lannes demande alors à Grouchy de soutenir Nansouty, qui s'est replié devant l'attaque. Grouchy s'empare alors du village d'Heinrichsdorf (de), sur cette route, en ralliant Nansouty ; Lannes lui envoie la brigade de grenadiersAlbert de la divisionVerdier, qui vient de rejoindre son corps. Grouchy est repoussé par la cavalerie russe, puis elle-même est mise en déroute par Nansouty, qui repousse les Russes jusqu'à Friedland. Les grenadiers d'Albert prennent position sur Heinrichsdorf, et la divisionDupas du corps de Mortier entre en ligne entre Heinrichsdorf et Posthenen[9].

Sur la gauche de Lannes, l'absence de Grouchy fait peser l'attaque russe, qui traverse enfin, uniquement sur les grenadiers d'Oudinot ; la division Verdier est séparée en deux colonnes pour attaquer des deux côtés du bois les Russes qui essaient d'y pénétrer. L'armée russe (70 000 hommes) est maintenant entièrement déployée, mais les troupes de Lannes occupent toujours les positions clefs du champ de bataille, et les Russes ont le dos tourné à l'Alle, tandis que leurs communications sont compliquées par le ruisseau coupant la plaine en deux. Le front s'étend sur cinq kilomètres.

Ronald Zins explique commentLannes peut tenir :

« Pour pallier son infériorité numérique, Lannes combat tout en manœuvres savantes et judicieuses. Profitant de la hauteur des seigles, des bosquets d'arbres et des inégalités de terrain, il ploie ou déploie ses bataillons dont les mouvements sont montrés ou dérobés à propos. Grâce à ce stratagème, Lannes parvient à faire croire aux Russes que ses forces sont plus importantes qu'elles ne le sont en réalité. Toutefois, le refoulement de l'adversaire ne se fait qu'au prix de lourdes pertes et le maréchal presse l'Empereur d'arriver. […] Lannes lance alors un nouvel appel à l'aide :« Crève ton cheval, Saint-Mars, dit-il à son aide de camp, pour rapporter à l'Empereur que c'est l'armée russe tout entière que nous avons sur les bras. »[12] »

Lannes put contenir Bennigsen jusqu'à l'arrivée des renforts français. 80 000 Français se massent alors sur la rive gauche de l'Alle. Les deux camps font usage de leur cavalerie afin d'éclairer puis de harceler les positions ennemies. Bennigsen était à présent piégé et devait se battre, car ayant jeté tous ses pontons, rendant toute retraite impossible.

Pendant ce temps, Lannes avait combattu avec hardiesse pour contenir Bennigsen. Ainsi, Napoléon craignait que les Russes n'essaient d'éviter le combat, mais à 6 heures du matin, 50 000 Russes étaient positionnés sur la rive gauche. Son infanterie, organisée en deux lignes, s'étendait entre Heinrichsdorf et Friedland et les saillants tout au long de l'Alle abritaient l'artillerie. Au-delà de la droite de l'infanterie, la cavalerie et les Cosaques s'étendaient jusqu'aux bois au nord-est d'Heinrichsdorf. Quelques escadrons cosaques pénétrèrent même dans Schwonau. L'aile gauche bénéficiait également de cavalerie, et au-delà de l'Alle des batteries d'artillerie la couvrait.

Le corps franco-polonais de Mortier apparut à Heinrichsdorf et repoussa lesCosaques deSchwonau. Lannes maintint sa position, et à midi Napoléon arrivait avec 40 000 hommes. L'empereur, souriant et détendu, monte sur une hauteur d'où il peut embrasser tout le champ de bataille. Comme il est déjà tard, certains de ses lieutenants proposent de remettre l'action au lendemain. « Non, non, on ne surprend pas deux fois l'ennemi en pareille faute » répond Napoléon, et il prépare l'attaque générale. Il donna son ordre de bataille à ses subordonnés : Ney devait occuper la ligne entre Posthenen et les bois de Sortlack, couvert par le corps de Victor ; Lannes devait s'approcher de sa gauche en restant au centre ; Mortier restait à Heinrichsdorf, à gauche de Posthenen. LeIer corps de Victor et la Garde étaient en réserve à Posthenen. La cavalerie de Grouchy se concentra à Heinrichsdorf[13].

Carte du champ de bataille le 14 juin.

En début d'après-midi, les deux armées sont rangées face à face, prêtes à livrer bataille. Acculés à la rivière Alle et massés devant Friedland, les Russes forment un demi-cercle dont la Grande Armée occupe la circonférence. C'est une des manœuvres préférées de l'Empereur : briser le centre pour battre séparément les deux ailes. La ville prise, les ponts détruits pour couper la retraite de l'ennemi et il n'aura plus qu'à culbuter les Russes à la rivière.

L'attaque commence plus tard, vers 17 heures. Napoléon saisit le bras dumaréchal Ney et en désignant le village de Friedland, il lui dit :« Voilà votre but, marchez sans regarder autour de vous, pénétrez dans cette masse épaisse quoi qu'il puisse vous en coûter, entrez dans Friedland, prenez les ponts et ne vous inquiétez pas de ce qui pourra se passer à droite, à gauche ou à l'arrière. L'armée et moi sommes là pour y veiller[14] ». Ney prend donc la tête de l'attaque générale, et cible la gauche de l'armée russe, entassée dans une étroite bande de terre délimitée par le ruisseau du Moulin et par l'Alle. L'armée française pénètre directement dans Friedland, tandis que les Russes sont encerclés par le reste de l'armée.

