| Date | |
|---|---|
| Lieu | EntreFalleron etTouvois |
| Issue | Victoire vendéenne |
| • Alexis-Nicolas Prat † • Albert Mermet † | •François Athanase Charette de La Contrie |
| 700 à 900 hommes[1] | 3 000 hommes[2] |
| 150 à 500 morts[1],[3] | 350 à 400 morts[1],[3] 400 à 800 blessés[3] |
Batailles
| Coordonnées | 46° 53′ 28″ nord, 1° 42′ 19″ ouest | |
|---|---|---|
Labataille de Fréligné se déroule le lors de laguerre de Vendée. Elle s'achève par la victoire des Vendéens qui prennent d'assaut un camp fortifié républicain.
Après avoirdétruit le camp de la Roullière, le général vendéenFrançois Athanase Charette de La Contrie décide de poursuivre son offensive et d'attaquer le camp de Fréligné, situé entreFalleron etTouvois[4]. Il rassemble ses troupes àBelleville-sur-Vie le 14 septembre et arrive à Falleron dans la soirée après être passé parBeaufou etSaint-Étienne-du-Bois[5]. Pendant la nuit, il aurait chargéSavin, chef de la division dePalluau, d'effectuer une diversion surSaint-Christophe-du-Ligneron afin que le camp de Fréligné ne bénéficie d'aucun renfort[1],[5]. Cependant les sources républicaines ne font pas mention d'une attaque contre le camp de Saint-Christophe[3].
D'après les auteurs républicainsJean Julien Michel Savary etCharles-Louis Chassin, la garnison du camp de Fréligné est forte de700 à 800 hommes[6],[7],[3]. Charruau, receveur des domaines àMachecoul, évoque dans une lettre entre 800 et 900 hommes[3]. L'historien Lionel Dumarcet retient une estimation de 700 à 900 hommes pour les républicains[1]. La garnison est constituée du11e bataillon devolontaires d'Orléans[5], d'éléments du39e[1],[3],[8] et du59e régiment d'infanterie de ligne[5] et de 60 cavaliers[5]. Ces forces sont commandées par le chef de brigade Prat[1],[4], lequel est secondé par le lieutenant-colonel Mermet[3],[5].
Construit entre juin et juillet au milieu d'une lande entreFalleron etTouvois, sur la rive gauche du ruisseau La Cochère, le camp de Fréligné est de forme carrée[4]. Les fossés sont larges de huitpieds et profonds de cinq[1]. La terre jetée forme une espèce deparapet[1]. Le camp a été édifié par le généralBoussard, afin de couvrirChallans[1] et le tracé a été effectué par un nommé Voutier, chef de bataillon desgrenadiers de l'Ardèche[4].
Le nombre des forces vendéennes n'est pas précisé par les auteurs royalistes[3]. Le républicain Charruau évalue les« brigands » au nombre de 6 000, dont 500 cavaliers[3], ce qui paraît exagéré pour Lionel Dumarcet[3], qui évalue plutôt à 3 000 le nombre des Vendéens[2].Yves Gras donne également 3 000 hommes[9] et Simone Loidreau entre 2 000 et 3 000[5]. Ils ne disposent d'aucun canon[5].

Le 15 septembre[1],[3],[10], sous un brouillard matinal, les Vendéens commencent à s'avancer en direction du camp[5]. Une fois encore, de l'eau-de-vie est distribuée aux combattants avant l'assaut[5],[11].
D'après le récit de l'auteur royalisteLe Bouvier-Desmortiers, avant l'engagement des hostilités, un cavalier vendéen nommé Retailleau se présente seul devant les lignes républicaines et lance un défi[1],[12],[13]. Celui-ci aurait été relevé par un sous-officier et se serait achevé à l'avantage de Retailleau qui aurait offert le sabre du vaincu à Charette[1],[A 1]. L'officier vendéenPierre-Suzanne Lucas de La Championnière n'évoque pas cet épisode dans ses mémoires[3].
L'attaque débute à trois heures de l'après-midi[1] d'après les témoignages de soldats républicains rescapés tandis que la plupart des auteurs royalistes font débuter les combats au petit jour[3]. À la vue des cavaliers vendéens, les soldats républicains placés aux avant-postes font une décharge puis se replient à l'intérieur de l'enceinte[1]. Cependant les cavaliers se lancent à leur poursuite et pénètrent même à l'intérieur du camp, semant le désordre parmi les défenseurs, avant d'être finalement repoussés[1].
Les fantassins vendéens passent ensuite à l'assaut[1]. La fusillade dure environ une heure[1],[10] et les combattants s'affrontent à une distance de 40pas[10]. Cependant les républicains sont dissimulés derrière leurs parapets et le flanc gauche vendéen recule[10].
D'aprèsLucas de La Championnière etLe Bouvier-Desmortiers, le camp ne dispose de fossés que sur seulement trois côtés et les missions de repérages ont été mal effectuées par les Vendéens qui attaquent le camp sur son côté le mieux fortifié[10],[3].Hyacinthe de La Robrie se serait alors aperçu de l'erreur et en aurait averti Charette[10],[3]. Ce dernier aurait alors contourné les positions républicaines et aurait mené, avec La Roberie, La Jaille,Pajot, Guérin le jeune et Colin, l'assaut décisif qui permet aux Vendéens de prendre pied à l'intérieur du camp[14]. Cependant pour l'historien Lionel Dumarcet, ce récit semble plus qu'improbable[3] et un témoignage laissé par le républicain Charruau ne fait pas mention d'un tel défaut dans les fortifications[3].
Pour Lionel Dumarcet, la défaite des républicains est imputable à un manque de munitions[1],[3]. Prat, blessé alors qu'il combat derrière les retranchements, juge le combat perdu et donne l'ordre de la retraite[1]. Il est l'un des derniers à sortir du camp, mais est foudroyé par une balle au moment où il met le pied à l'étrier[1].