La fumée, provoquée par des milliers de fusils et de centaines de canons, couvre et masque les masses de l'adversaire, si bien que la3e division oblique trop à droite. Ney ordonne à un colonel de l'appuyer à gauche. Mais pendant qu'il lui parle ce dernier se fait enlever par un boulet. Un commandant met aussitôt son chapeau au bout de son épée en criant : « Vive l'Empereur ! En avant ! » Un second coup arrive et le commandant tombe sur les genoux, les deux jambes coupées. Un capitaine succède et fait exécuter le même mouvement. Soudain, le maréchal Ney arrive en personne et encourage ses hommes à grands coups de « Foutre nom de Dieu ». La marche vers la ville reprend, l'ennemi est refoulé malgré l'intervention de la Garde impériale russe. « Cet homme, c'est un lion ! » s'écrie avec admiration Napoléon aumaréchal Mortier.

Le résultat semble incertain, mais la vaillance desdragons dugénéral Latour-Maubourg permet à Ney de se dégager. De plus, pour appuyer l'action du maréchal, Napoléon met à la disposition du généralSénarmont 36 pièces d'artillerie. Celui-ci réalise un exploit : tirant 2 800 boulets à 120 mètres des troupes en progression, ignorant leur feu, l'artillerie française décime à bout portant les carrés russes et fait rebrousser chemin à une charge de cavalerie. Cet apport, ajouté à celui que donne la division Dupont (du corps de Victor) donne la victoire, une victoire éclatante et totale aux Français. En effet, Ney repart à l'assaut puis s'empare de Friedland et détruit les ponts[13]. Le flanc droit russe est culbuté dans la rivière par une dernière charge à la baïonnette des troupes de Lannes et Mortier.

La victoire est totale vers 22 heures 30.

Les pertes

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Les pertes françaises s'élèvent à 1 645 tués et 9 000 blessés.

Les pertes russes sont énormes : 25 000 blessés, prisonniers ou tués, 80 canons et 70 drapeaux pris. Les Français font en tout 10 000 prisonniers, car dans les deux jours suivant la bataille, les soldats russes, exténués, se couchaient dans les champs et se laissaient prendre.

Les conséquences

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Les généraux russes supplient letsar Alexandre de solliciter unarmistice : les émissaires qu'il envoie à Napoléon, le, sont bien accueillis. Le même jour,Königsberg tombe aux mains des Français et, trois jours plus tard, la Grande Armée atteint la rive duNiémen, mais Napoléon ne se sent pas les moyens de poursuivre l’ennemi au-delà de ce fleuve. Il craint surtout de voir l’Autriche rejoindre la coalition et attaquer la Grande Armée, si loin de ses bases. De son côté, Alexandre redoute une révolte de paysans enUkraine et une offensive des Ottomans sur leDanube.

Le 25, Alexandre rencontre Napoléon sur un radeau placé au milieu duNiémen, « la nouvelle frontière du monde » s’exclame Napoléon. Alexandre aurait abordé Napoléon en disant« Sire, je hais autant les Anglais que vous ». Napoléon aurait répliqué :« En ce cas la paix est faite ! ».

Le, les deux chefs d'État signent, àTilsit, letraité du même nom. LaRussie devient alliée de laFrance, elle abandonne ses territoires enMéditerranée, lesîles Ioniennes en particulier, et elle adhère auBlocus continental. Ce traité comporte aussi des articles secrets, comme le projet de dépeçage de l’Empire ottoman. Un traité similaire est signé avec la Prusse le.

Le traité est catastrophique pour leroyaume de Prusse, qui perd l’ensemble de ses territoires à l’ouest de l’Elbe qui formeront leroyaume de Westphalie, avec à sa tête le frère de l’Empereur,Jérôme. La Prusse doit céder également ses possessions enPologne afin de constituer leduché de Varsovie et doit verser une lourde indemnité de guerre. La puissance de Napoléon et de son empire est encore accrue.

Littérature

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  • La bataille de Friedland est évoquée parHonoré de Balzac dansLe Médecin de campagne à travers le personnage du capitaine Genestas qui a été envoyé en mission auprès du maréchalDavout[15].
  • La bataille de Friedland est également évoquée dansCavalière du Tsar, autobiographie deNadejda Dourova (1783-1866), première femme officier (déguisée en homme) de la cavalerie russe. Elle participe en juin 1807 à la bataille de Friedland, et y décrit « cette cruelle et funeste bataille ».

Jeux de simulations historiques

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Articles connexes

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Notes et références

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  1. Razoux 2009,p. 100.
  2. P.Facon, R.Grimaud et F.Pernot,Les plus belles victoires de Napoléon, Évreux, éditions Atlas,, 126 p.(ISBN 2-7312-2791-5).
  3. McLynn 1997,p. 355.
  4. McLynn 1997,p. 356.
  5. Fisher et Fremont-Barnes 2004,p. 76.
  6. Fisher et Fremont-Barnes 2004,p. 84.
  7. a etbThoumas 1891,p. 207.
  8. Thoumas 1891,p. 210.
  9. a etbThoumas 1891,p. 212.
  10. Thiers 1847, livre27e : « Friedland et Tilsit »,p. 591-592.
  11. JeanTramson, « Friedland 1807 »,Les Grandes Batailles de l'Histoire, Socomer,no 11,‎,p. 63-70.
  12. Zins 1994, chap. 10 : « Les premières lettres de noblesse »,p. 198-199.
  13. a etbThoumas 1891,p. 214.
  14. Castelot 1968,p. 195.
  15. Le Médecin de campagne,Bibliothèque de la Pléiade, 1978,t. IX,p. 389-390.

Bibliographie

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Lien externe

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