Les rescapés se replient surMachecoul et surSaint-Christophe-du-Ligneron[1],[8], où ils exhortent le commandant du fort à se porter au secours des derniers défenseurs, ce que ce dernier refuse, préférant se tenir sur la défensive[1]. Après sa victoire, Charette fait incendier le camp[8], puis il retourne àBelleville-sur-Vie[15].
Selon les auteurs royalistesLe Bouvier-Desmortiers et René Bittard des Portes, pas moins de 1 200 républicains sont tués dans l'attaque du camp de Fréligné[1],[13]. Ce bilan est repris par Simone Loidreau[8]. Cependant ce nombre est certainement très exagéré pour l'historien Lionel Dumarcet, qui retient plutôt un bilan de 500 républicains restés sur le champ de bataille[1]. Le chef de brigade Prat, son second, le lieutenant-colonel Mermet, du11e bataillon d'Orléans, et le fils de ce dernier, âgé de 14 ans, figurent parmi les morts[1],[8]. La compagnie de grenadiers du39e régiment ne compte que huit survivants[1]. Quinze[8],[13] à dix-neuf[16] femmes sont trouvées parmi les corps[8],[16].
Selon Lionel Dumarcet :« Si cette défaite ne traumatisa pas l'état-major républicain, les autorités locales balancèrent entre un calme de bon aloi et l'alarmisme le plus outrancier. Les propos, rassurants pour les municipalités, devenaient déclamatoires pour les instances supérieures »[1]. Ainsi une lettre datée du 30fructidor adressée aureprésentants en mission indique que« dans la journée d'hier [...] de huit cents hommes qui le composaient à peine la moitié s'est arrachée à la fureur des brigands »[3]. Une autre lettre, datée du même jour et adressée à la municipalité deBeauvoir-sur-Mer, affirme que« le mal n'est pas si grand que l'on la dit. 150 hommes à peu près ont été égorgés »[3].
Les pertes sont également lourdes du côté des Vendéens[1]. Dans ses mémoires[A 2], le chef vendéenPierre-Suzanne Lucas de La Championnière écrit :« Cette victoire nous coûta cher. Nos meilleurs officiers y furent blessés et beaucoup de bon soldats y perdirent la vie »[17].Le Bouvier-Desmortiers fait état de 400 blessés mais n'indique pas le nombre des morts[3],[13]. René Bittard des Portes donne un bilan de 400 tués et 800 blessés[3]. Pour l'historien Lionel Dumarcet, les pertes royalistes peuvent être évaluées à 350 morts[1]. Du côté des officiers, Chevigné de L'Ecorse, de la division deVieillevigne, et Saint-Sauveur, de la division duPoiré, sont tués[1],[10] ;Delaunay[1],[10],Pierre Rezeau[1] etLouis Guérin[14] sont blessés[1],[10].
Après la prise du camp de Fréligné, le camp deSaint-Christophe-du-Ligneron est évacué[1]. Le généralBoussard fait concentrer toutes ses forces àChallans[1].
« On avait appris, par des papiers trouvés à la Roullière, que le projet des républicains était d'établir plusieurs camps fortifiés autour du terrain occupé par les royalistes et d'affamer successivement le pays en enlevant les récoltes qui venaient d'être faites. C'est ce qui décida M. Charette à attaquer le camp de Freligné. On fit, comme avant le combat précédent, avaler aux soldats une dose de courage dans de l'eau-de-vie ; ils en eurent besoin, car le combat fut rude. Ce n'est pas que le camp fût d'un difficile accès, car un côté entier n'était pas encore fortifié, mais les reconnaissances étaient toujours mal faites faute de gens assez instruits pour en rendre compte, et l'on nous fit attaquer par l'endroit le plus fort. Nous nous battions depuis trois quarts d'heure à la distance de quarante pas ; les morts et les blessés diminuaient continuellement nos forces et l'ennemi, retranché derrière de grands fossés, se riait de notre feu, quoique bien soutenu. M. de Chevigné, dans la division de Vieillevigne venait d'être renversé ; M. de Saint-Sauveur, dans celle du Poiré, était mortellement blessé ; de Launay traversé d'une balle et nos meilleurs soldats hors de combat. La gauche de notre armée prenait la déroute et le reste était fortement ébranlé, lorsque M. Charette traversa tout seul le terrain le plus découvert et vint à cheval jusqu'à nos premiers drapeaux. Sa présence redonna des forces, et l'ennemi ayant fait un mouvement, sans soute pour poursuivre ceux qu'ils voyaient fuir, quelqu'un s'avisa de crier : « les voilà en déroute ». Dès lors la hauteur des fossés ne fut plus un obstacle ; le brave Colin commandant de la cavalerie du pays de Retz, et Guérin le jeune sautèrent à cheval des premiers dans le camp ; les soldats s'y précipitèrent et en furent bientôt maîtres. On poursuivit l'ennemi jusqu'à Saint-Christophe-du-Ligneron où M. Savin avait fait une fausse attaque pour empêcher la jonction des deux troupes.
Cette victoire nous coûta cher. Nos meilleurs officiers y furent blessés et beaucoup de bon soldats y perdirent la vie. Nous avons comptés ce combat au nombre des plus glorieux ; des officiers de différents grades y montrèrent la plus grande valeur ; le commandant ennemi nous opposa une vive résistance ; il s'élança trois fois hors des retranchements tenant à la main un guidon pour engager les soldats à le suivre.
Nous crûmes qu'il avait été blessé la troisième fois ; il fut du nombre de ceux qui périrent dans le camp même[17]. »
— Mémoires dePierre-Suzanne Lucas de La Championnière.